Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'MAMET David'

Homicide (id.) – de David Mamet – 1991

Posté : 13 février, 2012 @ 12:28 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, MAMET David | 2 commentaires »

Homicide

Scénariste et dramaturge respecté, David Mamet est aussi un réalisateur qui mérite d’être redécouvert : avec La Prisonnière espagnole, peut-être son film le plus abouti (formellement en tout cas), mais aussi avec ce Homicide, dont le titre est aussi trompeur que la forme. Ce polar malin, remarqué au festival de Cannes, n’est justement pas le film policier qu’il prétend être. Ce flic qui en est le héros, interprété par l’excellent Joe Mantegna, n’est pas juste un flic intègre qui mène deux fronts deux enquêtes (le meurtre d’une vieille commerçante juive, et la recherche d’un important trafiquant de drogue) : il est avant tout un Juif en quête d’identité.

Juif avant tout ? Pas si sûr, et c’est toute la question que pose Mamet. Car le vrai sujet du film est la recherche de sa véritable nature par cet homme, tiraillé entre ses origines juives et sa mission de policier. C’est la raison pour laquelle il se passionne de plus en plus pour le meurtre de la commerçante, enquête qui n’intéresse personne mais qu’il pressent primordiale pour lui-même.

Ce meurtre en apparence crapuleux est-il le fait d’un groupuscule antisémite ? La famille de la commerçante est-elle au cœur d’un complot qui trouverait ses origines à Israël ? Le flic finit par s’en convaincre, sans doute parce qu’il le veut profondément. Parce qu’il se cherche une vraie famille, plus proche de ce qu’il est que cette police qui est jusqu’à présent toute sa vie.

Homicide est le portrait édifiant de cet homme aimé et admiré de tous, mais dont la quête d’identité révèle peu à peu l’insondable solitude. Est-il flic ? Est-il juif ? Est-il simplement Américain ? A force d’être incapable de choisir, il finit par être rejeté de tous. Lorsqu’il franchit le pas vers ce groupe qui protège en secret les intérêts juifs, c’est pour découvrir qu’il est manipulé comme un ennemi. Lorsqu’il tente de revenir vers son métier, c’est trop tard…

Il y a des faiblesses dans le film, notamment la partie purement policière (la traque du dealer, interprété par un Ving Rhames encore inconnu) reste très anecdotique. Mais sa grande force est d’éviter l’écueil du film communautaire. Homicide n’est ni un film pro-juif, ni le contraire. Mamet y dénonce au contraire l’aveuglement communautaire. En fait, le film se déroule dans la communauté juive new-yorkaise, mais il pourrait sans doute prendre toute autre communauté comme toile de fond (même si l’histoire du peuple juive a une importance).

Ce thème marque surtout dans deux séquences formidables : celle où Mantegna, pour se prouver à lui-même qu’il est un flic avant tout, raconte les pires horreurs sur les juifs sans savoir que la petite fille de la commerçante l’entend ; et celle où, après avoir franchi le pas, Mantegna réalise que ce groupuscule dont il pense pouvoir devenir un membre, comme si c’était sa famille, le manipule d’une manière totalement abjecte.

Evidemment pas un vrai polar. Mais un vrai film noir, qui raconte la descente en enfer d’un homme incapable de faire les bons choix.

La Prisonnière espagnole (The Spanish Prisoner) – de David Mamet – 1997

Posté : 28 août, 2011 @ 9:27 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, MAMET David | Pas de commentaires »

La Prisonnière espagnole (The Spanish Prisoner) - de David Mamet - 1997 dans * Thrillers US (1980-…) la-prisonniere-espagnole

Grand auteur de théâtre (Glengarry ou American Buffalo), grand scénariste (on lui doit Le Verdict de Lumet, Les Incorruptibles ou encore Hannibal), David Mamet est donc également un grand cinéaste. Ces films précédents (Engrenages, surtout), l’avaient déjà laissé pressentir, mais ils étaient avant tout des films de scénariste. Ici, Mamet se révèle un cinéaste accompli, et son film est d’une élégance folle.

Côté scénario, on retrouve son goût pour les faux-semblants, les fausses pistes et les intrigues à tiroirs et à rebondissements. Il va même très loin dans ce thème, puisqu’il lui faut à peu près une minute douze pour créer une atmosphère de doute absolu. Qui dit la vérité ? Qui ment ? A cette dernière question, le spectateur, victime consentante de ce cauchemar éveillé, aurait bien tendance à répondre « tout le monde ». Car très vite, on sent que le mensonge est partout, que les apparences sont plus que jamais trompeuses.

Ça ne facilite pas la tâche du spectateur, qui tente désespérément de relier les fils plus ou moins lâches de cette intrigante intrigue. Mais c’est dans cette complexité, dans cette conscience que l’on a de se faire avoir par le scénariste-réalisateur, que le principal plaisir du film réside. Là et dans l’ambiance feutrée qui baigne sur tout le film, et qui en fait une œuvre unique.

La séquence d’ouverture est éblouissante : en quelques minutes, Mamet présente tous ses personnages, et met en place un climat de défiance et de faux-semblants dans un décor totalement inattendu, celui d’un village de vacances idyllique des Carraïbes. Il introduit aussi la formule secrète et mystérieuse inventée par le héros (Campbell Scott, parfait en monsieur tout le monde dont la vie devient un véritable cauchemar), formule dont on ne saura strictement rien si ce n’est qu’elle tient dans un cahier rouge précieusement gardé dans un coffre. C’est l’exemple-type du « macguffin » cher à Hitchcock : un objet quelconque qui n’a d’autre intérêt que de faire avancer l’intrigue (le plutonium des Enchaînés en est le meilleur exemple).

L’influence d’Hitchcock est d’ailleurs omniprésente dans La Prisonnière espagnole, l’un des plus bel hommage au cinéma hitchcockien. La composition des plans (le tunnel de Central Park par exemple), l’utilisation du fondu-enchaîné, le thème du faux coupable, ou encore la séquence du carrousel (une citation de L’Inconnu du Nord-Express)… Les clins d’œil au maître du suspense sont partout, mais n’étouffent pas le film, comme cela avait été le cas pour une poignée d’hommages hitchcockiens signés Brian De Palma.

Parce que la patte de David Mamet est également évidente, tout comme le plaisir qu’il prend à perdre le spectateur, à l’emmener exactement là où il veut, et à surprendre continuellement… Plaisir communicatif : c’est avec un large sourire que, sadique, on assiste au cauchemar de Campbell Scott, scientifique qui se laisse persuader que son patron (Ben Gazzara) essaye de l’entuber, qui finit par douter de son nouvel ami, un riche homme d’affaires rencontré par hasard (Steve Martin, formidable dans un rôle à contre-emploi), et qui trouve refuge auprès de sa secrétaire, secrètement amoureuse de lui (Rebecca Pidgeon, la femme de David Mamet).

Un bémol, quand même : la fin est franchement bâclée, et laisse un goût d’inachevé sur ce film brillant, élégant et constamment inventif.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr