The Predator (id.) – de Shane Black – 2018
Il y a eu un gros malentendu autour de The Predator, présenté comme une suite directe et tardive du film originel de John McTiernan. Parce que Shane Black était aux manettes, scénariste et réalisateur de ce nouvel opus, censé retrouver l’esprit du premier film après quelques errances. Et parce que ce Shane Black était acteur sur ce film matrice, donc héritier supposé du grand McT. L’idée de voir revenir Schwarzenegger a d’ailleurs été un temps évoquée. Comme une simple apparition clin d’œil, a-t-on appris plus tard…
Mais c’était un peu vite oublier que Shane Black est avant tout le scénariste de L’Arme fatale et de quelques autres films d’actions survitaminés et bourrés d’humour. Et le réalisateur de Iron Man 3. Et The Predator, malgré ses innombrables clins d’œil (parfois très lourdingues) au film de 1987, est bien plus proche d’un croisement entre l’humour de la saga Lethal Weapon et l’action dégoulinant d’effets spéciaux de Marvel qu’une suite directe au premier film.
Ce qui, il faut bien le reconnaître, a une furieuse tendance à doucher froidement les quelques attentes qu’on avait. De là à aller jusqu’à parler de déception, il y a un pas qu’on peut allégrement franchir. The Predator est un spectacle pas désagréable, voire franchement plaisant lors de quelques séquences anodines mais efficaces. Anodines, surtout. D’ailleurs, l’effet que procure « The » Predator est aux antipodes de celui que continue à procurer Predator (tout court) près de quarante ans après.
A la pure frousse que provoquait l’exceptionnelle mise en scène de McTiernan succède un trop plein de tout qui ne provoque rien d’autre qu’un confort de spectateur qu’à vrai dire on n’attendait pas. Si bien que le tardif jeu de massacre apparaît comme une sorte de libération après près d’une heure trente d’une chasse à l’homme et à l’alien qui s’apparente à un jeu vaguement fun. Et cette fausse suite donne surtout une envie (en plus de celle de replonger dans le film originel) : revoir la première suite de 1990, imparfaite mais autrement plus percutante.