Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour avril, 2024

Un si doux visage (Angel Face) – d’Otto Preminger – 1952

Posté : 24 avril, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, PREMINGER Otto | Pas de commentaires »

Un si doux visage

Il a l’air si cool, si détaché, si sûr de lui et si supérieur… Mais dieu que cet homme a le don pour s’enticher des femmes qu’il ne faut pas ! C’est le Robert Mitchum des premiers temps bien sûr, celui de La Griffe du Passé et de tant d’autres grands films noirs qui creusaient un même sillon avec un même bonheur.

L’acteur lui-même disait s’en lasser. Pas le spectateur, et certainement pas devant un film comme Un si doux visage, nouvelle variation sur un même thème, et nouveau bijou noir et cynique. Cette fois, c’est Jean Simmons qui fait tourner la tête d’un Mitchum pas même dupe de lui-même.

C’est qu’il ne faut pas longtemps à ce mâle si enclin à prendre la vie comme elle vient et son bonheur pour acquis pour comprendre que délaisser sa douce petite amie pour une soirée avec cette brune piquante et pas claire de Jean Simmons n’est pas la chose la plus intelligente qu’il ait faite de sa vie…

Mitchum en antihéros enfermé par sa propre faute dans une spirale dont il ne peut plus sortirOn a déjà vu ça une dizaine de fois avant ça. Mais Preminger, qui s’est approprié ce sujet plus ou moins imposé par la RKO de Howard Hugues, s’attache moins à l’atmosphère habituelle du film noir qu’aux petites nuances qui font la différence.

A commencer par le personnage féminin, qui malgré son machiavélisme et sa duplicité, garde une bouleversante innocence. Ou quelque chose de désespéré qui y ressemble beaucoup. Et le regard faussement bravache et vraiment paumé de Mitchum. Et ce mélange de cynisme et de simplicité, qui rompt avec les atmosphères angoissantes des précédents films de la star.

C’est d’ailleurs la fin d’un cycle pour Mitchum, qui dès lors s’efforcera de changer de style et de genre film après film, refusant désormais de se laisser enfermer dans ce type de personnages qui lui collent à la peau. Il retrouvera ainsi Preminger peu après pour un film assez radicalement différent : La Rivière sans retour. Une petite chose plutôt pas mal, aussi.

La Chambre verte – de François Truffaut – 1978

Posté : 23 avril, 2024 @ 8:00 dans 1970-1979, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

La Chambre verte

Truffaut avait évoqué depuis plusieurs années déjà son envie de consacrer un film à la mort. C’est fait, et de quelle manière ! La mort est effectivement omniprésente dans La Chambre verte. Il n’est même question que de ça, de ces morts avec lesquels on vit. On plutôt avec lesquels on refuse de vivre, en ce qui concerne le personnage de Julien Davenne, qu’interprète François Truffaut lui-même.

C’est le dernier de ses rôles (après L’Enfant sauvage et La Nuit américaine, mais aussi Rencontres du 3e type et quelques apparitions moins conséquentes). C’est aussi le plus central : il est de toutes les scènes ou presque, le phrasé si particulier qu’il adopte, presque désincarné, pesant naturellement sur le ton et l’atmosphère du film.

Il a effectivement quelque chose de désincarné, cet homme qui vit dans l’obsession d’honorer la mémoire de son épouse, décédée peu après leur mariage, et celle de tous « ses » morts : tous ceux qui ont compté d’une manière ou d’une autre dans sa vie, et à qui il consacre désormais toute son existence. Qui n’est plus une vie.

Un homme obsessionnel, enfermé d’une certaine manière dans une certitude et un refus de s’ouvrir aux autres et à la vie. Un homme peu aimable, qui prend systématiquement le parti des morts (qui n’ont rien demandé) contre celui des vivants. Une femme vient ébranler les bases si solides de sa posture : Cécilia, Nathalie Baye, dont le rapport à la mort est également fort, mais avec une nuance de taille qui s’appelle l’envie de vivre.

En passant d’un cimetière à une chapelle funéraire sans oublier la fameuse chambre verte, mausolée assez glauque, le film devrait être plombant, et froid comme la mort. Sans parler de folle joie (la joie n’a pas sa place ici), il y a pourtant une étonnante chaleur qui se dégage du film, chaleur qui a sans doute à voir avec la lumière des bougies.

Et avec la musique de Maurice Jaubert. Pour la quatrième et dernière fois (après L’Histoire d’Adèle H, L’Argent de poche et L’Homme qui aimait les femmes), Truffaut utilise les partitions de ce grand compositeur d’avant-guerre mort en 1940 (on lui doit la musique de L’Atalante, du Jour se lève et de quelques autres chefs-d’œuvre). Sa musique donne à la morbidité du thème quelque chose d’à la fois grave et solaire.

L’Affaire Blaireau – d’Henry Wulschleger – 1932

Posté : 22 avril, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, WULSCHLEGER Henry | Pas de commentaires »

L'Affaire Blaireau

Le braconnier Blaireau a-t-il, ou non, botter les fesses du garde-chasse (qui porte le même nom que le chien dudit braconnier) ? Question épineuse à laquelle on peut en ajouter une autre : quel crédit accorder à un film qui fait rimer « Dans mon beau château je vais rentrer bien vite » avec « Vive la liberté et les pommes de terre-frites » ?

Le Cinéma de Minuit de Patrick Brion, créé deux mois avant ma naissance (autant dire que c’est pas jeunes), racle les fonds de tiroir avec cette comédie tirée d’un roman d’Alphonse Allais et réalisée par Henry Wulschleger, réalisateur inconnu de ma personne, mais qui a eu semble-t-il une petite réputation auprès de certains cinéphiles pointus. Qui ont sans doute vu ses premiers films muets, plutôt que les innombrables comédies, comme celle-ci, tournées avec Bach.

Bach ? Une autre découverte : un comique-troupier qui eut son heure de gloire, et fut la vedette d’une bonne douzaine de films de Wulschleger, trimballant son sourire débonnaire, incarnation d’un bonheur attaché à la simplicité, à la liberté, et au beaujolais, riant des malheurs et de tout possible sujet sociétal.

On échouerait à chercher le moindre intérêt sur le fond à cette comédie qui n’a au fond qu’une raison d’être présentée dans un programme aussi essentiel que le Cinéma de Minuit : celle de dévoiler un cinéma qui eut ses adeptes il y a quatre-vingt-dix ans. Bref, on découvre L’Affaire Blaireau avec un regard moins cinéphile qu’anthropologue…

Avant, ce n’était donc pas forcément mieux. Le film se contente de creuser le sillon de la bonhomie forcée, avec chansons très datées, acteurs en route libre, dialogues approximatifs, humour grivois… Sur la forme, on retiendra quand même quelques beaux cadrages et des mouvements de caméra étonnamment modernes (dont la toute première scène, pleine de promesses non tenues), gâchés par un montage hasardeux. Suffisant, en tout cas, pour donner envie de découvrir Wulschleger dans un autre contexte.

La Liste noire (Guilty by Suspicion) – d’Irwin Winkler – 1991

Posté : 21 avril, 2024 @ 8:00 dans 1990-1999, DE NIRO Robert, WINKLER Irwin | Pas de commentaires »

La Liste noire

Producteur des Affranchis (et de beaucoup d’autres films, dont Rocky et Raging Bull), Irwin Winkler devient réalisateur au début des années 1990 sous le parrainage de Robert De Niro, qui interprète dans son premier film un réalisateur à succès dont la carrière est stoppée nette par la chasse aux sorcières en 1951.

Le scénario, écrit par Winkler lui-même, est excellent, entièrement basé sur la trajectoire contrariée de ce success-man qui évolue dans le Hollywood de l’âge d’or comme un demi-dieu que rien ne peut contrarier, et que des soupçons de communiste ramènent brutalement sur terre.

C’est passionnant, édifiant, révoltant, et mené avec un sens très sûr du drame, jusqu’à un final qui provoque immanquablement des frissons. Et puis il y a De Niro, parfait dans le rôle de cet homme tiraillé entre sa conscience et son envie de travailler. Et Annette Bening dans celui de sa conscience, pardon, de son ex-femme.

Passionnant, donc. Ne manquerait plus qu’un peu de folie pour bousculer ce film qui a le mérite de donner corps à une période très trouble de l’histoire américaine, mais qui aurait mériter un cinéaste au style moins lisse que celui de Winkler. Un Scorsese par exemple, qui fait une apparition clin d’œil en pote de De Niro.

On sent d’ailleurs que Winkler lorgne par moments sur le style de Scorsese, lorsqu’il fait glisser sa caméra d’une table à une autre dans un restaurant bondé, dans une scène qui évoque fugacement (et sans la même intensité) Les Affranchis.

La Liste noire remplit en tout cas son cahier des charges, dénonçant les dérives et la cruauté aveugle du maccarthysme, et signant le portrait d’un homme à la croisée des chemins, tiraillé entre sa bonne conscience (son ex-femme et son fils) et son tentateur (le tout puissant Daryl Zanuck). Passionnant, donc.

Ceux qui veulent ma mort (Those who wish me dead) – de Taylor Sheridan – 2021

Posté : 20 avril, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), SHERIDAN Taylor | Pas de commentaires »

Ceux qui veulent ma mort

Acteur (un peu), scénariste (Sicario), créateur de séries à succès (Yellowstone)… et réalisateur doué. Taylor Sheridan est à l’aise partout. Mais quoi qu’il fasse, il a un univers bien à lui, une manière de renouer avec le film de genre à l’ancienne, avec un amour immodéré des grands espaces.

Wind River, qu’il a réalisé quatre ans plus tôt, résumait parfaitement le style Sheridan, s’imposant comme le digne héritier des grandes réussites des années 90, Le Silence des Agneaux et Danse Avec Les Loups en tête. Avec Ceux qui veulent ma mort, il reprend grosso modo les mêmes recettes, en inversant la donne : après l’homme pur confronté à la violence dans un paysage glacé, voici la femme pure confrontée à la violence dans un paysage brûlant.

Et quitte à inverser les choses, autant y aller à fond. Comme brûlant, difficile de faire plus fort qu’un giga-incendie. Comme héroïne, là aussi, Sheridan y va à fond : les femmes sont peu nombreuses dans son film, mais c’est elles qui ont la force, les hommes étant relégués aux rangs de faire-valoir, d’observateurs patauds, de victimes ou de monstres.

Sheridan n’avance pas avec une délicatesse extrême, certes, et les premières scènes père-fils sonnent franchement faux. Mais cette histoire de femme du feu protégeant un gamin des terribles tueurs qui le traquent est d’une efficacité assez imparable, filmée avec une concision et un rythme parfaits. Et Angelina Jolie est très convaincante dans le rôle de cette femme forte et hantée.

L’Enigmatique Monsieur D. (Foreign Intrigue) – de Sheldon Reynolds – 1956

Posté : 19 avril, 2024 @ 8:00 dans * Espionnage, * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, REYNOLDS Sheldon | Pas de commentaires »

L'Enigmatique monsieur D

Curieux film que ce Foreign Intrigue, que Mitchum tourne alors qu’il est au sommet de sa gloire, après La Nuit du Chasseur et avant Dieu seul le sait. Curieux, parce que c’est une curiosité passée jusqu’à présent totalement sous mes radars. Curieux aussi parce que le film est tourné en Europe. Parce qu’il se situe à la croisée du film noir et du film d’espionnage tendance paranoïa. Curieux enfin parce qu’il est le prolongement d’une série télé.

Foreign Intrigue : c’est aussi le titre de cette série créée par Sheldon Reynolds, et qui n’a jamais été diffusée en France. Mais aux Etats-Unis, elle a visiblement remporté un franc succès. Assez en tout cas pour permettre à Reynolds, crédité comme producteur, scénariste et réalisateur, de mener à bien ce projet, sans les acteurs de la série, mais avec une méga star à leur place.

Bon… côté casting, on a un peu l’impression que Mitchum a empoché tout le magot. Impérial, il est l’un des rares à s’imposer vraiment, face à des acteurs de plusieurs nationalités (dont Ingrid Thulin, la future interprète de Bergman dans Les Fraises sauvages) qui n’ont au fond qu’un point commun : celui de donner le sentiment de ne pas être dans leur élément. Ce casting bancal n’aide pas, il faut bien l’admettre.

Bancal, le film l’est clairement, Reynolds se montrant tantôt piètre metteur en scène (la scène d’ouverture, muette, sonne particulièrement faux jusqu’à l’arrivée de Mitchum), tantôt inspiré (une fuite dans les ruelles obscures de Vienne). Là, dans ses meilleurs moments, le film s’inscrit dans la lignée du Troisième Homme, classique vers lequel Reynolds lorgne ostensiblement.

L’intrigue lui est postérieure de dix ans, mais la manière de filmer cette Europe de l’après-guerre (et pas seulement Vienne) rappelle l’atmosphère du chef d’œuvre de Carol Reed. Certes avec une réussite plus nuancée, mais avec une vision assez passionnante. Et avec la couleur.

Cette enquête mystérieuse à travers l’Europe, sur les traces d’un faux millionnaire mort en emportant ses secrets, culmine dans une dernière séquence qui réunit toutes les qualités et les défauts du film : un rendez-vous plein de suspense dans une ruelle sombre, une scène bizarre et fascinante, improbable et enthousiasmante.

Que la bête meure – de Claude Chabrol – 1969

Posté : 18 avril, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, CHABROL Claude | Pas de commentaires »

Que la bête meure

1969, très, très grande année pour Claude Chabrol, qui tourne en quelques mois La Femme infidèle, Le Boucher et Que la bête meure. Soit trois de ses meilleurs films, avec lesquels il trouve ce qui resteront jusqu’au bout ses thèmes de prédilection : plus que la peinture acerbe d’une bourgeoisie décadente, la psyché d’hommes et de femmes rongés par la culpabilité, ou par leurs secrets les plus inavouables.

Dans Que la bête meure, Chabrol adopte une mise en scène aussi glaciale que son personnage principal, joué par Michel Duchaussoy : un homme en quête de vengeance, qui retrouve après de longues recherches l’homme qui a tué son fils en le renversant en voiture et en prenant la fuite. Le film est le récit de cette vengeance qu’il raconte (en voix off) dans un petit carnet pas si anodin. Mais la froide détermination du père se heurte bientôt à des sentiments tout à fait humain.

L’amour, d’abord, pour une jeune femme (Caroline Cellier) qu’il ne séduit dans un premier temps que pour approcher le monstre. Et la haine, débordante et viscérale, pour le coupable, joué par Jean Yanne : un monstre authentique, qui malmène son propre fils et humilie sa femme dans une scène d’une cruauté redoutable.

Faire de Yanne un personnage à ce point antipathique peut sembler une facilité : la vengeance du père n’en serait que plus légitime et mieux acceptée. Pourtant, ce choix rend la situation morale plus passionnante encore. Justement parce que la sympathie n’entre pas en ligne de compte, le dilemme ne repose que sur l’essentiel : la justification de l’acte de tuer.

La force du film repose sur le parti-pris de Chabrol d’adopter la posture du père : cette froideur qui correspond à son refus de parler de son fils au passé, cette distance mise à mal par des bribes d’humanité, par l’émotion qui jaillit de la bouleversante fragilité de Caroline Cellier, ou du comportement abject de Jean Yanne. Un chabrol radical, et très puissant.

La Princesse errante (Ruten no ōhi) – de Kinuyo Tanaka – 1960

Posté : 17 avril, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, TANAKA Kinuyo | Pas de commentaires »

La Princesse errante

Pour son quatrième film derrière la caméra, cinq ans après Maternité éternelle, Kinuyo Tanaka change de registre. Et gagne ses galons de réalisatrice de gros budget, avec son premier film en couleurs et en cinemascope, et avec l’une des grandes stars de l’époque, Machiko Kyo.

Mieux encore : c’est elle, Kinuyo Tanaka, qui décide d’adapter l’autobiographie de Hiro Saga, Japonaise au destin extraordinaire, qui lui donne l’occasion de signer un film dans la lignée de Guerre et Paix, ou du Docteur Jivago (que David Lean adaptera cinq ans plus tard). Hiro Saga, jeune femme aspirant à une vie d’artiste, ballottée par les remous d’une histoire pleine de violences.

Le film commence par une mort, en 1957. Le visage éploré de l’héroïne penché sur… Vingt ans plus tôt, elle n’est qu’une jeune étudiante artiste, lorsqu’elle est choisie (sur photo) pour épouser le frère de l’empereur de Mandchourie, pour consolider les liens fragiles entre le Japon et la Chine. Contre toute attente, le mariage est heureux, emprunt d’une étonnante simplicité. Une fillette naît de ce mariage. Mais la guerre éclate, les rapports entre Chine et Japon se tendent, et l’armée soviétique menace…

On le sait depuis son premier film, le cinéma de Kinuyo Tanaka n’est pas joyeux, joyeux. Ici, il flirte avec la pure tragédie, avec une ampleur et un lyrisme que la réalisatrice maîtrise admirablement. En soulignant constamment la beauté et la pureté de la nature qui sert de cadre aux drames et aux tueries, Tanaka annonce même la force de cinéastes comme Michael Cimino, ou Terrence Malick. Avec une modernité assez sidérante.

Son film, magnifique, est un pamphlet contre l’absurdité de la guerre, qui sépare des familles qui ne demandaient rien d’autre qu’une vie paisible, et le portrait sensible et plein d’intensité d’une jeune femme complexe et débordant d’amour. Dit comme ça, ça peut paraître naïf. Ça ne l’est jamais : le regard de la cinéaste est constamment juste, et précis, usant du chapitrage et de la voix off pour rythmer le récit, pour souligner l’accumulation des épreuves et la résilience.

Quatrième film, quatrième merveille… Kinuyo Tanaka, en plus d’être une grande actrice au sommet de son art (elle vient alors de retrouver Ozu pour Fleurs d’equinoxe), fait décidément partie des cinéastes les plus enthousiasmants de cet âge d’or du cinéma japonais.

L’Homme qui aimait les femmes – de François Truffaut – 1977

Posté : 16 avril, 2024 @ 8:00 dans 1970-1979, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

L'Homme qui aimait les femmes

Truffaut a souvent mis beaucoup de lui dans ses films. Le titre de celui-ci ne laisse guère planer de doute. L’Homme qui aimait les femmes lui est très personnel pour au moins deux aspects : d’abord pour la passion qu’a le personnage principal joué par Charles Denner pour toutes les femmes, puis pour la forme littéraire que prend le récit.

Littéraire et amer, le film commençant par l’enterrement du héros, sur la tombe duquel défilent, on le devine, toutes celles qu’il a aimées. Et qui l’ont aimé ? Pas si sûr, et cette image infuse sur tout le film : les visages impassibles, voire froids, de la plupart des femmes, qui semblent accueillir avec beaucoup de recul cette disparition.

L’amour, devant la caméra de Truffaut et dans l’interprétation de Denner, est une affaire à la fois sérieuse, pure… et obsessionnelle. Douloureuse, aussi. Parce que cet homme qui pourrait être un Don Juan de bas étage, un dragueur compulsif, ou un collectionneur un peu malsain, est en fait un amoureux de l’amour autant qu’un amoureux des femmes, un homme pour qui cette relation si belle ne peut être abîmée par l’habitude, la lassitude, ou un quelconque retour en arrière.

Et il est tout sauf léger, cet homme pour qui l’amour des femmes est une affaire si sérieuse qu’il voudrait toutes les séduire. Et qui est tellement obsessionnel qu’il se coupe de la vie, d’une partie de la société, et même de toute possibilité de vivre une histoire d’amour au long cours. La scène où, au restaurant, il réalise que la toute jeune Nathalie Baye n’est pas la femme qu’il recherchait, est ainsi aussi cruelle qu’étonnamment triste.

S’il fallait rapprocher ce personnage d’une autre figure du cinéma truffaldien, ce serait de l’homme obsédé par le rapport à ses morts que Truffaut lui-même jouera dans La Chambre Verte, film plus ouvertement austère que L’Homme qui aimait les femmes. Tournés à la suite, ces deux films forment sans doute un diptyque personnel qui pourrait presque passer pour testamentaire…

Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) – de Sidney Lanfield – 1939

Posté : 15 avril, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, LANFIELD Sidney, POLARS/NOIRS, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Le Chien des Baskerville 1939

Combien d’acteurs, depuis l’invention du cinéma, ont interprété Sherlock Holmes ? Rien que sur ce blog, on peut en retrouver une dizaine. Et ce n’est qu’une toute petite partie de la très abondante filmographie qui fait du détective imaginé par Conan Doyle l’un des personnages les plus prolifiques du 7e art (avec Dracula ?).

Tiens… Même question sur la plus célèbre de ses enquêtes : combien de fois Le Chien des Baskerville a-t-il été adapté ? Au moins huit au cinéma d’après wikipédia (c’est qu’on investigue sur ce blog), deux fois plus à la télévision. La plus célèbre est sans doute la version Hammer de 1959, avec Peter Cushing et Christopher Lee. Mais celle tournée vingt ans plus tôt est elle aussi très recommandable.

Cette version de 1939 est aussi la seule américaine, et le premier film à réunir le tandem formé par Basil Rathbone et Nigel Bruce, qui se retrouveront à quatorze reprises pour une série de films jusqu’en 1946. Rathbone qui, au risque de ne vraiment pas être original, reste le meilleur Holmes, en tout cas le plus conforme à l’image que l’on s’en fait… à moins que ce soit ses films et sa prestation qui aient infusé sur la vision du lecteur…

Ce n’est pas le cas de Nigel Bruce, que je continue à trouver profondément réjouissant dans le rôle de Watson, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec le personnage tel qu’il a été imaginé par Conan Doyle. Bruce en fait un type attachant et courageux, mais un peu idiot et ridicule, beaucoup moins proche du Watson original que… de la plupart des rôles de Bruce.

Ce premier film du tandem est en tout cas une belle réussite, bien plus ambitieuse que la réputation de séries B fauchées et tournées à la va-vite que véhicule la longue série. Sans être une immense production, il y a en tout cas une vraie volonté de plonger le spectateur dans une atmosphère angoissante et mystérieuse, particulièrement convaincante.

Le rythme est impeccable, les décors très réussis, en particulier cette lande plongée dans la brume (toujours pratique pour limiter un budget, mais toujours très cinégénique), où se situe le cœur de l’action, et où se déroulent les séquences les plus mémorables. Le film a été un gros succès. Coup d’envoi d’une série qui devait prendre une direction inattendue. Mais ça, c’est une autre histoire…

 

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