Alex Cross (id.) – de Rob Cohen – 2012
Alex Cross est le héros d’une série de romans signés James Patterson déjà adaptés deux fois au cinéma avec Morgan Freeman dans le rôle principal (Le Collectionneur et Le Masque de l’araignée, dans lesquels l’acteur surfait sur le succès de Seven) : un profiler qui traque des tueurs en série en s’identifiant à eux.
Ce « reboot » (la pratique est décidément très à la mode) présente un Alex Cross qui s’apprête à faire son entrée au FBI, suite à une tragédie personnelle qui fait du tueur qu’il piste une proie très personnelle. Pourquoi pas… Ce pitch était la promesse d’une petite soirée plutôt sympathique : les deux films avec Morgan Freeman étaient très efficaces à défaut d’être des chefs d’œuvre, et Rob Cohen est le réalisateur d’un Daylight que j’ai toujours beaucoup aimé.
Sauf que Tyler Perry n’a pas le dixième du charisme (ou du talent) de Morgan Freeman, et que Cohen est aussi le réalisateur de Fast and Furious et xXx, et que Daylight fait plutôt figure d’heureuse exception dans une filmographie un rien douteuse.
Violent et très sombre, ce Alex Cross remplit son cahier des charges assez efficacement, mais le plaisir qu’on aurait pu prendre est gâché par une accumulation de mauvais choix de réalisateur. Une caméra souvent portée à l’épaule qui donne l’impression que Cohen a définitivement déposé les armes, tombant dans le pire travers de la facilité (tu veux pas te casser la tête à composer un plan qui fasse mouche ? t’as qu’à faire trembler ta caméra, ça marche toujours…).
Vers la fin du film, les choses se gâtent encore : la caméra embarquée dans une voiture adopte soudain le point de vue du tueur ; puis l’image devient soudain plus froide, sans transition ni autre raison que de signaler qu’on arrive dans le climax du film… Au lieu de renforcer le drame, ces effets ratés ne font que casser un rythme déjà discutable.
Et puis, si Tyler Perry est irréprochable (malgré son manque manifeste de charisme), Matthew Fox fait un numéro de dingue. Son but, visiblement : camper un méchant inoubliable. Son résultat : être grotesque, constamment dans l’excès.
A condition d’être dans une particulièrement bonne humeur, le film se laisse voir avec un certain plaisir. Mais on est bien dans le tout venant hollywoodien, sans personnalité, ni originalité.