Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour août, 2019

Les Communiants (Nattvardsgästerna) – d’Ingmar Bergman – 1963

Posté : 31 août, 2019 @ 8:00 dans 1960-1969, BERGMAN Ingmar | Pas de commentaires »

Les Communiants

Une petite communauté rurale dans la Suède reculée, un pasteur en pleine crise de foi après la mort de sa femme, de rares paroissiens qui cherchent en vain du réconfort auprès de lui… Ingmar Bergman signe là un film beau et radical, d’une épure totale, intense et bref, ramassé et pourtant généreux.

Loin du style visuel plus impressionniste de ses débuts, le cinéma prend le parti pris d’un vrai dépouillement visuel et narratif, pour mettre en images les tourments de cet homme qui souffre du silence assourdissant de ce Dieu qu’il a perdu en cours de route, et qui font de lui un homme froid mais conscient des ravages que provoque son égocentrisme.

Fidèle d’entre les fidèles de Bergman, Gunner Björnstrand est d’une intensité folle dans ce rôle peu aimable. D’emblée, le cinéaste souligne la vision détachée qu’il a de « ses » paroissiens lors d’une première séquence, superbe leçon de mise en scène : une messe, que Bergman filme avec une succession de plans fixes, cadrant tour à tour chacun des personnages de l’histoire. Des gros plans magnifiques pour les paroissiens en attente de quelque chose ; des plans larges et vides pour le pasteur, qui soulignent sa solitude et son absence de liens réels avec les autres.

Lors de cette séquence splendide, la caméra de Bergman suffit à faire ressentir les rapports entre tous ces personnages : les sentiments sans retour d’une Ingrid Thulin très émouvante, ou la posture de dépendance d’un Max Von Sydow qui cherche désespérément une épaule ou une oreille, que le pasteur ne pourra pas, ou ne voudra pas lui offrir.

Pas ou peu de mouvement de caméra dans ce film, mais une utilisation très intense de plans fixes, le plus souvent sur des visages. Il y a notamment cette scène particulièrement forte où le pasteur lit la longue lettre de l’institutrice qui l’aime : l’image traditionnelle de l’homme lisant le courrier est vite remplacé par un long plan fixe d’Ingrid Thulin disant sa lettre face caméra. Sept minutes sans esbroufe, sans autre « truc » de cinéma qu’un court plan de coupe en forme de flashback, mais qui procurent une émotion rare.

Si j’étais le patron – de Richard Pottier – 1934

Posté : 30 août, 2019 @ 8:00 dans 1930-1939, POTTIER Richard | Pas de commentaires »

Si j'étais le patron

Futur réalisateur, entre autres réussites, de deux bons Maigret (Picpus et Les Caves du Majestic, tous deux avec Albert Préjean), Richard Pottier fait ses débuts derrière la caméra avec cette comédie sociale délicieuse, mais nettement plus comédie que sociale. Un film, en tout cas, qui aborde dès 1934 des questions qui seront brûlantes deux ans plus tard, et qui restent aujourd’hui encore très actuelles : les conditions de travail des ouvriers, le cynisme des actionnaires…

Surtout, Si j’étais le patron est une comédie épatante (un adjectif à prononcer avec l’accent d’alors, en insistant bien sur le « pa » : « éPaatante »), enthousiasmante, chantante (au sens propre d’ailleurs, avec deux chouettes numéros chantés par Fernand Grevay, le Dick Powell français), et menée à un rythme qui ferait (devrait faire, en tout cas) rougir de honte l’immense majorité des comédies actuelles.

Cette histoire d’un ouvrier qui se retrouve propulsé patron d’usine bien malgré lui est hautement improbable. Mais quel plaisir de voir ce jeune homme un rien naïf flirter avec la belle Mireille Balin, ou s’acoquiner avec le roublard Max Dearly (sorte de version avenante et bienveillante d’un personnage à la Jules Berry). Ces deux-là en font des tonnes dans une séquence de cuite mémorable, mais leur plaisir est totalement communicatif.

Et il y a les dialogues, parmi les premiers écrits par Jacques Prévert. « Ça prend longtemps, ton suicide au champagne ? – Moi j’ai commencé il y a trente ans, mais vois-tu, ça dépend des marques… » C’est vif, drôle, brillant et irrésistible. Et c’est entièrement tourné vers le rythme et la drôlerie. Prévert gagnera en profondeur dans des films moins légers que celui-ci (sa rencontre avec Carné sera pour 1936), mais il offre déjà aux comédiens des mots en or.

Volte/Face (Face/Off) – de John Woo – 1997

Posté : 29 août, 2019 @ 8:00 dans 1990-1999, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, POLARS/NOIRS, WOO John | Pas de commentaires »

Volte Face

C’est l’époque où : a) Nicolas Cage était un champion du box office ; b) John Travolta était redevenu l’acteur que tout le monde s’arrachait ; c) John Woo était la nouvelle coqueluche d’Hollywood, où il amenait un ton encore inédit venu tout droit de Hong Kong. Une autre époque, donc : aujourd’hui, Woo est retourné d’où il venait, Travolta tourne ce qu’il peut, et Cage tourne douze films pendant qu’on peine à en regarder un seul…

Après deux coups d’essais en demi-teinte (le Van-Dammien Chasse à l’homme et le déjà travoltien Broken Arrow), John Woo atteignait même une sorte de seconde apogée (après celle de la fin des années 80) avec ce thriller d’action fantastique et son film suivant, le très beau Mission Impossible 2. Volte/Face a pourtant tout du projet casse-gueule, avec son scénario hautement improbable…

D’un côté, le super-flic Sean Archer (Travolta). De l’autre, le super-méchant Castor Troy (Cage). Le second a tué le fils du premier. Le premier traque le second sans répit depuis des années. Il finit d’ailleurs par l’arrêter, le laissant à demi-mort. Pour déjouer l’attentat que Castor préparait, Sean accepte de se faire greffer son visage le temps d’une opération ultra-secrète d’infiltration. Sauf que pendant l’opération, Castor se réveille, pique le visage de Sean, et massacre tous ceux qui étaient au courant de ce changement d’identité.

Toujours sur le fil, flirtant avec art avec le grotesque et le grand-guignol, Woo signe là l’un de ses plus beaux films. On y retrouve son thème de prédilection, celui des frères ennemis, ou des doubles opposés comme les deux facettes d’une même pièce, thème déjà au cœur de The Killer et qui sera encore celui de Mission Impossible 2. Mais ce thème atteint ici un autre niveau, parce qu’il devient concret et tangible. Le superflic devient effectivement le superméchant, et réciproquement. Et confrontés à leurs fêlures ou à leurs quotidiens respectifs, les deux hommes sont soumis aux mêmes troubles.

Ce trouble est particulièrement présent dans les (nombreuses) séquences tournant autour de miroir, intimes ou spectaculaires, mais toujours parlantes. Woo en fait des tonnes bien sûr, multipliant les ralentis et les effets soulignant le moindre mouvement. Mais on ne va pas reprocher à Bergman de filmer des visages en gros plan, non ? Et s’il en fait des tonnes, et pas uniquement dans les nombreux gunfights, c’est toujours avec un style cohérent et imparable et, oui, une authentique poésie visuelle du mouvement.

Nicolas Cage et John Travolta, jamais aussi bien que quand ils peuvent en faire trop, sont au top. Et le film, plus de vingt ans après, n’a rien perdu de sa force. Ne serait-il pas devenu un classique ?

Le Redoutable homme des neiges (The Abominable Snowman) – de Val Guest – 1957

Posté : 28 août, 2019 @ 8:00 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, GUEST Val | Pas de commentaires »

Le Redoutable homme des neiges

Ôtons immédiatement tous les doutes : Le Redoutable hommes des neiges est sorti en salles trois ans avant la parution de Tintin au Tibet. Hergé a-t-il vu le film de Val Guest ? Eh bien faudrait lui demander… Il y a en tout cas quelques similitudes entre ces deux évocations du Tibet, de ses moines mystiques, et de son légendaire « homme des neiges ». Le Yeti, donc, mais chut : c’est un nom que l’on ne prononce pas dans ces contrées éloignées.

Cela dit, le film est plutôt un prolongement de la série des Quatermass (Le Monstre et La Marque), que le même Val Guest venait de tourner avec le même scénariste, Nigel Kneale. Fort du succès de ces deux films, le tandem remet le couvert avec un autre personnage de scientifique confronté à des forces surnaturelles. Pas Quatermass, donc, mais le Dr John Rollason, à qui Peter Cushing apporte son flegme, mais dans un registre un peu différent de celui auquel l’acteur est habitué.

Plus naïf, en tout cas. A la frontière de la niaiserie, même. Le scientifique, un type bien qui respecte et comprend la culture tibétaine, lui qui vit depuis des mois dans un monastère reculé, part vers les hauts sommets pour répondre à une obsession : prouver l’existence du Yeti. Mais le gars est accompagné d’un autre scientifique, dont il ne voit pas, avant qu’il soit trop tard, qu’il s’agit d’un fou furieux prêt à tuer l’animal légendaire pour assurer sa gloire. Le gars fait son entrée comme un para-militaire entraîné à tout sauf aux règles élémentaires de la courtoisie, mais le Cushing ne voit rien venir…

Il y a quand même de gros trous béants dans ce scénario qui peine à convaincre, et qui tourne qui plus est au préchi-prêcha un peu pénible dans sa dernière partie. Mais il y a aussi de très beaux moments dans ce film, en particulier dans sa manière de souligner les dangers de son cadre exceptionnel.

Curieusement, ce ne sont pas les rares plans effectivement tournés en extérieur qui séduisent : quelques plans aériens filmés d’un avion survolant l’Himalaya. Mais plutôt les décors en carton-pâte, que l’on devine bidons au premier coup d’œil, mais que Val Guest filmer avec une réelle efficacité, et même une certaine poésie.

u’importe d’ailleurs que le film ait été tourné en Cinemascope, format qui n’apporte pas grand-chose ici. Le film est surtout marqué par une poignée de séquences franchement flippantes. Une ombre qui se dessine à travers la toile d’une tente, un cri qui perce une tempête de neige, une empreinte retrouvée dans la neige… Il n’en faut pas plus pour créer un sentiment de terreur. Efficace, donc.

 

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