Le Bossu – de Philippe de Broca – 1997
Dans les années 1990, on n’attendait plus grand-chose de De Broca, dont la grâce de l’époque de Cartouche ou L’Homme de Rio semblait irrémédiablement appartenir au passé. Et puis est arrivée cette nouvelle version du Bossu, et avec elle un cinéma d’aventure au souffle épique et généreux, d’une grande efficacité.
Beaux paysages, combats à l’épée dynamiques et inventifs, personnages hauts en couleurs… Ce Bossu-là réussit la prouesse, plus encore que La Fille de D’Artagnan de Tavernier, de trouver un rythme et un ton bien dans l’air du temps, sans moderniser le propos à l’excès.
Le roman de Paul Féval (déjà porté à l’écran par André Hunnebelle, dans une version ringardisée par celle-ci) est donc respecté. Lagardère, aventurier errant que prend sous son aile le duc de Nevers, disparaît avec la fillette de ce dernier après que le duc a été tué par les hommes de Gonzague, intriguant qui convoitait ses propriétés. Des années plus tard, Lagardère réapparaît, décidé à accomplir sa vengeance.
« Si tu ne viens pas à Lagardère, Largardère ira à toi ! » Elle a de la gueule cette réplique, dans la bouche d’un Daniel Auteuil formidable en héros d’aventure digne des plus grandes incarnations du genre. Le film repose en partie sur son dynamisme, sur sa faconde, sur son aisance dans les combats comme dans les joutes verbales, ou sur sa crédibilité en « bossu » difforme.
Le casting est absolument parfait : Marie Gillain en fillette devenue grande et troublante (y aurait à redire côté morale), Fabrice Luchini en traître formidablement odieux (et tout en sobriété), Vincent Pérez en virevoltant duc de Nevers, ou encore Philippe Noiret, irrésistiblement fat dans une nouvelle incarnation de Philippe d’Orléans (vingt ans après Que la fête commence). Un pur plaisir.