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Archive pour la catégorie 'GRAY James'

Armageddon Time (id.) – de James Gray – 2022

Posté : 13 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, GRAY James | Pas de commentaires »

Armageddon Time

Il a fallu des voyages dans la jungle (The Lost City of Z) et dans l’espace (Ad Astra) pour que James Gray se décide à revenir à New York. Et ce retour se fait avec le plus intime, le plus personnel de ses films. Tellement personnel, même, qu’il en est troublant, tant on a le sentiment, scène après scène, que ce sont ses propres souvenirs d’enfance que nous livre le cinéaste, qui semble totalement libéré de toute contrainte de genre, ou d’efficacité immédiate.

James Gray nous plonge dans le New York de 1980, et suit l’histoire d’un gamin du Queens que sa famille cherche à protéger du monde extérieur, mais qui s’attire quelques ennuis avec son copain de classe, qui se trouve être noir, et du Bronx… Si on ajoute que le gamin a l’âge que Gray avait à cette époque, qu’il est roux et malingre, et qu’il rêve de devenir artiste dans une famille qui ne l’est ni de près ou de loin… Difficile d’y voir autre chose que la vision de Gray de sa propre enfance.

Qu’importe d’ailleurs la part de pure fiction. Le cinéaste nous offre une évocation de cette époque charnière pour lui, qui est aussi une époque charnière pour New York et pour l’Amérique, cette époque « d’Armageddon », pour reprendre le titre du film, où s’affrontent tous les possibles des dernières années, et les changements effrayants qui s’annoncent avec le triomphe attendu de Reagan et du libéralisme galopant.

Armageddon Time n’est d’ailleurs pas un film politique, mais James Gray y dévoile une nostalgie profondément intime, et profondément émouvante. Il y rend aussi un hommage appuyé, et plus ou moins conscient semble-t-il, à un cinéaste qu’il a souvent cité comme une référence : Truffaut bien sûr, et particulièrement Les 400 coups. Son héros a à peu près le même âge qu’Antoine Doinel, se retrouve confronté à des incertitudes très similaires… et quand il cherche à s’évader, c’est en volant un ordinateur, qui fait furieusement penser à une certaine machine à écrire.

Sans préjuger de ce que sera The Fabelmans de Spielberg, on jurerait qu’Armageddon Time emprunte les mêmes voies : celles d’un cinéma introspectif, comme si ces (grands) cinéastes ressentaient le besoin de partager une époque fondatrice de leur jeunesse. C’est beau, particulièrement lorsque Gray invoque la figure de ce grand-père joué avec une bouleversante bienveillance par Anthony Hopkins. Et ça nous renvoie tous à nos propres nostalgies. Grand film intime.

Ad Astra (id.) – de James Gray – 2019

Posté : 31 décembre, 2021 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, GRAY James | Pas de commentaires »

Ad Astra

Le réalisme immersif d’Alfonso Cuaron dans Gravity ? Pas pour lui. La métaphysique pompeuse de Christopher Nolan avec Interstellar ? Pas son truc… Le cinéma de James Gray est avant tout une plongée dans les affres de l’âme humaine. Un cinéma à hauteur d’hommes, souvent sous les attraits du film de genre. Ad Astra, première expérience science-fictionnesque de Gray, ne fait pas exception. Et on a bien le droit d’estimer qu’Ad Astra, sans doute moins spectaculaire, est aussi supérieur aux deux grands succès de Cuaron et Nolan.

Ad Astra raconte la quête de Brad Pitt, astronaute vivant dans l’ombre d’un père devenu une légende après avoir disparu près de trente ans plus tôt dans une mission aux confins du système solaire. La quête du père et de sa propre identité : le voilà envoyé sur la piste de ce père disparu, qui pourrait bien ne pas être mort, et qui pourrait bien ne pas être le héros que tout le monde croit. Et le voilà parti pour un long voyage solitaire dans des contrées inconnues et dangereuses… James Gray signe un grand film de science-fiction, sur une trame qui pourrait être celle d’un western.

On pense au John Wayne de La Prisonnière du désert bien sûr, dont Brad Pitt est un bel héritier. Comme un clin d’œil au genre, James Gray s’autorise d’ailleurs une scène digne d’une attaque d’indiens : une course poursuite entre le convoi de notre héros et des véhicules étrangers sur la surface déserte de la lune, séquence sans aucun rapport avec l’intrigue principale, et assez bluffante.

Le cinéma de Gray est avant tout humain, ce qui ne l’empêche pas de soigner le spectacle, avec quelques morceaux de bravoure parfaitement tendus, dans lesquels il s’approprie parfaitement les codes du « film d’espace ». Sans pour autant marcher sur les pas de Cuaron. La séquence d’ouverture sonne d’ailleurs comme un manifeste. La situation ressemble à celle de Gravity, à ceci près que le film de Gray est ancré sur terre : un astronaute en mission à l’extérieur d’un module, une catastrophe, et… la chute, avec une vraie gravité, le module étant au sommet d’une tour plantée sur le sol.

Cette chute annonce le destin de Brad Pitt, magnifique de sobriété et d’émotion dans le rôle de cet homme brisé par le poids de ce père disparu (joué par Tommy Lee Jones). Un homme rongé par la solitude, étranger à lui-même, lancé dans une quête de lui-même. Tout ça mêlé à une mission à haut risque pour sauver l’humanité. C’est ambitieux, intime, spectaculaire et humain. James Gray, décidément très grand cinéaste, emballe tout ça avec une maîtrise totale et une grande simplicité.

Au final, moins tape-à-l’œil que Gravity ou Interstellar, Ad Astra se révèle à peu près aussi impressionnant, sans doute plus profond, et assurément plus émouvant. Grand film, grand cinéaste.

The Yards (id.) – de James Gray – 2000

Posté : 7 mars, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, GRAY James | Pas de commentaires »

The Yards

C’est toujours bon à prendre, deux heures de franche rigolade. Et en la matière, James Gray se pose un peu là !… Non ?… Non… Gray est un cinéaste immense, visiblement pas un clown. Avec lui, même un semblant de happy-end a des allures d’échec total.

Comme dans son premier film, Little Odessa (et comme dans le suivant, La Nuit nous appartient, qui bouclera une sorte de trilogie noire informelle), Gray parle de famille, de destin, de violence et de mort. De famille, il est question constamment, de ces liens du sang, du mariage ou de l’amitié qui sont plus forts que tout… sauf quand la réalité vous rattrape.

Bref, il est question de famille, mais il est aussi question de trahison, et surtout de destin, forcément tragique. Mark Whalberg, délinquant à peine sorti de prison et décidé à marcher droit pour se rattraper auprès de sa maman si triste (Ellen Burstyn, merveilleuse), passe ainsi le film à se noyer. Littéralement, et sans une goutte d’eau.

Un type bien, entouré de proches décidés à l’aider à tout prix… jusqu’à ce que leur propre vie se retrouve menacée : le meilleur pote Joaquin Phoenix (extraordinaire… bien sûr !), le « tonton » James Caan, et même la tante jouée par Faye Dunaway.

Le plus terrible dans cette histoire, c’est que les sentiments qui lient tout ce petit monde sont sincères. Le patriarche James Caan a vraiment un bon cœur, mais ce bon cœur cohabite avec un instinct de survie tout personnel et un beau sens de la corruption. Tout se serait idéalement passé pour Leo (Whalberg) s’il n’y avait eu cet incident…

L’incident, sans en dire trop, fait partie de ces moments dont James Gray a le secret. Dans ses trois premiers films, ces chefs d’œuvre noirs, la tragédie humaine est toujours ponctuée de séquences de suspense hallucinantes dont on se rend compte lorsqu’elles s’achèvent qu’on les a regardées le souffle coupé. Littéralement.

The Immigrant (id.) – de James Gray – 2013

Posté : 27 juin, 2017 @ 8:00 dans 2010-2019, GRAY James | Pas de commentaires »

The Immigrant

Un film peut-il être une grande fresque historique passionnante, un mélodrame tragique et sublime, une petite déception ? Je sais, la question est idiote, et la réponse semble évidente. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’éprouver une pointe de déception que je n’arrive pas à m’expliquer. The Immigrant est magnifique, puissant et bouleversant. C’est un film parfaitement maîtrisé, aux images incroyables et aux personnages forts et originaux. C’est un fait. Mais pourquoi diable ne m’a-t-il pas habité comme l’avait fait Little Odessa, ou La Nuit nous appartient ?

La déception tient sans doute à l’immensité de l’attente autour de ce film : James Gray, grand cinéaste de la violence urbaine et contemporaine de New York, qui plonge quasi au cœur des origines de cette violence, dans le New York cosmopolite des années 1920, avec ces immigrés qui arrivent d’une Europe exsangue pour se heurter à la loi impitoyable d’Ellis Island et des marchands de sommeil. Forcément, les promesses étaient énormes, et elles sont tenues, nul doute.

Visuellement, c’est somptueux, à la hauteur des grandes références du genre (Le Parrain 2, ou Il était une fois en Amérique). Narrativement, c’est admirablement tenu. Et James Gray nous livre l’une de ces grandes tragédies dont il a le secret, avec pour une fois une pointe d’optimisme inattendue, teintée d’un cynisme et d’une cruauté immenses. Quant aux acteurs, ils sont prodigieux : Jeremy Renner, tellement bien quand il sort de ses grosses machines hollywoodiennes sans âme ; Joaquin Phoenix, qui en fait un peu trop juste comme il faut ; et surtout Marion Cotillard, exceptionnelle.

La plus grande actrice hollywoodienne de ces dix dernières années, c’est bien elle. Je l’affirme depuis Lisa en 2000 (quelqu’un se souvient de ce film?) : Marion Cotillard est la digne héritière des grandes actrices de l’âge d’or, et sa prestation dans The Immigrant le prouve une nouvelle fois. Avec ce pur personnage de tragédie, soumise aux pires drames intimes et historiques, elle s’inscrit dans une longue tradition, celle de la Vivien Leigh de Waterloo Bridge par exemple. D’une justesse totale, belle et bouleversante, elle est d’une sobriété remarquable.

Bah alors, c’est un chef d’œuvre, non ? Ben ça y ressemble fort, c’est vrai. Mais allez savoir pourquoi, l’émotion, immense durant le film, s’est évaporée dès le générique. Disons que ça doit venir de moi… Je le revois et je vous en reparle.

Little Odessa (id.) – de James Gray – 1994

Posté : 21 mai, 2014 @ 5:16 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, GRAY James | Pas de commentaires »

Little Odessa

Il y a tout juste vingt ans, un jeune prodige de 25 ans signait son premier long métrage, et son premier chef d’œuvre. Un coup d’essai largement transformé depuis par un cinéaste devenu majeur, qui avait déjà un univers bien en place. James Gray n’est pas un rigolo. Ses films, en tout cas, plongent particulièrement profondément dans l’âme humaine. Ses décors sont des no man’s land sans avenir. Ses familles sont marquées par la vie, et par un destin implacable…

Dès les premières images, la maîtrise de Gray est sidérante. En une poignée de plans secs et avec une extraordinaire économie de moyens, le jeune cinéaste plante son décor : Tim Roth est un tueur à gages, qui doit retourner dans le quartier juif de Little Odessa, à Brooklyn, pour un nouveau contrat. Un quartier où il a ses racines, et où il est interdit de séjour…

Il y retrouve son jeune frère (Edward Furlong), apprend que sa mère (Vanessa Redgrave) est mourante, et doit faire face à l’hostilité de son père (Maximilian Schell), immigré parfois violent, mais surtout totalement démuni devant les choix de son fils assassin, et l’explosion de sa famille. Il y a chez tous ces personnages une sorte de désespoir contenu qui semble étouffer tous les autres sentiments. Colère, haine, douleur, amour… la moindre émotion disparaît sous cette terrible résignation qui baigne le film.

C’est une vraie tragédie que signe Gray. Chacun de ses personnages rêve d’une autre vie, mais pas de celle qu’ils pourraient avoir s’ils faisaient les bons choix : celle qu’ils auraient pu avoir mais qu’ils n’auront jamais. On le pressent dès les premières images : il n’y a pas d’issue pour ces êtres marqués et condamnés. C’est cette inéluctabilité est plus terrible, plus violente même que les exécutions qui émaillent le film, magnifiquement filmées mais complètement désincarnées.

Visuellement, le film semble sortir tout droit des années 70, période qui a toujours inspiré Gray. On sent l’influence de French Connection, mais aussi du Parrain notamment. Mais ces influences sont parfaitement digérées, et Little Odessa n’a rien d’un pastiche. Gray donne au film un ton nouveau, radical, créant un univers où la violence et l’émotion sont inséparables. Une pure tragédie…

 

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