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Archive pour la catégorie 'BOETTICHER Budd'

La Chute d’un caïd (The Rise and fall of Legs Diamond) – de Budd Boetticher – 1960

Posté : 19 août, 2021 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1960-1969, BOETTICHER Budd | Pas de commentaires »

La Chute d'un caïd

Chant du cygne pour Budd Boetticher qui, après son formidable cycle de westerns avec Randolph Scott, renoue avec le film criminel de ses débuts pour l’un des sommets du genre : l’ascension et la chute d’un gangster, pour une histoire que n’aurait pas reniée James Cagney vingt-cinq ou trente ans plus tôt.

Le film s’inscrit clairement dans la lignée de ces films de gangsters des années 30, comme une nouvelle version des Fantastiques années 20 qui serait dénuée de tout romantisme. « Legs » Diamond, inspiré librement d’un authentique gangster, est un cynique absolu, un ambitieux qui décide de ne s’attacher à personne pour ne pas avoir à s’inquiéter de qui que ce soit.

C’est le rôle d’une vie pour Ray Danton, qui ne retrouvera jamais un rôle aussi marquant, ni de près ni de loin. Il semble, c’est vrai, taillé uniquement pour ce rôle précis. Son aspect glacé, son jeu minimaliste (c’est une manière de dire qu’il ne fait vraiment pas grand-chose) et son regard dur et décidé collent parfaitement au personnage, mais aussi à la mise en scène totalement dans le ton de Boetticher.

Mise en scène elle aussi glacée, d’une précision mécanique, soulignée par un noir et blanc sans aspérité. Dans ce décor, la violence a un impact tout particulier. C’est là aussi que le film se démarque le plus nettement des films de gangster des années 30. La violence y était souvent suggérée, totalement hors champs. Elle est ici frontale, froide, et brutale.

Excellents seconds rôles aussi. Et si Karen Steele, qui était encore l’épouse de Boetticher, ressemble tout de même à une erreur de casting (entendre cette femme sublime reconnaître qu’elle n’est pas belle fait comprendre que, sur le papier, le personnage était écrit pour une actrice au physique plus commun), sa moue de petite fille brisée fait des merveilles.

Grande réussite, donc, dont Boetticher sortira avec la ferme intention de réaliser enfin le film de corrida dont il rêvait depuis si longtemps. Un projet qui lui coûtera cher, et le tiendra éloigner des studios pendant presque une décennie. Hélas.

La Chevauchée de la vengeance (Ride Lonesome) – de Budd Boetticher – 1959

Posté : 2 juillet, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Chevauchée de la vengeance

Une première scène, admirable de tension : affrontement simple et frontal de deux hommes dans un paysage de roches où la menace invisible est palpable, omniprésente, petit chef d’œuvre d’introduction, d’une efficacité absolue.

Une dernière image, superbe et apocalyptique, d’un homme seul devant un arbre en feu, au cœur d’une clairière vers laquelle toute l’action se dirigeait. L’image, dramatique et visuellement somptueuse, d’un destin qui s’accomplit…

Entre ces deux grands moments, à peine 1h10 d’un western épuré et radical, l’un des sommets de la collaboration entre Randolph Scott et Budd Boetticher. Scott tel qu’en lui-même, minéral et déterminé, hanté – encore – par la mort de son épouse des années plus tôt.

Une histoire de vengeance, donc, une nouvelle fois, qui vient troubler un schéma westernien que l’on croît connaître par cœur : celui du chasseur de prime traqué par le frère de sa proie, qui fait alliance de circonstance avec un rival qui finira par se retourner contre lui.

Schéma classique, mais western constamment surprenant, et étrangement apaisé, bienveillant, et optimiste malgré la noirceur et la violence du propos. Boetticher utilise ces personnages archétypaux et ces paysages si typiques du genre pour détourner les poncifs du western.

L’histoire de vengeance devient celle d’accomplissements personnels, un western humain, original, et passionnant.

Le Vengeur agit au crépuscule (Decision at Sundown) – de Budd Boetticher – 1957

Posté : 6 avril, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Vengeur agit au crépuscule

Troisième des sept films que Randolph Scott tourne avec Boetticher. Pas le plus connu, pas le plus réussi, pas le moins intéressant non plus. Mine de rien, le duo (Scott co-produit le film) bouscule allégrement les codes du western dans ce film aussi court (à peine 1h15) que surprenant.

On est pourtant dans un schéma qui paraît bien classique, une sorte de double inversé de Quatre étranges cavaliers, le chef d’œuvre de Dwan : les deux héros débarquent dans une petite ville le jour où l’homme qu’ils traquent doit se marier avec la jolie fille d’une grande famille.

Il y a de la vengeance dans l’air : comme souvent chez Boetticher, Scott incarne un homme hanté par son passé, dont la femme est morte de manière violente. Et on imagine bien que celui qu’il recherche depuis trois ans, et que joue John Carroll, n’est pas étranger à cette mort. Mais cette intrigue classique n’est là que pour mieux être détournée, voire éclater en morceaux.

Tout est absurde dans cette histoire : la pseudo attaque qui ouvre le film, au cours de laquelle le personnage de Scott attend longuement son partenaire qui tarde à apparaître ; son coup de sang idiot durant le mariage qui le pousse à se laisser encercler dans une étable où il passe les trois-quarts du film coupé de la ville et du drame ; la vengeance elle-même, sans vouloir en dire trop…

Le personnage de Scott n’est finalement qu’une idée, une sorte de caricature dont la superbe prend un sacré coup dans l’aile au contact de la réalité. En cela, la fin du film est franchement superbe, tournant le dos assez radicalement aux poncifs du genre. La prestation de Randolph Scott est alors aussi intense qu’émouvante. Celle de John Carroll, « méchant » bien surprenant, est peut-être la meilleure de sa carrière.

Sur le thème souvent emprunté de la collectivité qui renoue avec sa conscience perdue, Boetticher ne cesse de surprendre, met en scène un barman philosophe (« Si vous étiez barman depuis aussi longtemps que moi, vous ne vous feriez pas autant d’illusion sur les hommes »), ou un pasteur alcoolique… Surprenant, toujours, un petit western d’une vivacité folle.

L’Homme de l’Arizona (The Tall T) – de Budd Boetticher – 1957

Posté : 17 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Homme de l'Arizona

Le sens de l’épure de Boetticher atteint des sommets avec ce formidable western, l’un des meilleurs de sa riche collaboration avec Randolph Scott. Peu de personnages, un décor unique pendant les deux tiers du film, et quasiment pas d’action avec la toute dernière partie, dans ce qui est en grande partie un western de l’attente.

Boetticher prend le temps, même avec un film de moins d’1h20. Il prend le temps d’installer son drame et de faire grimper la tension. On sait qu’il va se passer quelque chose, et que ce quelque chose va être violent. Il le sera effectivement, d’une manière aussi simple que radicale.

Tout semble simple et naturel dans The Tall T. L’engrenage qui se met en place, la salle journée de Randolph Scott, ou le personnage si touchant de Maureen O’Sullivan, femme entre deux âges mal mariée, et effrayée à l’idée de vieillir seule. Aux antipodes des personnages de femmes que le western met le plus souvent en scène, elle est filmée comme une femme terne et sans charme. Terriblement vraie.

Beaucoup de détails font de The Tall T un western très original, ancré dans une réalité peu commune. Cette longue scène où Scott découpe des tranches de viande, celle où il peine longuement à remettre une botte… Et cette manière, aussi simple que radicale, dont Boetticher fait basculer son récit dans le drame le plus sombre, après une première partie plutôt légère, voire rigolarde.

Cette longue introduction elle aussi atypique (surtout pour un film aussi court), faite de petits épisodes quotidiens, à peu près sans lien avec le drame à venir… La rupture soudaine, basée sur un horrible éclat de violence dont on ne verra rien d’autre que le regard épouvanté de Scott, est terriblement glaçante.

L’histoire est pourtant assez classique : des bandits prennent en otage les passagers d’une diligence. Mais d’emblée, les relations entre les personnages semblent comme décalées, inattendues : la manière dont le cocher envoie promener son riche passager, le blues du responsable du relais isolé, la curieuse attirance entre Scott et le grand méchant surtout, formidable Richard Boone, à la fois cruel et étrangement pathétique.

Entre eux deux, avec une grande économie de mots, passe une sorte de camaraderie, l’ombre d’une amitié qui aurait pu exister dans d’autres circonstances. Et c’est très beau.

Le Déserteur de Fort Alamo (The Man from the Alamo) – de Budd Boetticher – 1953

Posté : 15 juillet, 2019 @ 8:00 dans 1950-1959, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Déserteur de Fort Alamo

Ce n’est pas encore l’ère des grands films, mais le cinéma de Boetticher est déjà très recommandable au début des années 50, avec des premiers westerns qui n’ont certes pas l’impact de ceux que jouera Randolph Scott quelques années plus tard, mais qui sont déjà de belles réussites : L’Expédition du Fort King, Le Traître du Texas… Autant de films dont on peut dire qu’ils sont des Boetticher mineurs, mais qui ont quand même une sacré classe.

Le Déserteur de Fort Alamo est de ceux-là. Clairement pas le plus personnel de sa filmographie : lui-même ne le tenait d’ailleurs pas en très grande estime, l’évoquant dans Amis Américains (le pavé de Bertrand Tavernier réunissant quelques-uns de ses interviews fleuves) comme « un film drôle ». Ce qu’il répète d’ailleurs : « Nous avons voulu faire un film drôle pour contrebalancer le pathétique de l’histoire. »

Bon. Visiblement, son propre film ne l’a pas marqué outre mesure, parce que le côté humoristique du film m’a complètement échappé. Le pathétique, lui, est bien là, avec ce personnage de Glenn Ford, considéré comme un lâche parce qu’il a quitté le fort Alamo avant l’ultime massacre : choisi par le hasard pour aller sauver les femmes et enfants de ses camarades, mais qui ne peut que constater que toutes les familles ont été massacrées par des bandits déguisés en Mexicains.

Le gars arrive trop tard pour sauver qui que ce soit, y compris sa propre femme et son propre fils. Trop tard aussi pour retourner à Alamo, ou même pour sauver sa réputation. Condamné par ce putain de sort à être considéré comme un lâche, lui qu’on a pourtant vu risquer sa vie pour redresser le drapeau flottant sur le fort assiégé. Même si la fin adoucit le propos, toute notion de drôlerie est absente de ce western.

Un western carré et efficace, qui fait le spectacle à défaut d’être hyper personnel. Il ne manque en tout cas d’intérêt, ne serait-ce que pour sa manière d’être complémentaire avec le futur classique de John Wayne consacré au siège d’Alamo. Le film de Boetticher ne se situe dans le fort que dans le premier quart d’heure. Après quoi c’est le contexte et les enjeux se jouant à l’extérieur du fort que le film évoque : la menace des Mexicains sur les Texans, la désorganisation d’une population livrée à elle-même…

Pas inintéressante non plus, quoi que plus convenue, la manière dont Boetticher filme la meute : la rapidité avec laquelle le « déserteur » est condamné, au moins moralement, par la population parce qu’il a commis le crime de survivre à des héros. Glenn Ford apporte beaucoup d’intensité à ce personnage tragique. Et Fictif, contrairement à certains autres (à commencer par Davy Corckett et Jim Bowie).

L’Aventurier du Texas (Buchanan rides alone) – de Budd Boetticher – 1958

Posté : 7 juillet, 2019 @ 8:00 dans 1950-1959, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Aventurier du Texas

Randolph Scott, cowboy solitaire. Normal. Mais ce cowboy solitaire là débarque en ville avec un large sourire aux lèvres, dont il ne se départira que dans les circonstances les plus sombres… et encore. Et ce n’est pas la seule originalité de ce western plein de surprises.

L’histoire, pourtant, semble classique. Ce voyageur en route vers son Texas natal débarque dans une ville frontalière dominée par une famille omniprésente, qu’il ne tarde pas à se mettre à dos : le juge Agry, qui détient le pouvoir et la fortune ; le shérif Agry, qui aimerait bien s’approprier les deux ; et le patron d’hôtel Agruy, qui passe son temps à courir d’un frère à l’autre.

Curieux western, où le héros passe son temps à être sauvé de la mort par ceux qui sont censés être ses ennemis. Une sorte d’ironie amusée qui baigne tout le film, avec un humour plutôt inhabituel pour un western de Boetticher, surtout dans sa période Scott.

Boetticher glisse des tas de détails étonnants dans son récit : ce frère constamment essouflé qui a tout du poulet paniqué ; l’homme qu’on « enterre » au sommet d’un arbre ; Scott qui manque tranquillement son steak sous le regard de l’homme qui veut le tuer ; le prix fixe (10 dollars) de tout ce qui s’achète dans cette ville…

Buchanan rides alone peut sembler mineur dans la collaboration de Scott et Boetticher, mais cette pochade au ton parfois déroutant séduit par son côté décalé, par son rythme impeccable, et par l’écriture de ses personnages, à commencer par l’homme de main du juge joué par Craig Stevens, totalement inattendu, sorte d’ange noir dont la présence domine tout.

Le Courrier de l’Or (Westbound) – de Budd Boetticher – 1959

Posté : 3 octobre, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Courrier de l'or

Pas le plus connu, ni le plus typique, ni le meilleur des sept westerns que Randolph Scott a tourné sous la direction de Budd Boetticher.

Loin des personnages taiseux et raides, presque minéraux, qui ont fait sa légende, Scott est ici un « héros » beaucoup plus classique : un officier nordiste qui doit reprendre son activité civile, diriger une ligne de diligence, pour convoyer l’or dont les Fédéraux ont tant besoin.

L’histoire n’est pas inintéressante, mais on sent bien qu’il n’y a à peu près que la stature de Randolph Scott, sa manière d’occuper l’écran, en particulier dans les scènes d’action, qui inspirent vraiment Boetticher. Scott est excellent d’ailleurs, bien supérieur à ce que l’on veut bien dire de ses talents d’acteur. Il occupe en tout cas l’espace avec un charisme hors du commun.

Les autres personnages sont, pour la plupart, un peu sacrifiés. A commencer par la pauvre Virginia Mayo, dont les rares scènes de dialogues sont d’une lourdeur déroutante. Karen Steele (en douce épouse d’un soldat manchot) et Andrew Duggan (en « méchant » assez nuancé) sont un peu mieux traités. Sans doute pas un hasard si Karen Steele est, justement, la future femme de Boetticher. Les yeux de l’amour donnent un petit quelque chose de plus à ses scènes à elle.

Rythmé, pas désagréable pour un sou, ce Scott-Boetticher est mineur. Mais c’est un Scott-Boetticher…

Sept hommes à abattre (Seven Men from now) – de Budd Boetticher – 1956

Posté : 28 novembre, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

Sept hommes à abattre

La première apparition de Randolph Scott dans un western de Budd Boetticher (six autres collaborations suivront) donne le ton : il fait nuit et la pluie tombe à torrents. Deux hommes se sont abrités sous un rocher. Soudain, une silhouette apparaît de dos, comme si elle sortait de la caméra… C’est Scott, mutique et minéral, apparition mystérieuse dont on ne se demande pas longtemps ce qu’elle recherche…

Il ne s’agit pas de se réchauffer au coin du feu ici, mais d’une histoire de vengeance, brute et rude, que Boetticher filme avec une sécheresse et un sens de l’épure formidable. Tout ce qui fera la richesse et la particularité de cette incroyable œuvre commune est déjà là.

On a beaucoup dit que les westerns d’Anthony Mann utilisaient merveilleusement les décors. C’est le cas aussi de Boetticher, tout particulièrement dans les scènes d’action. Scott ne se cache pas simplement derrière les rochers qui se dressent dans ce paysage désertique : il s’y glisse, il y rampe, et pénètre les moindres aspérités de la roche, comme s’il ne faisait plus qu’un avec cet environnement.

Le film est court, extrêmement tendu, et entièrement tourné vers la vengeance, comme l’est le personnage de Scott, ancien shérif à la recherche des assassins de sa femme. Du coup, la romance qui s’ébauche avec le très beau personnage de Gail Russell ne fait qu’évoquer ce qui aurait pu être dans d’autres circonstances. Et cela donne un moment magnifique, lorsque Scott, au dernier moment, détourne son visage et renonce à un baiser qui aurait tout changé, et enfourche son cheval pour repartir sans un regard derrière lui.

La relation qu’il noue avec Lee Marvin serait, en comparaison, presque plus charnelle. Entre ces deux là, il y a un mélange de haine et d’affection assez troublant. Tout ça est filmé avec une sobriété exemplaire. Ce Seven Men from now est absolument formidable…

Le Tueur s’est évadé (The Killer is loose) – de Budd Boetticher – 1956

Posté : 10 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, BOETTICHER Budd | Pas de commentaires »

Le Tueur s'est évadé

Avant d’inaugurer son fameux cycle westernien avec Randolph Scott, Boetticher frappait déjà très fort avec ce thriller dont on sort franchement exsangue, après une séquence finale au suspense hallucinant. Tout le film, en fait, semble se diriger vers cette longue séquence nocturne qui semble d’une simplicité absolue : un piège à haut risque qui se referme – ou pas – sur un évadé bien décidé à tuer la femme du flic qui l’a arrêté.

Il faut dire que le flic en question (Joseph Cotten, prématurément vieilli et pas franchement impliqué) a lui-même tuer la femme de l’assassin, par mégarde, lors d’une scène nettement plus courte dont la violence sèche et brutale impressionnait déjà. Tout n’est pas parfait dans cette petite production dont certains passages en creux manquent un peu de peps. La faute, surtout, à un Cotten qui semble curieusement mal à l’aise, loin en tout cas de ses débuts spectaculaires chez Orson Welles.

Heureusement, sa femme est interprétée par Rhonda Fleming, qui ne se contente pas d’être une magnifique rouquine (même en noir et blanc), mais qui est absolument parfaite dans le rôle de la femme de flic trop exigeante, qui ne voit pas que son bonhomme fait tout pour la protéger. On la bafferait presque, mais c’est Rhonda…

Dans le rôle du tueur, Wendell Corey est lui aussi formidable. Loin de l’image habituelle des grands méchants de cinéma, il impose un personnage de grand malade un peu paumé absolument glaçant. Les éclats de violence de ce type à la gueule de comptable sont autant de décharges électriques qui donnent son ton au film, comme lors du meurtre sauvage du gardien de prison.

Et mine de rien, avec un noir et blanc propre mais sans grande profondeur, Boetticher signe un modèle de mise en scène, en tout cas dans les grands moments de tension comme cette séquence finale, dans laquelle il dilate le temps à l’extrême et concentre tout le suspense sur une unique rue d’un quartier résidentiel, paisible et familière. Du grand art.

Comanche Station (id.) – de Budd Boetticher – 1960

Posté : 16 mars, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, BOETTICHER Budd, WESTERNS | Pas de commentaires »

Comanche Station

Des personnages secs qui paraissent monolithiques, mais qui dévoilent par moments une sensibilité inattendue, terrible. La patte Boetticher est bien là, dans cet ultime film tourné avec Randolph Scott, qui aura été son interprète idéal pour sept westerns, à l’unité remarquable.

Dans Comanche Station, Scott est exceptionnel. Dès la première séquence, impressionnante séquence quasi muette dans des étendues immenses et sublimes, sa présence fascine, figure iconique du cow-boy solitaire qui tire une jeune femme des mains d’Indiens qui l’avaient enlevée.

Une variation sur le thème de La Prisonnière du Désert ? Oui, mais c’est moins l’obsession qui intéresse Boetticher que le poids du destin. Scott se consacre certes inlassablement à sauver des femmes, dans l’espoir de retrouver la sienne disparue depuis des années. Mais son regard ne laisse guère transparaître d’espoir, pas plus que de colère d’ailleurs. Juste une bouleversante fatalité.

Tout le film est baigné par ce sentiment de fatalité, jusqu’au dénouement inattendu et touchant. Et jusque dans les personnages de « méchants » : ces deux jeunes porte-flingues qui jouent au dur mais qui pleurent leur enfance disparue lorsque le soir tombe ; et Claude Akins, second couteau habitué aux rôles de sales types sans grande profondeur, dont les derniers mots sont d’une ironie cinglante.

Derrière son dépouillement et son aridité apparents, Comanche Station est un film magnifique. L’un des sommets pour Randolph Scott et Budd Boetticher. Leur chant du cygne à tous deux, aussi. L’acteur ne tournera plus qu’un film : Coups de feu dans la Sierra de Peckinpah. Quant à Boetticher, obsédé par son désir de réaliser un film consacré au matador Carlos Arruza (qu’il mettra dix ans à terminer), il ne tournera plus qu’un autre long métrage : Qui tire le premier ?, en 1969.

* Blue ray dans la collection Westerns de Légende de Sidonis/Calysta, avec des présentations par Patrick Brion et Bertrand Tavernier.

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