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Archive pour la catégorie 'ALFREDSON Thomas'

Le Bonhomme de neige (The Snowman) – de Tomas Alfredson – 2017

Posté : 5 avril, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ALFREDSON Thomas | Pas de commentaires »

Le Bonhomme de neige

A l’origine, un très bon polar norvégien de Jo Nesbo, long et touffu, riche en rebondissements, en suspense, en faux semblants, et en scènes tendues et spectaculaires. A l’arrivée, un film resserré, d’une modestie étonnante, qui prend consciencieusement la piste de l’épure, voire l’apaisement.

Tomas Alfredson n’est pas vraiment du genre à jouer la surenchère. La Taupe, le film qui l’a révélé, avait déjà mis en valeur ses talents de formaliste élégant. On retrouve sa patte dans sa manière de jouer avec les (splendides) décors naturels de Norvège, et d’alléger consciencieusement les aspects les plus extravagants du roman.

Le résultat laisse un sentiment mitigé. D’un côté, le style, le rythme même du film correspond bien à la douloureuse mélancolie du personnage principal, le flic Harry Hole, héros récurrent de Jo Nesbo, alcoolique et névrosé. Michael Fassbender lui prête idéalement ses épaules fatiguées, avec une économie de moyens convaincante.

Mais d’un autre côté, réduire en un film une intrigue aussi complexe en en gardant la structure relevait de la gageure. Et là, le pari de Tomas Alfredson est plus discutable. A force de simplifier, et de contourner les grands moments dramatiques et de suspense du livre, l’histoire perd de sa cohérence, et les personnages de leur force.

C’est particulièrement vrai du personnage de policière jouée par Rebecca Ferguson, loin du trouble profond qui l’entoure sous la plume de Nesbo. Les personnages de Charlotte Gainsbourg, ou de Val Kilmer, perdent eux aussi beaucoup de leur dimension mystérieuse. Les fausses pistes disparaissent, Alfredson privilégiant l’atmosphère au suspens.

On se dit qu’il aurait tout aussi bien pu se passer de cette histoire de tueur en série signant ces crimes d’un bonhomme de neige, tant les éléments sortis directement du roman semblent l’embarrasser plus que l’inspirer. Mais il prend beaucoup de libertés, se laisse guider par le rythme des grandes étendues glacées, et signe un polar aussi classique sur le fond que racé dans sa forme.

La Taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy) – de Thomas Alfredson – 2011

Posté : 5 février, 2018 @ 8:00 dans * Espionnage, 2010-2019, ALFREDSON Thomas | Pas de commentaires »

La Taupe

L’histoire d’amour entre John Le Carré et le cinéma ne date pas d’hier : les romans d’espionnage du maître incontesté du genre ont été adaptés quasiment dès leur parution, et plutôt très bien dès le premier film (L’Espion qui venait du froid, un classique). Curieusement, son personnage fétiche de George Smiley, le maître espion, n’est lui que rarement apparu (il a été rebaptisé dans MI5 demande protection il y a cinquante ans, et depuis, plus rien sur grand écran).

Ce n’est pas le moindre intérêt de La Taupe : le film fait de Smiley un personnage absolument fascinant. A la fois secret, sincère, manipulateur, inquiétant, droit, omnipotent, et fragile aussi parfois… Qui est vraiment ce maître espion que l’histoire renvoie à une époque révolue, celle de la guerre froide, mais qui semble aussi, curieusement, toujours d’actualité ? La réponse qu’apporte le film de Thomas Alfredson est à l’image du personnage : limpide et impossible à résumer.

Gary Oldman est évidemment pour quelque chose dans la réussite de ce personnage, lui qui a toujours su mettre un brin d’humanité dans ses personnages de monstres, et un grain de danger dans ses bons gars. Ce personnage, créé il y a plus de cinquante ans, semble fait pour lui, tant l’acteur représente bien le caractère insondable de ce monde de l’espionnage, avec ses multiples visages, ses labyrinthes tourmentés et parfois incompréhensibles, et ses ressors si humains.

L’intrigue, forcément, est à la fois classique et complexe. Mais le réalisateur, Suédois qui fait ici d’impressionnants débuts à Hollywood, a un talent immense pour ne jamais perdre le spectateur, l’autorisant en quelque sorte à laisser des détails dans l’obscurité pour suivre un fil conducteur très simple : lorsqu’un vieux routier de l’espionnage est évincé de son poste de responsable, il fait comprendre à son protégé que l’un des cinq postulants à son remplacement est un traître…

La maîtrise d’Alfredson est impressionnante, et rappelle celle d’un JC Chandor qui, avec Margin Call, avait réussi le même tour de force de rendre compréhensible et passionnante la crise financière, tout en filmant une multitude de personnages. Ce n’est peut-être qu’un simple clin d’œil, mais John Le Carré fait une apparition dans La Taupe, dans la scène de la fête, ce qu’il n’avait quasiment jamais fait jusque là. Comme s’il adoubait d’emblée cette formidable adaptation.

 

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