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Archive pour la catégorie 'LELOUCH Claude'

C’était un rendez-vous – de Claude Lelouch – 1976

Posté : 12 septembre, 2024 @ 8:00 dans 1970-1979, COURTS MÉTRAGES, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

C'était un rendez-vous

De la Porte Dauphine au Sacré Cœur en huit minutes, en passant par la place de L’Etoile, le Louvre, le Moulin Rouge… C’est « l’exploit » que réalise Claude Lelouch, « sans aucun trucage ni accéléré », comme le précise un carton inaugural, dans ce court métrage réalisé… en huit minutes, donc.

Ce court est le film le plus étonnant et le plus simple de sa filmographie. Le concept : une caméra fixée à l’avant d’une voiture (puissante, comme le bruit du moteur et la vitesse en attestent) filme en un seul plan séquence subjectif la course folle à travers Paris, au petit matin.

Rien d’autre, mais le résultat est édifiant, ou fascinant c’est selon. Les deux, en fait. Fascinant, parce que ce petit film tourné dans un Paris pas si désert au petit matin, porte mine de rien un regard neuf sur la ville, en en dévoilant par sa simplicité et sa rapidité le caractère humain.

Edifiant, parce que le film est tourné à l’arrache, en dépit de toute considération telle que la prudence ou la responsabilité. Le bolide grille des feux rouges à la pelle, frôle des piétons, accélère dans des ruelles… L’envol d’un pigeon file des sueurs froides, et je me prends à espérer que mon grand fils, qui de toute façon ne lit pas ces chroniques, ne tombera pas sur ce film fascinant qui pourrait le fasciner.

Pour un cinéphile, c’est envoûtant. Pour un jeune conducteur, c’est plus problématique…

Itinéraire d’un enfant gâté – de Claude Lelouch – 1988

Posté : 7 novembre, 2021 @ 8:00 dans 1980-1989, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Itinéraire d'un enfant gâté

Itinéraire d’un enfant gâté n’a pas seulement permis à Lelouch de connaître l’un de ses plus gros succès commerciaux, après une série de films en demi-teinte. Ses retrouvailles avec Belmondo, presque vingt ans après Un homme qui me plaît, ont également offert à l’acteur le déclic dont il avait sans doute besoin, après des années de polars interchangeables pour la plupart des dispensables… et d’ailleurs très oubliés.

Avec Itinéraire d’un enfant gâté, c’est un peu comme si Belmondo se rappelait qu’avant d’être un produit à la recette parfaitement maîtrisée, il était l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Un phénomène qui, à ses débuts, était aussi à l’aise chez Godard que chez De Broca, chez Melville que chez De Sica. C’est cet acteur-là qu’on retrouve, enfin, devant la caméra de Lelouch, dans un rôle taillé pour lui, et dans un film à la démesure du cinéaste, ample, généreux, et profondément émouvant.

L’itinéraire de cet enfant gâté est de ces histoires qu’affectionne Lelouch, le parcours à la fois simple et romanesque d’un enfant abandonné, recueilli par des artistes de cirque, devenu saltimbanque, puis chef d’entreprise, puis père fatigué de la place qu’il prend lui-même sur la vie des autres… Un homme qui, au mitan de sa vie, choisit de disparaître, de prendre le large et de ne plus revenir.

Une histoire simple finalement, mais dont Lelouch fait une épopée intime et romanesque, avec un style qui fait hurler ses détracteurs, mais qui déclenche des torrents d’émotion aux bienheureux qui se laissent emporter par la générosité et la soif de cinéma du monsieur. Lelouch aime le cinéma non pas comme un moyen de raconter simplement une histoire, mais comme un art total où tout est au service de l’émotion.

Qui d’autre que lui ose faire des scènes où les chansons (avec des paroles de Didier Barbelivien) sont si importantes ? Qui encore s’autorise de si grands mouvements de caméra, en même temps que d’incessants va-et-vient entre les époques ? Grandiloquent ou virtuose, qu’importe, Lelouch est aux manettes de nos émotions, et on passe des larmes au rire dans le même beau mouvement.

Belmondo est formidable dans une sorte de double du cinéaste. Un marionnettiste lui aussi, qui transforme le transparent Richard Anconina (le personnage, pas l’acteur) en un double de moins en moins désincarné, lui apprenant à dire bonjour comme lui, et surtout à ne jamais avoir l’air de surpris, dans une séquence assez mémorable. Du cinéma généreux, simplement.

Les plus belles années d’une vie – de Claude Lelouch – 2019

Posté : 24 juin, 2019 @ 8:00 dans 2010-2019, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Les plus belles années d'une vie

Un homme et une femme, 50 ans (et quelques) plus tard… Trintignant lui-même a dit avoir hésité avant d’accepter de jouer dans cette suite si tardive. Déjà parce qu’il était censé avoir pris sa retraite définitive du cinéma (retraite que seul Mickael Haneke avait réussi à rompre jusqu’à présent), et surtout parce qu’il avait peur d’abîmer l’image qu’en ont ceux qui considèrent le film comme l’une des plus belles histoires d’amour du cinéma français. Dont je ne suis pas loin de faire partie.

Evidemment, la question se posait. Et le sentiment que l’on ressent est curieux, inédit même, devant la décrépitude physique du personnage, et de l’acteur, dont les rides profondes sont filmées au plus près. Et même devant la grâce encore bien présente d’Anouk Aimé, grâce sur laquelle pèsent tout de même le poids des cinq décennies écoulées depuis les chabada des planches de Deauville.

Pas sûr qu’il y ait un équivalent dans l’histoire du cinéma : un cinéaste qui retrouve ses acteurs (même les gamins du film original sont les mêmes) pour une suite aussi tardive, et où le temps passé est le sujet même. Une suite qui n’essaye pas d’enjoliver la vieillesse, pas plus qu’elle ne noircit le portrait d’ailleurs : ni béât, ni misérabiliste, Lelouch préfère garder des petits moments de vie comme il l’a toujours fait.

Avec aussi une sorte d’ironie mi-amusée, mi abattue. « Les plus belles années d’une vie sont celles que l’on n’a pas encore vécues », citation de Victor Hugo mise en exergue du film, a du mal à convaincre, tant le bonheur et la passion de ces deux anciens amants sont attachés à un passé déjà lointain.

On pourrait être mauvaise langue, et souligner que l’émotion la plus puissante est provoquée par les extraits d’Un homme et une femme qui émaillent le film, comme autant de souvenirs qui reviennent à Anne et Jean-Louis. Ce qui est effectivement le cas : la scène du télégramme, ou celle de la gare, sont des moments qui m’ont toujours bouleversé. Mais c’est la manière dont ces images qui appartiennent à l’inconscient collectif sont mises en regard avec la vieillesse des personnages qui est réellement touchante.

Lelouch se montre inhabituellement sobre, privilégiant les longs plans, ou les champs-contre champs, conscient qu’il n’a besoin d’aucun artifice, d’aucun effet, pour filmer l’intimité retrouvée de cet homme et de cette femme. Un parti-pris payant, qui donne un film globalement très pudique, et très tendre.

Un film qui adopte aussi le point de vue de Jean-Louis, vieil homme dont la mémoire fait des allers-retours étonnants. La réalité, les rêves, le fantasme s’entrelacent donc à l’écran, sans que l’on sache toujours exactement où on en est. Cette fille, jouée par Monica Bellucci, existe-t-elle vraiment ? Qu’importe finalement. L’important finalement est de vivre, jusqu’au bout.

Oui, le film est réussi. Mais le plus beau, c’est qu’il est réussi en surprenant constamment, avec une liberté et une vérité inattendue. Sans optimisme déplacé, mais avec une infinie tendresse, et des sourires qui dominent tout, libérant peu à peu les cœurs serrés des premières minutes.

La Bonne Année – de Claude Lelouch – 1973

Posté : 31 mai, 2019 @ 8:00 dans 1970-1979, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

La Bonne Année

D’abord, on croit s’être trompé de film : le générique déroule sur des images noir et blanc que l’on connaît bien, celles d’Un homme et une femme. Pas d’erreur pourtant : Lino Ventura, Françoise Fabian, La Bonne Année, c’est bien ça. Alors on attend avec curiosité, on revit par la même occasion les émotions du plus beau des films d’amour de Lelouch, on se dit encore une fois qu’Anouk Aimée est, là, plus belle que jamais… Et on comprend finalement qu’Un homme et une femme a été projeté aux détenus d’une prison.

Parmi eux : Lino donc, voleur qui vient de passer six ans derrière les barreaux. On est en 1972, mais l’intrigue principale se situe avant son interpellation. En 1966 donc, à Cannes. Cannes, 1966 ? Tient, justement l’année où Lelouch a décroché la Palme d’Or avec son chabadabada. Pas un hasard, bien sûr. C’est tout Lelouch, ça : s’autoriser comme ça une sorte d’auto-hommage. Il faut son génie de l’immodestie pour que cela ne tourne pas au grotesque.

Mais non : La Bonne Année est, plutôt, un beau film. « Plutôt », parce que toute une partie de l’histoire s’avère relativement vaine : celle que Lelouch consacre au braquage d’une bijouterie, certes central mais pourtant anecdotique. Il ne nous en épargne rien : ni les préparatifs, ni la longue phase de surveillance, ni les détails de la réalisation. On s’en passerait bien, pourtant.

Là où le film est réussi, c’est dans la confrontation entre Lino Ventura et Françoise Fabian. Et il s’agit bien d’une confrontation, cette drôle d’histoire d’amour : entre le truand à l’ancienne un peu brut de décoffrage, et la jeune vendeuse d’antiquité baignant dans la culture. Ni misogyne, ni féministe, Lelouch filme deux êtres aux idéaux et aux visions radicalement différentes, qui vont pourtant tomber amoureux l’un de l’autre.

Il y a le premier face-à-face, touchant parce que les deux se livrent tels qu’ils sont, sans fard et sans gêne. Puis le réveillon « en société », cruel et cynique, qui provoque un malaise tenace (et donne l’occasion à Lelouch de régler ses comptes, un peu facilement : « Vous lisez les critiques ? – Non. – Comment choisissez-vous les films que vous voyez, alors ? – C’est comme en amour, j’aime prendre des risques »). Et enfin l’ultime scène, belle parce qu’elle évite le happy end trop facile. Face à cette jeune femme qu’il aime, le vieux de la vieille comprend que ce qu’il a le plus de mal à accepter, ce n’est pas qu’elle est si différente de lui, mais au contraire qu’il y a tant de chose qui les rassemble.

Un homme et une femme – de Claude Lelouch – 1966

Posté : 23 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1960-1969, LELOUCH Claude, Palmes d'Or | Pas de commentaires »

Un homme et une femme

Deauville, le rallye de Monte Carlo, Trintignant qui roule sous la pluie, Chabada (qui ne se chante pas Chabada d’ailleurs), le noir et blanc et la couleur, la voix de Pierre Barouh, le visage d’Anouk Aimé, ce visage si beau et si pur dont Lelouch ne cache pas les imperfections, et qui n’a pourtant sans doute jamais été aussi bien filmé…

Un homme et une femme est le plus beau film de Lelouch ? Voilà qui pourrait même mettre d’accord ceux qui ne supportent pas le romantisme exacerbé, les grands mouvements d’appareils, la grandiloquence diront certains, d’un cinéaste pourtant total. Son amour des acteurs, son sens du récit et du rythme, l’utilisation qu’il fait du montage et de la musique… Tout est cinéma dans le cinéma de Lelouch, parce que tout est passionné.

Ce n’est pas son premier film, mais c’est pourtant là que tout a vraiment commencé : là qu’il a trouvé son style, sur les planches de Deauville, auxquelles il reste intimement lié plus de cinquante ans plus tard, et qu’il filme comme personne. Magnifique image que cet homme et ce chien, tous deux abîmés, dont on observe les silhouettes en ombres chinoises claudiquant sur les planches au soleil couchant.

Ce sont deux êtres abîmés par la vie, comme cet homme et cette femme qui se trouvent et se découvrent entre Deauville et Paris, sur la route, sous la pluie. Une histoire simple, comme celles qui ont fait les plus beaux films de Lelouch : un homme, une femme, l’amour, la vie. Rien de plus, ou si peu. Tout est beau dans ce film, parce que Lelouch sait capter ces petits quelques choses qui donnent de la vie. Même les longues séquences automobiles sont prenantes, pour quelqu’un comme moi que la mécanique ennuie.

Lelouch emprunte à la Nouvelle Vague cette manière de déconstruire le récit, de casser les cadres, de filmer les personnages au plus près. Mais c’est bien un style très personnel qu’il met en place, avec une liberté totale et totalement maîtrisée, une manière envoûtante de passer de la couleur au noir et blanc, ou au sépia, et une superbe utilisation de la voix off.

Trintignant qui se demande ce qu’il doit faire en arrivant à Paris où il veut rejoindre celle qui lui a déclaré son amour par télégramme est un moment absolument magique à vous coller des frissons. L’étreinte de cet homme et de cette femme sera euphorisante. Et le regard d’Anouk Aimé soudain voilé par le souvenir de son mari disparu, déchirant. De grandes émotions, pures et intenses. Palme d’Or et Oscar du meilleur film étranger, Un homme et une femme est magnifique.

Un + Une – de Claude Lelouch – 2015

Posté : 6 avril, 2016 @ 8:00 dans 2010-2019, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Un + Une

Du Lelouch comme on l’aime. Dès les premiers plans, la caméra tourne autour d’un cameraman filmant autour de lui, dans de grandes envolées lyriques. Tout Lelouch est là, dans cette simple image : la grandiloquence pour certains, l’émotion à fleur d’images pour d’autres ; le cinéma et la vie qui se confondent, et une foi absolue dans la force des images.

Jusque dans le titre, énième variation sur le thème d’Un homme et une femme, et son éternelle ambition de filmer l’âme humaine, l’humanité dans son ensemble à travers le parcours de quelques individus. Lelouch a (toujours) une passion immense, une manière toute personnelle de s’enthousiasmer pour son sujet et son décor, un sens du cinéma unique… et un égo démesuré.

La grande différence ici, par rapport à la plupart de ses films, tient peut-être au personnage de Jean Dujardin, sorte de double cynique du cinéaste. Un homme de cinéma comme par hasard. Pas réalisateur, mais compositeur de film, et surtout collectionneur de femmes, amoureux de l’amour et de lui-même, qui sort des phrases comme « mon plus grand talent c’est le hasard » que seul Lelouch est capable de prononcer, et assume tous ses excès avec désinvolture.

Une sorte de caricature auto-assumée, donc, qui en rencontre un autre, son exact inverse : Elsa Zylberstein, femme d’ambassadeur (joué par Christophe Lambert, plutôt émouvant lorsqu’il ne parle pas), généreuse et spirituelle, du genre totalement intègre et tournée vers les autres. Entre ces deux-là, rien de commun, et pourtant. On est chez Lelouch, et le « film dans le film » s’appelle « Juliette et Roméo », alors tout est dit.

Ou presque. L’histoire se déroule en Inde, pays envoûtant, immense et spirituel. Jean + Elsa partent ensemble pour un long pèlerinage vers Amma, cette femme étonnamment charismatique qui enlace et câline des milliers de personnes chaque jour, pour panser les plaies de leurs âmes. Un pur personnage lelouchien, dont l’apparition va bouleverser tout le cinéma lelouchien.

Magnifiques scènes tournées parmi la foule immense qui vient à la rencontre d’Amma, et magnifiques regards des deux acteurs attendant leur tour, regards troublés que l’on devine non feints, en particulier celui de Dujardin qui, en quelques secondes, tombe le masque, et oublie cette superbe légèreté qui lui sert de façade.

C’est comme si Lelouch, soudain, décidait d’arrêter de faire du Lelouch, en plein film. Comme s’il avait compris que les sentiments les plus forts n’avaient pas besoin de grands mouvements de caméra ou de grande musique. La fin du film a ce petit goût des choses qui auraient pu être, ou qui pourraient encore être. L’émotion qui se dégage de ces scènes est immense…

* DVD chez Metropolitan, avec un beau (et court) making of, quelques entretiens avec l’équipe du film qui vante la méthode Lelouch, une poignée de scènes inédites, et des images en plus autour d’Amma.

Ces amours-là – de Claude Lelouch – 2010

Posté : 6 avril, 2013 @ 4:35 dans 2010-2019, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Ces amours-là – de Claude Lelouch – 2010 dans 2010-2019 ces-amours-la

Claude Lelouch pensait-il que ce film serait son dernier ? A 73 ans, son quarante-troisième film a en tout cas des allures de film-testament, en tout cas de film-somme. C’est celui de ses films où lelouch imbrique le plus intimement sa propre vie, son cinéma, et les thèmes qui l’ont toujours fasciné.

Ces amours-là, c’est du pur Lelouch, bien sûr : lui seul pouvait signer ce portrait d’une pure amoureuse, qui traverse les événements les plus tragiques du XXème siècle guidée par sa seule propension à tomber amoureuse. Pour ce rôle central, le cinéaste retrouve Audrey Dana, belle actrice qu’il avait déjà dirigée dans Roman de gare, son précédent film.

Il retrouve aussi la Seconde guerre mondiale, déjà au cœur de beaucoup de ses films (Partir Revenir, Les Misérables, Les uns et les autres…) : une grande partie du film se déroule à Paris durant l’Occupation. D’ailleurs, dans ce film qui se veut aussi un auto-hommage à cinquante ans de cinéma, Lelouch reprend de nombreux plans, ou séquences, tirés de ses propres films : un parachutage sorti des Misérables, un match de boxe extrait d’Edith et Marcel…et le début, hommage au cinéma muet, tiré de Toute une vie.

Ces amours-là est d’ailleurs, en quelque sorte, une suite de ce film, en reprenant quelques personnages. On y retrouve aussi la même envie de Lelouch de crier son amour pour le cinéma, omniprésent tout au long du film à travers la trajectoire de cette projectionniste qui deviendra la propriétaire du cinéma Eden Palace.

L’amour mène à tout pour Lelouch, même à l’inacceptable : coucher avec un Allemand, tuer son meilleur ami. Ilva passe sa vie à placer l’amour au-dessus de tout, de là à imaginer que Lelouch dresse une sorte d’auto-portrait. D’ailleurs, le cinéaste semble se livrer plus que dans aucun autre film.

On l’a déjà vu apparaître dans ses films, dans son propre rôle, créant une mise en abîme souvent enthousiasmante. Ici, il va plus loin : il filme le jeune Claude Lelouch, ce gamin juif qui, durant l’Occupation, passait ses journées dans un cinéma où sa mère, recherchée par la Gestapo, le cachait ; puis cet adolescent, sosie du jeune Lelouch, commençait à filmer tout ce qui l’entourait.

Malgré les tragédies, malgré les horreurs, malgré les douleurs, il y a de la vie dans ce film, à l’image de ce beau personnage d’avocat-pianiste qui, malgré toutes les épreuves, trouve la force de vivre intensément. C’est une bonne nouvelle : les échecs, les critiques, les difficultés à monter ses films, n’ont entamé en rien l’enthousiasme de Lelouch, et son envie de filmer la vie, plus belle, plus bouillante, plus musicale que la vraie.

Le Courage d’aimer – de Claude Lelouch – 2005

Posté : 10 mars, 2013 @ 11:11 dans 2000-2009, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Le Courage d’aimer – de Claude Lelouch – 2005 dans 2000-2009 le-courage-daimer

Voir Le Courage d’aimer après avoir vu Les Parisiens, le premier volet de la trilogie avortée de Lelouch (qu’il voulait appeler « Le Genre humain », avec la simplicité qu’on lui connaît), est une expérience étrange. Car le film est un condensé du précédent et du deuxième volet, qu’il avait déjà tourné en grande partie. Un procédé unique dans l’histoire du cinéma me semble-t-il (mais je me trompe peut-être), et qui prouve en tout cas à quel point le cinéaste s’investit totalement et sincèrement dans chacun de ses projets.

Le Courage d’aimer est de fait plus modeste, plus humain, plus simple aussi. Plus réussi, aussi, même si le film a un petit côté bancal. Lelouch élague Les Parisiens, mais il coupe trop, ou pas assez, c’est au choix. Sans doute aurait-il mieux valu qu’il se débarrasse totalement de certains personnages, qui ne font désormais plus que quelques apparitions. Sans doute aurait-il dû aussi éliminer certains rebondissements. A force de ne pas choisir, et de simplement raccourcir, le cinéaste vide de leurs substances quelques personnages qui étaient beaucoup plus émouvants dans le film précédent.

Le couple principal, surtout : Maïwenn et Massimo Ranieri, qui était au cœur du premier film, semble intéresser nettement moins Lelouch, qui se concentre bien plus sur le nouveau couple, formé par Mathilde Seigner et Michel Leeb. Touchants, mais un peu plus convenus.

Mais la magie opère le plus souvent. Ni vraiment une suite, ni totalement un autre film, Le Courage d’aimer est surtout le cri du cœur d’un réalisateur qui, lorsqu’on le fout à la porte, revient par la fenêtre. L’apparition du réalisateur Claude Lelouch dans son propre rôle, dans une belle mise en abîme, n’en prend que plus de valeur.

Les Misérables – de Claude Lelouch – 1995

Posté : 25 janvier, 2013 @ 10:58 dans 1990-1999, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Les Misérables – de Claude Lelouch – 1995 dans 1990-1999 les-miserables

Lelouch ne pouvait pas signer une adaptation de plus des Misérables. Lui s’empare du roman de Victor Hugo pour en tirer un pur film lelouchien, une grande fresque qui embrasse toute la première moitié du XXème siècle.
On y retrouve les grandes obsessions du cinéaste : les débuts du cinéma (les bagnards regardent le film d’Albert Capellani), la deuxième guerre mondiale (déjà dans Les Uns et les autres, Partir revenir…), les hasards, les coïncidences, les destins qui se croisent… Avec une virtuosité exceptionnelle, et une quantité de séquences très inspirées. Un exemple : la scène du parachutage, simplement à tomber par terre.

Le scénario fait se télescoper trois histoires, trois époques, et des destins aux points communs troublants. D’abord un chauffeur de maître (Jean-Paul Belmondo), sorte de Jean Valjean de 1900, condamné au bagne pour un crime qu’il n’a pas commis. Puis le fils de ce bagnard (Belmondo, encore), au destin hors du commun, qui aidera un couple de Juifs (Allesandra Martines et Michel Boujenah) à prendre la fuite durant l’occupation. Le couple fera découvrir le roman de Victor Hugo à cet être frustre et illettré, qui réalisera que Jean Valjean (Belmondo, toujours, dans une série de tableaux issus du roman) ressemble étrangement à son père.

Tout en signant un film très personnel, Lelouch rend un bel hommage au roman de Hugo. Et mine de rien, le cinéaste offre une vision de l’humanité pas si simpliste. Boujenah (débarrassé de ses tics les plus agaçants) est un couard ; Khorsand est un collabo pas si inhumain, et même Belmondo n’est pas un franc héros.

Comme d’habitude, le réalisateur rassemble un casting impressionnant et totalement improbable : on y croise Daniel Toscan du Plantier, William Leymergie (excellent), Micheline Presle, Jean Marais… Annie Girardot et Philippe Léotard, tous deux bouleversants ; Alessandra Martines en retrait mais terriblement émouvante ; et Belmondo dans son dernier grand rôle.

Le Genre humains ; Les Parisiens – de Claude Lelouch – 2004

Posté : 25 janvier, 2013 @ 10:52 dans 2000-2009, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Le Genre humains ; Les Parisiens – de Claude Lelouch – 2004 dans 2000-2009 le-genre-humains-les-parisiens

Lelouch s’est complètement planté au box-office avec ce film qu’il imaginait comme le premier volet d’une trilogie ambitieuse esquissant « le genre humain », rien que ça. Faut dire qu’il faut avoir le courage de passer la première moitié de ce film chorale foutraque : Lelouch s’y livre à ses excès les plus… excessifs. Petites phrases pseudo-philosophiques, personnages innombrables qui se croisent à peine… Tout ce qui agace et fascine à la fois, dans le cinéma de Lelouch. Sauf qu’ici, on frôle le trop plein, surtout quand il nous fait le coup du clochard/Dieu, et même si la présence dans ce rôle de Ticky Holgado, décédé avant la sortie du film, a quelque chose de forcément émouvant.

En vrac, on croise donc deux clochards qui discutent comme les vieux du Muppet Show en moins drôle, un roi de la pizza (Michel Leeb) qui tombe amoureux d’une châtelaine pensionnaire de la Comédie française (Arielle Dombasle), un flic cancéreux (Xavier Deluc) largué par sa femme (Agnès Soral), un patron de club (Francis Perrin) amoureux de sa serveuse (Mathilde Seigner) mais aimé par une autre (Michelle Bernier), un agent immobilier (Gregory Derangère) qui arnaque ses clients avec une fausse cliente (Cristiana Reali)… On a même Robert Namias en patron de presse. Le point commun entre eux tous ? Tous sont Parisiens. Mais c’est un Paris bourgeois que Lelouch présente, où on croise surtout des privilégiés, et où les pauvres ont le sourire.

Mais c’est quand Lelouch se concentre enfin sur ses deux personnages principaux qu’il atteint enfin sa cible. Et là, le film devient très beau, et passionnant. Une femme enfant (Maïwenn) et un Italien (Massimo Ranieri) chantent ensemble dans la rue. L’une devient une star, en abandonnant l’autre, qui lui avait mis le pied à l’étrier, et Lelouch nous refait le coup d’Une Etoile est née.

Au romanesque, Lelouch préfère la mise en abîme, avec une dernière partie où il se met lui-même en scène, filmant le destin croisé de ces deux êtres. C’est le passage le plus réussi du film. Le plus troublant aussi, lorsque Lelouch se filme en couple avec Alessandra Martines. A la fois très impudique et filmé avec une étonnante sobriété.

L’échec sans appel du film condamnera la suite de la trilogie, mais Lelouch saura rebondir, avec l’inattendu Roman de Gare. Il remaniera également son film, avec les scènes tournées pour la suite mort-née, avec Le Courage d’aimer.

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