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Archive pour la catégorie 'DE TOTH Andre'

Pitfall (id.) – d’Andre De Toth – 1948

Posté : 4 mars, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, DE TOTH Andre | Pas de commentaires »

Pitfall

Grand réalisateur un peu oublié de western (il fut un fidèle de Randoph Scott avant Budd Boetticher), Andre De Toth est aussi un grand réalisateur un peu oublié de film noir. Et Pitfall pourrait bien être son chef d’œuvre. Le doute venant du fait que je suis loin d’avoir vu tous ses films, pas de la qualité de ce petit bijou noir, qui prend le contre-pied réjouissant d’à peu près tous les poncifs du genre.

Prenons l’incontournable femme fatale, si classique semble-t-il : Lizabeth Scott, parfaite en jeune femme trop belle pour laquelle un homme s’est transformé en voleur et a fini en prison… Une femme fatale qu’un enquêteur de compagnie d’assurance rencontre pour récupérer l’argent volé, comme un clin d’œil au film qui a fixé pour toujours les règles du genre : Assurance sur la mort.

L’enquêteur ici (Dick Powell) n’est pas si éloigné de celui de Wilder (Fred McMurray), à ceci près qu’il est un homme bien installé. Trop bien installé : bien marié, père d’un gamin adorable, vivant confortablement… et s’ennuyant comme un rat mort, hanté par ses rêves de jeunesse qu’il a laissé s’envoler au profit d’un confortable train-train qu’il ne supporte plus. Powell est formidable en Américain moyen qui ne supporte plus ce statut d’Américain moyen.

Et elle, celle par qui le drame arrive. Formidable aussi, Lizabeth Scott, personnage fragile et paumé, le seul être vraiment pur de ce monde de faux-semblants et de faux-culs. Drôle de femme fatale, donc, face à une épouse légitime certes douce, aimante et compréhensive, mais avant tout symbole d’un ordre castrateur et vampirisant. Dans ce film noir, ce n’est pas de l’aventure, mais des conventions que vient la menace.

De Toth excelle à filmer la tension qui monte. La pression, plutôt, à laquelle tente désespérément d’échapper Powell, confronté à un Raymond Burr qui n’a jamais semblé si large d’épaules, et dont le danger cette fois vient assez paradoxalement de son cœur tendre, de son coup de foudre pour Lizabeth. Constamment surprenant, et profondément déprimant (et réjouissant). Grand film noir, pas comme les autres.

Le Cavalier de la mort (Man in the Saddle) – d’Andre De Toth – 1951

Posté : 30 décembre, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, DE TOTH Andre, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Cavalier de la mort

Avant de tourner son fameux cycle westernien avec Budd Boetticher, Randolph Scott a eu une collaboration aussi dense et fructueuse avec Andre De Toth, l’autre grand borgne d’Hollywood. Ce Cavalier de la mort donne furieusement envie de voir tous leurs films communs. Il y a dans ce western une tension dans les séquences d’action, une inventivité dans les cadres, une manière aussi d’utiliser des décors familiers… Bref, un vrai ton, un enthousiasme radical dans l’appropriation de thèmes pourtant archi rabâchés dans le genre.

Randolph Scott, donc, impérial jusque dans la douleur, que l’on découvre noyant dans l’alcool ses peines de cœur : celle qu’il aime s’apprête à épouser le puissant propriétaire d’un grand ranch (Alexander Knox). Propriétaire qui s’est mis en tête d’absorber toutes les fermes alentours, en utilisant tous les moyens à sa disposition. Le thème est à peu près aussi vieille que le western, mais le film de De Toth le radicalise d’une manière surprenante, en faisant des jeunes mariés une sorte de nouveaux Macbeth, couple d’une froideur et d’une détermination glaçantes.

Il y a ainsi une certaine épure dans le traitement des personnages, quasiment réduits à des stéréotypes. Mais des stéréotypes pleins de vie, pleins de passions. Ce western, c’est un peu un chant d’amour pour le western en général. De Toth s’empare de thèmes et de situations classiques, pour les transcender par son seul amour immodéré pour le cinéma. Le film frappe ainsi constamment par la dramatisation des scènes, l’utilisation des décors naturels ou de studio, l’ajout d’une tempête au moment le plus dramatique, ou les contrastes entre la lumière et l’obscurité.

L’une des fusillades les plus spectaculaires se déroule d’ailleurs dans une obscurité complète, d’où ne surgissent que les explosions des coups de feu. Et c’est une scène d’une puissance (et d’une beauté formelle) exceptionnelle. Plus tard, c’est une bagarre à mains nues dans un chalet de montagne, littéralement détruit sous les coups des deux protagonistes. Et peu importe si Scott et son antagoniste joué par John Russell sont dans la plupart des plans remplacés par des doublures très visibles, la brutalité et la vivacité de la mise en scène font tout oublier.

Il y a comme ça des tas de moments forts : une longue fusillade utilisant les moindres recoins d’un ranch, une pause musicale dans la nuit… Pur plaisir de cinéma que ce western qui se joue des codes du genre avec gourmandise. Il y a dans ces séries B des trésors à redécouvrir, et De Toth vaut bien Boetticher.

La Rivière de nos amours (The Indian Fighter) – d’Andre De Toth – 1955

Posté : 22 mars, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, DE TOTH Andre, DOUGLAS Kirk, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Rivière de nos amours

Petit homme à Kirk, le grand Kirk, histoire de se souvenir qu’il y a quelques semaines seulement, on respirait le même air que cet acteur extraordinaire… Me sens d’humeur nostalgique, d’un coup. Le grand Kirk, qui produit ce superbe western très personnel avec sa société Byrna (le prénom de sa môman, c’est beau), presque aussi personnel que Seuls sont les indomptés, avec qui ce film a une vraie filiation.

Dans celui-là, Kirk sera un cow-boy attaché à un mode de vie qui n’existe plus. Dans celui-ci, il est l’incarnation de ce mode de vie : un homme amoureux de la vie sauvage (il refuse d’ailleurs les avances d’une colonne pour les beaux yeux d’une native), mais qui sait bien que tout ça est appelé à disparaître. Il y a une scène magnifique où le cow-boy échange avec son ami photographe (Elisha Cook) devant un paysage grandiose. Ce dernier s’enthousiasme d’être celui qui montrera au monde les beautés de l’Ouest, ouvrant ainsi la voie à la civilisation. Kirk, lui, s’en désole, préférant garder jalousement cette nature telle qu’elle est, mais bien conscient que rien n’arrêtera l’histoire.

Ce thème est au cœur du film. Et le couple que forme Kirk et l’Indienne jouée par Elsa Martinelli ressemble à un cri désespéré, ou plutôt à une volonté farouche de refuser la marche de l’histoire, et de s’accrocher à ce paradis pas encore tout à fait perdu. La dernière image, heureuse mais si fragile, dit tout de cette posture superbe.

Andre De Toth filme magnifiquement ces paysages dans un Cinemascope qui n’a rien d’anodin : tout ici est tourné vers cette nature si vaste et encore préservé, sur cette terre de tous les possibles, sur ce mode de vie menacé. Il n’est pas question de savoir si les Indiens sont bons ou méchants, si les blancs sont des victimes ou des bourreaux. La vérité est bien sûr nettement moins tranchée, et le film ne se veut pas une étude réaliste, avec ces Indiens qui parlent un anglais parfait et cette violence si maîtrisée.

D’une histoire somme toute très classique (la paix entre blancs et indiens est mise à mal par les manigances de deux trafiquants joués par Walter Matthau et Lon Chaney Jr), De Toth et Douglas tirent un hommage superbe à cet Ouest d’un autre temps, à la vie sauvage, et à l’amour dans ce qu’il a de plus primal. Du grand De Toth, du grand Kirk…

Les Conquérants de Carson City (Carson City) – d’Andre De Toth – 1952

Posté : 10 avril, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, DE TOTH Andre, WESTERNS | 1 commentaire »

Les Conquérants de Carson City

Un braquage de diligence dont les victimes sont conviés à un pique-nique au champagne pendant que les voleurs font leur affaire… Voilà un début qui donne le ton. Carson City est un western qui renouvelle habilement (et joyeusement) des motifs très courants du genre.

Le film s’inscrit ainsi dans la longue lignée des westerns racontant la construction du chemin de fer, un sous-genre particulièrement riche en pépites. Celui-ci en est clairement une, moins pour son intrigue principale un peu convenue (un notable bien sous tous rapports qui sabote le chantier et dérobe l’or des mineurs) que pour les grandes séquences d’action et de suspense qu’il nous réserve.

Le plus beaux moments ? Un éboulement qui emprisonne une poignée d’hommes dans un tunnel en construction, incitant tous les ouvriers et toute la population, pour partie hostile au chemin de fer pourtant, à unir leur force pour terminer le tunnel au plus vite et libérer les malheureux. Une longue séquence tendue et visuellement très belle (un beau travail sur la lumière et l’obscurité), comme une parenthèse étonnante au milieu du film.

Dans un tout autre registre, on a aussi droit à une scène de meurtre assez étouffante, dans le décor très inquiétant d’une mine abandonnée. Et puis l’inévitable duel entre le méchant Raymond Massey et le héros Randolph Scott (impérial), dans un décor rocheux particulièrement bien utilisé, que n’aurait pas renié le Anthony Mann de L’Appât (film postérieur, à propos).

Pas une baisse de régime, ni dans le rythme ni dans le fourmillement de belle idées. L’histoire d’amour et la rivalité entre frères ne sont peut-être pas très originales, elles. Mais pas de quoi gâcher le plaisir que l’on prend devant cet excellent western.

La Mission du commandant Lex (Springfield Riffle) – d’Andre De Toth – 1952

Posté : 29 janvier, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, COOPER Gary, DE TOTH Andre, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Mission du commandant Lex

De l’action, du suspense, du rythme… Andre De Toth ne s’embarrasse guère de psychologie pour ce western d’une efficacité imparable, qui ne repose que sur le rythme, le suspense et l’action. Même dans les rapports humains d’ailleurs, qui semblent résumés à leur forme la plus basique, le film réserve quelques beaux moments, comme lorsque Gary Cooper accepte avec douleur que sa femme le prenne pour un traître…

S’il n’est pas totalement révolutionnaire, le scénario est assez original : on est en pleine guerre de Sécession, et Gary Cooper y interprète un officier qui infiltre les rangs ennemis pour démasquer un traître, passant ainsi lui-même pour un traître aux yeux de tous ceux qu’il aime et qui le respectent, à commencer par son jeune fils, qu’on ne verra que brièvement à la fin, mais que le film utilise comme une sorte de fil rouge dramatique passionnant. Ce thème de la taupe n’est pas si courant dans le western.

Et c’est une grande réussite, et pas uniquement grâce à Gary Cooper, impérial : De Toth s’y connaît en cinéma d’action, et ne laisse jamais son récit perdre de son intensité, réussissant même quelques séquences franchement originales. La scène de l’évasion pour commencer, dont la pénombre tranche avec la lumière vive des scènes extérieures. Ou encore cette spectaculaire scène d’incendie, provoqué pour déloger les voleurs de chevaux. Il y a comme ça quelques moments qui frappent les esprits, dans ce western passionnant.

Le Sabre et la Flèche (Last of the Comanches / The Sabre and the Arrow) – d’Andre De Toth – 1953

Posté : 26 juin, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, DE TOTH Andre, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Sabre et la flèche

Voilà un western qui commence là où beaucoup d’autres finissent : dans une petite ville assiégée par les Indiens. Dès la première image, De Toth nous plonge dans un univers où la mort rode, et fait irruption avec une violence rare. C’est une entrée en matière vraiment pas commune : après ce massacre largement suggéré, les quelques survivants se dévoilent, silhouettes chancelantes de soldats vaincus qui avancent péniblement dans le désert.

Les « héros » sont en sursis, et semblent autant vouloir rentrer chez eux qu’effacer la douleur de la défaite et des morts qu’ils trimbalent avec eux. L’héroïsme prend une forme inattendue et dramatique, que De Toth n’embellit jamais. Le choix de l’acteur principal va dans ce sens : loin des stars habituelles du genre, le massif Broderick Crawford est étonnant, et apporte beaucoup d’épaisseur (dans tous les sens du terme) à ce personnage dont la psychologie se limite à l’essentiel.

C’est sans doute la principale limite du film : le scénario, transposition westernienne de celui de Sahara avec Bogart, ne développe pas bien loin ces personnages. Les rebondissements attendus ne manquent pas, non plus. Mais l’écriture parfois approximative est largement compensée par les comédiens, tous excellents (parmi lesquels Barbara Hale en caution féminine, et Lloyd Bridges toujours parfait).

Surtout, Andre De Toth signe une mise en scène souvent magnifique. Bien aidé par un Technicolor flamboyant et très contrasté, le cinéaste apporte un soin rare à la composition de tous ses plans, utilisant la lumière, les ombres et surtout les contre-jours avec bonheur. Toute une scène de dialogue au crépuscule montre ainsi des silhouettes en ombres chinoises qui se découpent sur un ciel rougeoyante à couper le souffle. Plus tard, des pans de mur encadrent une croix en flammes qui surplombe Broderick Crawford… Le film est comme ça émaillé d’images sublimes qui font largement oublier les quelques faiblesses du scénario.

* DVD dans la collection Westerns de Légende chez Sidonis/Calysta, avec des présentations enthousiastes de Bertrand Tavernier et Patrick Brion.

La Chevauchée des bannis (Day of the outlaw) – de Andre De Toth – 1959

Posté : 3 février, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, DE TOTH Andre, RYAN Robert, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Chevauchée des bannis

Des westerns dans la neige ? On en a vu d’autres, avant et après, y compris avec Robert Ryan qui, dans Les Implacables de Walsh, quatre ans plus tôt, chevauchait déjà dans des paysages d’un blanc immaculé. D’où vient alors cette impression de ne jamais avoir vu un film comme Day of the Outlaw ?

Avec ce film, dénué de toute fioriture, De Toth, plus que dans n’importe quel autre, pousse à fond la logique de l’épure. Les paysages, les décors, les dialogues, les expressions des acteurs… rien, strictement rien de superflu ici. Rien qu’une poignée de personnages obligés de cohabiter tant bien que mal, dans une nature omniprésente et hostile.

En tournant quasi-intégralement en extérieurs, dans une région reculée et dans des conditions extrêmes, De Toth apporte à son film une dimension rare. L’omniprésence de cet environnement, sa menace perpétuelle, sont bel et bien perceptibles. Le cinéaste et son équipe ont profité de ses conditions difficiles pour faire de la nature un personnage central, utilisant tempêtes et brouillard pour renforcer son côté oppressant.

Le résultat est époustouflant. Le vent qui souffle sur les planches qu’on devine mal jointes des maisons, les chevaux qui avancent avec difficulté dans une neige profonde, s’enfonçant lentement dans un brouillard qui ferme l’horizon… Le film est émaillé de ces images saisissantes. Et l’affrontement entre héros et méchants se résumera à savoir qui des uns ou des autres saura le mieux se plier aux caprices de la nature.

Au cœur du film (et apparemment co-auteur du scénario, à un degré ou un autre), Robert Ryan est une nouvelle fois fabuleux. De son passé, on ne saura pas grand-chose, si ce n’est qu’il a utilisé plus d’une fois les armes pour amener la paix dans cette petite ville perdue dans les montagnes. Une ville qui, la paix installée, lui tourne ostensiblement le dos.

C’est un thème récurrent dans le western : le rapport ambivalent des habitants avec l’usage de la violence. Mais là aussi, le film prend le contre-pied de ce que l’on pourrait attendre. Pour Robert Ryan, pas de miracle possible : sa seule issue est de se confronter à ses démons, et d’accepter la vie en société et les prémisses d’une démocratie qui ne lui donnera pas forcément raison.

Surtout, Day of the Outlaw est l’un des westerns les plus tendus, les plus oppressants qui soient. Avant même l’irruption de Burl Ives et de sa bande de desperados, qui ne tardent pas à semer la terreur, Andre De Toth impose une tension extrême d’autant plus oppressante qu’elle ne fait que flirter avec l’explosion de violence que l’on sent toute proche, et avec laquelle le cinéaste s’amuse avec un sadisme réjouissant.

Cette tension atteint son sommet lors d’une scène… de bal. Un bal improvisé par des bandits en mal de compagnie, qui semble constamment sur le point de se transformer en viol collectif. La séquence de bal constitue la plupart du temps une pause dans le western, mais De Toth s’amuse à renverser cette figure presque imposée. Comme il s’amuse à faire de la survie du grand méchant (Burl Ives, donc) non pas une menace sur la population locale, mais une condition indispensable à sa sécurité.

Même s’il prend systématiquement le contre-pied des codes habituels du genre, Andre De Toth le fait avec discrétion, sans le tape-à-l’œil d’autres « révolutionnaires » du western (Peckinpah par exemple). Son film est un pur chef d’œuvre.

Enfants de salauds (Play Dirty) – de Andre de Toth – 1968

Posté : 20 mars, 2015 @ 1:47 dans 1960-1969, DE TOTH Andre | Pas de commentaires »

Enfants de salauds

Ne pas se fier au pitch de ce film de guerre anglais (une bande de repris de justices transformés en soldats pour remplir une mission suicide dans le désert lybien de 1942), ni même au titre original : Play Dirty est loin, très loin, du Dirty Dozen (Les 12 salopards) tourné par Aldrich l’année précédente, et qui a entraîné toute une série de productions va-t-en guerre à grand spectacle.

Visuellement déjà, De Toth prend un parti-pris radical, dépouillant les images de la moindre tâche colorée. Tout semble n’être que sables et pierres dans ce film. Le désert bien sûr, mais aussi les uniformes, les véhicules, les visages, jusqu’au ciel qui n’offre aucune échappatoire à la chaleur écrasante et à la poussière.

Et puis la mission de ce petit groupe n’a strictement rien d’héroïque. Elle se résume la plupart du temps à une lente avancée à travers le désert, parsemée des embûches incontournables du genre : un champ de mine, une tempête, la rencontre avec des autochtones hostiles… On se croirait presque dans un remake de La Piste des Géants, le western du début du parlant de Walsh. Le film lui rend d’ailleurs un hommage direct, avec cette scène au cours de laquelle les soldats franchissent une falaise en attachant leurs voitures à des câbles, copié-collé d’une séquence du film de Walsh.

De Toth étire le temps et évite soigneusement d’enchaîner les morceaux de bravoure. Il y en bien quelques-uns, assez époustouflants. Mais ce qui frappe le plus dans ces scènes d’action, c’est la manière dont le cinéaste utilise l’espace de ses décors naturels, créant un mouvement complexe et brillant, d’une fluidité et d’une clarté exceptionnelles.

Pas d’actes héroïque, donc, mais une tension à couper au couteau, et une vision sans concession de « l’art de la guerre ». A la tête de ce petit groupe, l’innocent officier Michael Caine perdra rapidement ses illusions au contact des réalités du combat, et d’un autre officier nettement plus sombre interprété par Nigel Davenport.

La charge anti-militariste n’est pas toujours très fine, cela dit. Les passages mettant en scène le cynisme des têtes pensantes de l’armée, qui utilisent les hommes de terrain comme de simples pions sacrifiables, sont un rien trop caricaturaux. Mais Play Dirty, ultime réalisation d’Andre De Toth, est un grand film de guerre, d’une puissance rare. Et dont la dernière scène souligne formidablement l’absurdité de la guerre. En laissant un goût amer durable.

• Bertrand Tavernier considère Play Dirty comme l’un des plus grands films de guerre jamais tournés. C’est ce qu’il dit, avec sa passion et son érudition habituelles, dans la présentation du film qu’il fait en bonus du DVD, édité dans la collection « Classique de guerre » de Sidonis/Calysta. Autre présentation passionnée celle de Patrick Brion.

L’Orchidée blanche (The Other Love) – de Andre De Toth – 1947

Posté : 6 février, 2015 @ 6:12 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, DE TOTH Andre, STANWYCK Barbara | Pas de commentaires »

L'Orchidée blanche

Le titre français, comme l’affiche du film (et comme la collection de DVD dans laquelle il vient d’être édité), sont trompeurs : L’Orchidée blanche n’est pas un film noir, surfant sur le succès du Dahlia bleu. Cette adaptation d’un roman d’Erich Maria Remarque (Beyond) est en fait un authentique mélodrame, totalement dépouillé des éléments du film noir : pas de crime, pas de femme fatale, pas même de méchant, mais un triangle amoureux sur fond de maladie et de renaissance…

Bien sûr, Andre De Toth joue ouvertement sur ces apparences de film noir, dans cette histoire d’une célèbre pianiste victime d’un mal mystérieux, contrainte de s’enfermer dans un sanatorium perdu en pleine montagne. Le cinéaste fait de son décor dont d’autres auraient fait un lieu romantique le théâtre d’un jeu de dupe, angoissant et inquétant.

De David Niven, en médecin très attentionné, il joue sur l’ambiguité de l’élégance. Devant sa caméra, Barbara Stanwyck, sublime comme toujours, devient une héroïne méfiante, effrayée par un bruit dans la nuit, suspicieuse devant un cadavre que l’on déplace, s’inquiétant de la perspective d’être une prisonnière qui s’inquiète… Dans la première partie du film, De Toth pose les bases d’une oeuvre paranoïaque et claustrophobe, dont l’aventurier Richard Conte, bellâtre tombant sous le charme de la belle, serait le héros au cœur pur.

Mais assez vite, De Toth tombe le masque : les tourments dont souffre Barbara Stanwyck sont intérieurs, tiraillée entre une vie aventureuse et romanesque et le confort d’une vie rangée, entre Richard Conte et David Niven. Pas tout à fait aussi passionnant dans sa partie purement mélo (De Toth n’est pas Sirk), L’Orchidée blanche est une curiosité hautement recommandable, ne serait-ce que parce qu’il confirme l’immense talent d’une actrice qui, par sa seule présence, sort de l’anonymat une séquence que l’on pense avoir vu mille fois…

• Le film a été édité dans la collection « perles noires » de Sidonis/Arcadès, avec les présentations de trois grands cinéphiles passionnés : Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif.

 

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