Chacun sa chance – de René Pujol et Hans Steinhoff – 1930
Les toutes premières heures du cinéma français parlant, l’adaptation d’une opérette comme tant d’autres, des quiproquos, des couples qui se forment… Cette comédie chantante n’augure rien de bien formidable, et le résultat ne l’est certes pas.
Une histoire inepte, des comédiens qui en font des tonnes… La scène d’introduction, avec ce hâbleur qui présente les personnages sur une scène de théâtre, résume bien l’ambition du film : offrir aux spectateurs un spectacle vivant et musical. Du music-hall filmé, plutôt qu’un vrai film de cinéma.
Pourquoi pas d’ailleurs : il y a de la vie là-dedans, et une poignée de travellings bien foutus où la caméra se mêle à la foule, du plus bel effet. Dommage quand même que les chansons soient si tartes. Même Jean Sablon ne parvient pas à donner de l’épaisseur à des textes écrits avec un dictionnaire de rimes.
A vrai dire, le principal intérêt du film (le seul ?) réside dans sa dimension historique, quasi archéologique. Chacun sa chance est le tout premier long métrage interprété par un tout jeune Jean Gabin, en faux baron qui tombe sous le charme d’une fausse comtesse (Gaby Basset qui fut sa première femme à la ville, et dont il était alors déjà séparé) à la suite d’improbables quiproquos.
Très souriant, la jeunesse éclatant, il n’est toutefois pas encore le Gabin qu’il sera bientôt (dès Cœur de Lilas, en 1932). Ce Jean Gabin de la première heure semble singer Maurice Chevalier dans sa manière de rouler les épaules comme dans ses intonations de chanteur, loin du prolo décontracté de La Belle Equipe. Un grand acteur qui se cherche… ça a quelques chose de beau.