Hatfields and McCoys (id.) – mini-série créée par Ted Mann et réalisée par Kevin Reynolds – 2012
Le western sied décidément bien à Kevin Costner, qui revient régulièrement à son genre fétiche depuis Silverado, qui l’a révélé en 1985. Il y a connu son plus grand triomphe (Danse Avec Les Loups, un classique), mais aussi sa première déconvenue de star (Wyatt Earp, un grand film malade à redécouvrir). C’est aussi avec le western qu’il a fait un retour remarqué il y a dix ans après une série d’échecs qui avaient égratigné son image (Open Range, un grand western classique).
Depuis : de bons films passés inaperçus, d’autres moins réussis, et même plusieurs direct-to-dvd… avant le retour en grâce du début des années 2010. Un second rôle remarqué dans Company Men, un autre plus inattendu dans Man of Steel… et un triomphe personnel à la télévision avec ce Hatfields and McCoys (pour son premier rôle sur le petit écran depuis La Mascotte, épisode d’Histoires fantastiques réalisé par Spielberg en 1985).
Cette mini-série de trois épisodes (environ 90 minutes chacun) s’inspire d’une histoire authentique très connue aux Etats-Unis, beaucoup moins chez nous. Au lendemain de la Guerre de Sécession, où ils combattirent côte à côte, deux hommes se brouillent et entraînent peu à peu leurs familles et leurs proches dans un affrontement sanglant qui se prolongera durant de longues années, entraînant de nombreux morts et conduisant deux Etats au bord d’une nouvelle guerre civile.
Hatfields and McCoys marque aussi les retrouvailles de Kevin Costner avec Kevin Reynolds, son réalisateur de Fandango, Robin des Bois et Waterworld. Et c’est un petit miracle qui se produit. Cinéaste au mieux maniéreux, au pire poussif, Reynolds dévoile une dimension de son talent qu’on ne lui connaissait pas, filmant d’une manière crue et brutale, tout en utilisant parfaitement les décors naturels, qui renforcent l’absurdité de cette guerre et de ces destins gâchés.
Formidable, cette mini-série est une réussite totale, qui rend palpable la violence extrême de l’époque, le poids de la culpabilité chez ses deux chefs de famille dont l’inflexibilité aura des répercussions terrifiantes, et l’absurdité de cet affrontement, dans une Amérique encore en train de se construire. Ce qui débouche sur des situations incroyables, chaque clan étant finalement déclaré hors-la-loi dans l’Etat de l’autre…
Humainement aussi, le film est déchirant, s’attachant longuement aux nombreux enfants des deux clans, qui grandissent dans la haine de l’autre sans même savoir pourquoi. Avec même la naissance d’une romance entre un fils Hatfield et une fille McCoy, promise à une fin tragique dont on ne nous privera pas…
Les acteurs sont exceptionnels, tous. Dans le rôle de Randall McCoy, Bill Paxton livre une prestation hallucinante, a priori plus sympathique que son ennemi, mais tellement protégé par ses préceptes religieux et sa foi en le Jugement divin qu’il en devient inhumain, conduisant sa famille à la perte…
Anse « Devil » Hatfield est un personnage tout aussi complexe, son double inversé : un père et un mari très humains, mais aussi un tueur et un meneur intraitable, prêt à commettre l’irréparable avec son propre fils… Dans le rôle, Kevin Costner est sidérant, révélant une puissance inédite.
Passionnant et terrifiant, Hatfields and McCoys est tout simplement le meilleur western de ces dernières années.
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