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Archive pour la catégorie 'GARFIELD John'

La Belle de Paris (Under my skin) – de Jean Negulesco – 1950

Posté : 6 octobre, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, GARFIELD John, NEGULESCO Jean | Pas de commentaires »

La Belle de Paris

Un jockey américain fuit un passé trouble en Europe, accompagné par son jeune fils. Pas mal de belles choses dans ce film inégal, au scénario parfois bancal. A commencer par la vision qu’il donne du Paris de l’après-guerre, et d’une forme d’insouciance retrouvée : le Paris de la rive gauche surtout, avec ses terrasses bondées, ses clubs sombres et festifs, et ses jeunes hommes aux barbes soigneusement taillées.

Le jockey, c’est John Garfield, ce qu’on a un peu de mal à croire tant sa carrure sied mal au personnage, mais c’est aussi l’une des belles choses du film. Parce qu’il est toujours très bien, Garfield, et qu’il est ici très touchant dans le rôle de ce père paumé qui ne désire rien tant que d’exister, au moins aux yeux de son fils. Negulesco filme joliment la relation entre ce père et ce fils à qui manque un foyer.

Et c’est là qu’arrive la Frenchy du film : Micheline Presle (Prelle, aux génériques de ses quelques films américains), actrice assez juste et vraie, qui défend plutôt très bien un personnage tantôt peu crédible, tantôt passionnant : sa façon surtout d’essayer de se convaincre que les problèmes de Garfield et de son fils ne la concernent pas. Là, en filigrane, c’est le poids d’une Occupation pas si lointaine qui se dégage de ce pseudo désintérêt.

Un personnage très européen… en tout cas pour un film américain : une chanteuse de cabaret, bien sûr, qui interprète, longuement et bien, trois chansons au cours du film. Ces scènes sont d’ailleurs parmi les plus belles, pour la manière dont Negulesco filme le cabaret, la foule qui s’y masse, les personnages qui s’y meuvent et les drames qui s’y nouent.

Les nombreuses scènes dans les hippodromes souffrent de transparences très approximatives, mais elles ne manquent ni de souffle, ni de suspense. La dernière surtout, course tragique qui se transforme en règlement de compte spectaculaire à défaut d’être vraiment crédible. Du beau travail pour un Jean Negulesco très appliqué.

Humoresque (id.) – de Jean Negulesco – 1946

Posté : 23 avril, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, GARFIELD John, NEGULESCO Jean | Pas de commentaires »

Humoresque Negulesco

Prenez la même nouvelle (signée Fannie Hurst), confiez là à deux cinéastes différents, à deux époques différentes, et vous obtiendrez deux films différents. C’est un fait. Misez sur deux grands cinéastes passionnés par leur sujet, et vous aurez des chances d’obtenir deux films également remarquables, en plus d’être différents. CQFD.

Du film de Borzage, qui fut l’une de ses premières réussites personnelles en 1920, celui de Jean Negulesco ne garde que quelques éléments, à commencer par la jeunesse du personnage principal, grand violoniste qui, après un concert annulé, se remémore son parcours. Ce parcours qui a commencé, alors qu’il était enfant, dans un quartier populaire.

Comme chez Borzage, cette partie est superbe : la manière dont Negulesco filme le coup de foudre de son jeune héros pour le violon, cette obsession dès la première rencontre, alors que son père ne pense qu’à lui offrir un vrai jouet, cette obsession qu’encourage une mère aimante mais un rien étouffante, qui rêve de voir l’un de ses enfants devenir musicien professionnel, pour s’élever dans la société plus sans doute que par amour de l’art.

La version Negulesco limite le contraste entre l’instrument et le contexte social de cette famille, dont Borzage faisait un élément central dans son film. Mais l’émotion et la justesse des sentiments sont les mêmes. Dans les deux films, il y a aussi, et surtout, cet amour de la musique, comme un élément majeur de nos vies, comme le meilleur moyen de souligner les sentiments et les émotions. Comme une passion qui dévore tout, aussi.

Devenu adulte, le héros a désormais les traits de John Garfield. Ce qui a de la gueule, et ce qui est une excellente idée pour en faire un personnage prisonnier de ses passions. C’est bien ce qu’il est. Et c’est pour ça qu’on sait d’avance que toute histoire d’amour est vouée à l’échec. La douce Gina (Joan Chandler) s’en rend compte bien vite, tout en se trompant probablement sur l’identité de sa principale rivale.

Car la riche Helen, mécène et alcoolique (deux caractéristiques majeures) qui entretient une liaison avec Garfield, réalise elle-même que la musique est l’unique maîtresse qui compte vraiment pour lui. Celle qui aura toujours le dernier mot. Très grand rôle pour Joan Crawford, femme arrogante et d’abord antipathique, qui croit trouver dans cette histoire d’amour une porte vers une vie plus sincère, moins aliénante. Destin tragique en marche.

John Garfield est remarquable dans le rôle de cet homme entièrement dévoué à son art. Tout le contraire de Crawford : un type sympathique, mais qui traverse la vie sans vraiment réaliser les drames qui l’entourent. Mais il y a la musique pour ça, superbement et longuement filmée. C’est par elle que passent les sentiments le plus souvent. Rarement un film hollywoodien aura su la mettre en scène avec autant de force et d’intelligence.

Le Vaisseau Fantôme (The Sea Wolf) – de Michael Curtiz – 1941

Posté : 12 février, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, CURTIZ Michael, GARFIELD John, LUPINO Ida (actrice) | Pas de commentaires »

Le Vaisseau fantôme

Un film qui s’appelle Le Vaisseau fantôme, dans lequel on croise Edward G. Robinson, Ida Lupino, John Garfield et Barry Fitezgerald, et que réalise Michael Curtiz en plein dans sa période Warner… Franchement, si ça ne vous tente pas, vous n’avez pas grand chose à faire sur ce blog !

Cette adaptation d’un roman de Jack London joue à plein sur l’imagerie liée aux vaisseaux fantômes, même si le film n’a rien de fantastique sur le fond. La forme, elle, emprunte clairement au cinéma d’épouvante, avec l’omniprésence de la brume qui, plus que cacher les choses, semble plutôt enfermer l’action et les personnages dans une sorte d’enfer sur terre.

Ou plutôt sur mer : l’exception de la séquence d’ouverture, brillante introduction du personnage de Garfield, tout le film se déroule à bord du « Ghost », ce bateau présenté comme l’enfer sur mer, sur lequel Robinson fait régner une terreur constante, dans des scènes d’une rare cruauté. On retiendra en particulier l’humiliation terrible du médecin alcoolique, joué par l’excellent Gene Lockhart.

Huis-clos étouffant, brillant film de genre, The Sea Wolf hésite un peu sur le point de vue à adopter, passant de l’un à l’autre de ses quatre personnages principaux. Cette multitude de points de vue donne un ton particulier au film. Après un semblant de flottement, ce choix renforce le côté incertain de l’aventure, et le suspense qui entoure le destin de tous ces personnages.

La force du film, c’est aussi ses acteurs. Garfield est l’incarnation parfaite de l’homme blessé. Ida Lupino est superbe, maquillage impeccable même après s’être pris des trombes d’eau dans la gueule. Robinson est inquiétant, glaçant et pathétique. Barry Fitzgerald est génial en lèche-cul odieux. Au milieu de cette distribution spectaculaire, Alexander Knox semble un peu en retrait dans le rôle central de Van Weyden. Mais cette discrétion se révèle un atout formidable, qui renforce l’immersion du spectateur sur ce bateau franchement flippant.

Trafic en haute mer (The Breaking Point) – de Michael Curtiz – 1950

Posté : 24 janvier, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, CURTIZ Michael, GARFIELD John | Pas de commentaires »

Trafic en haute mer

Bon sang, ce dernier plan… Ce gamin noir qui reste seul sur le ponton pendant que tous les blancs, personnages principaux, secondaires ou simples figurants, quittent la scène les uns après les autres, et que le mot FIN apparaît…

En une seule image, toute simple et baignée de brumes, Curtiz bouleverser et, en même temps, dit beaucoup sur le sort habituellement réservé aux personnages de couleur à Hollywood. « Black lives matter », pourrait-il clamer. Et il le fait, mine de rien, avec une délicatesse remarquable. Ce dernier plan est une merveille, et mériterait à lui seul de revoir le film.

Cela dit, il y a bien d’autres raisons de voir Breaking Point. On peut le voir pour le comparer avec Le Port de l’angoisse, précédente adaptation du même roman d’Hemingway (To have and have not), et constater que l’apport de Curtiz est nettement plus ancrée dans le quotidien que celle (magnifique) de Hawks).

Ou pour John Garfield, qui trouve là l’un de ses grands rôles d’anti-héros de film noir. Mais un personnage hors du commun, ne serait-ce que parce qu’il est (bien) marié, et que ce mariage est l’un des thèmes majeurs du film : cette manière dont le dur, vétéran décoré, perd ses moyens quand il réalise qu’il n’est pas au niveau de son épouse, merveilleuse Patricia Neal.

Il y a, comme dans tout grand film noir, le poids du destin, qui prend la forme de gestes amples, ou de phrases sibyllines, qui annoncent la perte à venir de Harry. Perte tragique, mais indispensable pour envisager un avenir…

L’Enfer de la corruption (Force of Evil) – d’Abraham Polonsky – 1948

Posté : 11 octobre, 2013 @ 9:31 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, GARFIELD John, POLONSKY Abraham | Pas de commentaires »

L’Enfer de la corruption (Force of Evil) – d’Abraham Polonsky – 1948 dans * Films noirs (1935-1959) lenfer-de-la-corruption

Scénariste de Body and soul, le chef d’œuvre de Robert Rossen, Abraham Polonsky signe là son premier film derrière la caméra. Et il faudra attendre vingt ans avant de voir le suivant, le western Willie Boy : Polonsky a été l’une des principales victimes du MacCarthysme, son nom figurant sur la tristement fameuse liste noire, lui fermant les portes d’Hollywood.

Il continuera toutefois à travailler, collaborant à l’écriture de scénarios sous des noms d’emprunts, ou totalement anonymement. N’empêche : cette carrière avortée de cinéaste (il ne réalisera au total que trois films), à voir la réussite exceptionnelle de Force of Evil, fait partie des plus grands gâchis de l’histoire du cinéma…

Evidemment, avec un tel sujet, une telle manière d’aborder le film noir, la commission « des affaires anti-américaines » ne pouvait pas ne pas s’intéresser à Polonsky. Car Force of Evil assimile ouvertement le capitalisme au gangstérisme. Un business parfaitement organisé, avec ses règles et ses risques, dont la finalité absolue est l’argent et le pouvoir, les questions de morale n’étant que des valeurs ajustables dont on peut très bien se passer.

D’ailleurs, il y a guère de limite entre le bien et le mal dans ce film, évoquant l’univers des paris illégaux, dans un scénario d’une complexité fascinante et enivrante. D’un côté les puissants, de l’autre les petits… mais tous sont dans le même business, tirant leur profit de l’argent que les pauvres préfèrent miser sur des paris, plutôt que d’utiliser pour payer leur assurance. Quant à la police et à la justice, elles ne sont que des maillons d’un système qui dépassent largement les individus.

Au cœur de cet univers de corruption et de cynisme, deux frères : John Garfield, avocat ambitieux qui franchit la ligne rouge sans sourciller ; et son aîné Thomas Gomez, petit patron d’une banque des paris, qui traficote dans son coin et répugne à s’associer à de vrais gangsters. Mais il n’y a pas de frontière bien définie entre ces deux hommes que tout semble opposer, mais que des bribes de sens moral finira par rapprocher. Trop tard.

John Garfield est immense, bloc de cynisme et d’assurance qu’une lueur de doute vient ébranler. Thomas Gomez est tout aussi impressionnant, dans le rôle de sa vie : un type malade qui se raccroche à ses principes tout en n’assumant pas totalement d’être partie prenante du système.

Grand scénariste, grand directeur d’acteurs, Polonsky se révèle aussi un très grand homme d’images. Son langage est totalement cinématographique, à l’image de cette interminable descente de Garfield qui n’en finit plus, quittant son bureau luxueux surplombant la ville pour affronter son propre destin tout en bas, près des égoûts.

Et que dire de cet affrontement au pistolet dans un bureau plongé dans l’obscurité, où toutes les silhouettes se confondent… Ou de l’insoutenable séquence de la trahison dans le restaurant (« what have you done to me ? »)… Force of Evil est un chef d’œuvre total, un film immense, d’une force inégalée.

Le Facteur sonne toujours deux fois (The Postman always rings twice) – de Tay Garnett – 1946

Posté : 2 juillet, 2013 @ 5:14 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, GARFIELD John, GARNETT Tay | Pas de commentaires »

Le Facteur sonne toujours deux fois (The Postman always rings twice) - de Tay Garnett - 1946 dans * Films noirs (1935-1959) le-facteur-sonne-toujours-deux-fois

Un homme sans le sou qui traverse l’Amérique de la grande dépression tombe raide dingue de la jeune épouse de son bienfaiteur. Les deux amants finissent par réaliser que le mari est le seul obstacle à leur bonheur… John Garfield, anti-héros au destin tragique, et Lana Turner, femme fatale par qui le malheur arrive : ces deux-là semblent être les stéréotypes du film noir, dans ce qui reste l’un des modèles du genre.

Sauf que ce n’est pas si simple, ne serait-ce que parce que la Cora de Lana Turner est à 1000 lieues, disons de Barbara Stanwyck dans Assurance sur la mort. Elle n’est pas la manipulatrice froide et cynique que sa première apparition – blonde vénéneuse et allumeuse – laisse deviner. Cora est une pauvre femme qui n’a pas les moyens de ses rêves, et qui est tiraillée entre son amour pour ce bel étranger, et sa volonté de sauvegarder cette vie paisible qu’elle a trouvée avec ce mari trop bon, mais aussi trop vieux (Cecil Kellaway, excellent).

Et puis ce trio fatal au cœur de tant de films noirs disparaît en tout juste une heure. Après ça, c’est un autre film qui commence. Plus inattendu, plus complexe, moins rythmé aussi, hélas. Mais les personnages gagnent en profondeur alors que leurs mesquineries éclatent. Que deviennent les amants de films noirs après que leurs sombres désirs se sont retournés contre eux ?

Cette adaptation (la plus fameuse) de l’œuvre de Cain apporte des réponses qui n’ont rien de romantique. Défiance, haines, tromperies… Toute notion de bien ou de mal vole en éclat. La justice prend toutes les libertés du monde, et la culpabilité n’a rien à voir avec un quelconque altruisme.

John Garfield, immense, est l’incarnation la plus parfaite de ces êtres broyés par le destin, victime très relative. Franck n’est pas le poissard innocent et malchanceux de Détour, autre sommet du genre. Lui marche consciemment vers sa damnation. Dès sa rencontre avec Cora, dans cette scène formidable où il hésite à laisser brûler le panneau « man wanted », il pressent clairement que cette femme lui sera fatale.

C’est ce voyage sans retour, noir et magnifique, que Tay Garnett met en image, avec quelques séquences nocturnes absolument sublimes : les scènes de plage qui exacerbent les sentiments de nos tourtereaux (passionnés, puis suspicieux), ou encore l’extraordinaire séquence du meurtre raté, effrayante et grotesque à la fois.

Swingtime in the movies (id.) – de Crane Wilbur – 1938

Posté : 19 avril, 2012 @ 4:56 dans 1930-1939, BOGART Humphrey, COURTS MÉTRAGES, GARFIELD John, WILBUR Crane | Pas de commentaires »

Swingtime in the movies

Petit court métrage sans grand intérêt, si ce n’est celui de découvrir les coulisses d’un tournage hollywoodien… version parodique tout de même. Tourné à peu de frais dans les décors de la Warner, le film met en scène un réalisateur tyrannique à l’accent étranger fortement marqué, qui mélange régulièrement les mots. Un clin d’œil à peine voilé à Michael Curtiz, resté célèbre pour avoir réclamé des singes (monkeys) à la place de moines (donkeys) sur un tournage.

Un film sur un tournage de film ? Ce n’est ni une première, ni une dernière. Ici, les gags abondent, rarement drôles : l’humour est lourdingue, les acteurs approximatifs, et le scénario à peu près inexistant.

Mais l’avantage de filmer les coulisses d’un grand studio, c’est qu’on peut utiliser tout ce qui passe pat là : la cantine par exemple, où on assiste à un numéro musical sans le moindre intérêt, mais où on croise aussi quelques stars venues se restaurer et qui se retrouvent jouer les figurants. On croise ainsi Priscilla Lane, sa sœur et John Garfield (qui venaient de tourner dans Rêves de jeunesse… de Michael Curtiz), ainsi que George Brent (qui venait de tourner La Bataille de l’Or… de Michael Curtiz), Pat O’Brien et Humphrey Bogart (qui venaient de tourner Les Anges aux figures sales… de Michael Curtiz). Rien que pour ça…

Nid d’espions (The Fallen Sparrow) – de Richard Wallace – 1943

Posté : 19 septembre, 2011 @ 11:26 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, GARFIELD John, O'HARA Maureen, WALLACE Richard | Pas de commentaires »

Nid d'espions

Film noir, film d’espionnage, film de propagande… L’alliance des trois genres était plutôt à la mode dans un Hollywood mobilisé pour l’effort de guerre, et ce film peu connu est typique de la production d’alors. Rien de surprenant, d’ailleurs, dans cette production très sombre qui évoque l’atmosphère de Pris au piège d’Edward Dmytryk ou Le Pigeon d’argile de Richard Fleischer. Mais il y a une différence de taille : ces deux films ont été tournés après la capitulation de l’Allemagne, alors que le film de Wallace est produit en pleine guerre.

Le ton n’en est pas très différent, mais il y a dans Nid d’espions un nationalisme exacerbé bien compréhensible au regard du contexte historique, mais qui peine à convaincre aujourd’hui : le « macguffin » qui fait avancer le suspense, l’objet dont les méchants veulent à tout prix s’emparer quitte à tuer la moitié de la distribution n’est pas une arme nucléaire, pas plus que les plans d’une base secrète, non : c’est (attention SPOILER)… une bannière en lambeaux, témoin d’une bataille sanglante durant la guerre d’Espagne.

Pourquoi pas : voir le héros prêt à payer de sa vie pour protéger un symbole n’est pas une nouveauté. Mais ce sont les motivations des traîtres aux services des nazis qu’on a beaucoup de mal à prendre au sérieux. Et au vu de l’aspect hyper sombre du film, dénué de tout humour, ce décalage n’était pas loin de me laisser sur la touche.

Heureusement, il y a John Garfield, dans un rôle évidemment taillé sur mesure : celui d’un homme torturé, rongé par son passé et dont on se demande s’il est plus proche de la rupture ou de l’explosion… L’action se passe fin 1940. L’Amérique n’est pas encore en guerre, mais McKittrick, notre héros, est de retour chez lui après avoir passé plus de deux ans dans une geôle sinistre pendant la guerre civile d’Espagne. Pendant deux ans, il a été torturé sur l’ordre d’un mystérieux nazi qu’il n’a jamais vu, mais dont il sait simplement qu’il a une jambe qui traîne… Il n’a pu s’évader que grâce à son meilleur ami, dont il apprend qu’il est mort mystérieusement.

Décidé à retrouver le coupable, il découvre bientôt l’existence d’un réseau d’espions nazis implanté en plein cœur de New York, probablement dirigé par son mystérieux tortionnaire boiteux. Bon… Je ne voudrais pas critiquer l’ami Garfield, dont je suis un grand admirateur, mais il a dû abuser du whisky (faut dire, qu’est-ce qu’il boit dans ce film !) pour ne pas voir sous quelle identité se cachait son nazi boiteux (ben oui, c’est pas bien facile à cacher), même si, c’est vrai, il est bien occupé à soupçonner à peu près tous ceux qui l’entourent…

Bref, ce n’est pas du côté du scénario qu’il faut s’attarder : les rebondissements sont tous hyper-téléphonés (comme la révélation finale…). Mais Wallace signe une fort jolie réalisation, qui joue très habilement sur la profondeur de champs, sur des premiers plans un peu flous, et sur une pénombre magnifiquement photographiée. La force du film, aussi, est de ne jamais lâcher John Garfield, dont on découvre à la fois la force et les faiblesses, la détermination et les fantômes qui le hantent, son goût pour l’alcool et ses penchants pour la gent féminine.

Il faut dire qu’il est bien entouré, avec la brune Patricia Morison (en ex à la beauté froide, totalement frivole et inconséquente), la blonde Martha O’Driscoll (gamine à peine sortie de l’enfance), et surtout la rousse Maureen O’Hara, la plus belle actrice du monde (c’est en tout cas mon jugement du jour), beauté classe et mystérieuse, touchante et inquiétante. Le couple qu’elle forme avec Garfield n’est pas le mieux assorti qui soit, mais il y a quelque chose de profondément émouvant à voir cette gueule cassée déclarer son amour à cette femme à la beauté si délicate…

 

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