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Archive pour la catégorie 'ETAIX Pierre'

Tant qu’on a la santé – de Pierre Etaix – 1966

Posté : 23 mai, 2011 @ 10:13 dans 1960-1969, ETAIX Pierre | Pas de commentaires »

Tant qu'on a la santé

Après deux longs métrages formidables (Le Soupirant et Yoyo), Etaix revient très curieusement avec ce film à sketchs sans lien les uns avec les autres, et très inégal, qui avait d’ailleurs été mutilé par les producteurs à sa sortie : ces derniers avaient fait du personnage habituel d’Etaix le fil conducteur d’un long métrage totalement remonté. On ne dira rien de cette version du film, mais le montage voulu par Etaix figure sur le beau coffret DVD que lui consacre Arte.

Passons sur le générique, séduisant, qui se veut un hommage au spectacle vivant que le cinéaste n’a cessé de défendre (que ce soit dans Yoyo ou dans sa vie de clown de cirque). Le premier sketch est sans doute ce qu’Etaix a fait de pire sur grand écran. Il y joue un homme qui ne parvient pas à trouver le sommeil, et qui se plonge dans la lecture d’un roman d’horreur. La manière dont il exprime sa peur est assez drôle, et filmée de manière très inventive (le lecteur fait bouger la sur-couverture du livre, donnant ainsi l’impression que le vampire qui y figure prend vie). Mais Etaix s’amuse à illustrer ce qu’il lit par de longues séquences en noir et blanc, scènes d’horreur kitch et laides qui ressemblent à une mauvaise parodie des films de la Hammer, et qui gâchent toutes les bonnes idées autour du personnage d’Etaix.

Après une telle mise en bouche, on redoute un peu la suite, mais Etaix nous rattrape par le col, avec un court métrage qui rappelle la simplicité et le charme désuet (genre burlesque muet) de son premier long. On retrouve le personnage de citadin stoïque maladroit et malchanceux, interprété par Etaix, mais cette fois dans une salle de cinéma surpeuplée, où il tente de trouver une place. D’abord au pied de l’immense écran, puis derrière une colonne… En un quart-d’heure, Etaix illustre toutes les mésaventures que l’on peut rencontrer dans une salle de cinéma, dénonce le comportement des spectateurs et des ouvreuses. On retrouve le génie comique du comédien quand, se levant une poignée de secondes pour ramasser la glace qu’il vient de faire tomber, il se relève et réalise que sa place est occupée par un autre… Son air dépité suffit à faire mon bonheur. Hélas, ce court métrage se termine par un « film dans le film » parodique, pas du meilleur effet.

Le troisième court donne son titre au film, et présente une galerie de personnages stressés par les bruits omniprésents dans la ville, qui vont chacun consulter un médecin pour qui la suractivité est le mal du siècle, mais qui se révèle bien plus stressé que ses patients. On retrouve également l’esprit du Soupirant et surtout de Heureux Anniversaire, son deuxième court métrage. Ce sketch caustique et ouvertement burlesque, est sans conteste le meilleur des quatre que compte le film.

Changement de cadre et de style total pour le quatrième volet, qui quitte la ville pour la campagne, le noir et blanc des deux précédents sketchs (le premier était en couleurs) pour un curieux sépia. Un chasseur incapable de dénicher du gibier (Etaix lui-même), un vieux paysans qui tente d’installer une clôture, et un couple de citadins venus pique-niquer… et un chassé-croisé entre ces quatre personnages qui se croisent sans autre parole que la longue logorrhée de madame, épouse insupportable et étouffante. C’est drôle et bourré de gags qui évoquent les grands moments du duo Blake Edwards / Peter Sellers. Mais on se demande quand même ce que ce sketch vient faire ici…

Le Cauchemar de Méliès – de Pierre Etaix – 1988

Posté : 17 novembre, 2010 @ 4:29 dans 1980-1989, COURTS MÉTRAGES, ETAIX Pierre, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Le Cauchemar de Méliès

A l’occasion des cinquante ans de la mort de Georges Méliès, plusieurs cinéastes de toutes générations ont participé à un programme de courts métrages tournés pour la télévision (une commande de La Sept), à partir de scénarios écrits par Méliès lui-même. Parmi les réalisateurs : Marc Caro, Jean-Pierre Mocky… et Pierre Etaix. Ce dernier, dont le dernier film remonte à 1971, avait fait son retour à la télévision en 1987, avec l’adaptation de sa propre pièce, L’Âge de monsieur est avancé.

Le Cauchemar de Méliès, également connu sous le titre de Rêve d’Artiste, est un petit film tourné en vidéo, dans une esthétique très 80′s, mais qui évoque bien l’esprit des films de Méliès. Christophe Malavoy y interprète l’inventeur des trucages au cinéma, qui s’endort dans son atelier et rêve que la jeune femme qu’il vient de peindre s’anime, et est attaqué par un singe géant. Etaix utilise des images de King Kong, pour ce qui est autant un hommage à Méliès qu’à un certain cinéma.

Cette curiosité n’a cependant pas grand-chose à voir avec le cinéma de Pierre Etaix.

Yoyo – de Pierre Etaix – 1964

Posté : 17 novembre, 2010 @ 3:15 dans 1960-1969, ETAIX Pierre | Pas de commentaires »

Yoyo - de Pierre Etaix - 1964 dans 1960-1969 yoyo

Léger changement de ton pour Pierre Etaix, qui signe sans doute son film le plus personnel. Après Le Soupirant, c’est le deuxième long métrage du cinéaste, et curieusement le plus mélancolique, et le moins ouvertement drôle de ses films. C’est pourtant la passion d’Etaix pour les clowns (il en était lui-même un) qui est à l’origine de Yoyo. Le film raconte l’histoire d’un jeune clown qui a grandi dans le cirque, et qui devient, devenu adulte, l’un des clowns les plus populaires du monde. Il se sert de son succès pour racheter le château dans lequel vivait son richissime père avant de faire faillite en 1929, rêvant d’une vie fortunée alors même que son père a trouvé, dans le cirque, le bonheur que son argent ne lui avait jamais offert.

Ce sentiment de faire fausse piste est illustré d’une manière bouleversante dans une scène presque irréelle : alors qu’il fête sa réussite en organisant un réception très guindée dans son château, Yoyo voit ses parents, et la jeune artiste qu’il aime mais qu’il n’a jamais pris le temps de conquérir, arriver dans une roulotte de cirque. Dans cette scène, on ne voit jamais les parents, ni ne les entend. On ne voit que Yoyo dépité devant leur refus de prendre part à la fête… Cette scène étrange ouvre les yeux du clown devenu homme d’affaires, et qu’on verra enfourcher un éléphant, et s’enfoncer dans l’étang du château. Vers la liberté ?

Hommage mélancolique à un art qui appartient déjà au passé, Yoyo est aussi un vibrant hommage au cinéma que Pierre Etaix aime passionnément : celui de Keaton, et surtout de Chaplin. Alors que Le Soupirant évoquait la figure de Buster Keaton, Yoyo se situe d’avantage dans le sillon creusé par Chaplin, ce qui est surtout perceptible dans la première partie du film, qui se déroule entre 1925 et 1929. Depuis son premier court métrage (Rupture), Pierre Etaix s’inscrit dans la tradition du cinéma muet. Mais pour cette première partie de Yoyo, il va au bout de sa démarche, en faisant réellement du muet, avec cartons et bruitages. Et un personnage « bigger than life » qui aurait pu être interprété par Chaplin lui-même.

L’arrivée du parlant, qui correspond avec le krach boursier, donne le coup d’envoi du « vrai » film. L’un des hommages les plus sincères à l’art du cirque que le cinéma nous ait donné depuis… Le Cirque, de Chaplin.

Le Soupirant – de Pierre Etaix – 1963

Posté : 17 novembre, 2010 @ 2:03 dans 1960-1969, ETAIX Pierre | Pas de commentaires »

Le Soupirant - de Pierre Etaix - 1963 dans 1960-1969 le-soupirant

Après deux courts métrages géniaux (Rupture et Heureux anniversaire), Pierre Etaix passe tout naturellement au long avec cette comédie tout aussi exceptionnelle. Déjà, l’univers du cinéaste est clairement défini : le cinéma d’Etaix est clairement l’héritier des grands films burlesques du muet. Plus proche de Buster Keaton ou de Charles Chaplin que de Jacques Tati, avec qui il a pourtant commencé au cinéma, Etaix fait du cinéma muet avec du son. Ses personnages parlent, oui, mais son langage et son humour passent avant tout par l’image. Et mine de rien, ils ne sont pas nombreux dans ce cas-là, depuis la fin des années 20…

Grand cinéaste, Etaix est aussi un immense acteur de comédie. Avec son visage impassible à la Keaton, il interprète avec génie et un sens du comique parfait, un jeune homme rêveur, qui décide, pour faire plaisir à ses parents, de partir à la recherche de celle qui sera la femme de sa vie. Il a du culot, ce pierrot lunaire, mais aucun savoir-faire avec la gent féminine, et les situations que sa quête entraîne sont à mourir de rire.

Ce qui est génial dans le cinéma d’Etaix, c’est la manière dont le personnage traverse les catastrophes qu’il cause, sans sourciller. Et il le fait avec un entrain et une inventivité qui forcent le respect. On pourrait disserter longtemps sur le génie comique d’Etaix, mais la grande qualité du Soupirant se résume facilement : c’est à mourir de rire. Etaix qui reconduit une jeune femme totalement ivre chez elle ; Etaix aux prises avec la chaise trafiquée d’un clown ; Etaix qui tente de communiquer avec la jeune fille au pair… pas la moindre faute de goût dans cette comédie, dont on devine pourtant la fin dès le début. Le cinéma de Pierre Etaix, ce sont des gros sabots, mais filmés avec une finesse incomparable…

Heureux anniversaire – de Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière – 1962

Posté : 11 novembre, 2010 @ 8:33 dans 1960-1969, CARRIÈRE Jean-Claude, COURTS MÉTRAGES, ETAIX Pierre | Pas de commentaires »

Heureux anniversaire - de Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière - 1962 dans 1960-1969 heureux-anniversaire

Avant de passer au long métrage (avec Le Soupirant, l’année suivante), Pierre Etaix signe son deuxième court, et c’est un nouveau chef d’œuvre. Moins dépouillé que Rupture, mais tout aussi réussi, Heureux anniversaire fourmille de gags et de trouvailles.

Héritier du cinéma muet, il campe son décor en un plan d’une simplicité et d’une inventivité quasi-chaplinesque : une femme bien habillée prépare une table avec deux couverts, et place sur la table une miniature tout droit venue d’un gâteau de mariage. Ça dure quelques secondes, et il n’en faut pas plus pour savoir que madame attend son mari, pour fêter l’anniversaire de leur mariage.

Seulement, le mari, c’est Pierre Etaix, et qu’il doit traverser Paris pour rentrer chez lui. Tout va se dresser contre lui : les embouteillages, les déménagements, et surtout sa propre maladresse. D’ailleurs, son personnage est au moins autant bourreau que victime : sans vraiment s’en rendre compte, il sème le désordre autour de lui.

Pour lui permettre de sortir sa voiture, le client d’un barbier sort de l’échoppe où il est en train de se faire raser, pour bouger sa propre voiture… et se retrouve obligé de faire indéfiniment le tour du pâté de maison, le visage encore couvert de mousse. Quand il trouvera finalement une place pour se garer, le barbier sera rentrée chez lui, laissant porte close…

Un homme prend Pierre Etaix pour un taxi, mais ce dernier le met à la porte de sa voiture, jetant sur la chaussée sa valise qui finit écrasée sous les roues d’un autre véhicule…

Tout est à l’avenant. En à peine vingt minutes, Pierre Etaix a fait de Paris embouteillé un immense terrain de jeux. C’est remarquablement construit, Etaix est prêt à passer aux longs métrages, et ça s’annonce passionnant…

Rupture – de Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière – 1961

Posté : 11 novembre, 2010 @ 8:23 dans 1960-1969, CARRIÈRE Jean-Claude, COURTS MÉTRAGES, ETAIX Pierre | Pas de commentaires »

Rupture - de Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière - 1961 dans 1960-1969 rupture

Clown, dessinateur, Pierre Etaix rêvait de cinéma. En trouvant en Jean-Claude Carrière le complice idéal pour donner forme à ses rêves, il passe à l’acte pour la première fois avec ce court métrage quasiment muet, qui ressuscite d’un coup (de maître) la grande époque du cinéma burlesque. Point de tarte à la crème, de coup sur la tête ou de belle à séduire dans ce petit chef d’œuvre. Point de nez rouge, non plus, mais Etaix est pourtant bel et bien dans la pure tradition du clown. Et dans un genre que très peu de cinéastes ont réellement abordé depuis l’invention du parlant : la comédie purement cinématographique, à opposer avec un comique du dialogue ou de la situation. Ici, tout passe par l’image, et c’est bon…

Le principe de ce film, écrit et réalisé à quatre mains, est d’une simplicité absolue : le personnage principal (Etaix) reçoit une lettre de sa fiancée, qui lui annonce qu’elle rompt avec lui. De rage, il décide de lui renvoyer sa photo, déchirée, par la poste.  Quoi de plus simple que d’écrire un petit mot, de le glisser dans une enveloppe, d’y écrire une adresse et d’y coller un timbre ? De cette situation on ne peut plus simple, Etaix tire un sommet de la comédie.

Clown génial, figure impassible à la Buster Keaton face aux catastrophes, Pierre Etaix est à mourir de rire dans ce film en dehors de toutes les modes, et donc indémodable. Jamais il n’appuie le trait, jamais il ne sort les grosses ficelles… il se contente d’enchaîner les petites catastrophes, et c’est d’une drôlerie absolue. Jusqu’à la chute (dans tous les sens du terme), aussi inattendue que terrible. Un chef d’œuvre.

 

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