La tentatrice (The Temptress) – de Fred Niblo – 1926
Elle n’a pas mauvais fond, Elena, cette femme trop belle qui n’attire qu’amour et convoitise. Mais voilà, elle a le don de semer le malheur autour d’elle, à trop plaire aux hommes. Le visage grave et les yeux tristes de Greta Garbo montrent bien qu’elle en a conscience : sa vie est placée sous le signe de la tragédie, inévitablement.
Un rôle taillé sur mesure pour la Garbo, donc, que cette « tentatrice » que l’on découvre en femme du monde à Paris, qu’elle devra fuir pour échapper à un scandale (lié à un homme, bien sûr), direction l’Argentine.
Fred Niblo signe un film ample, inégal, et dense. Première partie, donc, dans le « beau monde » dont le réalisateur souligne le cynisme et la mesquinerie. Sans doute Elena est-elle coupable de plaire. Mais que dire de son mari, si affable, qui ne s’offusque de ses infidélités que quand le scandale touche son nom…
Une scène, surtout, illustre joliment ce monde : celle du repas, filmé en grande partie sous la table où la caméra dévoile les jeux de jambes, de pieds et de mains, cachés des regards.
Mais l’essentiel de l’action se déroule en Argentine, où Elena et son mari ont fui le scandale, et où elle retrouve celui qu’elle aime vraiment, ingénieur chargé de construire un barrage.
Cette partie est à la fois pleine de charme, avec de solides seconds rôles (Lionel Barrymore est de la partie) et quelques passages folkloriques plutôt réussis, et un peu plus caricaturale. La faute surtout à un grand méchant peu crédible que Niblo introduit avec un jeu d’ombre grandiloquent. Bel affrontement, tout de même, à coup de fouets rageurs.
Ca commence par un bal masqué, ça continue dans une soirée mondaine, puis dans la pampa argentine, pour un climax digne d’un film catastrophe avec un attentat contre un barrage… Fred Niblo n’évite pas quelques passages un peu creux. Mais il y a une générosité bien séduisante dans ce film.