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Archive pour décembre, 2012

Obsession – de Maurice Tourneur – 1933

Posté : 21 décembre, 2012 @ 2:29 dans 1930-1939, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Obsession tourneur

Après son retour en France, à l’avènement du parlant, Tourneur père touche à tous les genres, avec un bonheur assez variable. Cet Obsession fait figure de curiosité dans sa filmographie abondante. Moyen métrage d’une quarantaine de minutes, le film est un film de caractères, très théâtral dans sa construction : trois actes avec pour chacun l’unité de lieu et de temps, et un nombre de personnages très restreint.

Acte 1 : Charles Vanel débarque chez sa belle-sœur pour la convaincre de faire libérer son mari (Yonnel, de l’Académie française), enfermé dans un hôpital psychiatrique après avoir menacé de la tuer. Vanel a besoin de son frère pour financer un projet qui peut lui rapporter beaucoup d’argent, et c’est bien la seule raison qui le pousse à vouloir « l’aider »…

Acte 2 : A l’hôpital, le procureur doit trancher, et décider si le frangin est bien malade comme l’affirme son médecin, ou s’il doit être libéré.

Acte 3 : Libéré, le « malade » arrive chez lui, avec une épouse terrifiée. Le délire de persécution ne tarde pas à reprendre le dessus…

D’abord très bavard, Obsession est bientôt porté par une tension dramatique assez imparable. Tourneur, pourtant, se contente la plupart du temps de filmer ses acteurs dans une mise en scène très classique. Des acteurs exceptionnels, d’ailleurs, à commencer par Vanel, qui joue parfaitement les types odieux et médiocres. Mais c’est surtout le personnage du frère qui intéresse Tourneur.

Tout en en faisant des tonnes, Yonnel se révèle aussi inquiétant que profondément émouvant dans son rôle de paranoïaque chronique. Son jeu très théâtral inspire Tourneur, qui met son rôle en valeur par des jeux de lumière qui laissent penser que la réputation qui était la sienne à l’apogée du muet hollywoodien n’était pas usurpée. Une courte séquence de flash back surtout, seule entorse faite à la construction théâtrale, est particulièrement virtuose.

Le Dernier Samaritain (The Last Boy Scout) – de Tony Scott – 1992

Posté : 21 décembre, 2012 @ 2:18 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, ACTION US (1980-…), SCOTT Tony | Pas de commentaires »

Le Dernier Samaritain

Une petite pensée pour Tony Scott qui, à défaut d’avoir été un grand auteur, a incarné tout un pan du cinéma populaire hollywoodien des années 80 et 90. On peut lui reprocher ou lui en donner crédit, mais le benjamin des frères Scott a contribué à inventer un nouveau type de films d’action, mélange souvent douteux de cool attitude, de punchlines plus ou moins drôles, de noirceur sidérale, et d’action tous azimut.

Dans le genre, The Last Boy Scout est un petit classique, l’un de ces buddy movies improbables (un détective privé miteux associé à une ancienne gloire du football américain) qui se tournaient à la chaîne à l’époque. L’action est très spectaculaire (même si la mise en scène clipesque de Scott a tendance à atténuer l’effet percutant de ces séquences) ; l’humour très… trop… enfin, bien gras ; les personnages bien sombres (Bruce Willis dans son numéro d’alcoolique usé jusqu’à la corde qu’il continue à égrener, 20 ans plus tard), et en même temps très, très cools…

Pas grand-chose de plus à dire sur ce film peuplé de méchants caricaturaux, si ce n’est que la victime qui se fait dessouder au début est jouée par une inconnue nommée Halle Berry, que Damon Wayans est plutôt moins tête à claque que la plupart des sidekicks dont on affublait les héros à l’époque…

Bruce Willis fait du Bruce Willis. Mais même quand il fait le minimum syndical, ce type est l’incarnation la plus parfaite de ce cinéma d’action hollywoodien. Et au début des années 90, il est au sommet de son charisme.
C’est peut-être pas énorme, mais ce nanar agaçant et plutôt bien foutu supporte assez bien l’épreuve du temps. Vingt ans après, ça reste un bon actioner qui n’est violent et cruel que pour le fun. No hard feeling…

L’Invraisemblable vérité (Beyond a reasonable doubt) – de Fritz Lang – 1956

Posté : 17 décembre, 2012 @ 4:38 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, LANG Fritz | Pas de commentaires »

L’Invraisemblable vérité (Beyond a reasonable doubt) – de Fritz Lang – 1956 dans * Films noirs (1935-1959) linvraisemblable-verite

Le générique défile sur les images d’un condamné à mort marchant vers son exécution. L’entrée en matière est claire : Beyond a reasonable doubt sera un film à charge contre la peine de mort. Mais est-ce vraiment si simple ? Pas si sûr… Avec ce qui sera son ultime film américain, Fritz Lang n’est une nouvelle fois pas tendre avec son pays d’adoption. Mais la critique, si forte soit-elle, se montre bien plus ambiguë que ce que Lang nous fait croire dans un premier temps.

Film jumeau de La Cinquième Victime, comme La Rue rouge était celui de La Femme au portrait, L’Invraisemblable vérité reprend la même vedette (Dana Andrews), dans un rôle comparable : un ancien journaliste, écrivain, sur le point de se marier (avec Joan Fontaine, veinard). Cette fois encore, le film a pour toile de fond l’enquête autour du meurtre d’une jeune femme. Et plus clairement encore ici, l’enquête est rapidement délaissée.

Le scénario, original et retors, suit les efforts de Dana Andrews pour se faire condamner du meurtre, une manière inattendue et assez risquée de prouver le caractère inhumain de la peine de mort : avec la complicité d’un patron de presse, farouche opposant de la peine capitale, il fabrique des preuves à charge contre lui. Après la condamnation, il ne leur restera qu’à démontrer que ces preuves sont fabriquées, et la démonstration sera faite qu’il est facile de condamner un innocent à la mort.

Sauf que, bien sûr, un grain de sable vient se glisser dans ces beaux rouages…

Machiavélique, sombre et assez cruel, L’Invraisemblable vérité n’a pourtant pas la force extraordinaire de La Cinquième victime. Le procès, trop long, représente un ventre mou qui nuit quelque peu à l’effet voulu. A vrai dire, cette partie centrale du film pourrait être totalement coupée, sans que cela change quoi que ce soit à la compréhension. Au contraire, le film gagnerait en rythme et en efficacité.

Mais la dernière partie est cinglante comme tous les grands Lang. Le film, aussi visuellement dépouillé que La Cinquième victime, est aussi très ancré dans l’actualité de ces années-là, marquées par le développement de la télévision, par des évolutions de société (ici, l’abolition de la peine de mort), et par un cynisme ambitieux que Lang montrait du doigt plus ouvertement dans son film précédent, mais qui est une nouvelle fois l’un des motifs.

Derrière le thriller glaçant et cruel, c’est un nouveau portrait de l’Amérique que Fritz Lang signe pour ses adieux, et on y devine un mélange d’attirance et de dégoût, d’amour et de déception, pour ce pays qui peut donner sa chance à quiconque, avant de le broyer.

La Cinquième Victime (While the city sleeps) – de Fritz Lang – 1956

Posté : 17 décembre, 2012 @ 4:33 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, LANG Fritz, LUPINO Ida (actrice) | Pas de commentaires »

La Cinquième Victime (While the city sleeps) – de Fritz Lang – 1956 dans * Films noirs (1935-1959) la-cinquieme-victime

Après Moonfleet, Lang change radicalement de registre, et réalise en quelques mois ces deux derniers films américains, qui seront, derrière les apparences de films de genre, des charges assez radicales à l’encontre des évolutions de la société américaine. Deux films jumeaux qui se complètent et se répondent : La Cinquième victime et L’Invraisemblable vérité. Vingt ans après son arrivée en Amérique, Lang semble à la fois attiré et déçu par cette Amérique dont il est devenu l’un des cinéastes les plus brillants, et les plus critiques. Mais l’évolution récente (le développement de la télé, le cynisme ambiant) semble le troubler. Le roman de Charles Einstein, The Bloody Spur, sera pour lui le matériau idéal pour signer l’un de ses films les plus mordants et cruels.

Il apparaît bien vite que Lang ne s’intéresse pas vraiment à ce tueur de femmes qui sévit à New York (et qu’interprète John Barrymore junior). L’intrigue policière, d’ailleurs, est un peu tirée par les cheveux, et certains rebondissements sont pour le moins hasardeux (la manière dont le tueur trouve l’adresse de la petite fiancée du héros). Le cœur du film, ce sont les mesquineries auxquelles se livrent une poignée de journalistes pour démasquer le tueur, et ainsi s’attirer les bonnes grâces du patron de presse, jeune héritier gâté interprété par Vincent Prive, marié à la belle (mais infidèle) Rhonda Fleming.

Thomas Mitchell, George Sanders et James Craig sont sur les rangs. Ida Lupino joue de ses charmes, et Dana Andrews, grand journaliste lauréat du prix Pulitzer, a des allures de héros désigné. Sauf que le héros en question est un alcoolique qui tromperait allégrement sa fiancée s’il n’était pas freiné par une gueule de bois carabinée, et qui n’hésite pas à se servir de la douce comme d’un appât pour attirer le tueur.

Les sourires et les grandes phrases n’y changent rien : il n’y a ni morale, ni fidélité, ni sens du devoir dans ce milieu du journalisme new-yorkais, qui semble n’être régi que par une ambition dévorante. Et à travers ce milieu, c’est tout un fonctionnement de société que Lang égratigne sévèrement.

Et il le fait avec un style nettement épuré, depuis ses débuts américains : peu de jeux d’ombres (si ce n’est pour souligner les formes fort jolies de Rhonda Fleming, et pour renforcer le suspense d’une poursuite dans le métro), mais une image propre et soignée, et un sens du rythme et de la narration qui n’a cessé de s’affirmer au fil des années.

La Cinquième victime, dont Lang restera très fier, est un grand film sur le journalisme et sur l’ambition. Un grand film, tout court.

Mystère à Mexico (Mystery in Mexico) – de Robert Wise – 1948

Posté : 16 décembre, 2012 @ 10:14 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949 | Pas de commentaires »

Mystère à Mexico

Ce n’est pas le film le plus connu de Robert Wise. Pas le meilleur non plus, assurément. Mais il y a dans ce petit noir sans moyen et sans tête d’affiche une fraîcheur, une légèreté, et une authenticité assez remarquables. Petite production ? Oui, mais grande réussite, et plongée passionnante et assez fascinante au cœur de Mexico.

Le film porte parfaitement bien son titre. Il y a du mystère, dans cette histoire, et il y a beaucoup de Mexico aussi : on a même rarement vu la capitale mexicaine comme ça, débarrassée des clichés touristiques. Wise place ses caméras dans les rues de la ville, ou en studio peut-être, mais d’une manière aussi réaliste que mystérieuse. Ce Mexico-là, celui des Mexicains aussi bien que celui des touristes, Wise le rend plus mystérieux encore, et plus fascinant, grâce à de magnifiques jeux sur les ombres, l’obscurité… Il y a de l’expressionnisme derrière cette enquête assez banale sur le fond, et la signature flagrante de la RKO, le mini-studio ayant le don de compenser le manque de moyens par des trouvailles visuelles passionnantes.

Côté histoire, le mystère est effectivement profond : un détective d’une compagnie d’assurance se rend à Mexico pour enquêter sur la disparition suspecte d’un confrère, qui enquêtait lui sur la disparition d’un collier. Grande criminalité et meurtre sont derrière cette enquête, dont le collier n’est qu’un macguffin comme un autre. Qu’importe si l’objet semble bien insipide pour une conspiration aussi vaste, ce qui compte, bien sûr, c’est l’atmosphère, les situations, les personnages.

La réussite du film tient à ce que Wise trouve le parfait équilibre entre noirceur, suspense et humour. Le jeu des personnages, le rapport entre le détective et la sœur de celui qu’il recherche tient plus de la screwball comedy, que du couple traditionnel de film noir. Dans les rôles, William Lundigan et Jacqueline White sont aussi insipides qu’attachants.

Imparfait, mais très sympathique, le film est une curiosité menée à un rythme d’enfer : 66 minutes seulement pour une belle virée au pays du mystère.

Sécurité rapprochée (Safe house) – de Daniel Espinosa – 2012

Posté : 16 décembre, 2012 @ 10:08 dans 2010-2019 | Pas de commentaires »

Sécurité rapprochée

Voilà ce qui arrive quand on confie un scénario sans grande originalité à un réalisateur sans grande personnalité : deux heures d’une grosse production un brin boursouflée et hyper calibrée, comme des tas d’autres films d’action / espionnage modernes, variation high tech sur le modèle de l’indépassable 3 jours du Condor. Sur le fond, on est dans la parano de base. Sur la forme, on est dans la filiation directe du Tony Scott période Ennemi d’Etat et Spy Game.

Fond et forme : on cherche désespérément l’élément qui pourrait nous surprendre. En vain. Espinosa se contente de beaucoup bouger sa caméra, forcément tenue à l’épaule, tentant de donner du rythme à un film qui en manque cruellement.

On ne peut faire confiance à personne ? Certes, mais la paranoïa tombe à plat puisqu’on comprend dès le premier plan que cette vieille baderne de Brendan Gleeson est un traître, comme on comprend que l’impitoyable Denzel Washington est moins méchant qu’il en a l’air, et que la falot Ryan Reynolds sera aussi débrouillard et volontaire que Redford en son temps.

Un mot sur l’histoire : Reynolds est un jeune agent de la CIA qui végète depuis un an dans une planque du Cap, dont il est le gardien désoeuvré. Il n’attend qu’une chose : la chance qui boostera sa carrière. Cette chance prend la forme d’un célèbre traître (Washington) qui vient d’être arrêté et qui transite par sa planque. Lorsque l’équipe qui l’escorte est décimée, il est le seul à pouvoir l’acheminer à bon port.

Le personnage de Reynolds aurait pu être intéressant : ce type qui désespère qu’on lui donne une chance, et qui réalise qu’il n’a peut-être pas la carrure, était plein de promesses. Par moment, d’ailleurs, trop brièvement, Reynolds parvient à le faire exister. Mais la plupart du temps, les personnages sont noyés dans ce style glacé, et cette accumulation de poursuites et d’affrontements qui manquent autant de rythme que d’idées originales.

Sans intérêt ? Mouais…

La Taverne de la Jamaïque / L’Auberge de la Jamaïque (Jamaica Inn) – d’Alfred Hitchcock – 1939

Posté : 12 décembre, 2012 @ 1:40 dans 1930-1939, HITCHCOCK Alfred, O'HARA Maureen | Pas de commentaires »

La Taverne de la Jamaïque

Hitchcock fait ses adieux à l’Angleterre avec ce film, tourné alors que son départ pour Hollywood était déjà acté. Curieux hasard : Jamaica Inn, rajouté sur son agenda après Une femme disparaît, qui devait être son ultime film réalisé en Angleterre, est une adaptation du Daphnee du Maurier, comme le sera son premier film américain, Rebecca. Egalement un film qu’il n’était pas censé tourner, puisqu’il partait à Hollywood avec le projet de réaliser un Titanic

De ce film tourné presque malgré lui, Hitchcock gardait un souvenir assez amer, affirmant même qu’il avait dû se plier aux volontés de son acteur-vedette, Charles Laughton, cabot génial qui fait de son personnage une créature abjecte et trouble, à la folie manifeste. On peut sérieusement imaginer qu’Hitchcock avait une vision sans doute plus nuancée du personnage.

Mineur, sans doute, dans l’œuvre immense du cinéaste, La Taverne de la Jamaïque n’en est pas moins une grande réussite. Un film inquiétant et fascinant, avec une poignée de séquences très mémorables.

La première scène, fabuleuse, campe le décor : les côtes escarpées des Cornouailles, au début du 19ème siècle. Et les personnages : des naufrageurs sanguinaires qui amènent les navires à s’échouer sur les rochers, avant de massacrer tous les marins jusqu’au dernier. Hitchcock filme ça presque sans parole, avec des cadrages impressionnants qui soulignent la beauté rugueuse et sinistre des lieues, et la cruauté des hommes. On n’est pas vraiment dans un conte de fée, et la sublime Maureen O’Hara (dans son premier rôle majeur), orpheline venue d’Irlande, ne va pas tarder à s’en rendre compte, découvrant que l’auberge tenue par son oncle et sa tante et le repère de cette bande de naufrageurs.

Tourné après une série de chefs-d’œuvre qui relevaient autant de la comédie que du thriller (à partir des 39 Marches), La Taverne de la Jamaïque marque une rupture de ton assez impressionnante pour Hitchcok. Preuve en est le changement de registre important que le cinéaste impose à Leslie Banks, père de famille exemplaire et vrai héros hitchcockien dans L’Homme qui en savait trop, transformé ici en brute sanguinaire dont l’humanité ne transparaît que par moments. La métamorphose est impressionnante.

Rien ne porte à rire dans cet univers presque exclusivement nocturne, balayé par le vent et les embruns. Jamais le cinéaste ne cherche à rendre l’histoire plus légère qu’elle ne l’est : son film sent le sang et l’alcool, et il ne restera pas grand-chose de l’innocence de la belle Maureen quand le mot « fin » apparaîtra…

Hitchcock, qui voulait en finir avec le bricolage (génial et indémodable) de sa période anglaise, semble tourner une page. Désormais, ses films seront plus complexes, plus adultes. Une nouvelle ère commence.

Embrasse-moi idiot (A Fool there was) – de Frank Powell – 1915

Posté : 12 décembre, 2012 @ 1:25 dans 1895-1919, FILMS MUETS, POWELL Frank | Pas de commentaires »

A fool there was

Un diplomate américain, riche et reconnu, lâche femme et enfant pour céder aux avances d’une vamp qui en a poussé plus d’un à la ruine… ou à la mort.

Theda Bara, l’une des premières femmes fatales de l’histoire du cinéma, invente la « vamp » au milieu des années 10, particulièrement avec ce film qui accuse le poids du siècle écoulé depuis sa sortie, mais qui ne manque pas d’intérêt. La cruauté des sentiments, surtout, est particulièrement frappante. La Vamp est une pure ordure, qui assiste sans la moindre émotion au suicide d’un jeune homme raide dingue d’elle.

Quant à la « victime » au cœur de ce film, richissime émissaire américain cédant aux attraits de la chair, c’est une sorte de DSK sans orgueil ni arrogance. La chair est faible, et le diplomate perd totalement sa superbe, suivant la Vamp comme un jeune chiot qui sait qu’il fait une connerie… Difficile, quand même, de prendre en pitié un type aussi faible et aussi dénué de fierté. Sa déchéance est aussi terrible que celle du héros du Rachat suprême, le film de Cecil B. De Mille.

S’il échappe au traditionnel plan large et fixe, face caméra, la mise en scène reste quand même plus proche du roman photo que du grand film de cinéma. Et puis il y a ici une fâcheuse tendance à ne pas savoir couper quand il le faudrait. Même si le film dure à peine plus d’une heure, certaines séquences gagneraient à être écourtées, voire complètement supprimées, comme ces plans qui reviennent sans cesse, et qui nous montrent la famille modèle du diplomate (toujours avec un sourire béat… on se croirait dans la maison du bonheur de Céline Dion), en contrepoint de la triste luxure du pêcheur.

Là où le film a aussi beaucoup vieilli, mis à part l’outrance de la déchéance (les dernières séquences sont tout de même énormes !), c’est par le symbolisme outrancier qui paraît aujourd’hui très maladroit. Comme ce plan où John, qui a laissé passer toutes les chances que sa femme lui a laissées, est filmé derrière les barreaux d’un escalier… Looouuuuuuurd.

Le Chien jaune – de Jean Tarride – 1932

Posté : 11 décembre, 2012 @ 2:59 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, d'après Simenon, Maigret, TARRIDE Jean | Pas de commentaires »

Le Chien jaune

En 1932, Simenon est adapté pour la première fois au cinéma, et à deux reprises : par Jean Renoir avec La Nuit du Carrefour, et par Jean Tarride avec ce Chien jaune, les deux premiers Maigret d’une très longue liste. Petite anecdote amusante, mais pas facile à caser dans un dîner en ville : dans ces deux films, le réalisateur dirige un membre de sa famille dans le rôle du commissaire Maigret, son frère aîné Pierre pour Jean Renoir, et son père père Abel pour Jean Tarride.

Tiré d’un très grand roman, Le Chien jaune a tout pour être une grande réussite. Tarride suit à la lettre le livre de Simenon, adopte les mêmes décors (réels) : les ruelles de Concarneau, son port, sa campagne, et le petit hôtel de l’Amiral où Maigret passe le plus clair de son temps à observer les va-et-vient de la populace locale. Tarride filme les rues obscures et venteuses, s’attache à la vie qui s’installe dans cette petite communauté.

Bref, il fait tout comme Simenon. Sauf que l’écrivain a du style, et qu’il sait mieux que quiconque instaurer une ambiance en une phrase. Tarride n’a pas ce talent. Le Chien jaune peine à créer une atmosphère, la faute aussi à des acteurs qui déclament leur texte, et peut-être plus que tout à un Maigret antipathique.

Abel Tarride a beau avoir le physique imposant du commissaire, il est constamment à côté de la plaque. Dans les romans de Simenon, Maigret est une masse qui se fond dans l’environnement qu’il découvre. Incarné par Abel Tarride, c’est un être intrusif, brutal et peu aimable.

Plus connu comme dramaturge que comme acteur (même s’il a quelques films muets derrière lui), Abel Tarride n’est guère convaincant. A vrai dire, il donne l’impression d’être un père filmé par un fils qui veut le mettre en valeur. Un fils qui ne voit pas que ce Maigret-là n’est pas à la hauteur du personnage.

Le film vaut surtout pour son intérêt historique, et pour quelques séquences nocturnes bien troussées.

Bronco Billy (id.) – de Clint Eastwood – 1980

Posté : 11 décembre, 2012 @ 2:09 dans 1980-1989, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Bronco Billy

“I am who I want to be”

J’ai toujours eu une tendresse particulière pour ce Clint modeste et d’une liberté absolue. Qui sait s’il ne s’agit pas tout simplement du plus personnel de ses films, celui dans lequel il se dévoile avec le plus d’honnêteté. « Je suis celui que je veux être », clame son personnage avec l’air de sortir la plus grande évidence. Bronco Billy est un film peut-être imparfait : visuellement, il y a un côté années 80 très daté, et le jeu des comédiens un rien outrancier peut désarçonner. Mais Eastwood semble jouer de son image de star de l’écran avec une sincérité et une bienveillance qui réchauffent le cœur.

Son personnage, Bronco Billy McCoy, est le patron d’un petit cirque itinérant entièrement dédié à la culture western. Un cirque minuscule : un couple d’Indiens que Billy a sorti de l’alcoolisme, un monsieur loyal… loyal (une très belle année pour Scatman Crothers, qui tourne également Shining), un homme à tout faire râleur mais grand cœur (Bill McKinney, un habitué de l’univers Eastwood), un as du lasso, et Bronco Billy lui-même, tireur d’élite qui galère à trouver une partenaire digne de son numéro. Jusqu’à ce qu’il tombe sur une riche héritière mauvaise comme une teigne, que tout le monde croit morte, assassinée par son mari Geoffrey Lewis (encore un habitué des films de Clint).

La belle héritière, c’est Sondra Locke bien sûr, dans son plus beau rôle eastwoodien : une pétasse des beaux quartiers qui s’encanaille et tombe sous le charme de ce type qui n’a rien d’autre qu’un cœur énorme et un sens de l’amitié et de la loyauté plus fort que tout. Un homme modeste qui trouve son bonheur en divertissant le public et en faisant revivre les grandes heures du Far West… Difficile de ne pas voir en ce Bronco Billy un double un rien excessif de Clint lui-même, vedette qui n’a jamais rien fait d’autre que ce qu’il avait vraiment envie d’être.

Bronco Billy est le fleuron de la veine purement country/Amérique profonde de Clint (tout un pan de sa filmo, de Doux, dur et dingue au pitoyable Pink Cadillac). C’est aussi l’un des hommages les plus vibrants d’Eastwood aux grands maîtres d’Hollywood dont il est à peu près l’unique héritier. Sa troupe improbable s’inscrit dans la lignée des communautés improvisées qui sont au cœur de tous les grands films de John Ford par exemple… Ce n’est pas un hasard si le garagiste du film est interprété par Hank Worden, l’un des grands seconds rôles des films de Ford (celui qui rêve d’un rocking chair dans La Prisonnière du Désert, c’est lui).

La réalisation suivante d’Eastwood approfondira encore cette filiation : ce sera Honkytonk Man, autre histoire basée sur la constitution d’un groupe improbable. L’un de ses chefs-d’œuvre.

Ai-je mentionné que Bronco Billy est aussi l’un des films les plus joyeux et insouciants de Clint ?

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