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Archive pour la catégorie 'BURTON Tim'

L’Etrange Noël de Monsieur Jack (Tim Burton’s The Nightmare before Christmas) – de Henry Selick (et Tim Burton) – 1994

Posté : 23 février, 2024 @ 8:00 dans 1990-1999, BURTON Tim, DESSINS ANIMÉS, SELICK Henry | Pas de commentaires »

L'Etrange Noël de monsieur Jack

La paternité réelle de ce joyau de l’animation importe peu. Tim Burton ou Henry Selick ? Les deux, sans doute, sont également responsables de ce qui reste l’un des sommets de leurs filmographies respectives. Au premier, on doit évidemment l’univers doucement morbide et baroque. Au second, la perfection et l’inventivité de l’animation image par image…

Qu’importe, donc. Ce qu’on retient trente ans après l’avoir découvert en salles, c’est à quel point le film reste enthousiasmant, riche, et même profond. Quelle belle réflexion que propose cet Etrange Noël… sur le destin, la place que l’on occupe dans la société, les rêves et l’incompréhension. Il y a tout ça et bien plus dans ce film, qui évoque mine de rien la frontière parfois étanche entre les différentes cultures.

Jack, le roi d’Halloween, lassé de revivre année après année la même routine, qui rêve d’un ailleurs plein de surprises… Soit le symbole à peu près universel de tout ceux qui, disons pour faire simple, traversent leur crise de la quarantaine. Lui trouve son échappatoire en décidant de prendre la place du Père Noël (le « Perce-Oreille », en VF), comme d’autres opteraient pour l’adultère dans le vrai monde…

Peut-être est-ce cet ancrage universel qui fait de L’Etrange Noël de Monsieur Jack un chef d’œuvre aussi intemporel, qui n’a rien perdu de sa force après tant d’années et de visionnage. Ou peut-être est-ce l’incroyable bande originale signée Danny Elfman, fidèle complice de Burton, et véritable co-auteur de ce qui est aussi l’une des meilleures (si ce n’est « la » meilleure) comédies musicales de la décennie.

Une dizaine de chansons au programme, et pas une anodine, ou juste très bien. Non : dix merveilles qu’on écoute en boucle et dont on ne se lasse pas. Cette BO fait d’ailleurs partie (avec celle de Danse Avec les Loups dans un autre style : c’est générationnel) de celles que j’ai le plus écouté, usant jusqu’à la rupture la bande de ma cassette. Trente ans après, c’est le même état second que provoque en moi ces mélodies joyeuses, sinistres, dansantes ou mélancoliques.

L’Etrange Noël de Monsieur Jack est le meilleur film d’Henry Selick. C’est aussi le meilleur film de Tim Burton (avec Edward aux mains d’argent, disons) et le meilleur de Danny Elfman. De là à dire que c’est un chef d’œuvre, il n’y a qu’un pas que je franchis avec allégresse.

Batman, le défi (Batman returns) – de Tim Burton – 1992

Posté : 4 février, 2021 @ 8:00 dans 1990-1999, BURTON Tim, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Batman le défi

Trois ans plus tôt, Tim Burton a remporté un véritable triomphe public avec son premier Batman, phénomène de société et succès à l’ampleur inattendue. Ce film original était déjà très personnel par sa noirceur, par les thèmes traités, par l’univers visuel… Pourtant, Burton n’avait pas pu imposer jusqu’au bout ses idées. Trop jeune, pas assez solide, il avait dû composer avec les attentes de la Warner.

Trois ont passé donc, et Tim Burton peut désormais mettre en avant ce succès et celui du très intime et sublime Edward aux mains d’argent. Une suite à Batman ? Avec plaisir, mais à sa manière, et avec toute la liberté qu’il réclame. Résultat : plus sombre, plus viscéral, plus trouble, Batman returns est une merveille, le meilleur de tous les Batman jusqu’à présent.

Un grand film de super-héros ? Avant tout un film de freaks, l’éternelle obsession de Tim Burton, poussée ici à l’extrême. Thématiquement comme visuellement, c’est l’un des films les plus aboutis de Burton, un de ceux qui résument le mieux la richesse de son univers gothique, et les thèmes qui reviennent film après film.

La paternité, la responsabilité, la différence surtout, et la difficulté pour ceux qui ne se sentent pas dans un moule de trouver leur place dans la société. Batman returns, derrière ses apparences cartoonesques et excessives, est un film furieusement ancré dans la réalité, dans ce qu’il dit des rapports sociaux : les puissants et les anonymes, les hommes et les femmes…

Danny De Vito est extraordinaire en « Pingouin », monstre pathétique qui ne s’est jamais remis d’avoir été abandonné par ses parents lorsqu’il était bébé. Et il y a surtout Michelle Pfeiffer, Catwoman définitive, sensuelle et tragique, symbole absolu du sentiment de révolte des femmes malmenées par l’éternel patriarcat. Selina Style n’est pas le premier personnage féministe, mais ce qu’elle annonce des combats féministes à venir reste d’une force étonnante, surtout dans un film de cette ampleur.

Le couple impossible qu’elle forme avec Bruce Wayne/Batman est la plus belle réussite du film. Trouble et vénéneuse, leur relation touche au sublime lors de la scène du bal, superbe séquence intime entre Michelle Pfeiffer et Michael Keaton, où les deux amants comprennent enfin qui ils sont vraiment, dans une sorte de belle d’espoir d’une beauté folle.

Dumbo (id.) – de Tim Burton – 2019

Posté : 29 avril, 2019 @ 8:00 dans 2010-2019, BURTON Tim, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Dumbo 2019

Soyons honnête : je n’attendais pas grand-chose de ce Burton, cinéaste qui (à l’exception de Sweeney Todd, il y a déjà 12 ans) ne m’a plus enthousiasmé depuis une vingtaine d’années. Pire, l’annonce de ce projet de Dumbo en prises de vue réelles avait tout du signal définitif de la démission du gars. Entre ses grosses productions acidulées à la Charlie et la chocolaterie, et des projets plus personnels dans lesquels il semblait ronronner sans trop y croire, ce projet semblait un nouveau pas en avant pour rentrer dans le rang.

La surprise n’en est que plus belle : Dumbo est un très beau film. Et la preuve que Burton peut se glisser dans l’univers de Disney en remplissant le cahier des charges, tout en signant une œuvre personnelle, grinçante et émouvante. Dumbo 2019 est une adaptation respectueuse du dessin animé de 1941. Il est aussi l’héritier digne d’Edward aux mains d’argent, monstre de foire en quête d’une famille, et en proie aux regards pas toujours bienveillants.

Visuellement, c’est somptueux : un mélange de grand spectacle et d’intime aux couleurs joliment rétros. Et le scénario est particulièrement malin et efficace, reprenant les grandes lignes du dessin animé en en retirant consciencieusement tous les éléments trop purement cartoonesques (à l’exception de l’éléphanteau capable de voler, bien sûr), sans pour autant les effacer : la locomotive Casey Jr et la souris Timothée font d’amusantes apparitions, tout comme les cigognes qui se posent sur le wagon de Mme Jumbo au moment de l’accouchement.

Mais pas d’animaux qui parlent ici (même s’ils semblent comprendre parfaitement ce qu’on leur dit) : les humains retrouvent le premier rôle, alors qu’ils se limitaient souvent à des silhouettes dans le classique de Disney. Et ce qu’en fait Burton est, d’emblée, bouleversant : ce retour de la guerre (on est en 1919) d’un artiste de cirque, dont les enfants découvrent sur le quai de la gare qu’il a perdu un bras. Le film n’est commencé que depuis quelques minutes à peine, ces retrouvailles déclenchent les premières larmes, il y en aura bien d’autres.

D’un schéma très disneyen (la lutte du petit contre le gros), Burton fait un film très personnel (les déboires d’un être différent, la quête de la cellule familiale). Son Dumbo a beau être numérique, il dégage cette innocence et cette pureté menacée des grands personnages du cinéma burtonien. Les personnages échappent d’ailleurs tous aux stéréotypes auxquels ils semblent pourtant d’emblée destinés.

Les enfants de ce rescapé de guerre (Colin Farrell) sont loin de la caricatures de gamins têtes à claques qui peuplent le cinéma. La trapéziste hautaine (Eva Green), le petit patron de cirque ambitieux (Danny De Vito), le banquier glacial (Alan Arkin) dévoilent tous une humanité qu’on ne leur aurait pas prêté au premier abord. Et puis il y a ce grand méchant incarné par Michael Keaton, qui retrouve Burton (et De Vito – Le Pingouin) 27 ans après Batman le défi).

Il est réjouissant, Keaton, incarnation d’une industrie du spectacle cynique et inhumaine, que Burton oppose aux petits artisans du spectacle. Comme s’il voulait glisser en passant qu’il n’était pas dupe de sa propre situation. Paradoxalement, c’est en se mettant au service d’un studio énorme qui ne fonctionne plus que sur des logiques mercantiles systématiques (notamment l’adaptation live de ses films d’animation) que Burton retrouve son âme.

Charlie et la chocolaterie (Charlie and the chocolate factory) – de Tim Burton – 2005

Posté : 18 janvier, 2017 @ 8:00 dans 2000-2009, BURTON Tim, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Charlie et la chocolaterie

Remettons dans le contexte : c’est avec ce film, plus encore qu’avec sa douteuse Planète des Singes ou son trop sage Big Fish, que j’ai décroché pour de bon de l’univers burtonien. Et même si la suite a réservé quelques belles surprises (à commencer par le délicieusement glauque Sweeney Todd), la passion des premiers temps, celles d’Edward aux mains d’argent ou Batman le défi, était passée pour de bon.

Charlie et la chocolaterie est bien un Burton de l’entre-deux : le symbole le plus évident du passage entre son passé si singulier, et un avenir marqué par un cinéma mainstream parfois écœurant. Bref, cette adaptation d’un classique jeunesse de Roald Dahl propose un grand écart assez vertigineux entre une première partie qui évoque l’univers féérique morbide des débuts, et une suite qui ouvre la porte aux guimauves du genre Alice au pays des merveilles.

Il y a un certain charme dans cette visite de la chocolaterie, pleine de trouvailles visuelles et comiques gentiment irrespectueuses qui sont autant de leçons de vie . On peut aussi prendre un vrai plaisir à cette visite ponctuée de chansons cyniques et décalées. Et puis on peut aussi trouver que la première partie, glaciale et bleue nuit, est la plus typiquement burtonienne. La plus belle et la plus passionnante, mais aussi la moins surprenante, le signe peut-être que l’univers de Burton n’est pas extensible à l’infini.

Batman (id.) – de Tim Burton – 1989

Posté : 19 mars, 2013 @ 6:44 dans 1980-1989, BURTON Tim, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Batman (id.) – de Tim Burton – 1989 dans 1980-1989 batman

Presque 25 ans après, on a un peu de mal à imaginer l’enthousiasme populaire qui a entouré la sortie de ce Batman, presque premier du nom (la série télé kitchoune avec ses waff !! bam ! pan ! et autres ohh ! avait déjà eu droit à une adaptation ciné). Christopher Reeve venait de raccrocher la cape de Superman, le pop-corn movie vivait ses premières années (les plus belles), Tim Burton était encore un tout jeune réalisateur dont on ne connaissait guère que son Beetlejuice, dont le fantôme délirant, alias Michael Keaton, revêtait contre toute attente la combinaison noire du justicier de Gotham City. Quant à Kim Basinger, elle était le plus grand sex-symbol du monde, rien de moins.

Aujourd’hui, que reste-t-il de la Batmania ? Trois suites (un chef d’œuvre, deux merdes), de nouvelles bases plus sombres et toujours d’actualité pour le film de superhéros, la question sans réponse de savoir qui est le meilleur Joker, de Jack Nicholson ou Heath Ledger (voir ici), et surtout une nostalgie incroyable. Ce Batman, c’était hier, et pourtant le film semble tellement d’une autre époque… Une époque où Burton privilégiait la bidouille aux gros effets spéciaux, et Michael Keaton à Johnny Depp. L’époque d’avant Terminator 2, où les blockbusters pouvaient avoir ce côté bricolo foutraque et cette folie assumée.

Parce qu’il fallait un sacré grain de folie pour laisser Jack Nicholson aller au bout de ses délires, souvent irrésistibles. Le voir murmurer « My balloons » avec cet air d’enfant à qui on aurait voler ses bonbons est toujours à mourir de rire. Un délire qui lui a rapporté des millions de dollars : malin, Jack a négocié un bon pourcentage sur les recettes, faisant de lui pendant longtemps l’acteur le mieux payé du monde pour un seul film. De quoi le mettre à l’abri pour ses vieux jours.

Il y a un charme fou qui se dégage de ce film étrangement rigide (les vêtements, les décors, les mouvements de caméra, tout semble carré), et dans la prestation de Michael Keaton, formidable. Burton continue à poser les bases de son univers si personnel, notamment à travers quelques éclairs de génie qui évoquent des passages bien précis de son œuvre à venir : la Batmobile qui roule sur les routes bordées d’arbres est filmée comme les cavalcades de Sleepy Hollow.

Mais il faudra attendre ses deux films suivants pour que Tim Burton trouve réellement son style : ce sera Edward aux mains d’argent et… Batman le défi, peut-être le meilleur de tous les Batman.

 

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