Obsession – de Maurice Tourneur – 1933
Après son retour en France, à l’avènement du parlant, Tourneur père touche à tous les genres, avec un bonheur assez variable. Cet Obsession fait figure de curiosité dans sa filmographie abondante. Moyen métrage d’une quarantaine de minutes, le film est un film de caractères, très théâtral dans sa construction : trois actes avec pour chacun l’unité de lieu et de temps, et un nombre de personnages très restreint.
Acte 1 : Charles Vanel débarque chez sa belle-sœur pour la convaincre de faire libérer son mari (Yonnel, de l’Académie française), enfermé dans un hôpital psychiatrique après avoir menacé de la tuer. Vanel a besoin de son frère pour financer un projet qui peut lui rapporter beaucoup d’argent, et c’est bien la seule raison qui le pousse à vouloir « l’aider »…
Acte 2 : A l’hôpital, le procureur doit trancher, et décider si le frangin est bien malade comme l’affirme son médecin, ou s’il doit être libéré.
Acte 3 : Libéré, le « malade » arrive chez lui, avec une épouse terrifiée. Le délire de persécution ne tarde pas à reprendre le dessus…
D’abord très bavard, Obsession est bientôt porté par une tension dramatique assez imparable. Tourneur, pourtant, se contente la plupart du temps de filmer ses acteurs dans une mise en scène très classique. Des acteurs exceptionnels, d’ailleurs, à commencer par Vanel, qui joue parfaitement les types odieux et médiocres. Mais c’est surtout le personnage du frère qui intéresse Tourneur.
Tout en en faisant des tonnes, Yonnel se révèle aussi inquiétant que profondément émouvant dans son rôle de paranoïaque chronique. Son jeu très théâtral inspire Tourneur, qui met son rôle en valeur par des jeux de lumière qui laissent penser que la réputation qui était la sienne à l’apogée du muet hollywoodien n’était pas usurpée. Une courte séquence de flash back surtout, seule entorse faite à la construction théâtrale, est particulièrement virtuose.