La Petite (E Piccerella) – d’Elvira Notari – 1922
Dans le Naples des années 20, un dandy sans le sou tombe sous le charme d’une jeune séductrice pour laquelle il sacrifie tout, jusqu’à son honneur.
Dans ce mélodrame, inspiré d’une chanson italienne populaire, on sent d’emblée que tout finira très mal. Effectivement… Il n’y a guère de place pour l’espoir dans cette vision tragique de la passion amoureuse, que la version restaurée a le bon goût de présenter avec une bande musicale elle-même inspirée de la chanson d’époque.
Le mélo est beau. Il n’est pas non plus renversant constamment attendu, le film est pourtant passionnant, au moins pour une raison. Elvira Notari, qui fut la toute première réalisatrice italienne, filme les rues de Naples avec une vérité et un sens du détail qui fascinent, presque cent ans plus tard.
Mieux qu’un témoignage : une vraie plongée dans les quartiers populaires de la ville, avec une caméra qui explore les moindre recoins des ruelles, donne du relief aux murs tout pourris et aux façades rapiécées, et sait filmer les gueules : celles de ses acteurs, mais aussi des figurants, « vrais » Napolitains qui ne se privent pas de regarder la caméra avec une curiosité touchante.
Et qu’importe si les quelques scènes d’intérieur sont plus banales et un peu plan plan : l’essentiel du film est tourné en extérieurs. Une belle vision humaine, qui ne met pas franchement en valeur les atouts touristiques de Naples, mais qui permet de découvrir une cinéaste largement oubliée.