Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie '1940-1949'

L’Assassin a peur la nuit – de Jean Delannoy – 1942

Posté : 8 juillet, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, DELANNOY Jean | Pas de commentaires »

L'Assassin a peur la nuit

Il s’en passe des choses, dans ce film qui oscille entre le noir, la romance et l’aventure… Quelque part entre Lumière d’été pour les paysages brûlants et poussiéreux et les illusions perdues, Le Dernier Tournant pour l’anti-héros marqué par le destin, les films anglais genre Jeune et innocent pour les allers-retours constants et l’utilisation du vieux moulin, et L’Assassin habite au 21.

Les premières images, surtout, ressemblent en tout point à celles du film de Clouzot, sorti peu avant. De là à imaginer que Delannoy surfe sur le succès dudit, il n’y a qu’un pas que je franchis allégrement : dans l’entrée en scène des personnages, la manière de filmer les policiers arpentant la ville la nuit, l’humour des dialogues et l’utilisation des ombres sur les murs, l’influence est plus que manifeste. Et explique ce curieux titre qui ne correspond pas vraiment au film.

La comparaison avec le chef d’œuvre de Clouzot s’arrête là, d’ailleurs. Après cette introduction, le film prend d’autres directions. Plusieurs autres directions. Avec un vrai sens de l’image et de la narration : Delannoy réussit des tas de belles scènes, bien ficelées (celle du cambriolage, pleine d’entrain et d’inventivité, jusque dans les dialogues assez marrants), voire très fortes : l’arrivée dans la mine, le final dans le moulin…

Mais Delannoy, dans cette adaptation d’un roman de Pierre Véry (très en vogue sous l’occupation, avec des films adaptés de son œuvre comme L’Assassinat du Père Noël ou Goupi Mains Rouges), donne le sentiment d’enchaîner les scènes en oubliant de leur donner du liant, une ligne directrice, un rythme cohérent. C’est généreux, souvent plaisant, mais on peine à s’attacher aux personnages, à croire au soudain traumatisme du personnage principal (Jean Chevrier) ou au repentir de la vamp (Mireille Balin, très bien).

Mais il y a dans ce film référencé, généreux, et maladroit suffisamment de bons moments pour ne pas faire la fine bouche.

Parade de printemps (Easter Parade) – de Charles Walters – 1948

Posté : 5 juillet, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, COMEDIES MUSICALES, WALTERS Charles | Pas de commentaires »

Parade de printemps

Il n’y a pas assez de comédies musicales sur ce blog. C’est un constat que je me fais régulièrement. Et singulièrement après les 100 minutes de bonheur que vient de me procurer cette Parade de printemps, petit miracle de rythme et d’émotion, qui distille un plaisir de chaque instant.

Et c’est assez rare pour le souligner : il y a dans cette comédie musicale au pitch très anodin une tenue absolument parfaite, qui donne au spectateur le sentiment d’être porté de la première à la dernière image sur l’écume d’une vague d’émotion enthousiasmante.

Anodin, pourtant, sur le papier : comment résumer le film autrement que par des phrases toutes faites ? Un amoureux transi, qui se trouve être un danseur, est abandonné par sa partenaire, et décide par dépit de choisir la première venue pour la remplacer… Guess what…

« Pourquoi tu ne m’as pas dit que j’étais amoureux de toi ? » interrogera-t-il tardivement dans un échange magnifique. Et tout est dit, sur le fond. L’histoire ne va pas plus loin que cette découverte amoureuse, et la conclusion ne fait aucun doute.

Elle devient même encore plus évidente dans une scène comme celle du premier duo de danse complètement pourri, où rien ne marche, où les plumes volent et les échangent foirent, plantage grotesque, irrésistiblement drôle, et tellement plein de promesses…

La simplicité de l’histoire n’a d’ailleurs aucun intérêt. Parce que l’essentiel, c’est la forme, évidemment : parce que c’est une comédie musicale, et tout repose sur l’équilibre entre le récit et la musique, entre les passages parlés et les passages chantés et dansés.

Et sur ce registre, c’est une merveille, d’une mesure parfaite, où l’élégance et la présence de Fred Astaire soulignent joliment l’enjeu dramatique du film, où la voix de Judy Garland et le jeu de jambes d’Astaire servent admirablement le rythme irrésistible du film.

La caméra de Charles Walters, frontale et légère, pas tape à l’œil pour deux sous, qui accompagne les passages musicaux avec le même regard direct et jamais surplombante que les scènes parlées.

Avec des trouvailles géniales : une chorégraphie au cours de laquelle les couvertures des grands magazines de l’époque prennent vie ; ou plus tard un ralenti étonnant et fascinant qui permet d’admirer ébahi les mouvements complètement dingues de Fred Astaire…  

100 minutes de bonheur, et me voilà complètement amoureux de ce film, des 17 chansons d’Irving Berlin… Avec une envie folle de (re) découvrir d’autres comédies musicales. Décidément, il en manque sur ce blog.

Le Gros Lot (Christmas in July) – de Preston Sturges – 1940

Posté : 28 juin, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, STURGES Preston | Pas de commentaires »

Christmas in July

Un canular, un malentendu, et il n’en faut pas plus à Preston Sturges pour réussir l’une de ses comédies irrésistibles et folles, et en même temps très ancrées socialement. Du grand Sturges, donc, dont c’est pourtant le deuxième film derrière la caméra seulement, mais qui confirme déjà qu’il est une sorte de chaînon manquant entre Howard Hawks et Frank Capra…

Le canular, c’est le faux télégramme que font parvenir trois de ses collègues (dont Rod Cameron, loin de ses futurs personnages de heavy) à l’excellent Dick Powell, brave employé de bureau qui rêve de gagner les 25 000 dollars d’un concours de slogan publicitaire. Et c’est justement ce que lui annonce ce faux télégramme, blague un peu douteuse on en conviendra.

La suite, on la devine : le gars et sa fiancée (Ellen Drew, incarnation de la douceur) s’emballent, dépensent comme des dingues (mais pour faire plaisir aux autres), rêvent de la nouvelle vie qu’ils pourront mener, avant le brusque retour à la réalité. Simple, classique, et pas sans surprise.

En à peine plus d’une heure, Sturges adopte un rythme fou (digne des comédies de Hawks, le cynisme en moins), tout en se donnant le luxe de prendre son temps, notamment dans une très jolie scène d’ouverture sur le toit d’un immeuble, dans un quartier populaire (vision sociale signe de Capra, un certain réalisme en plus).

Belle manière d’ancrer le récit dans une réalité forte, celle encore présente de la Grande Dépression (le film est adapté d’une pièce écrite par Sturges lui-même en 1931), avec ses travailleurs pauvres confrontés au capitalisme le plus débridé.

Il sait prendre son temps pour faire durer les échanges entre ses personnages, et pourtant le rythme est dingue, grâce à des dialogues brillants et enlevés, et des acteurs qui parlent juste ce qu’il faut trop fort, affichant une bonté authentique qui dit beaucoup du regard de Preston Sturges.

Surges a décidément une place bien à lui dans la comédie américaine. Et elle se situe tout en haut, avec les plus grands, avec un style et un ton qui n’appartiennent qu’à lui. Et qui redonnent foi en l’humanité.

La Voix de la Terreur / Sherlock Holmes et la voix de la terreur (Sherlock Holmes and the voice of terror) – de John Rawlins – 1942

Posté : 25 juin, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, RAWLINS John, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

La Voix de la Terreur

En 1942, tout le monde participe à l’effort de guerre, y compris Sherlock Hommes et son comparse Watson. Après deux premiers films fidèles dans l’esprit et dans l’époque, voilà donc Basil Rathbone et Nigel Bruce appelés à revêtir leurs frusques conan-doyliennes dans une étonnante réinvention contemporaine.

Ces deux figures de l’ère victorienne se retrouvent donc confrontés… aux dangers du nazisme, qui menace de l’intérieur une Angleterre en guerre. Un changement de cap étonnant, justifié par un carton inaugural simple et bien pratique, et sur lequel le film ne joue que le temps d’une très courte scène, lorsque Holmes fait mine de renfiler son vieux couvre-chef à oreilles. « Non Holmes, vous avez promis ! » l’arrête Watson.

Le film joue à fond la carte du patriotisme de rigueur, n’évitant pas les grandes envolées lyriques de défenseur du monde libre, parfois grandiloquent, souvent maladroitement. Il y aurait à redire aussi sur les rebondissements attendus, sur la naïveté confondante des méchants (Thomas Gomez notamment, en nazi infiltré), et sur le simplisme du scénario.

Mais cette série B d’à peine plus d’une heure, taillée pour les double-programmes, est constamment tirée vers le haut par une image très travaillée du chef-op’ Woody Bredell (qui travaillera avec Siodmak sur Les Mains qui tuent et Les Tueurs) et par les cadres dynamiques de John Rawlins (qui lui restera cantonné à la série B).

Pas transcendant sur le fond, ce troisième Holmes de la série est formellement une vraie réussite, particulièrement dans les scènes se déroulant dans les bas-quartiers et les bouges mal famés, où les ombres profondes et le beau contraste des images transforment cette petite production en un film racé qui a de la gueule.

La Cité magique (Magic Town) – de William A. Wellman – 1947

Posté : 9 juin, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, STEWART James, WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

La Cité magique

Mr. Smith, joué par James Stewart, débarque dans une petite ville américaine, où un affrontement se déclare entre le cynisme de la modernité, et la quiétude de la vie en communauté… Eh non, ce n’est pas du Capra, mais on sent bien que c’est vers son cinéma que lorsque le film, que Stewart tourne quelques mois après La Vie est belle.

Ce n’est pas le premier film à s’inscrire dans la lignée du cinéma miraculeux de Capra. Et c’est d’autant moins surprenant, quand on sait que le scénario est signé Robert Riskin, qui a travaillé à de nombreuses reprises avec Capra (New York-Miami, L’Extravagant Mr. Deeds, L’Homme de la Rue…).

Ce qui surprend en revanche, c’est le nom du réalisateur : William Wellman, grand cinéaste, l’un de ces grands maîtres à peu près incapables de rater un film. Mais un cinéaste dont la filmographie est remarquablement pauvre en comédies, ou même en films légers.

Aussi attachant soit-il, le film révèle les limites de Wellman dans le genre. Attachant, et sans baisse de rythme, mais aussi trop marqué par un Capra dont Wellman ne parvient pas à reproduire la recette magique, cette capacité à provoquer des torrents d’émotion. Comparer la dernière scène de La Vie est belle et celle de La Cité magique est ainsi assez cruel pour le film Wellman, qui cherche en vain à reproduire le même sentiment d’euphorie.

La comparaison est rude, donc. D’autant plus rude qu’elle est incontournable. Mais Wellman s’en tire avec les honneurs, signant un film léger et profondément américain, dans cette veine très en vogue (et très séduisante) qui vise à mettre en valeur une communauté idéale, source éternelle de nostalgie qui irradiera le cinéma américain pendant des décennies (jusqu’à Retour vers le futur, et bien au-delà).

Une Amérique un peu figée, aussi. Mais le film de Wellman réjouit par son ironie, en faisant du personnage de Stewart un professionnel du sondage, qui a découvert que cette petite ville pense exactement comme l’Amérique, quel que soit le sujet. Un paradis pour un sondeur, qui peut ainsi gagner un temps et un fric fous. Il y débarque donc, s’immisçant incognito dans la population pour sonder mine de rien les habitants, devenant ainsi le plus rapide et le plus efficace des sondeurs.

Un cynique, donc, qui se fait une place de choix dans la communauté qu’il utilise. Mais bien sûr, l’amour rode, et il a les traits de Jane Wyman, irrésistible en journaliste désirant faire évoluer sa ville… ce qui pourrait mettre à mal la poule aux œufs d’or que représente cette communauté qui n’a pas changé depuis un demi-siècle, et qui continue à se réunir (très symboliquement) autour du vieux poêle centenaire.

Dommage, vraiment, que le film tente à ce point de copier Capra, et qu’il procure donc ce sentiment de découvrir un élève très imparfait. Parce que, du choix du sujet aux seconds rôles, de l’alchimie entre les deux stars à l’utilisation (rare) du basket, il y a des tas de très beaux moments dans cette Cité magique.

Paradis perdu – d’Abel Gance – 1940

Posté : 31 mai, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, GANCE Abel | Pas de commentaires »

Paradis perdu

Petit hommage à Micheline Presle avec ce film de jeunesse signé, excusez du peu, Abel Gance. Une curiosité (exhumée par le précieux Cinéma de Minuit, une nouvelle fois), et une merveille, éclairée par la grâce lumineuse de la jeune actrice.

Elle apparaît tardivement dans le générique, comme une guest star, derrière l’acteur principal Fernand Gravey, et derrière l’icone Elvire Popesco (très bien dans un rôle de princesse russe… ou de bonne fée), derrière aussi quelques seconds rôles de prestige (Alerme, Le Vigan, Jeanne Marken)… Mais elle est bien l’âme de ce beau film.

Une apparition, comme un miracle pour le jeune peintre que joue Gravey, qui tombe amoureux d’elle un 14 juillet, en 1914. C’est la première partie du film : le paradis, ces instants de pur bonheur, que Gance filme avec une merveilleuse légèreté, et même une vraie allégresse. Cette première partie tire du côté du feel good movie, de la comédie, de la joie la plus pure.

Et c’est quand le bonheur est le plus total qu’éclate la guerre, la mobilisation générale, et le deuxième mouvement du film : les quotidiens de guerre parallèles et à distance des deux amoureux, lui sur le front, elle dans les usines, dans des décors étonnamment semblables : de la sueur, du vacarme, et des rails de wagonnets pour toile de fond…

Et l’irruption du drame, dans une séquence d’une très grande beauté douloureuse, qui nous noue le ventre.

La troisième et dernière partie est moins convaincante, poussant le bouchon du mélodrame un peu loin, avec les grands violons et l’incontournable sens du sacrifice. C’est un rien moins intense, mais c’est beau, tout de même. Et le sourire de Micheline Presle est décidément irrésistible…

La Fille de Belle Starr (Belle Starr’s Daughter) – de Lesley Selander – 1948

Posté : 28 mai, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, SELANDER Lesley, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Fille de Belle Starr

D’Ali Baba à Cochise, tous les grands noms de la culture populaire ont, à un moment ou à un autre, eu un rejeton. Alors pourquoi pas Belle Starr, figure historique de l’Ouest, dont on ne compte les apparitions dans les westerns classiques…

Elle a donc une fille, qui a le visage innocent de Ruth Roman, et qui n’aspire finalement qu’à vivre une vie rangée et romantique. Ce qu’elle est sur le point de faire, après que sa môman a été lâchement assassinée. Problème : l’homme qui l’attire est shérif, et elle se laisse convaincre c’est cet homme de loi qui a trucidé la Belle…

Ce petit western signé Selander (un spécialiste du genre, qui a à son actif des dizaines de séries B assez inégales) séduit par son originalité, et une relative audace, ne serait-ce que dans sa manière de reléguer le héros (le shérif joué par George Montgomery) au second plan, au profit de celui qu’on sait être le salaud (Rod Cameron).

Le scénario de W.R. Burnett décale le regard habituel, et ce simple décalage suffit à transformer un petit western un peu fauché en une espèce de tragédie en puissance. Selander n’étant ni Hawks, ni Wellman, ni Ford, la tragédie manque de tension, et même de gravité. Mais quand même…

Même léger, le film séduit par ses beaux décors naturels (qui auraient sans doute mérité la couleur), par sa violence sèche, et par quelques belles trouvailles de mise en scène, dont la meilleure est peut-être la première : ces ombres qui se dessinent sur le mur d’une banque, et qui annoncent le drame, sans dévoiler ledit drame.

Selander n’a pas toujours été très inspiré (ma dernière expérience, c’était The Texican… blurp). Cette fois, il l’est.

Le Dolmen tragique – de Léon Mathot – 1948

Posté : 27 mai, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, MATHOT Léon | Pas de commentaires »

Le Dolmen tragique

Un château et son domaine, une dizaine d’invités, autant de rancœurs possibles, un mystérieux crime, et un policier incognito qui tente de démasquer le coupable… Ce n’est pas Agatha Christie, mais c’est tout comme.

Pas d’ambiance so british pour autant : ce film, une curiosité exhumée par Patrick Brion pour son Cinéma de Minuit, est une production qui fleure bon le cinéma français d’après-guerre, avec ses seconds rôles réjouissants (Alerme, Paulette Dubost…), sa gouaille, et même sa chanson…

En guise de chansons, on sort quand même du film un peu frustré : les premières minutes, joliment rythmées par une rengaine qui crée d’emblée une atmosphère enthousiasmante, laissent penser que la musique jouerait un rôle autrement plus important. Mais non : après cette belle entrée en matière, rien d’autre qu’une bande musicale fonctionnelle qui ponctue l’action, parfois lourdement.

Le film est sympathique, jamais ennuyeux, et plein de promesses (pas vraiment tenues) autour de ce dolmen maudit censé représenter tous les mystères de la Bretagne. Mais cet aspect surréaliste est vite évacué, au profit d’un whodunit classique et plein de légèreté. Plaisant, pas renversant.

Histoires extraordinaires à faire peur ou à faire rire… – de Jean Faurez – 1949

Posté : 13 mai, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, FAUREZ Jean | Pas de commentaires »

Histoires extraordinaires à faire peur

Tout commence et tout finit en chansons dans cette adaptation de quelques récits d’Edgar Allan Poe et Thomas de Quincy : quatre histoires de meurtres par le réalisateur du très beau La Vie en rose, quatre contes macabres dans le Paris du Second Empire, racontés par des policiers trompant l’ennui et le froid dans un commissariat, en pleine nuit.

Il y a une constante dans ces quatre histoires : une vraie légèreté qui vient tempérer le caractère glauque voire horrible des crimes dont il est question. Un égorgeur de femmes, un tueur schizophrène hanté par le souvenir de son crime, un homme emmuré vivant, un cadavre qui vient confondre son criminel… Pas de quoi sourire a priori, et pourtant.

Faurez choisit de raconter ces histoires par des intermèdes étonnamment rigolards, avec les policiers (dont Paul Frankeur, très fort-en-gueule) qui s’amusent à se remémorer les plus frappantes de leurs affaires, avec beaucoup de rires et de détachement. Les histoires, pourtant, sont par moments franchement glaçantes.

Une image, notamment, marque les esprits : le visage de Jules Berry, en clown alcoolisé, réalisant qu’il est en train de se faire emmurer vivant par un Fernand Ledoux au sourire sardonique. Là, Faurez nous conduit quelques minutes durant sur les traces de Poe, là où l’horreur et la folie cohabitent.

Ce ton léger tempère nettement la noirceur du propos. Mais la réalisation de Faurez est vive et efficace, et sait créer de moments de frayeurs. Avec ces quatre récits très différents, il signe un film cohérent et prenant, une belle découverte.

Pitfall (id.) – d’Andre De Toth – 1948

Posté : 4 mars, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, DE TOTH Andre | Pas de commentaires »

Pitfall

Grand réalisateur un peu oublié de western (il fut un fidèle de Randoph Scott avant Budd Boettocher), Andre De Toth est aussi un grand réalisateur un peu oublié de film noir. Et Pitfall pourrait bien être son chef d’œuvre. Le doute venant du fait que je suis loin d’avoir vu tous ses films, pas de la qualité de ce petit bijou noir, qui prend le contre-pied réjouissant d’à peu près tous les poncifs du genre.

Prenons l’incontournable femme fatale, si classique semble-t-il : Lizabeth Scott, parfaite en jeune femme trop belle pour laquelle un homme s’est transformé en voleur et a fini en prison… Une femme fatale qu’un enquêteur de compagnie d’assurance rencontre pour récupérer l’argent volé, comme un clin d’œil au film qui a fixé pour toujours les règles du genre : Assurance sur la mort.

L’enquêteur ici (Dick Powell) n’est pas si éloigné de celui de Wilder (Fred McMurray), à ceci près qu’il est un homme bien installé. Trop bien installé : bien marié, père d’un gamin adorable, vivant confortablement… et s’ennuyant comme un rat mort, hanté par ses rêves de jeunesse qu’il a laissé s’envoler au profit d’un confortable train-train qu’il ne supporte plus. Powell est formidable en Américain moyen qui ne supporte plus ce statut d’Américain moyen.

Et elle, celle par qui le drame arrive. Formidable aussi, Lizabeth Scott, personnage fragile et paumé, le seul être vraiment pur de ce monde de faux-semblants et de faux-culs. Drôle de femme fatale, donc, face à une épouse légitime certes douce, aimante et compréhensive, mais avant tout symbole d’un ordre castrateur et vampirisant. Dans ce film noir, ce n’est pas de l’aventure, mais des conventions que vient la menace.

De Toth excelle à filmer la tension qui monte. La pression, plutôt, à laquelle tente désespérément d’échapper Powell, confronté à un Raymond Burr qui n’a jamais semblé si large d’épaules, et dont le danger cette fois vient assez paradoxalement de son cœur tendre, de son coup de foudre pour Lizabeth. Constamment surprenant, et profondément déprimant (et réjouissant). Grand film noir, pas comme les autres.

12345...43
 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr