Parade de printemps (Easter Parade) – de Charles Walters – 1948
Il n’y a pas assez de comédies musicales sur ce blog. C’est un constat que je me fais régulièrement. Et singulièrement après les 100 minutes de bonheur que vient de me procurer cette Parade de printemps, petit miracle de rythme et d’émotion, qui distille un plaisir de chaque instant.
Et c’est assez rare pour le souligner : il y a dans cette comédie musicale au pitch très anodin une tenue absolument parfaite, qui donne au spectateur le sentiment d’être porté de la première à la dernière image sur l’écume d’une vague d’émotion enthousiasmante.
Anodin, pourtant, sur le papier : comment résumer le film autrement que par des phrases toutes faites ? Un amoureux transi, qui se trouve être un danseur, est abandonné par sa partenaire, et décide par dépit de choisir la première venue pour la remplacer… Guess what…
« Pourquoi tu ne m’as pas dit que j’étais amoureux de toi ? » interrogera-t-il tardivement dans un échange magnifique. Et tout est dit, sur le fond. L’histoire ne va pas plus loin que cette découverte amoureuse, et la conclusion ne fait aucun doute.
Elle devient même encore plus évidente dans une scène comme celle du premier duo de danse complètement pourri, où rien ne marche, où les plumes volent et les échangent foirent, plantage grotesque, irrésistiblement drôle, et tellement plein de promesses…
La simplicité de l’histoire n’a d’ailleurs aucun intérêt. Parce que l’essentiel, c’est la forme, évidemment : parce que c’est une comédie musicale, et tout repose sur l’équilibre entre le récit et la musique, entre les passages parlés et les passages chantés et dansés.
Et sur ce registre, c’est une merveille, d’une mesure parfaite, où l’élégance et la présence de Fred Astaire soulignent joliment l’enjeu dramatique du film, où la voix de Judy Garland et le jeu de jambes d’Astaire servent admirablement le rythme irrésistible du film.
La caméra de Charles Walters, frontale et légère, pas tape à l’œil pour deux sous, qui accompagne les passages musicaux avec le même regard direct et jamais surplombante que les scènes parlées.
Avec des trouvailles géniales : une chorégraphie au cours de laquelle les couvertures des grands magazines de l’époque prennent vie ; ou plus tard un ralenti étonnant et fascinant qui permet d’admirer ébahi les mouvements complètement dingues de Fred Astaire…
100 minutes de bonheur, et me voilà complètement amoureux de ce film, des 17 chansons d’Irving Berlin… Avec une envie folle de (re) découvrir d’autres comédies musicales. Décidément, il en manque sur ce blog.