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Archive pour la catégorie 'MITCHUM Robert'

LIVRE : Robert Mitchum – de François Guérif – 2003

Posté : 4 juin, 2024 @ 8:00 dans LIVRES, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

LIVRE Robert Mitchum

Grand amoureux du polar sous toutes ses formes, et du film noir américain en particulier, François Guérif ne pouvait pas ne pas être un fan de Robert Mitchum, peut-être la meilleure incarnation du genre. Qu’il lui consacre une biographie n’a donc rien d’étonnant.

Le gars a une plume alerte, la personnalité de Mitchum est assez fascinante. Du coup ce Robert Mitchum au titre sans fioriture se dévore avec gourmandise, embrassant en 350 pages joliment illustrées une carrière pleine de chefs d’œuvre que l’on meure d’envie de revoir, mais aussi de nanars que l’on meure un peu moins d’envie de découvrir.

Cela étant dit, la simplicité du titre n’est pas anodine. Elle illustre le parti-pris de Guérif : celui de faire de ce livre une sorte de concentré des autres biographies consacrées à l’acteur, vers lesquelles l’auteur nous renvoie régulièrement, un digest qui survole la vie et la carrière de Mitchum en n’oubliant aucun film, aucune période.

On n’y apprend donc pas grand-chose, à moins de ne rien savoir de la vie du grand Bob, de son goût pour la boisson et pour les femmes, et surtout de la posture dont il ne sortira jamais selon laquelle il ne prendrait pas son métier d’acteur au sérieux, posture que ceux qui le connaissaient et avec qui il a travaillait ont constamment mis en doute.

Ce Robert Mitchum se lit avec gourmandise et avec plaisir. On en sort à la fois avec l’envie de se remettre quelques bons DVD, mais aussi avec une petite frustration, l’envie de se plonger dans une biographie plus consistante.

Un si doux visage (Angel Face) – d’Otto Preminger – 1952

Posté : 24 avril, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, PREMINGER Otto | Pas de commentaires »

Un si doux visage

Il a l’air si cool, si détaché, si sûr de lui et si supérieur… Mais dieu que cet homme a le don pour s’enticher des femmes qu’il ne faut pas ! C’est le Robert Mitchum des premiers temps bien sûr, celui de La Griffe du Passé et de tant d’autres grands films noirs qui creusaient un même sillon avec un même bonheur.

L’acteur lui-même disait s’en lasser. Pas le spectateur, et certainement pas devant un film comme Un si doux visage, nouvelle variation sur un même thème, et nouveau bijou noir et cynique. Cette fois, c’est Jean Simmons qui fait tourner la tête d’un Mitchum pas même dupe de lui-même.

C’est qu’il ne faut pas longtemps à ce mâle si enclin à prendre la vie comme elle vient et son bonheur pour acquis pour comprendre que délaisser sa douce petite amie pour une soirée avec cette brune piquante et pas claire de Jean Simmons n’est pas la chose la plus intelligente qu’il ait faite de sa vie…

Mitchum en antihéros enfermé par sa propre faute dans une spirale dont il ne peut plus sortirOn a déjà vu ça une dizaine de fois avant ça. Mais Preminger, qui s’est approprié ce sujet plus ou moins imposé par la RKO de Howard Hugues, s’attache moins à l’atmosphère habituelle du film noir qu’aux petites nuances qui font la différence.

A commencer par le personnage féminin, qui malgré son machiavélisme et sa duplicité, garde une bouleversante innocence. Ou quelque chose de désespéré qui y ressemble beaucoup. Et le regard faussement bravache et vraiment paumé de Mitchum. Et ce mélange de cynisme et de simplicité, qui rompt avec les atmosphères angoissantes des précédents films de la star.

C’est d’ailleurs la fin d’un cycle pour Mitchum, qui dès lors s’efforcera de changer de style et de genre film après film, refusant désormais de se laisser enfermer dans ce type de personnages qui lui collent à la peau. Il retrouvera ainsi Preminger peu après pour un film assez radicalement différent : La Rivière sans retour. Une petite chose plutôt pas mal, aussi.

L’Enigmatique Monsieur D. (Foreign Intrigue) – de Sheldon Reynolds – 1956

Posté : 19 avril, 2024 @ 8:00 dans * Espionnage, * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, REYNOLDS Sheldon | Pas de commentaires »

L'Enigmatique monsieur D

Curieux film que ce Foreign Intrigue, que Mitchum tourne alors qu’il est au sommet de sa gloire, après La Nuit du Chasseur et avant Dieu seul le sait. Curieux, parce que c’est une curiosité passée jusqu’à présent totalement sous mes radars. Curieux aussi parce que le film est tourné en Europe. Parce qu’il se situe à la croisée du film noir et du film d’espionnage tendance paranoïa. Curieux enfin parce qu’il est le prolongement d’une série télé.

Foreign Intrigue : c’est aussi le titre de cette série créée par Sheldon Reynolds, et qui n’a jamais été diffusée en France. Mais aux Etats-Unis, elle a visiblement remporté un franc succès. Assez en tout cas pour permettre à Reynolds, crédité comme producteur, scénariste et réalisateur, de mener à bien ce projet, sans les acteurs de la série, mais avec une méga star à leur place.

Bon… côté casting, on a un peu l’impression que Mitchum a empoché tout le magot. Impérial, il est l’un des rares à s’imposer vraiment, face à des acteurs de plusieurs nationalités (dont Ingrid Thulin, la future interprète de Bergman dans Les Fraises sauvages) qui n’ont au fond qu’un point commun : celui de donner le sentiment de ne pas être dans leur élément. Ce casting bancal n’aide pas, il faut bien l’admettre.

Bancal, le film l’est clairement, Reynolds se montrant tantôt piètre metteur en scène (la scène d’ouverture, muette, sonne particulièrement faux jusqu’à l’arrivée de Mitchum), tantôt inspiré (une fuite dans les ruelles obscures de Vienne). Là, dans ses meilleurs moments, le film s’inscrit dans la lignée du Troisième Homme, classique vers lequel Reynolds lorgne ostensiblement.

L’intrigue lui est postérieure de dix ans, mais la manière de filmer cette Europe de l’après-guerre (et pas seulement Vienne) rappelle l’atmosphère du chef d’œuvre de Carol Reed. Certes avec une réussite plus nuancée, mais avec une vision assez passionnante. Et avec la couleur.

Cette enquête mystérieuse à travers l’Europe, sur les traces d’un faux millionnaire mort en emportant ses secrets, culmine dans une dernière séquence qui réunit toutes les qualités et les défauts du film : un rendez-vous plein de suspense dans une ruelle sombre, une scène bizarre et fascinante, improbable et enthousiasmante.

La Vengeance du Shérif (Young Billy Young) – de Burt Kennedy – 1969

Posté : 11 janvier, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, KENNEDY Burt, MITCHUM Robert, WESTERNS | Pas de commentaires »

 

La Vengeance du shérif

Burt Kennedy est un veau. Un peu comme Andrew McLaglen, autre grand spécialiste du western dans les années 60, qui a eu la chance d’avoir un carnet d’adresse de dingue. Un peu aussi comme les tireurs de son film qui, systématiquement, ratent leur cible, si évidente soit-elle.

Burt Kennedy est un veau, et c’est le premier constat. Le deuxième, maintenant : Burt Kennedy a vu Rio Bravo et Et pour quelques dollars de plus, et il s’est dit que faire un mix des deux serait une bonne chose pour signer un chouette western et être dans l’air du temps.

Et un troisième constat, histoire d’être complet : Burt Kennedy est un veau très inspiré par Hawks et Leone, mais c’est aussi un réalisateur dont on ne peut douter de la sincérité, ni du fait qu’il a l’ambition de faire du grand cinéma.

Alors oui, c’est raté : Young Billy Young est du « sous-… » à peu près tout. Du sous-Hawks, du sous-Sergio Leone, du sous-grand rôle torturé de Robert Mitchum… Un western qui pêche constamment par son manque de rythme, l’incapacité de Kennedy à planter une atmosphère ou une quelconque rugosité à son récit. Mais c’est aussi un western généreux, parsemé de quelques images inventives.

Un plan résume cette ambitionL’image d’une pianiste qui se reflète dans la vitre d’un corbillard dont on sort le cercueil, révélant peu à peu l’arrière-plan, et dévoilant l’arrivée de trois cavaliers… Trois images, trois niveaux en un seul plan fixe. Burt Kennedy est un cinéaste maladroit, qui n’a pas la maîtrise d’un Ford, d’un Wellman ou d’un Hawks, mais ce n’est pas un cinéaste paresseux.

Bref, on a fortement envie de s’accrocher aux quelques bonnes idées, d’oublier le manque de liant, les interminables plans inutiles de déplacements, de ne pas se dire qu’on rien demander d’autre à Angie Dickinson que de rejouer son rôle de Rio Bravo, de se concentrer sur le fait que Robert Mitchum est impérialOn a envie d’aimer ce film. On va se contenter de ne pas en dire trop de mal, et de vite l’oublier.

La Nuit du chasseur (The Night of the Hunter) – de Charles Laughton – 1955

Posté : 21 août, 2023 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, LAUGHTON Charles, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

La Nuit du chasseur

Rien de bien neuf à dire sur ce monument du cinéma, indémodable et inoubliable, unique incursion derrière la caméra de Charles Laughton, cinéaste éphémère aussi ogresque que l’acteur qu’il était.

C’est aussi le rôle le plus iconique de Robert Mitchum, le plus étonnant aussi sans doute : en pasteur givré, sorte de version Grande Dépression de Barbe-Bleue, il en fait des tonnes, incarnation parfaite de la vision de Laughton, qui filme cette histoire désespérément sombre (c’est quand même l’histoire de deux enfants qui voient leurs parents mourir de mort violente, et sont menacés de mort par un croque-mitaine) comme une fable.

Ce cauchemar enfantin est entièrement construit sur des sensations de peurs primales, qui prennent forme notamment lorsque le grand méchant voit ses gestes ralentis jusqu’au malaise, contraints par les obstacles d’une cave ou par la boue profonde d’une berge. Rarement le sentiment de se retrouver dans un mauvais rêve a trouvé une forme si aboutie au cinéma…

Le film trouve ainsi sa place parmi les grands classiques de la fiction fantasmagorique enfantine, au côté de Tom Sawyer (dont on retrouve l’atmosphère) ou Les Contrebandiers de Moonfleet, deux autres sommets racontés à hauteur d’enfant. Regard d’enfant, que les pires horreurs ne détruisent jamais tout à fait, et qui se raccroche aux îlots de douceur et de bonté rencontrés en chemin, ultime grand rôle pour la mythique Lilan Gish.

Laughton joue avec les jeux d’ombres profonds et cauchemardesques pour filmer les peurs enfantines (la première fois que la silhouette gigantesque du pasteur apparaît aux enfants dans leur chambre). « Ce n’est qu’un adulte », lance John, phrase qui annonce la brutalité avec laquelle sa sœur et lui vont être arrachés à leur enfance.

On résume : La Nuit du Chasseur est un chef d’œuvre, l’un des plus grands films sur l’enfance et la brutalité de la perte de l’innocence.

Massacre pour un fauve (Rampage) – de Phil Karlson – 1963

Posté : 11 avril, 2023 @ 8:00 dans 1960-1969, KARLSON Phil, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

Massacre pour un fauve

De Phil Karlson, on connaît surtout les films noirs (Le Quatrième Homme, Les Frères Rico, L’Inexorable enquête… que du bon), et quelques westerns très recommandables (en particulier Le Salaire de la violence, formidable). Mais sa filmographie, très largement méconnue, dépasse largement les frontières de ces deux genres. La preuve avec ce film d’aventures qui flirte ouvertement du côté de Hatari !, le film de Hawks, sorti l’année précédente.

Une expédition est montée autour de deux hommes radicalement différents, pour trouver et capturer des tigres et une panthère quasi-mythique dans les vastes paysages de Malaisie. L’un est un grand chasseur anglais, qui collectionne les trophées, souvenirs des innombrables animaux qu’il a tués à travers le monde. L’autre est un trappeur américain, qui préfère les animaux vivants (mais qui ne voit aucun inconvénient à les mettre en cage ou à les parquer dans un zoo)…

Deux hommes, deux styles, deux visions de la vie, et une belle jeune femme entre les deux, dont on comprend vite qu’elle est la véritable proie que se disputent les deux mâles alphas. Elle, c’est Elsa Martinelli (qui était déjà, tiens, dans Hatari !). Eux, c’est Jack Hawkins et Robert Mitchum. Le premier, homme vieillissant qui cache mal ses doutes derrière un flegme surjoué. Le second, impérial et d’une étonnante modestie.

Le triangle amoureux qui se forme, et les dialogues constamment lourds en sous-entendus plus ou moins délicats, pourraient porter à sourire. Mais Karlson lui donne une intensité inattendue, et trouve un délicat équilibre entre la bluette en plein air et les scènes plus tendues de capture d’animaux, d’affrontements virils, ou de traque urbaine.

Bien sûr, on est loin des polars qu’on lui connaît. Tourné en décors réels la plupart du temps, le film bénéficie visiblement d’un budget très confortable. Et Karlson s’y montre très inspiré pour filmer les (beaux) paysages, mais aussi les animaux avec quelques plans rapprochés assez bluffants, à la fois dans la partie « exotique » et dans la partie « civilisée ».

Le film reprend en effet une construction à la King Kong, dont on retrouve aussi des thématiques. On n’en est pas à dénoncer ouvertement l’enfermement des animaux dans les espaces exigus des zoos, l’époque ne s’y prête pas encore. Mais Karlson adopte un regard critique et gentiment ambigu. C’est assez efficace, et c’est très sympathique.

Le Jour le plus long (The Longest Day) – de Darryl F. Zanuck, Ken Annakin, Andrew Martin, Bernard Wicki, Elmo Williams et Gerd Oswald – 1962

Posté : 1 avril, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, ANNAKIN Ken, MARTIN Andrew, MITCHUM Robert, OSWALD Gerd, RYAN Robert, WAYNE John, WICKI Bernard, WILLIAMS Elmo, ZANUCK Darryl F. | Pas de commentaires »

Le Jour le plus long

Voilà sans doute le mètre étalon des films de guerre « all stars », qui eurent leur heure de gloire à Hollywood. Une grosse production pensée pour devenir le film de référence sur le sujet (le Débarquement en Normandie), et conçue pour être un événement incontournable à travers le monde. On est une bonne quinzaine d’années après la guerre, et les plus grandes stars des pays impliqués dans ce pan du conflit sont à l’affiche : John Wayne ou Robert Mitchum aux Etats-Unis, Bourvil ou Arletty en France, Curd Jürgens ou Gert Froebe en Allemagne, Richard Burton ou Peter Lawford en Grande-Bretagne…

La liste est longue, et celle des réalisateurs l’est aussi, chacun d’entre eux se voyant confié un point de vue national. Curieux principe qui confirme ce que tout le monde sait à l’époque : Le Jour le plus long est avant tout l’œuvre de son producteur, Darryl F. Zanuck, comme Autant en emporte le vent était peut-être celle de David O. Selznick. Deux hommes de la même génération (tous deux sont nés en 1902), qui incarnent cet âge d’or d’un Hollywood dominé par les producteurs.

Mais le plus curieux dans Le Jour le plus long, c’est que le film fonctionne parfaitement, et que jamais l’effet patchwork ne vient troubler la cohérence de l’ensemble. Tout le savoir-faire hollywoodien est là. Et si on peut émettre quelques doutes sur la représentation du peuple libéré (Fernand Ledoux et Bourvil hilares tandis que les bombes pleuvent autour d’eux), il faut reconnaître la fluidité de ce très long métrage : près de trois heures pour n’oublier aucun aspect du D-Day.

Les préparatifs, la météo capricieuse, l’attente, les erreurs d’appréciation des Allemands, le travail héroïque de la résistance, le sort des parachutistes, celui des premiers à fouler le sable d’Omaha Beach, le sacrifice de ceux qui sont partis à l’assaut de la pointe du Hoc… Surtout ne rien laisser de côté, mettre en valeur l’héroïsme de tous ceux qui ont pris part à ces heures déterminantes. Cela relève parfois plus du travail de mémoire que de l’acte cinématographique, c’est parfois un peu propre et sage (Spielberg a radicalement changé la mise en image de l’événement, depuis). Mais c’est d’une efficacité indéniable.

Et puis un film où on croise John Wayne, Robert Mitchum, Henry Fonda, Bourvil, Arletty, Sean Connery, Madeleine Renaud, Robert Ryan, Fernand Ledoux, Rod Steiger, Mel Ferrer, Edmond O’Brien et Pauline Carton ne peut pas manquer d’intérêt.

Trahison à Athènes (The Angry Hills) – de Robert Aldrich – 1959

Posté : 15 décembre, 2021 @ 8:00 dans * Espionnage, 1950-1959, ALDRICH Robert, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

Trahison à Athènes

Il y a des films miraculeux, où rien ne devrait fonctionner mais qui touchent simplement à la grâce (au hasard : Casablanca). Trahison à Athènes est un peu l’inverse. Cet Aldrich méconnu devrait être un grand film, mais rien ne fonctionne vraiment, sans que l’on sache exactement pourquoi. Bizarrement, il est plus facile d’évoquer toutes les qualités du film que ses défauts intrinsèques. Et pourtant non, ça ne marche pas.

Les qualités, donc, qui tiennent avant tout à la personnalité d’Aldrich, cinéaste jeune mais loin d’être débutant alors : il a déjà à son actif une demi-douzaine de petits classiques comme Vera Cruz ou En quatrième vitesse. Trahison à Athènes porte bien la marque du réalisateur, à la fois dans les thèmes évoqués (la porosité entre le bien et le mal) que dans la forme, avec de nombreuses fulgurances de mise en scène, des moments où la caméra nous embarque dans des accès de violence.

Un contexte inhabituel et passionnant, aussi : la Grèce de 1941, que les Nazis occupent depuis peu, et où la Résistance tente de s’organiser. C’est là que débarque Robert Mitchum, reporter américain revenu de tout, qui affiche ostensiblement un manque flagrant d’empathie, mais qui se retrouve malgré lui la cible de tous les Allemands et des collabos du coin. Pas courant non plus de faire du chef de la Gestapo un homme tiraillé par ses sentiments, presque plus humain que le héros…

Le film est comme ça rempli de détails surprenants et enthousiasmants, de parti-pris radicaux (la mort d’un personnage majeur, qui n’est que mentionné au détour d’un dialogue), d’une violence brutale et soudaine… Et à de multiples moments, il est effectivement saisissant. Mais tout ça ne fait pas un film réussi. Il manque quoi ? Un liant, un rythme, un ton… Aldrich semble souvent hésiter entre le drame le plus sombre et le simple film d’aventures.

Surtout, il est bien difficile de croire à la sincérité de personnages qui ne donnent jamais le sentiment d’être dans l’émotion vraie. La faute au scénario ? A la direction d’acteurs ? Un peu des deux, sans doute. Mais c’est bien d’un film bâtard et frustrant qu’accouche Aldrich.

Rivière sans retour (River of no return) – d’Otto Preminger – 1954

Posté : 6 mars, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, MITCHUM Robert, PREMINGER Otto, WESTERNS | Pas de commentaires »

Rivière sans retour

Le regard que porte Marylin Monroe sur Robert Mitchum quand ce dernier lui frotte la jambe pour la réchauffer… Il y a dans ce moment en suspens, entre deux des plus grandes et belles stars d’Hollywood, tout ce que la censure interdit de montrer, sommet à la fois de romantisme et d’attirance sexuelle.

Bon. River of no return est un chef d’œuvre. L’unique incursion de Preminger dans le western est une pure merveille du genre. Certes, les Indiens sont un rien caricaturaux, et ne sont d’ailleurs là que comme des prétextes pour précipiter nos héros sur la rivière du titre. OK, quelques transparences semblent aujourd’hui approximatives. Mais Preminger marie merveilleusement le grand spectacle que lui permettent ses gros moyens, et l’intimité la plus émouvante.

Il y a finalement peu de personnages : l’essentiel du film se concentre sur ce qui ressemble fort à une famille en construction : l’enfant, ce père qu’il découvre, et cette jeune chanteuse qui ne trouve pas sa place.

Oui, elle est chanteuse Marylin. Bien sûr, pourrions-nous ajouter. Et ses chansons sont parmi les plus beaux moments du film. La chanson titre, bien sûr, l’une des plus célèbres du western, mais aussi la première, dans ce saloon où le chaos cède la place à une chaude quiétude par la magie de sa voix, comme enveloppée dans de lents mouvements de caméra qui embrassent la chanson et l’arrivée de Matt, Mitchum. Superbe moment, fascinant.

Les scènes d’intérieur, rares, sont à cette image. Loin des lieux de débauche habituels du genre, Preminger crée des atmosphères chaleureuses et presque ouatées, havres de paix qui contrastent avec les paysages grandioses et magnifiques, mais pleins de dangers.

Grand film d’aventure, d’amour et d’initiation, grand couple de cinéma, grand plaisir, intemporel.

Track of the Cat (id .) – de William A. Wellman – 1954

Posté : 27 décembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, MITCHUM Robert, WELLMAN William A., WESTERNS | Pas de commentaires »

Track of the Cat

L’Etrange incident, La Ville abandonnée, Convoi de femmes… Non, ce n’est pas une énième liste des plus grands westerns que je commence là. Enfin si, mais il s’agit surtout de quelques-uns des précédents westerns signés Wellman, dont la participation au genre est aussi modeste en quantité qu’exceptionnelle par sa qualité.

Et c’est par un film fort étrange qu’il fait ses adieux au genre : avec ce Track of the Cat, western enneigé et passionnant, loin de tout ce qu’on peut en attendre, tellement déroutant qu’il n’est pas sorti en salles en France. Oui, il y a de vastes paysages couverts de neige, un danger omniprésent autour de cette ferme perdue dans les montages. Mais Wellman signe moins un film d’aventures comme il en a le secret qu’un drame familial, intime et intense.

Dans Track of the Cat, deux frères traquent une panthère qui menace le troupeau. Mais cette panthère que l’on ne verra jamais à l’écran a tout d’une chimère, de la statue symbolique, comme celle que Robert Mitchum, l’un des frères, emmène avec lui dans sa traque.

Quelle famille ! Mitchum d’abord, frère dominateur et castrateur, odieux et humiliant. Un grand rôle antipathique avant celui de La Nuit du chasseur, qui révèle in fine une fragilité bouleversante. Qui est le plus coupable dans cette famille qui se dévore ? Lui ? Son père qui noie l’échec de sa vie quotidienne dans l’alcool (il passe le film à sortir des bouteilles du moindre recoin de la maison) ? Ou sa mère, que l’on imagine d’abord en mère courage, mais qui se dévoile en égoïste monstrueuse. Rôle immense pour la grande Beulah Bondi.

Le personnage principal, c’est elle finalement, cette femme sèche et dominatrice, qui étouffe son mari et ses enfants, notamment le trop puéril cadet, joué par Tab Hunter (que Wellman retrouvera pour son ultime film, Lafayette Escadrille). Troublante, tant son regard est à la fois dur et cruel, et douloureux, brisé.

Beau film, tragique et plein de vie, sur la difficulté de s’émanciper, sur la violence et la radicalité de de devenir un homme. Wellman signe un film intime, mais ample, avec de superbes images où la couleur apparaît comme des tâches trop vives, qui bousculent l’équilibre glacé du paysage familier, ou familial. Ce western a du style…

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