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Archive pour la catégorie 'PENN Arthur'

Bonnie and Clyde (id.) – d’Arthur Penn – 1967

Posté : 12 janvier, 2024 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars US (1960-1979), 1960-1969, PENN Arthur | Pas de commentaires »

Bonnie and Clyde

Au premier abord, Bonnie and Clyde est un film étrange. Plein d’ironie, presque cartoonesque par moments. De là à dire que c’est un film fun, il y a un pas qu’on ne franchira pas. Sous ses airs de légèreté, le film d’Arthur Penn révèle une intensité et une complexité immenses, qui en font l’une des visions les plus puissantes de l’Amérique de la Grande Dépression.

Histoire d’amour (presque) platonique, virée criminelle et meurtrière à travers l’Ouest américain des années 30… Arthur Penn attache autant d’importante à l’un et l’autre de ces deux aspects. Mais là où son film est le plus beau, c’est bien dans ces moments de suspension où les « stars du crime » et leur public se retrouvent autour de leur même destin.

Une scène, surtout, marque un tournant dans l’histoire. Bonnie Parker et Clyde Barrow, tout jeune couple vaguement délinquant, squattent une maison saisie par une banque dont les anciens occupants, expulsés, passent par là. Entre les deux amoureux et la famille qui s’apprête à prendre la route se noue, sans un mot ou presque, une fraternité de misère qui saisit le cœur.

La même sensation se répète bien plus tard lorsque les deux amants traqués et blessés bénéficient de la solidarité d’un camp de hoboes qui partagent avec eux leurs rares possessions. Des moments d’une beauté folle, qui n’ont l’air de rien mais sans lesquels cette cavale meurtrière ne serait rien d’autre… qu’une cavale meurtrière.

Bien sûr, on s’attache à ces deux amoureux. D’autant plus facilement qu’ils ont la gueule de Faye Dunaway et Warren Beatty, éclatants de jeunesse et de talent. Et d’autant plus que, malgré quelques digressions narratives, Penn adopte leur point de vue. Alors il ne juge pas leurs actes, mais il ne les atténue pas non plus.

Et c’est une drôle de sensation qui s’empare du spectateur, qui se retrouve dans la peau de jeunes écervelés qui tuent sans hésiter, mais non sans états d’âmes. La grande force du film est d’avoir su capter toute la complexité de ces personnages, à la fois tendres et impitoyables, insouciants et tourmentés. Révoltants, et bouleversants.

Little Big Man (id.) – d’Arthur Penn – 1970

Posté : 16 juin, 2022 @ 8:00 dans 1970-1979, PENN Arthur, WESTERNS | Pas de commentaires »

Little Big Man

Avec ses trois westerns, Arthur Penn a imposé un ton très personnel, qu’il n’a cessé de radicaliser. Douze ans après Le Gaucher (son tout premier film) et six ans avant Missouri Breaks, Little Big Man est le plus ample des trois : une grande fresque mi-rigolarde, mi-tragique, qui offre un regard nouveau sur à peu près tout ce qui fait la légende de l’Ouest.

Le film commence de nos jours (en 1970, donc). Dans ce qui doit être une maison de retraite, un journaliste interroge un très vieux résident qui affirme avoir 121 ans, et être l’unique survivant blanc de la bataille de Little Big Horn. La caméra braquée sur son visage raviné par des rides profondes, il raconte… Début d’un long flash-back, fait d’épisodes successifs (et chronologiques) de la jeunesse de Jack Crabb.

A travers ces épisodes, ce sont autant d’aspects de la mythologie de l’Ouest qui sont évoqués. On découvre d’abord le héros âgé d’une dizaine d’années, seul survivant avec sa sœur d’une famille d’immigrés massacrée par des Indiens, et bientôt recueilli par d’autres Indiens plus amicaux. Dès cette première séquence, le ton adopté par Penn surprend : à la violence extrême de la situation, le cinéaste oppose une ironie et un humour décalé qui maintiennent constamment une certaine distance.

Il ne se départira jamais de cette distance, qui semble être celle du temps qui a poli les souvenirs du vieux Crabb. Dustin Hoffman en est un interprète idéal, parfaite incarnation d’un anti-héros qui traverse l’histoire en marche, toujours bien présent, mais toujours un peu à la marge, toujours d’avantage témoin qu’acteur, toujours étranger : blanc au regard des Indiens, Indien au regard des blancs…

Ni vraiment lâche, ni vraiment courageux, il renonce à son destin de fine gâchette en se comparant à un Wild Bill Hickock trop à l’aise avec la violence. Il assiste sans rien tenter au massacre d’un village indien. Il pousse incidemment un Custer imbu de lui-même vers ce qui sera le tombeau d’une certaine illusion américaine. Au fil de son incroyable vie, Crabb ne cesse d’être ballotté par l’histoire et les rencontres qui l’aident à perdre toutes ses illusions (Faye Dunaway, incroyable en épouse nymphomane d’un prêcheur puritain).

Little Big Man est un film monumental par ce qu’il raconte, et pourtant modeste dans l’esprit. Un peu à l’image de l’interprétation qu’en fait Dustin Hoffman d’ailleurs. Avec ce mélange d’humour et de gravité, avec cette histoire pleine de sangs et de cadavres racontée avec beaucoup de recul, Arthur Penn évite l’émotion facile, et regarde la mythologie américaine avec une honnêteté qui dit aussi beaucoup de l’Amérique de la fin des années 60 et du début des années 70, bousculée par les luttes sociales et les scandales politiques.

La Poursuite impitoyable (The Chase) – d’Arthur Penn – 1966

Posté : 26 juin, 2015 @ 4:07 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, PENN Arthur | Pas de commentaires »

La Poursuite Impitoyable

Dans Bonnie and Clyde, autre classique de Penn, le destin tragique des deux anti-héros marqués par le destin est ponctué d’une sorte d’ironie satirique, presque caricaturale par moments. Dans The Chase, point de dérision, point d’ironie, rien d’autre que le sombre constat que le shérif Brando se fait au fond depuis la première minute : ceux pour qui il travaille sont des monstres d’insensibilité, d’égoïsme, de mesquinerie. Et Redford, l’enfant du pays qui vient de s’évader de prison, ne peut pas échapper à son destin.

C’est moins le destin tragique de Redford qui intéresse Penn dans ce chef d’œuvre, que la manière dont Brando l’intègre se débat avec son propre destin contrarié. Et il est fascinant Brando. Loin du Stanley d’Un tramway nommé Désir, il est un homme tranquille et droit, homme de loi intègre confronté à la médiocrité de ses semblables et à ce que la foule peut avoir de pire. Un homme bien décidé à aller au bout de sa mission et à sauver du lynchage le jeune Redford, très beau et très condamné d’avance. Un homme seul aussi, dans une ville où tout devient hostile.

Difficile de ne pas penser à Rio Bravo avec ce personnage de Brando et cette ville où chacun devient, au mieux insensible, au pire odieux. D’ailleurs, que Penn nous affirme, en nous regardant droit dans les yeux, que le choix d’Angie Dickinson pour la femme de Brando est un simple hasard, et ne renvoie pas au chef d’oeuvre de Hawks…

En tout cas, il y va fort, dans sa peinture d’une société gangrénée par la haine, la violence, le racisme, la bêtise, la peur. On est au Texas, dans l’Amérique post-Kennedy, et ça ne fait pas vraiment envie. L’action se déroule un samedi soir: pendant que les gamins se trémoussent tant qu’ils peuvent, leurs aînés se saoûlent, se trompent et rêvent du casser du noir. Ou, à défaut, de l’évadé, qu’importe ses torts. Pendant ce temps, les puissants croient pouvoir tout acheter, et leurs cours se désolent de ne pouvoir toucher le soleil. Bref, l’humanité dans ce qu’elle a de pire.

Jusqu’à la nausée, Brando encaisse tous les coups, moraux comme physiques, jusqu’à se faire défigurer lors d’un passage à tabac traumatisant. Mais il tient bon, dernier défenseur d’une valeur qui n’a plus lieu dans cette société-là : le bien. Jusqu’à un final ahurissant, bouleversant et écœurant. Il ne reste alors qu’à pleurer, et à tourner le dos à ces monstres ordinaires. Sublime et déchirant.

 

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