Vive le sport ! (The Freshman) – de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor (1925)
Le génie de Harold Lloyd trouve une sorte d’apogée dans ce chef d’œuvre burlesque, entièrement basé sur ce qui fait son personnage : un mélange de naïveté désarmante et de volonté absolue, avec un charme et une maladresse irrésistible…
Cette fois, c’est en jeune étudiant qu’on le retrouve. Un étudiant un peu coupé du monde, qui passe tout son été à voir et revoir au cinéma un film racontant les aventures d’un élève très populaire. Mais quand il fait son entrée à la fac, adoptant les tics, les habitudes et la dégaine de son héros, il est bien le seul à ne pas comprendre qu’il y a un monde entre le cinéma et la réalité…
De ce décalage naissent quelques gags à mourir de rire, mais toujours teintés d’une certaine amertume : le personnage d’Harold fait constamment rire à ses dépens. Mais le bonhomme a un caractère bien trempé, une niaque à toute épreuve, qui le poussent à accepter le rôle de sac d’entraînement humain pour ses camarades de l’équipe de foot américain. Ridicule ? Pas tant que ça : car le personnage d’Harold Lloyd, au final, c’est aussi le triomphe de la volonté et de l’honnêteté intellectuelle.
Du quiproquos initial sur la scène de la fac (où Harold se débat avec un chat, avec une salle comble et avec les effets de la pesanteur dans le même temps) au match héroïque qui clôt le film, The Freshman est une succession de moments mémorables, où le rire et l’émotion sont souvent liés. Le meilleur ? La scène du bal, entièrement basée sur une idée unique et géniale : le costume d’Harold que le tailleur n’a pas eu le temps de consolider, ce dernier suivant constamment l’étudiant pour réparer ses habits en cas de nécessité. Une idée dont Lloyd tire une suite ininterrompue de gags formidables. Une merveille…