49ème Parallèle (49th Parallel) – de Michael Powell – 1941
L’effort de guerre, à Hollywood, a donné lieu à quelques grands moments de cinéma. Ford et Htchcock ont signé des chef d’œuvre dans ce cadre a priori très contraignant. Michael Powell, avec son complice Emeric Pressburger, réalise le plus étonnant de tous les films de propagande : une sorte de dix petits nègres dont les « héros » sont des soldats allemands perdus au Canada après que leur sous-marin a été coulé par un avion anglais.
C’est l’idée de génie de ce film d’une intelligence rare : faire des ennemis les personnages principaux, sur une terre cosmopolite qu’ils traversent, tentant de gagner les Etats-Unis encore neutres, et croisant la route de communautés qui pensaient échapper aux horreurs de la guerre dans ces terres si éloignées du vieux continent.
Chacune de ces rencontres est une séquence quasi-autonome, portée par l’apparition aussi marquante que brève d’une vedette : un village de pêcheurs reculé donne un rôle inattendu de trappeur canadien à Laurence Olivier ; Leslie Howard est formidable en Anglais BCBG qui voit la guerre le rattraper quand il s’y attend le moins ; Raymond Massey est un soldat frustré de ne pas pouvoir combattre… Le groupe de Nazis croise également la route d’une communauté d’Allemands ayant fuit le régime hitlerien, et se retrouve confronté à la colère de d’une foule qu’ils ne comprennent pas.
Toutes ces personnes, toutes ces communautés, seront confrontées d’une manière ou d’une autre à la violence aveugle du nazisme, à cette idéologie qui nie toute individualité. C’est une manière fine et percutante de démonter tout ce qui fait le IIIème Reich, et de lui opposer les peuples libres, dans toutes leurs diversités.
Scénario hors du commun (récompensé par un Oscar), mise en scène magnifique (et montage de David Lean)… Même la musique, signée Ralph Vaughan Williams, est exceptionnelle. 49ème Parallèle, œuvre de commande, est un chef d’œuvre à placer au côté des grandes réussites du tandem Powell-Pressburger.
• Carlotta vient d’éditer le film dans un beau DVD. En bonus, notamment, un moyen métrage méconnu du tandem Powell-Pressburger : The Volunteer.