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Archive pour la catégorie 'WINNER Michael'

Scorpio (id.) – de Michael Winner – 1973

Posté : 12 janvier, 2018 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, LANCASTER Burt, WINNER Michael | Pas de commentaires »

Scorpio

Oh l’idée de génie : réunir Burt Lancaster et Alain Delon, dix ans après Le Guépard. Sauf que ce n’est pas Visconti qui réalise, mais Michael Winner. Et il ne faut pas longtemps pour réaliser qu’on ne gagne pas vraiment au change. L’univers visuel du gars est tout de même très limité, et les images sont la plupart du temps purement fonctionnelles, sans grand-chose pour attirer l’œil.

Winner est un simple faiseur, mais un faiseur honnête et finalement efficace, qui réussit là un film d’espionnage sans éclat, mais plaisant, voire même très prenant. Ce n’est pas tant le suspense (plutôt efficace) ou les nombreux décors (Paris, Washington, Vienne…) qui retiennent l’attention, mais le thème habilement traité de la frontière ténue entre le bien et le mal. « Alliés ou adversaires, mais toujours amis », lance ainsi l’agent américain Burt Lancaster à propos de son homologue soviétique.

Avec cette histoire somme toute très classique d’un jeune agent (Delon) chargé de tuer celui qui lui a tout appris, qu’il respecte et qu’il aime (Lancaster), Scorpio plonge dans le monde de l’espionnage tel que des tas de films ou de livres le présente : un univers où les faux-semblants sont partout. Rien de neuf à l’horizon, donc, mais un récit solide et tendu, et une séduisante envie de livrer un vrai film de genre.

On peut se dire que le personnage de Delon est un peu trop attendu : ce rôle de tueur taiseux et attiré par les chats est un clin d’œil un peu appuyé au Samouraï. Mais on retient surtout la longue et remarquable séquence de poursuite sur un chantier de construction, où Delon et Lancaster donnent tous deux de leur personne dans un affrontement spectaculaire qui respire l’authenticité. Le meilleur moment du film.

Le Grand Sommeil (The Big Sleep) – de Michael Winner – 1978

Posté : 30 août, 2014 @ 5:23 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, MITCHUM Robert, STEWART James, WINNER Michael | Pas de commentaires »

Le Grand Sommeil Winner

Ce Grand Sommeil version 78 n’a à peu près qu’un intérêt : ce film est l’unique occasion de voir Robert Mitchum et James Stewart se donner la réplique. Un intérêt qui se limite donc à deux petites séquences de deux minutes, décevantes à tous points de vue. Même si Mitchum, qui a à peu près trente ans de trop pour jouer Marlowe, continue à enchaîner les rôles à cette époque, tous les deux sont loin de leur âge d’or. Et leur face à face, filmé sans le moindre talent, sonne particulièrement faux, devenant l’un des rendez-vous manqués les plus insupportables de toute l’histoire du cinéma.

Pas besoin de chercher loin pour trouver le fautif : Michael Winner, qui ose signer un scénario qui se contente de surfer entre celui du film de 46 (en tout cas dans la première partie) et le roman de Chandler en essayant de le rendre plus limpide, est surtout un réalisateur calamiteux. Même s’il a fait illusion avec une poignée de films (L’Homme de la loi), Winner révèle un « talent » à la hauteur des téléfilms de l’époque : visuellement affreux (usant des zooms et de petits flash backs en insert), et incapables d’installer une ambiance.

Autant dire que la comparaison, inévitable, avec le monument de Hawks est pour le moins cruelle. Soyons honnête : Winner n’essaie pas de rivaliser avec son aîné, et fait des choix à peu près systématiquement opposés. Alors que le film de Hawks ne reposait que sur l’atmosphère, au détriment souvent de la compréhension de l’histoire, Winner semble lui ne s’intéresser qu’à l’intrigue.

Il a tort, elle est bien trop complexe pour qu’on s’y intéresse vraiment si rien de séduisant ne nous y incite. Et il n’y a vraiment rien, pas même un plan un peu torché, pour habiter cette histoire platement illustrée, et qui manque cruellement de rythme. Mitchum promène sa dégaine fatiguée au milieu d’un casting totalement à côté de la plaque, et tristement terne comparé à Lauren Bacall et aux géniaux seconds rôles du film de Hawks. Le voir faire le boulot devant une caméra aussi paresseuse, lui qui a tourné pour les plus grands, à quelque chose de franchement déprimant.

Et même si au détour d’une réplique en voix off (« Je remarquai que ma télé était allumée. J’étais pas là. C’était donc quelqu’un d’autre. ») ou d’un meurtre filmé en ombre chinoise, Winner réussit à réveiller ponctuellement l’intérêt, son adaptation de Chandler est la plupart du temps pénible…

L’Homme de la loi (Lawman) – de Michael Winner – 1970

Posté : 1 juillet, 2014 @ 8:18 dans 1970-1979, LANCASTER Burt, RYAN Robert, WESTERNS, WINNER Michael | Pas de commentaires »

L'Homme de la loi

Ainsi, avant de devenir le réalisateur attitré de Charles Bronson et de ses douteux vigilante films, Michael Winner a été un cinéaste ambitieux et intéressant. Ce Lawman est même aux antipodes absolus du Justicier dans la ville : une critique virulente, sombre et dure de la violence dans toutes ses formes. « That sounds like vigilante talk », ose d’ailleurs le maire de la petite ville devant le comportement de certains de ses concitoyens.

L’histoire du film ressemble à celle de beaucoup d’autres westerns, du Dernier Train de Gun Hill à Rio Bravo en passant par Le Train sifflera trois fois : un shérif (Burt Lancaster, raide comme la justice) arrive dans une petite ville pour arrêter plusieurs hommes accusés d’avoir causé la mort d’un vieil homme lors d’une soirée trop arrosée, et se heurte à l’hostilité de la population.

Et le personnage de Burt Lancaster a effectivement tout du héros de western, homme de loi inflexible, prêt à tout pour aller au bout de son devoir, conscient toutefois qu’il livrera ses prisonniers à des juges qui n’ont pas sa droiture : « Un homme comme Bronson pourrait facilement l’acheter », reconnaît-il évoquant le meneur du groupe qu’il recherche, un grand propriétaire qui semble conforme à l’image que l’on a de tous les grands propriétaires dans les westerns.

Mais le film ne joue avec les stéréotypes du genre que pour mieux nous en montrer les fêlures. Le shérif intraitable accueille la violence et la mort qu’il sème avec une nausée de plus en plus forte. Incapable, pourtant, de changer et de saisir la chance de bonheur qui lui est offerte par cette femme qu’il a connue jadis et qu’il retrouve, bien faible lueur d’espoir dans ce vacarme.

Le grand propriétaire joué par Lee J. Cobb est conscient de la responsabilité qui est la sienne et se trouve tiraillée entre son désir de mettre fin à la violence, et sa volonté de garder ce qu’il a mis trente ans à construire. Un homme qui vit avec les morts qui ont accompagné son ascension, comme il en témoigne avec émotion lors d’une belle scène nocturne très fordienne sur les tombes de ses proches, évoquant les Indiens qui ont sans doute tué ses frères : « C’était un peuple fier, les Comanches. N’écoute jamais ceux qui dénigrent les Indiens. »

Quant au shérif de la ville en question, vieille gloire désormais aux ordres du tout puissant propriétaire, il ne fait plus même semblant d’avoir un semblant de fierté, acceptant toutes les humiliations. Pourquoi ? Winner ne dira rien ou presque de son passé, et de ce qui l’a amené là. Mais Robert Ryan, acteur décidément formidable, apporte au personnage une vérité bouleversante, soulignant à la fois sa lassitude et un vague espoir de sortir de cette torpeur.

Comme le William Munny de Impitoyable, avec vingt ans d’avance, les personnages de Lawman sont tous hantés par un passé violent mais glorieux dont on ne saura pas grand-chose, à l’image de ce patron de bar estropié qui, avant le règlement de compte final, se décidera à retourner au combat. Mais les exploits glorieux d’antan n’étaient peut-être que des fantasmes : la violence n’a rien d’héroïque, ni même de spectaculaire.
S’il n’y avait ces zooms constants, très en vogue à l’époque, mais insupportables aujourd’hui, Lawman n’aurait pas été loin du chef d’œuvre. Avec un soucis du détail impressionnant, Winner signe tout de même un excellent western crépusculaire. Sans doute, de loin, son meilleur film.

L’Homme de la loi fait partie de la dernière fournée de la collection Westerns de Légende de Sidonis. En bonus : la bande annonce, une présentation par Patrick Brion, et un long portrait de Burt Lancaster.

 

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