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Archive pour la catégorie '1950-1959'

Maverick : s.2 ép.19 – Duel at Sundown (id.) – épisode réalisé par Arthur Lubin – 1959

Posté : 2 décembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Maverick Duel at sundown

Avant d’être un western parodique des années 90 avec Mel Gibson et Jodie Foster, Maverick était une série télé, dont le héros, un joueur de poker de l’Ouest, était incarné par James Garner. James Garner qui incarnera le père de son personnage dans l’adaptation cinématographique de 1994. La série est assez anecdotique, et a nettement moins bien vieillie que d’autres de la même période, comme Le Virginien ou, même Rawhide.

La série est restée inédite en France. Mais un épisode, au moins, figure dans quelques bouquins : le 19e de la deuxième saison, intitulé Duel at Sundown, dans lequel Maverick retrouve un vieil ami dont la fille s’est amourachée d’un jeune cowboy manipulateur et lâche. Et si cet épisode précis est important, c’est parce que le manipulateur en question est interprété par un certain Clint Eastwood.

C’est même le dernier rôle du jeune Clint avant ses premiers pas de vedette à part entière dans sa propre série, Rawhide, pour laquelle il venait de signer. Dans Maverick, il ne tient encore qu’un rôle secondaire, finalement assez mal écrit. Mais il y fait preuve d’un certain tempérament qui n’apparaissait pas dans ses tout premiers rôles, souvent nettement moins consistants.

L’épisode, pas transcendant et pas franchement trépidant, vaut surtout pour sa prestation. Et pour sa rencontre avec James Garner, qu’il retrouvera quarante ans plus tard pour Space Cowboys, autrement plus enthousiasmant.

La VRP de choc (The First Traveling Saleslady) – d’Arthur Lubin – 1956

Posté : 24 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, WESTERNS | Pas de commentaires »

La VRP de choc

« Well, I’m a lady »« You sure are, mâme ». Ce jeune soldat au grand sourire innocent, troublé comme un gamin maladroit devant les avances de Carol Channing, c’est Clint Eastwood, dans ce qui est l’un de ses rôles les plus conséquents d’avant Rawhide.

Il n’a qu’un second rôle, mais son nom apparaît en sixième position au générique (un rang plus loin que Francis in the navy, l’année précédente), et ses apparitions tout en niaisitude assumée sont incontournables pour tout fan de Clint. C’est d’ailleurs à peu près la seule raison valable de voir cette comédie westernienne qui n’a ni le côté trépidant d’un western… ni le côté simplement drôle d’une comédie.

La VRP de chox Clint

Il y a Ginger Rogers, quand même, dans le rôle de la première femme voyageuse de commerce, une sorte de militante des droits des femmes dans un monde très machiste, et dans un film très maladroitement féministe qui tape constamment à côté de la cible. Certes, les femmes y ont le dernier mot, mais toujours dans le cadre bien établi d’une relation traditionnelle dépendant largement des hommes : le mariage.

Tout ça est, tout de même, vaguement sympathique, et mené sans génie mais avec un certain rythme par Arthur Lubin, réalisateur mineur, mais important pour les débuts au cinéma (et à la télévision) d’Eastwood. Ce dernier étant la principale raison de revoir certains films d’un réalisateur dont les films sont, à quelques exceptions près (Impact surtout, mais aussi Des pas dans le brouillard), très dispensables. Dont celui-ci.

Brisants humains (Away all boats) – de Joseph Pevney – 1956

Posté : 21 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), PEVNEY Joseph | Pas de commentaires »

Brisants humains

Vie et déclin d’un navire de guerre… Ce pourrait être le titre de ce film de guerre presque naturaliste de la Universal, studio alors spécialiste des productions bon marché, qui a pour une fois cassé la tirelire pour ce qui est un relativement gros budget.

Relativement, parce que ce film sur la guerre du Pacifique, tourné une dizaine d’années après la fin du conflit, donne finalement peu de place aux scènes de combats. Il y a bien quelques échauffourées, et surtout une grande séquence assez spectaculaire d’attaque kamikaze, mais l’essentiel est ailleurs.

Dans les creux, en fait. En tout cas dans tout ce qui fait la vie à bord d’un tel navire, chargé de transporter les troupes vers les lieux des combats. Les premiers pas maladroits d’un équipage encore novice, l’attente, les amitiés et les inimitiés, et surtout la solitude du commandant, joué par la star maison Jeff Chandler.

Ce n’est certes pas le film le plus trépidant du genre. Joseph Pevney, d’ailleurs, n’a pas une réputation immense. Mais il se révèle un réalisateur habile et efficace, sans grande personnalité sans doute, mais capable de donner une vraie intensité quand il le faut. Il met en tout cas très « proprement » en images un scénario qui fait la part belle aux personnages.

La narration est parfaite, soulignant chaque individualité par ce qu’il accomplit (ou pas) plutôt que par des mots. C’est parfois sombre (le personnage de Chandler), mais souvent teinté d’humour (cet officier qui attend désespérément des nouvelles de sa femme enceinte), voire très léger (le marin chargé d’évacuer les déchets), mais toujours convaincant et pertinent.

Le réalisateur tire le meilleur d’acteurs souvent maison, aux tempéraments forts (Richard Boone, Charles McGraw, John McIntire) ou plus consensuels (George Nader, Julie Adams, Lex Barker), mais qui tous imposent leur personnalité sans étouffer le collectif de cet équipage, et de ce casting foisonnant.

Brisants humains Clint

Au passage, on remarque la courte apparition (un plan, mais aussi un dialogue) de Clint Eastwood, tout jeune en encore sous contrat avec la Universal, en infirmier très impliqué au côté du commandant dans la dernière partie, durant le grand morceau de bravoure du film.

Il y a beaucoup de petites idées originales qui font mouche, dont beaucoup soulignent la solitude et le dévouement du grand chef. Quand il tente de nouer la conversation avec des hommes trop occupés à lire des courriers de leurs proches qu’ils attendaient depuis si longtemps. Quand il tente, avec la parole et les gestes, d’écarter l’avion japonais qui se dirige droit vers le bateau…

Pas un chef d’œuvre, non. Mais avec cette attention portée aux détails, Away all boats se révèle original, convaincant, et très recommandable.

Ne dites jamais adieu (Never say goodbye) – de Jerry Hopper (et Douglas Sirk) – 1956

Posté : 17 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HOPPER Jerry, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

Ne dites jamais adieu

Le décor bourgeois, l’histoire mélodramatique, Rock Hudson, et même les couleurs chaudes du film… Difficile de ne pas penser aux chefs d’œuvre de Douglas Sirk devant ce mélo méconnu signé Jerry Hopper. Le fait que ce soit une production Universal (comme les classiques de Sirk) n’explique pas tout : Sirk a effectivement travaillé sur ce film, cédant son fauteuil de réalisateur pour se consacrer à Écrit sur le vent. Il a toutefois signé lui-même quelques scènes.

Never say goodbye n’atteint pas les sommets de ses chefs d’œuvre : il n’a pas la même puissance émotionnelle, ni la même emphase. Mais la parenté est indéniable, et le mélo se révèle aussi touchant que passionnant. A vrai dire, ce pourrait bien être le plus beau film de la primo-carrière de… Clint Eastwood.

Oui, le tout jeune Clint, encore totalement inconnu mais sous contrat pour la Universal, qui enchaîne les apparitions au cinéma ou à la télé sans vraiment retenir l’attention. Ici, on le voit une poignée de secondes dans les premières minutes du film, dans un rôle de laborantin qui rappelle curieusement sa toute première panouille, dans La Revanche de la créature. C’est surtout pour lui l’occasion de donner la réplique à Rock Hudson, ce qu’il fait avec un plaisir apparent et on le comprend : sur un CV, à cette époque, c’est assez classe…

Ne dites jamais au-revoir Clint

Cette apparition est toutefois très anecdotique. Et c’est bien Rock le héros du film. Un père aimant, vivant avec sa fille dans le souvenir de sa femme disparue depuis des années. Lors d’un voyage en Europe, ce médecin reconnu tombe par le plus grand des hasards… sur cette épouse qu’il croyait morte. Choc, mystère, flash-back… Tout commence en 1945 à Vienne, dans une ville divisée par le rideau de fer. C’est là que le jeune médecin américain rencontre la belle autrichienne qu’il épouse bientôt, jouée par l’Allemande Cornell Borchers.

Un enfant naît de leur amour. Mais le bel américain est aussi un mâle à l’ancienne, jaloux et peu attentif aux envies de sa jeune épouse. Pas vraiment sympathique, en fait, et même odieux lorsqu’il se persuade que sa belle le trompe avec son vieil ami artiste, très joli rôle pour George Sanders. Crise de jalousie et d’autorité, séparation… La jeune épouse se réfugie chez son père, de l’autre côté du rideau de fer, où elle se retrouve bientôt piégée, morte aux yeux de tous.

Le drame est déjà prenant, mais c’est dans la dernière partie que le mélodrame se révèle le plus intense : les retrouvailles de la disparue avec sa fille, persuadée que sa mère est morte, qui voit cette femme qui arrive avec son père comme une intruse, à qui elle refuse de donner son amour. On imagine bien comment tout ça finira, on ne peut pas dire qu’on soit transporté par l’émotion, mais l’histoire est jolie, les acteurs parfaits, et l’atmosphère particulièrement prenante. Beau mélo.

Rawhide (id.) – créée par Charles Marquis Warren – saison 1 – 1959

Posté : 24 octobre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HIBBS Jesse, McLAGLEN Andrew V., POST Ted, TÉLÉVISION, WARREN Charles Marquis, WESTERNS, WHORF Richard | Pas de commentaires »

Rawhide Incident of the TumbleweedIncident of the Tumbleweed (saison 1, épisode 1)

épisodes 1 à 10

1 : Le Wagon cellulaire (Incident of the Tumbleweed) – réalisé par Richard Whorf

Dès le premier épisode de cette série western, on comprend l’importance qu’elle a eu dans la carrière de Clint Eastwood. Une série western assez classique, sans éclat particulier, clairement pas au niveau du Virginien par exemple. Mais le show est bien fait, souvent plein de rythme et bien réalisé.

Surtout, Clint y tient un rôle de premier plan (son nom apparaît en même temps que celui d’Eric Fleming, le rôle principal), qui lui permet vraiment d’exister, de jouer sur la longueur, sur un ton léger ou plus sombre.

Dans ses années d’apprentissage, il a joué quelques silhouettes dans des films intéressants, ou des personnages plus importants dans des films pas terribles. Le plaisir qu’il a de trouver un vrai rôle est perceptible. Dans une série au long cours qui commence avec une idée sympa : ce wagon cellulaire qui occupe une place centrale.

2 : Le Trouble-Fête (Incident at Alabaster Plain) – réalisé par Richard Whorf

Clint a le beau rôle dès ce deuxième épisode, dans lequel il côtoie notamment Martin Balsam dans le rôle d’un prêtre. Deux particularités dans cet épisode original et sympathique : d’abord un mariage, puis l’importance du beau décor d’une mission au milieu de nulle part.

3 : L’Exécuteur (Incident with an executioner) – réalisé par Charles Marquis Warren

Petit chef d’œuvre de tension, et l’occasion pour Clint de jouer avec Dan Duryea (eh ouais!) dans le rôle d’un tueur dont la cible est l’un des passagers d’une diligence qui ont rejoint la troupe de Gil Favor. Lequel ? Charles Marquis Warren, qui réalise fort bien cet épisode, laisse planer le suspense. Parmi les passagers : un jeune frimeur interprété par James Drury, futur Virginien.

4 : Les Malheurs de Sophie (Incident of the Widowed Dove) – réalisé par Ted Post

Episode inégal, mais intéressant, qui met en scène une première tension entre Rowdy Yates (Clint) et Gil Favor (Fleming), pour une femme évidemment. Les deux hommes quitter leurs rôles bien cadrés. Clint/Rowdy se rebelle. Gil, lui, d’habitude si sûr de lui et si infaillible dans ses décisions, enchaîne les conneries. On s’en réjouit !

C’est aussi la première collaboration de Clint et Ted Post, futur réalisateur de Pendez-les haut et court et Magnum Force.

5 : Au bord de la folie (Incident of the Edge of Madness) – réalisé par Andrew V. McLaglen

La caravane n’est ici qu’un prétexte pour la confrontation d’une poignée de monstres pathétiques, interprétés notamment par Marie Windsor et Lon Chaney Jr. Affrontement passionnant, dont Favor et Yates ne sont que des observateurs à peine actifs.

6 : Le Pouvoir et la Charrue (Incident of the Power and the Plow) – réalisé par Andrew V. McLaglen

Après Dan Duryea, Brian Donlevy… Rawhide est l’occasion pour Eastwood de croiser quelques acteurs de l’âge d’or. Et Andrew McLaglen, héritier (discutable) de cette période.

L’épisode est bienveillant et un peu naïf, autour d’un comanche qui rêve de devenir fermier… Un moment savoureux, quand même : lorsque le cuisinier lancer à un Rowdy/Clint toujours un peu béat : « Il faut toujours que tu t’étonnes de tout ? ».

7 : La Vie à un fil (Incident at Barker Springs) – réalisé par Charles Marquis Warren

Une histoire de vengeance pas si banale que ça, et qui évoque mine de rien le poids des choix du passé, le destin du gunman, thème classique du western. Et très belle réalisation de Charles Maris Warren lui-même, notamment pour le superbe duel final, expéditif du côté du vrai héros de cet épisode (Paul Richards), attentiste pour Favor et Yaves.

Rawhide Incident West of LanoIncident West of Lano (saison 1, épisode 8)

8 : A l’Ouest de Lano (Incident West of Lano) – réalisé par Charles Marquis Warren

La caravane croise la route de quatre jeunes femmes, belles et légères. A l’image de cet épisode enlevé et romantique, avec le cœur de Favor qui se met à trembler.

Encore un bel épisode de Charles Marquis Warren, qui ose une terrible rupture de ton, passant brusquement de la romance à la tragédie, pour terminer sur une très belle image de piéta.

9 : Plus de peur que de mal (Incident of the Town in Terror) – réalisé par Ted Post

Pas de méchant ici, mais une ville terrorisée à l’idée que la caravane apporte une épidémie mortelle. Voilà un épisode qui évoque une actualité sanitaire encore dans toutes les mémoires, où le virus commence à décimer le troupeau et les hommes. A commencer par Rowdy, que la maladie terrasse soudain après une première partie qui semblait si légère.

10 : Le Veau d’or (Incident of the Golden Calf) – réalisé par Jesse Hibbs

Le convoi croise la route d’un étrange prédicateur perdu au milieu de la plaine. On se doute bien qu’il n’est pas tout à fait l’homme de dieu qu’il prétend être, et pas seulement parce qu’il a la tête de Macdonald Carey. Parce qu’à force de jouer avec l’énorme pépite qu’il a dans la poche tout en refusant de dire où il l’a trouvée, pour ne pas confronter les hommes de Gil à la cupidité, on voit bien qu’il ne fait rien d’autre que titiller cette cupidité.

Scénario un rien alambiqué, et un peu tiré par les cheveux. L’action est très limitée (un cow-boy qui tombe maladroitement d’un cheval, un duel tué dans l’œuf…), à l’exception d’une bagarre à mains nues dans un saloon. Clint joue les faire-valoir, se contentant d’une poignée de répliques. Mais l’épisode est franchement plaisant.

Navy Log : s3 e17 The Lonely Watch (id.) – épisode réalisé par Samuel Gally – 1957

Posté : 13 octobre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), GALLY Samuel, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Navy Log The Lonely Watch

Quand on veut boucler une vraie intégrale, il y a souvent des titres sur lesquels on se heurte : obscurs, introuvables, oubliés… C’est particulièrement vrai pour Clint Eastwood, dont les débuts ont été marqués par d’innombrables panouilles au cinéma ou à la télévision. Parmi ces curiosités, la plus difficile à dénicher est sans doute l’épisode de la série Navy Log auquel il a participé avant de devenir lui-même vedette de série (avec Rawhide, deux ans plus tard).

Navy Log ? Ne cherchez pas dans vos mémoires. Cette série dédiée à la marine américaine fait partie de ces shows qui furent très populaires en leur temps, sans jamais traverser l’Atlantique, et qui n’existent dans l’inconscient de quelques cinéphiles que parce qu’ils représentent une ligne dans la filmographie de futures stars, comme Clint Eastwood, donc.

Introuvable, cet épisode (le 17e de la saison 3). Mais un extrait de quelques minutes est disponible en cherchant sur Internet. On y voit un tout jeune Clint Eastwood en marin, en pleine discussion sur le pont d’un navire de guerre avec le capitaine, visiblement très affecté. Il y a de quoi, comme on ne tarde pas à le voir : le fils dudit capitaine a été grièvement blessé par une explosion, et a été recueilli à bord du bateau dans un piteux état.

Voilà. Pas grand-chose à rajouter sur cette apparition du jeune Clint, qui semble très à l’aise, mais que rien ne désigne encore comme le mythe qu’il sera quelques années plus tard. Belle gueule, présence discrète, mais vite oublié. Sauf, bien sûr, si on a en tête l’avenir qui sera le sien.

Les films amateurs de Steven Spielberg (1959-1967)

Posté : 29 septembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Spielberg films amateurs

Spielberg a toujours pris le cinéma très au sérieux. Sa fiche imdb ne trompe pas : y a-t-il d’autres exemples de cinéastes dont la carrière commence officiellement à l’âge de 13 ans ? Pas sûr. En tout cas, les premiers films amateurs du petit Stevie font bel et bien partie de sa filmographie. Et s’il est difficile (et peut-être pas très pertinent) de les décortiquer dans tous les sens, ils n’en restent pas moins passionnants dans la trajectoire emballante et fascinante du gars.

En fouillant dans les méandres d’Internet, on peut découvrir quelques bribes de ces films de jeunesse, ces petites productions bricolées avec les moyens du bord qu’il a tournées avant Amblin’, son premier court « professionnel ». Découvrir ces bribes de films prend évidemment une autre dimension après avoir vu The Fabelmans, son magnifique dernier film en date, dans lequel il s’inspire très largement de ces années-là, allant jusqu’à recréer ses propres premiers films.

Escape to nowhere (1964) / Fighter Squad (1961)

Escape to nowhere, notamment, y occupe une place importante. Ce court métrage tourné en super 8 avec ses potes, dans les paysages désertiques d’une réserve indienne, est aussi (avec Fighter Squad, autre court tourné juste avant mais totalement disparu) l’un des premiers de ses films consacrés à la seconde guerre mondiale, période qu’il revisitera à plusieurs reprises. Les quelques minutes que l’on peut en découvrir témoignent déjà de l’ambition du jeune apprenti-cinéaste, pas encore 18 ans, qui multiplie déjà les trouvailles pour mettre le spectateur au cœur des combats et en faire ressentir l’extrême violence. Une sorte de brouillon d’Il faut sauver le soldat Ryan, avec plus de trente ans d’avance…

Firelight (1964)

Autre film fondateur : Firelight, premier long métrage d’un Spielberg encore adolescent, qui lui a aussi valu sa première projection dans un cinéma. C’était au Phoenix Little Theatre, le 24 mars 1964. Il y a soixante ans, donc. Et si le film est invisible dans sa version complète, les quelques minutes qui en subsistent ne laissent guère planer de doute : il y a dans ce film de science-fiction intriguant les germes de Rencontres du 3e type, y compris dans sa manière de filmer la famille et les phénomènes paranormaux.

Slipstream (1967)

Plus étonnant en revanche, le dernier film amateur de Spielberg, Slipstream, est consacré… au cyclisme. On ne peut pas en voir grand-chose, d’autant plus que le film n’a jamais été achevé, le jeune Spielberg (20 ans à l’époque) étant à court de budget. Ce qui ne lui arrivera plus jamais par la suite. Il faut dire qu’après quelques années à travailler pour la télévision, ses vrais débuts sur grand écran ne tarderont pas à lui valoir un succès mondial, lui donnant des moyens, disons, conséquents.

The last gun (1959)

Mais la cohérence de ses grandes réussites à venir et de ses débuts amateurs a quelque chose de très beau. Quelque chose que l’on ressent depuis toujours et qui s’est confirmé avec The Fabelmans, ou même dans sa manière d’évoquer en interview ses premiers films (notamment The Last Gun, son unique western, tourné à 12 ans) : Spielberg a beau être tout puissant, il a gardé sa passion d’enfant. Et ça, oui, c’est très beau.

Rafles sur la ville – de Pierre Chenal – 1958

Posté : 25 septembre, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, CHENAL Pierre, VANEL Charles | Pas de commentaires »

Rafles sur la ville

De Pierre Chenal, l’histoire a surtout retenu Le Dernier Tournant, son excellente adaptation du Facteur sonne toujours deux fois. Tourné presque vingt ans plus tard, Rafles sur la ville donne une furieuse envie de plonger dans la filmographie de ce réalisateur largement méconnu.

Parce qu’il est assez incroyable, ce polar, tout à la fois film noir, film de gangster, suspense imparable, chronique hyper réaliste du quotidien de la police, et balade jazzy dans le Paris nocturne de l’époque. Tous ces aspects étant également passionnants.

On est immédiatement plongé dans le bain : le film commence par l’évasion (violente) d’un caïd de la pègre, que joue un Charles Vanel tantôt glaçant, tantôt pathétique. En quelques minutes, les principaux enjeux du film sont posés : Vanel est un salaud en fuite, poursuivi par un flic cynique et borderline.

C’est Michel Piccoli, tout jeune et tout chevelu, déjà formidable, avec une présence dingue. Un solitaire, revenu de tout, qui ne tarde pas à ajouter un autre enjeu au récit, en tombant amoureux de la femme de son nouveau coéquipier

C’est que les femmes, bien que condamnées par les hommes à des rôles de potiches, ou disons de simples présences apaisantes dans un quotidien rude et violent, tiennent en fait une place centrale dans l’histoire, et dans le destin de ces hommes.

Et si le film est si réussi, si passionnant, c’est aussi pour son extrême réalisme. Des décennies avant L627 de Tavernier (ce dernier évoque d’ailleurs Rafles sur la ville dans ses Voyages à travers le cinéma français), Chenal filme des policiers dénuée de moyens, travaillant dans des lieux exigus, obligés de mener les interrogatoires au vu de tout le monde, trop débordés pour pouvoir même perdre du temps à pleurer leurs morts.

C’est édifiant, tendu, passionnant. Et impossible de dire quoi que ce soit de la dernière séquence, hallucinante de violence, qui nous laisse le souffle coupé… Grand polar, oui.

Rêves de femmes (Kvinnodröm) – d’Ingmar Bergman – 1955

Posté : 14 septembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, BERGMAN Ingmar | Pas de commentaires »

Rêves de femmes

Tourné entre La Nuit des forains et Le Septième Sceau, Rêves de femmes peut sembler bien mineur dans la filmographie de Bergman. Et il l’est, en quelque sorte : une sorte de bluette sans grande conséquence, qui ne raconte rien d’autre, au fond, que des rêves étouffés dans l’œuf…

Au cœur du film : deux femmes du monde de la mode, une jeune mannequin (Harriet Andersson) et sa patronne plus âgée (Eva Dehlbeck). La première vit une romance tumultueuse avec un jeune homme aussi immature qu’elle. La seconde se languit de l’amant avec qui elle a vécu une aventure passionnée quelques mois plus tôt.

Un court voyage à Göteborg va les confronter toutes les deux à leurs rêves d’une vie plus excitante, avant un retour aux réalités qui sera vécu bien différemment par la toute jeune femme et par son aînée, dont le regard résigné résume à lui seul l’esprit du film.

Derrière ces aspects très légers, proches de la comédie, Bergman offre en fait une vision qui ressemble fort à du cynisme. Ses deux héroïnes sont belles, fortes à leurs manières, et pleines de vie. Elles se montrent aussi étonnamment dépendantes, faisant reposer sur les hommes leurs rêves d’un avenir meilleur.

Cette vision d’un féminisme étouffé dit beaucoup d’une société encore très patriarcale, symbolisée par l’énorme et libidineux commanditaire des collections de mode, dont la seule présence dans la scène inaugurale fait ressentir le sentiment d’étouffement des personnages féminins.

Et cela prend la forme, pour la jeune Harriet Andersson d’un vieil homme fortuné joué par l’incontournable Gunnar Björnstrand, et pour la belle et mure Eva Dahlbeck d’un homme entre deux âges sans charme et sans caractère.

Les hommes n’ont clairement pas le beau rôle devant la caméra de Bergman, plus que jamais cinéaste féministe, captant par de gros plans magnifiques et des scènes d’une grande tension (la scène du train, qui donne la sensation d’une cocotte sur le point d’exploser), qui parsèment cette fausse comédie, finalement pas si mineure dans l’œuvre du cinéaste.

L’Invaincu (Aparajito) – de Satyajit Ray – 1956

Posté : 4 juillet, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, RAY Satyajit | Pas de commentaires »

L'Invaincu

Deuxième volet de la « trilogie d’Apu », L’Invaincu commence à peu près où se terminait La Complainte du Sentier. La famille d’Apu, marquée par la mort de la grande sœur, a refait sa vie à Benares, ville au bord du Gange, loin de la campagne de sa jeunesse. Loin aussi de Calcutta, la grande ville, vers laquelle ne cesse de tendre le destin d’Apu.

Le premier film, sublime, évoquait la perte de l’innocence dans un récit relativement resserré. Son succès international permet à Ray d’envisager rapidement une première suite, à la fois fidèle dans l’esprit et assez radicalement différent dans la forme. Avec L’Invaincu, qui évoque cette fois le passage de l’enfance vers l’âge adulte, le destin d’Apu et de sa famille prend définitivement l’aspect d’une chronique réaliste, dont les aspects spectaculaires ne sont que des accidents de la vie.

Il y a des drames, donc. Et pour tout dire : difficile de retenir une ou deux larmes, tant le sort semble cruel pour la famille de notre jeune héros. Qui, lui, traverse ces drames avec la résilience d’un adolescent qui se construit, le regard tourné vers l’avenir… Un enfant d’abord, puis un ado, à l’aube de sa vie propre. D’où le sentiment ambivalent qui se dégage : malgré les drames, c’est la vie qui domine dans ce très beau film.

Contrairement au premier film, celui-ci s’étale sur plusieurs années, des 10 ans d’Apu à ses années d’étude. Deux acteurs, d’ailleurs l’interprètent. Des années d’allers-retours entre la petite ville, la grande et la campagne, comme autant de réflexions, d’hésitations et de doutes sur le chemin qu’il lui faut prendre pour mener sa vie.

La construction du récit, avec ces allers-retours constants entre la ville et la campagne, illustre la transition qui s’opère dans la vie d’Apu, et dans celle de sa mère, condamnée à observer à distance ce train qui traverse les paysages infinis au loin, transportant son fils loin de son univers à elle…

Le personnage le plus fort du film, c’est elle, la mère, toujours interprétée par l’excellente Karuna Bannerjee, personnage marqué par un drame d’autant plus fort qu’il semble banal. Personnage sacrifié, constamment dépendante des hommes qui l’entourent, et promise à une solitude sans issue. Elle est le personnage le plus fort, le plus beau, parce qu’à travers elle, c’est la condition de la femme que filme Ray avec une grande force.

Avec une scène, presque anodine mais d’une puissance sidérante : alors que son mari est malade, la mère réagit avec une violence paniquée aux regards concupiscents d’un voisin. Et c’est toute la dépendance à laquelle est soumise la femme qui éclate dans ces quelques secondes, puissantes et glaçantes.

Plus anodin en apparence que le précédent, moins spectaculaire, moins romanesque, L’Invaincu n’est pas pour autant moins beau. Ray, deux films au compteur, deux chefs d’œuvre. Il mettra encore trois ans pour boucler sa trilogie, avec Le Monde d’Apu. Je n’attendrai pas si longtemps…

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