Le Petit frère (The Kid Brother) – de Ted Wilde, J.A. Howe (et Lewis Milestone) – 1927
Harold se verrai bien reprendre le flambeau de son père, rude shérif d’une petite ville de l’Ouest. Mais des trois fils de la famille, Harold est le gringalet, à qui l’on réserve toutes les tâches ménagères. Alors quand l’argent de la collectivité qui avait été confié au shérif est volé, il est bien le dernier sur lequel on compte pour laver l’honneur de la famille.
Harold Lloyd choisit un thème qui lui est très familier pour cette comédie westernienne d’une inventivité folle, et au rythme imparable. Une petite merveille à laquelle plusieurs réalisateurs ont participé à un degré ou à un autre. Signé par Ted Wilde, le film a été tourné en partie par J.A. Howe, crédité comme co-réalisateur, et semble-t-il par Lewis Milestone. Mais sans doute Lloyd est-il lui-même le principal auteur du film.
La star est à son apogée, et enchaîne les comédies mémorables en cette fin du muet. Il est alors l’égal de Chaplin et de Keaton, et ce Kid Brother est d’ailleurs l’un de ses triomphes. Largement mérité. L’histoire en elle-même n’est pas très originale, puisqu’elle s’inspire du Tol’able David de Henry King, sorti trois ans plus tôt. Mais le génie comique de Lloyd, son sens du gag et de l’image, sont à leur apogée dans ce film.
Il suffit de revoir l’extraordinaire scène sur le bateau échoué pour s’en convaincre, irresistible chassé-croisé entre Harold et le grand méchant, qui utilise toutes les possibilités de son décor et réussit à surprendre et à faire rire à chaque plan. Une merveille d’inventivité et de mise en scène. Dans un autre registre, la scène où Harold grimpe toujours plus haut d’un arbre pour apercevoir encore et encore la jeune femme qui s’éloigne est un chef d’oeuvre de poésie et d’émotion.
On pourrait citer les trois quarts du film comme ça : la scène du petit-déjeuner, celle de l’incendie… The Kid Brother est une merveille, l’un de ces trésors à redécouvrir d’un génie trop oublié.