Beast (id.) – de Baltasar Kormákur – 2022
J’aime bien Baltasar Kormákur. Mine de rien, sans esbroufe et sans donner la possibilité de l’enfermer dans un genre ou un style bien précis, le gars est en train de créer une œuvre assez personnelle, faite de voyages et de sensations, d’émotions et de coups de cœur. Pas un auteur majeur, non, mais un habile faiseur à l’ancienne, avec un vrai sens de la narration et un certain lyrisme.
On sent bien qu’il ne fonctionne que sur ça : les coups de cœur, qui le poussent à nous embarquer dans les sommets glacés (Everest) aussi bien qu’au milieu de l’océan (A la dérive), ou dans les plaines brûlantes d’Afrique du Sud dans ce Beast, survival on ne peut plus classique, mais mené avec un mélange d’efficacité directe et d’humanité qui fait la différence.
Le pitch est simplissime : un père et ses filles, en voyage dans l’Afrique la plus sauvage, se retrouvent coincés au milieu de nulle part avec un lion sauvage et bigger than life qui veut leur faire la peau. Une sorte de version safarienne et familiale de Jaws, donc.
La comparaison avec le classique de Spielberg n’est pas anodine : la famille est centrale aussi dans le film de Kormákur, qui fait de ce survival classique dans sa forme l’histoire d’une famille en crise après la mort de la mère.
C’est aussi émouvant que diablement efficace, et le lion de synthèse est suffisamment crédible pour ne pas gâcher le plaisir que l’on prend devant les efforts désespérés d’Idris Elba pour devenir le père que ses filles attendent.
On se doute bien qu’il y arrivera. D’ailleurs il ne faut pas se plonger dans ce Beast en espérant être surpris : ça n’arrive pas. Que la conclusion ne soit pas crédible ne change donc strictement rien à l’efficacité du film, à l’émotion qu’il dégage, et à la sympathie que je continue à ressentir pour le cinéma de Kormákur. Simple et direct.