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Archive pour la catégorie 'DE BROCA Philippe'

Le Bossu – de Philippe de Broca – 1997

Posté : 30 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, DE BROCA Philippe | Pas de commentaires »

Le Bossu

Dans les années 1990, on n’attendait plus grand-chose de De Broca, dont la grâce de l’époque de Cartouche ou L’Homme de Rio semblait irrémédiablement appartenir au passé. Et puis est arrivée cette nouvelle version du Bossu, et avec elle un cinéma d’aventure au souffle épique et généreux, d’une grande efficacité.

Beaux paysages, combats à l’épée dynamiques et inventifs, personnages hauts en couleurs… Ce Bossu-là réussit la prouesse, plus encore que La Fille de D’Artagnan de Tavernier, de trouver un rythme et un ton bien dans l’air du temps, sans moderniser le propos à l’excès.

Le roman de Paul Féval (déjà porté à l’écran par André Hunnebelle, dans une version ringardisée par celle-ci) est donc respecté. Lagardère, aventurier errant que prend sous son aile le duc de Nevers, disparaît avec la fillette de ce dernier après que le duc a été tué par les hommes de Gonzague, intriguant qui convoitait ses propriétés. Des années plus tard, Lagardère réapparaît, décidé à accomplir sa vengeance.

« Si tu ne viens pas à Lagardère, Largardère ira à toi ! » Elle a de la gueule cette réplique, dans la bouche d’un Daniel Auteuil formidable en héros d’aventure digne des plus grandes incarnations du genre. Le film repose en partie sur son dynamisme, sur sa faconde, sur son aisance dans les combats comme dans les joutes verbales, ou sur sa crédibilité en « bossu » difforme.

Le casting est absolument parfait : Marie Gillain en fillette devenue grande et troublante (y aurait à redire côté morale), Fabrice Luchini en traître formidablement odieux (et tout en sobriété), Vincent Pérez en virevoltant duc de Nevers, ou encore Philippe Noiret, irrésistiblement fat dans une nouvelle incarnation de Philippe d’Orléans (vingt ans après Que la fête commence). Un pur plaisir.

L’Incorrigible – de Philippe De Broca – 1975

Posté : 16 novembre, 2021 @ 8:00 dans 1970-1979, DE BROCA Philippe | Pas de commentaires »

L'Incorrigible

L’année précédente, Belmondo connaissait une déception commerciale qui devait marquer un tournant dans sa carrière : celle de Stavisky, d’Alain Resnais. C’est peut-être avec L’Incorrigible que la star prend définitivement le pas sur l’acteur passionnant des débuts. Il aura encore de beaux rôles, il restera un acteur intéressant. Mais Bébel s’impose pour de bon cette fois, et c’est un véritable festival d’un acteur qui s’auto-caricature avec gourmandise.

Ce pourrait être réjouissant. Après tout, De Broca est derrière la caméra, et la collaboration des deux a toujours fait des étincelles jusqu’alors, de Cartouche au Magnifique en passant par Les Tribulations d’un Chinois en Chine et, surtout, L’Homme de Rio. Mais c’est surtout fatiguant. Belmondo est tellement bondissant, tellement plein de vie, tellement bourré d’une énergie qui semble sans fond, qu’il en perd toute consistance.

On a donc droit à : Belmondo en aristocrate, Belmondo en amoureux des fleurs, Belmondo en chauffeur de taxi, Belmondo en séducteur mondain, Belmondo en militaire, Belmondo en attardé mental… Escroc « incorrigible », il passe d’un personnage à l’autre pour mieux tromper son monde, et tout le film est basé sur le cabotinage totalement décomplexé de la star. On sent bien qu’il est le vrai patron, mais aussi le vrai sujet du film.

Et c’est bien dommage, parce qu’il y avait là un vrai sujet : cette soif absolue de liberté que poursuit cet escroc tout juste sorti de prison, incapable de se plier aux normes imposées par la société, préférant se replier sur des amis aussi asociaux que lui. Il y a bien une romance, avec la charmante Geneviève Bujold. Mais c’est avant tout un film de mecs, Bébel s’entourant de ses potes les plus fidèles, de Charles Gérard à Michel Beaune.

Par bribes, quand même, on devine ce que le film aurait pu donner si le producteur-star n’étouffait pas le projet de sa présence : un décalage, une certaine poésie qui apparaisse ponctuellement, notamment avec le personnage du « tonton » joué par Julien Guiomar, qui aboutit à une très jolie dernière scène, autour du Mont-Saint-Michel. Là, De Broca trouve le ton décalé, tendre et amusé dont le film manque par ailleurs cruellement.

Les Tribulations d’un Chinois en Chine – de Philippe De Broca – 1965

Posté : 1 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, DE BROCA Philippe | Pas de commentaires »

Les Tribulations d'un Chinois en Chine

Je n’ai pas relu Les Tribulations d’un Chinois en Chine depuis quelques décennies, mais il me semble bien que De Broca n’a gardé du roman de Jules Verne qu’une vague trame, un prétexte pour signer un prolongement à peine dissimulé de L’Homme de Rio, son précédent triomphe. Cette fois encore, c’est surtout du côté des aventures de Tintin, voire du burlesque américain, qu’il trouve son inspiration.

Revoilà donc Belmondo, qui ne trouvait encore des rôles à ce point physiques que chez De Broca, toujours aussi bondissant, lancé dans des aventures toujours aussi improbables. Il incarne un milliardaire qui s’ennuie à mourir, au point justement d’engager des tueurs pour le débarrasser du poids de la vie, avant de trouver l’amour (on le comprend, c’est Ursula Andress). Mais tout ça n’a strictement aucun intérêt.

L’Homme de Rio était plutôt bien construit, avec un enjeu dramatique et une vraie histoire bien chiadée. Cette fois, De Broca revendique un regard rigolard. Tout ce qui compte, c’est le rythme, l’humour, les rebondissements, les cascades, les plus improbables et si possibles dans les décors les plus exotiques. À pied, en bateau, en avion, en ballon… Les modes de transport se suivent, les paysages changent, et les références à Tintin se multiplient.

L’effet de surprise est un émoussé, mais le plaisir reste grand, devant un spectacle qui ne se prend jamais au sérieux.

L’Homme de Rio – de Philippe De Broca – 1964

Posté : 14 mai, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, DE BROCA Philippe | Pas de commentaires »

L'Homme de Rio

L’une des inspirations de Lucas et Spielberg pour Indiana Jones… La meilleure adaptation des aventures de Tintin… Le plus grand film d’aventures du cinéma français… L’Homme de Rio, c’est tout ça à la fois : un pur de plaisir de cinéma qu’il faut apprécier comme une sucrerie, généreuse et décomplexée.

L’histoire est simple : un jeune militaire profite d’une permission pour aller voir sa fiancée. Après avoir assisté à son enlèvement, il poursuit les kidnappeurs jusqu’au bout du monde… à Rio, où il arrive sans autre bagage que sa volonté et son dynamisme. Simple, et entièrement tournée vers l’action, la vitesse, l’humour.

Et quel rythme! Dès sa descente du train, au tout début du film, Belmondo semble ne plus s’arrêter de courir. Il roule, vole, bondit, s’accroche, nage… et surtout il court, il court, il court. Il faut essayer de se remettre dans l’époque : Belmondo avait certes déjà tourné Cartouche (déjà de Philippe De Broca), deux ans plus tôt. Mais il était alors un acteur plutôt cérébral, petit chéri de la Nouvelle Vague. C’est dans ce film qu’il devient, vraiment, un acteur physique.

A le voir si dynamique, si plein de vie, si évidemment physique, on se demande bien pourquoi De Broca a été le seul à lui proposer de tels rôles, ces années-là. Le réalisateur donne un rythme extraordinaire, quasiment sans pause. Mais le film n’aurait pas été aussi réussi sans Belmondo, sans cette manière de déclamer ses répliques en en faisant un peu trop, mais toujours avec naturel, sans son dynamisme surtout.

Et puis surtout, sans le couple qu’il forme avec Françoise Dorléac, brûlante, insupportable et irrésistible : la plus grande et la plus charmante casse-couilles du cinéma français, incontestablement. Elle est à baffer, et on a envie de l’embrasser. On se sent donc tellement proche du personnage de Belmondo…

Film généreux et réjouissant, L’Homme de Rio est donc, aussi, la meilleure adaptation de Tintin (avec Le Mystère de la chambre jaune de Podalydès peut-être). Comme dans Les Tribulations d’un Chinois en Chine, sa collaboration suivante avec Belmondo, De Broca construit son film comme une série de références plus ou moins évidentes à l’univers d’Hergé, rythme et esprit compris.

Dès le cambriolage dans le musée, qui ouvre le film (et que citera en retour le dessin animé Tintin et le lac aux requins), les références sont omniprésentes, de la statuette de L’Oreille cassée à la momie aztèque des 7 boules de cristal. Belmondo s’accrochant à la façade d’un immeuble rappelle Tintin en Amérique ; le même qui manque de se faire croquer par un alligator renvoie à Tintin au Congo ; la capote de la voiture s’envole comme dans L’Or noir ; trois parchemins superposés révèlent un message caché comme dans Le Secret de la Licorne… Jusqu’aux Indiens d’Amazonie expulsés de leur forêt qui évoquent ceux de Tintin en Amérique

On pourrait continuer longtemps la liste des clins d’œil. Un petit jeu des ressemblances qui contribue au plaisir, immense, qu’on prend à revoir et revoir ce film qui n’a rien perdu de son incroyable rythme.

Cartouche – de Philippe De Broca – 1962

Posté : 6 février, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, DE BROCA Philippe | Pas de commentaires »

Cartouche

« Amuse-toi, ça empêche de mourir. » Cette belle phrase, écrite par Charles Spaak et dite par une Claudia Cardinale d’une beauté spectaculaire, résume mieux que tout l’esprit qui règne sur ce sommet du film de cape et d’épée made in France. De la légèreté, oui, mais pour mieux dissimuler une vraie gravité, à l’image des grands films hollywoodiens du genre. Quinze ans après les grands classiques américains, De Broca marche dans les bottes d’un George Sidney. Avec un vrai brio.

La farce a bien pris un méchant coup de vieux : toute la partie « militaire » du film est dominée par un humour un peu lourdingue, à l’image du sergent recruteur interprété par un Noël Roquevert dans son éternel numéro de vieille baderne ridicule, tellement usé qu’il finit par lasser un brin. Mais quand De Broca se concentre sur l’action, sur les duels, et sur le suspense, là son film n’a plus rien à envier à Hollywood.

Dans le genre, a-t-on fait mieux en France que Cartouche ? Pas sûr. En tout cas, et malgré quelques seconds rôles un peu caricaturaux (Marcel Dalio force nettement le trait), le film est une belle réussite, qui inaugure la longue collaboration entre De Broca et Belmondo, qui donnera lieu à quelques-uns des meilleures films populaires des années à venir. Un Belmondo qui, d’enfant chéri de la Nouvelle Vague, révèle sa nature hyper-physique avec ce rôle de voleur qui devient le roi de la Cour des Miracles.

Le personnage, et le ton du film, doivent beaucoup à cette nature conquérante et exubérante que Belmondo exploitera jusqu’au bout, quitte au fil des années à devenir la caricature de lui-même. Il n’en est pas là. A pas encore 30 ans, pas encore cantonné systématiquement dans le même personnage, il alterne avec un bonheur rare la légèreté et la gravité, et donne corps à un personnage de gamin dont la flamboyance dissimule le mal-être.

Quant à Claudia Cardinale (ai-je déjà souligné sa beauté spectaculaire ?), superbe sauvageonne qui dévore la vie à pleine dent, elle se transforme peu à peu en héroïne tragique bouleversante. A eux deux, à leur jeunesse explosive, à la profondeur qu’ils apportent à leurs personnages, le film doit beaucoup de sa réussite.

 

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