Secret State (id) – mini-série créée par Robert Jones et réalisée par Ed Fraiman – 2012
De Borgen à House of Cards, la série télé politique a le vent en poupe. Secret State, mini-série british en quatre épisodes, entre clairement dans cette catégorie, en associant une forme ouvertement moderne (caméra à l’épaule, couleurs saturées…) et des ficelles qui ont fait leur preuve depuis longtemps.
En vrac : des industriels véreux, une finance toute puissante, des politiciens englués dans leurs ambitions personnelles, une machination mystérieuse, des meurtres déguisés en suicide, des services secrets qui surveillent tout le monde… et un chevalier blanc, devenu premier ministre contre toute attente, après la mort suspecte de son prédécesseur.
Ce chevalier blanc, c’est Gabriel Byrne, l’une des raisons qui font de Secret State une grande réussite. Il a un charisme fou, et cette manière si particulière de sembler ne rien faire avec profondeur. Impassible, la plupart du temps, mais en donnant pourtant à son personnage une belle complexité. Pas facile, pourtant, de faire exister un personnage aussi ouvertement et unilatéralement bon.
Autour de lui, pourriture et corruption. Là non plus, rien de bien surprenant donc. Sauf que, passé un premier épisode qui ne laisse guère de doute à la surprise, c’est surtout l’intelligence de l’écriture et l’efficacité de la mise en scène qui emportent l’adhésion. Plus l’intrigue avance, plus les ramifications se font complexes. Au final, l’immense machination attendue laisse plutôt la place à un portrait acide et plein de cynisme des puissants de ce monde, sans concession.
Grande fiction politique, Secret State est aussi, et c’est tant mieux, un film (pardon, une mini-série) de personnages, dont la réussite repose en grande partie sur la qualité des secons rôles. Moins ces deux aspirants-déçus-premiers ministres, assez caricaturaux et à la limite du grotesque, que les personnages qui gardent une part de mystère. Mention à Tony Fossett (Douglas Hodge), le meilleur ami qui noie les échecs de sa vie dans l’alcool. Au garde du corps aussi (Ralph Ineson), quasi-muet mais à la présence électrisante. Et bien sûr à Charles Dance, constamment en retrait mais fascinant en conseiller personnel du premier ministre.
Même si elle repose sur des ficelles éculées, cette mini-série brillante se révèle joliment addictive.