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Archive pour la catégorie 'CRUZE James'

Vaindre ou mourir (Old Ironsides) – de James Cruze – 1926

Posté : 9 janvier, 2020 @ 8:00 dans 1920-1929, CRUZE James, FARRELL Charles, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Vaincre ou mourir

Réalisateur important de la fin du muet, James Cruze fait ici au film de pirates ce qu’il avait fait au western avec The Covered Wagon : il signe une grande fresque spectaculaire et ambitieuse, superproduction qui marquera durablement le genre.

Curtiz, Walsh et les autres devront beaucoup à ce Old Ironsides, aux scènes de batailles marines particulièrement impressionnantes. C’est qu’on est en 1926, et que ces années-là, le cinéma (muet, donc) atteint une première apogée. Le langage cinématographique touche à une sorte de perfection, et Hollywood n’hésite pas à mettre des moyens gigantesques dans ses films majeurs.

C’est clairement le cas ici, avec l’utilisation de vrais bateaux, de centaines de figurants (parmi lesquels Boris Karloff, dans le furtif rôle d’un pirate), et de trucages pyrotechniques qui en mettent plein la vue. Le film raconte la guerre menée par les jeunes Etats Unis aux pirates de Tripoli, en 1792, et c’est une plongée étourdissante au cœur de cette période que filme Cruze.

Les premières minutes sont pourtant loin d’être emballantes : on sent le cinéaste soucieux de ne pas trahir l’Histoire qu’il filme. Ces premières scènes ont quelque chose de la simple illustration, manquant de flamme. Cette flamme, elle vient finalement moins de l’action elle-même que des personnages, constamment au cœur du film. Avec, surtout, deux face-à-face tendus chacun à leur manière, qui donnent les plus beaux moments.

Celui entre Wallace Beery et George Bancroft d’abord, marins mal dégrossis dont l’affrontement rigolard et viril apporte une caution humoristique bienvenue. Et celui entre Charles Farrell et Esther Ralston, romantique et sensuel. Oui, sensuel.

Il y a une scène superbe au cœur du film. Farrell, à la barre du bateau, dévore des yeux la belle Esther Ralston, à qui le vent colle sa robe légère contre son corps, dévoilant ses formes. La tension sexuelle entre ces deux-là est alors extrême, dans une scène d’une sensualité folle.

Pour Cruze, tout est dans les détails. Avant la grande bataille finale, il montre un mousse étaler du sable sur le pont « pour éviter de glisser sur le sang », et les médecins préparant leur équipement pour opérer les futurs blessés. La bataille elle-même a beau être hyper spectaculaire, ce sont ces détails qui frappent le plus, et qui disent le mieux la violence à venir.

The Pony Express (id.) – de James Cruze – 1925

Posté : 19 mai, 2017 @ 8:00 dans 1920-1929, CRUZE James, FILMS MUETS, WESTERNS | Pas de commentaires »

The Pony Express

Pas une seconde de temps mort dans ce western qui enchaîne à un rythme effréné les bagarres de saloons, les attaques d’Indiens, les chevauchées folles… tout ça sans oublier une histoire d’amour, la construction d’une église, et une histoire d’espionnage et de traîtres à la patrie ! Deux ans après The Covered Wagon, considéré comme la première grosse production westernienne, James Cruze tente de retrouver le même succès, et celui que John Ford avait rencontré l’année précédente avec son monumental Cheval de Fer.

Il y réussit plutôt bien. Même si le film de Cruze n’a pas l’ampleur et la force de celui de Ford, The Pony Express est une vraie réussite, passionnante et bourrée de rebondissements. Trop, peut-être : le film impressionne plus par son rythme que par la profondeur de ses personnages, qui restent le plus souvent à l’état de sympathiques stéréotypes : Ricardo Cortez en héros intrépide, charismatique et souriant ; Betty Compson en simple atout romantique ; ou Wallace Beery en faire-valoir brut et rigolo.

Il est évidemment question du Pony Express, et de ses débuts héroïques. Mais le sujet, contrairement au chemin de fer dans le chef d’œuvre de Ford, n’est pas central dans le film. S’ils jouent un rôle dans l’intrigue, et si Cruze nous offre quelques belles images de chevauchées dans de vastes étendues, ces premiers facteurs de l’Ouest sauvage ne sont là que pour illustrer ce qu’était encore cette Amérique là, sauvage, instable et pleine de dangers.

En cela, le film de Cruze pourrait être une sorte de préface au Cheval de Fer. Il y est déjà question de l’importance de communiquer d’une côte à l’autre, et de Lincoln dont l’annonce de l’élection est un moteur de l’histoire, à la fois comme le symbole d’une nation dont l’union est appelée à se confirmer, mais aussi comme le signe d’un conflit interne qui se profile.

Précurseur du western à grand spectacle, Cruze est particulièrement à l’aise dans les grandes séquences épiques. Si ces personnages manquent de profondeur, les grands moments de tension ou d’action sont d’une puissance dramatique assez impressionnante. Qu’ils se déroulent hors champs comme ce massacre d’une famille de pionnier, ou qu’ils se déroulent à l’écran comme cette ville assiégée par les Indiens, superbe séquence qui alterne gros plans et magnifiques plans larges. Du rythme et du mouvement : ce film n’en manque pas.

Si j’avais un million (If I had a million) – de James Cruze, H. Bruce Humberstone, Ernst Lubitsch, Norman Z. McLeod, Stephen Roberts, William A. Seiter, Norman Taurog – 1932

Posté : 7 avril, 2017 @ 8:00 dans 1930-1939, COOPER Gary, CRUZE James, HUMBERSTONE Bruce, LUBITSCH Ernst, McLEOD Norman Z., ROBERTS Stephen, SEITER William A., TAUROG Norman | Pas de commentaires »

si j'avais un million

Un milliardaire soi-disant en fin de vie et agacé par son entourage décide de dilapider sa fortune en distribuant un million de dollars à plusieurs inconnus choisis strictement au hasard… Et c’est le point d’un départ (réalisé par Norman Taurog) d’un film à sketchs totalement indépendant les uns des autres (le milliardaire lui-même s’éclipsant de plus en plus au film du métrage), et très inégaux, forcément.

Le meilleur ? Le segment signé Lubitsch, de loin le plus court du film, sorte de concentré en une poignée de minutes du style, du rythme et de l’obsession des portes du cinéaste. Un employé de bureau (joué par un Charles Laughton tout en rondeur) reçoit l’un des chèques, se lève, quitte son open space et franchit portes après portes pour monter toujours plus haut dans l’immeuble où il travaille, jusqu’à arrivée au sommet, devant l’ultime porte : celle du grand patron, qu’il ouvre, avant de faire une langue et de refermer la porte !

Le reste est plus inégal et plus anodin, avec quand même des ruptures de ton assez audacieuses. Le film passe ainsi d’un segment burlesque avec W.C. Field et des tas de voitures détruites (réalisé par Norman Z. McLeod) à un autre franchement tragique (signé James Cruze) mettant en scène un condamné à mort qui se croit à tort sauvé parce qu’il est devenu riche.

Tout aussi cynique : le destin de ce petit gangster recherché par la police et qui risque la prison à vie (George Raft, dans un segment réalisé par Bruce Humberstone), incapable d’encaisser ce chèque qui le tirerait d’affaire, et qui finit par le donner au gérant d’un dortoir miteux juste pour pouvoir dormir…

Le thème est presque similaire, en nettement plus léger, avec le segment réalisé par William Seiter mettant en scène Gary Cooper en jeune soldat qui ne pense qu’à s’amuser, et qui passera lui aussi à côté de la fortune…

Rien d’inoubliable là-dedans, et on retiendra plutôt le tendre segment (réalisé par Stephen Roberts) racontant la prise de pouvoir d’une maison de retraite trop stricte par ses pensionnaires. Roberts signe aussi un autre segment évoquant les rêves d’une prostituée.

Du très bon, du plus dispensable… Si j’avais un million vaut finalement surtout pour son improbable distribution. Fields, Cooper et Laughton sur une même affiche, ça ne se refuse pas.

Gabbo le ventriloque (The Great Gabbo) – de James Cruze – 1929

Posté : 18 septembre, 2012 @ 5:41 dans * Pre-code, 1920-1929, CRUZE James | Pas de commentaires »

The Great Gabbo

Erich Von Stroheim avait-il déjà tiré un trait définitif sur sa carrière de cinéaste, sabordée après le naufrage de Queen Kelly en 1927 ? Non, bien sûr : il fera une ultime tentative (malheureuse) avec Hello Sister en 1933. D’ailleurs, on sent bien que Von Stroheim n’est pas encore totalement désabusé : son interprétation de Gabbo est à mille lieues de ses prestations à venir, qui seront pour la plupart marquée par un sentiment de désillusion.

Ce n’est pas un hasard si le film est l’un des plus marquants de sa « seconde carrière » : Von Stroheim joue ici avec une palette d’émotions très large, et campe un être malade et autoritaire, comme il le fera souvent, mais habité par une passion qui, le dépit de son génie gâché venant avec les années, se transformera au fil des films en un monolithisme récurrent.

Le rôle est pourtant annonciateur de nombreux autres à venir : artiste de music-hall (il est ventriloque), Gabbo se rêve en haut de l’affiche, mais doit se contenter de salles miteuses. Aigri par l’échec, il se défoule avec froideur et cruauté sur son assistante. Lorsque celle-ci se décide enfin à le quitter, il réalise trop tard qu’il l’aime, et se promet d’atteindre le sommet pour lui prouver ce dont il est capable. Tout en se repliant sur une relation exclusive avec sa marionnette.

La grande idée du film (signée Ben Hecht) est d’avoir personnalisé la double-personnalité de cet être autoritaire qui dissimule son mal-être et sa tendresse derrière ce pantin qui, bien souvent, paraît plus humain que lui. Plus qu’un masque : une extension de lui-même qui oblige les autres à détourner de lui lorsqu’il a quelque chose à dire.

Une autre idée forte, aussi, est de ne pas céder aux attraits du film noi. Le film reste constamment, et jusqu’au bout, sur une note douce-amère, tragique mais d’une simplicité désarmante.

On peut quand même reprocher à James Cruze, cinéaste ambitieux qui aime le grand spectacle, de multiplier à l’envi les numéros de music-hall qui, en particulier dans la dernière demi-heure, finissent par casser totalement le rythme de l’histoire. Surtout qu’ils sont filmés in extenso et assez platement.

La mise en scène, d’ailleurs, est trop souvent symptomatique de ces premiers mois du parlant : la caméra se contente la plupart du temps de filmer la scène comme elle le ferait sur un plateau de théâtre, loin des sommets plastiques des dernières années du muet.

The Great Gabbo n’en reste pas moins une œuvre assez belle, qui révèle un visage inédit de Von Stroheim acteur, et qui marquera durablement sa carrière à venir. Jusqu’à inspirer le titre et le décor de l’excellent The Great Flammarion d’Anthony Mann, dans lequel Von Stroheim jouera un autre artiste de music-hall raide comme la justice, mais ravagé par la passion.

The Roaring Road (id.) – de James Cruze – 1919

Posté : 22 mai, 2012 @ 11:35 dans 1895-1919, CRUZE James, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

The Roaring Road

C’est l’un des grands succès de Wallace Reid, acteur qui connut son heure de gloire au temps du muet, le plus souvent avec des films se déroulant dans l’univers des courses automobiles, avant de connaître la déchéance à cause de son addiction aux médicaments, suite justement à un accident de voiture (il mourra d’ailleurs prématurément en 1923, à l’âge de 32 ans).

Prototype de ce genre de films, The Roaring Road suit les aventures d’un pilote de seconde zone qui rêve de conduire l’une des voitures de course de son grand constructeur de patron, tout en convoitant la fille de ce dernier. Il finira par remporter une prestigieuse course sur piste, puis à battre le record de vitesse sur route entre Los Angeles et San Francisco, doublant un train sur le fil, dans ce qui reste la meilleure scène du film.

Et de loin : pour sympathique qu’il soit, le film souffre quelque peu d’une réalisation plan-plan sans grande inspiration, et d’un manque de rythme. Embêtant pour un film qui parle de l’amour de la vitesse… Seule cette grande séquence de la course entre le train et la voiture est réellement mémorable, en particulier ces plans où le grand patron, joué par Theodore Roberts, encourage du geste son pilote qui pulvérise un record sans même s’en rendre compte.

Wallace Reid est très sympathique dans ce rôle de pilote grande gueule et sûr de lui, personnage qu’il connaît par cœur et que le public adorait. Pourtant, c’est bien Theodore Roberts, en ancien coureur devenu patron surnommé « The Bear », qui lui vole la vedette. Bourru mais attachant, il livre une performance légère et pleine d’humour, comme on les aime.

Le film rencontrera un franc succès, à tel point que les acteurs se retrouveront l’année suivante pour une suite, plus réussie encore : Excuse my dust.

 

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