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Archive pour la catégorie 'SCHRADER Paul'

Affliction (id.) – de Paul Schrader – 1997

Posté : 26 novembre, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SCHRADER Paul | Pas de commentaires »

Affliction

Une région montagneuse de l’Amérique profonde, une petite ville recouverte par la neige, un homme pourchassé par ses démons, qui se débat entre un job pourri, un divorce difficile, une fille dont il sent qu’elle lui échappe, et un vieux père violent… Bienvenue dans l’univers de Russel Banks, grand auteur pas joyeux-joyeux, dont les romans marquent par leur atmosphère pesante et tragique, et par l’épaisseur de personnages qui se débattent.

En adaptant Affliction, Paul Schrader relève un vrai défi : porter à l’écran cet univers oppressant et désespéré, sans étouffer pour autant ni le récit, ni le spectateur. Il y réussit plutôt bien, en adoptant quasi-exclusivement le regard de Wade, père et fils en déroute, à qui Nick Nolte apporte une intensité impressionnante : un chien battu à qui il arrive de grogner, mais qui n’a pas encore mordu, comme il le dit lui-même. Pas encore.

Quand un accident de chasse se produit, Wade se persuade qu’il s’agit d’autre chose que d’un accident. Mais déjà, on le sent, il perd pied. On le sent près à exploser d’une minute à l’autre, et c’est là la plus grande réussite du film : la manière dont Schrader rend perceptible la tension qui ne cesse d’augmenter dans le crâne de Wade, qui se raccroche à ce qu’il peut tandis que son univers part en vrille autour de lui : une relation sans avenir avec une femme qui a le malheur de l’aimer (Sissy Spacek, touchante), un rôle de père qui n’est plus qu’une chimère, un frère qu’il ne voit jamais mais dont il se rêve proche (Willem Dafoe, toujours impeccable, mais dans un rôle un peu sacrifié).

Et ce père, joué par James Coburn, violent et castrateur, devenu un vieil homme insensible, toujours odieux. Dans une poignée de plans, Schrader joue habilement sur la ressemblance du père et de son fils, sur ce glissement de plus en plus perceptible de l’enfant battu vers le vieil homme violent. On peut reprocher à Schrader de ne pas avoir retrouvé l’intensité de Banks. On peut aussi saluer la troublante banalité des personnages, et remarquer que, à l’exception d’une conclusion trop explicative, le film est réussi parce qu’il nous place exactement dans la peau de son personnage principal, un homme qui perd le fil et se noie.

La Sentinelle (Dying of the Light) – de Paul Schrader – 2015

Posté : 2 juillet, 2015 @ 4:58 dans 2010-2019, SCHRADER Paul | Pas de commentaires »

La Sentinelle

On l’aime bien au fond, Nicolas Cage. Malgré une filmographie jonchée de nanars franchement honteux (c’est le terme élégant pour « sombres merdes »), on garde un souvenir ému de ses débuts nettement plus ambitieux, de ses collaborations avec les frères Coen (Arizona Junior), tonton Francis (Peggy Sue s’est marié) ou John Woo (Volte/Face). On sait bien que c’est pour rembourser ses créanciers qu’il se laisse aller à tourner quelques unes des pires daubes du moment (Effraction).

Et puis de temps en temps, il y a une perle qui apparaît comme par accident. Ce très beau Joe qui lui a valu tous les éloges par exemple. Dying of the Light aurait pu être de ces perles. Et au regard du reste de sa filmographie récente, il l’est sans conteste. Parce que le film marque ses retrouvailles avec Paul Schrader, le scénariste de A tombeau ouvert de Scorsese (ici à l’écriture et à la réalisation). Et parce que le personnage qu’il interprète rompt radicalement avec les gros bras qu’il enchaîne sans se poser de questions.

Un agent de la CIA hanté par les tortures dont il a été victime alors qu’il était otage d’un groupe islamiste, plus de vingt ans plus tôt : voilà le genre de personnages qui correspond parfaitement à la folie latente de Cage. Et c’est vrai que, dans son obsession de retrouver son ancien geôlier que tout le monde croit mort, l’acteur apporte cette fêlure qui est au cœur de ses meilleures prestations, et qui sème le trouble sur la réalité de sa quête.

Schrader semble tenté d’aller plus loin dans la schizophrénie du personnage, de mettre en doute la perception qu’il a des événements. Mais le traumatisme du héros passe bien vite au second plan, au profit d’une histoire de vengeance certes loin des clichés habituels, mais loin aussi des promesses initiales. Une plongée assez efficace dans le monde de l’espionnage, qui ne fait qu’effleurer la question du terrorisme. Sans jamais s’y frotter.

Rien de honteux, donc : Dying of the Light est même une réussite dans le genre du suspense psychologique. Mais on sens affleurer un grand sujet dont Schrader n’a pas su, ou pas pu, faire le cœur de son film. Ce n’est pas un hasard si le cinéaste et sa star ont tous deux appelé à boycotter le film lors de sa sortie, affirmant en avoir été dépossédé par les producteurs. Un peu sévère, sans doute…

* Le DVD est disponible chez Metropolitan, avec l’habituel making of promotionnel.

 

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