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Archive pour la catégorie '* Polars/noirs France'

Ne réveillez pas un flic qui dort – de José Pinheiro – 1988

Posté : 21 septembre, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1980-1989, PINHEIRO José | Pas de commentaires »

Ne réveillez pas un flic qui dort

Je n’attendais strictement rien de ce polar tardif de Delon, ses adieux au cinéma de héros comme Le Solitaire fut ceux de Belmondo l’année précédente. Juste l’envie un peu régressive de revoir les derniers feux de la star, ces ultimes moments où Delon se vit comme une superstar encore active.

Et voilà que je me surprends à y prendre un vrai plaisir. Oh ! Pas que le film soit très réussi. Une histoire un peu con, pompage éhonté de Magnum Force quinze ans après, une musique insupportable, des personnages caricaturaux, et Pinheiro qui se dresse en ersatz de Jacques Deray sous influence hollywoodienne…

C’est exactement ce qu’est le film : un Deray sous influence hollywoodienne, avec la noirceur de l’un et les excès de l’autre. Et au centre, un Delon qui en fait le minimum, mais avec une présence indéniable. On ne peut certes pas en dire autant de Michel Serrault, qui cachetonne sans forcer son talent dans un rôle de flic pourri à la tête d’un escadron de la mort.

Il fait la gueule et ne parle guère. Normal : c’est le méchant. A ses côtés, Xavier Delluc est pire, surjouant le sadisme de l’homme de main qui prend son pied à tuer la racaille. Avec un flingue, un bazooka, une arbalète ou une tenaille… C’est qu’il faut varier les plaisirs si on veut tenir l’attention du spectateur.

C’est con, ça devrait être insupportable. Mais la présence de Delon et quelques scènes d’action percutantes et bien senties assurent l’intérêt, notamment une fusillade à la Mesrine d’une violence rare. Pas un temps mort, pas non plus de grande idée, de grande vision… Mais le contrat est rempli. Le cahier des charges, c’est vrai, était bien mince.

Le Dossier noir – d’André Cayatte – 1955

Posté : 31 août, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, CAYATTE André | Pas de commentaires »

Le Dossier noir

Dans l’expression « cinéaste engagé », André Cayatte a davantage marqué les esprits pour son côté engagé que pour ses talents de cinéaste. Pourtant, Le Dossier noir révèle une vraie vision de cinéma. Film à thèse, oui, mais film avant tout, avec une authentique atmosphère, un sens très sûr de la mise en scène et du rythme, et de beaux personnages.

Et puis Cayatte est un excellent directeur d’acteur, ce qui ne gâche rien. Dans le rôle principal, celui d’un jeune juge d’instruction nommé dans une petite ville de province, le pourtant bien falot Jean-Marc Bory est parfaitement troublant et émouvant, annonçant avec quelques décennies d’avance le procureur de Burning Days. Surtout, les seconds rôles sont formidables, dépouillés de leurs manies habituelles : Noël Roquevert en pathétique flic aux ordres, Paul Frankeur en notable monarchique, ou Bernard Blier en superflic parisien sûr de son génie… Tous exceptionnels.

Il y a d’ailleurs beaucoup de personnages dans ce film, et des points de vue qui varient, le jeune juge d’abord omniprésent s’effaçant au fur et à mesure que l’enquête avance et que son rôle s’amenuise. En fait, le vrai point de vue, ce serait celui de la justice en marche. Mais une justice qui fait peu de cas de l’humanité. Entre la corruption et les petits arrangements avec la vérité, il n’y a pas grand monde qui trouve grâce aux yeux de Cayatte, si ce n’est ce petit peuple condamné à jouer de la figuration.

Le ton est acerbe. La justice, les notables, et même la cellule familiale, systématiquement étouffante (mon dieu, ce procureur réduit au silence par une femme, une mère, une sœur et une fille également castratrices)… Cayatte n’épargne personne. Mais ce qu’il condamne, au fond, c’est moins la médiocrité des femmes et des hommes que le système judiciaire lui-même, et cette figure du juge d’instruction tout puissant, ce pouvoir immense laissé entre les seules mains d’un homme, en l’occurrence un gamin à peine sorti de l’école.

Cayatte ne fait certes pas dans la demi-mesure, ce n’est pas le genre de la maison. Mais il a du style pour le coup. Sa mise en scène élégante et efficace, ainsi que la formidable distribution, font de ce Dossier noir un must (LE must?) de sa filmographie.

En légitime défense – d’André Berthomieu – 1958

Posté : 24 août, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, BERTHOMIEU André | Pas de commentaires »

En légitime défense

J’avais découvert André Berthomieu avec Le Mort en fuite, comédie inégale filmée comme un film noir. Avec En légitime défense, c’est un peu l’inverse qui se produit : d’un polar plutôt sombre, il tire un film trop souvent léger, plombé il est vrai par un dialogue lourdement patoisant de Frédéric Dard, qui réussit à faire regretter les pires excès d’un Michel Audiard en roue libre.

Mais il y a des personnages attachants dans cette histoire de racket dans un quartier parisien qui semble bien être Pigalle. Il y a surtout une belle amitié, assez inattendue, entre le suspect et le flic bonhomme mais déterminé joué par Bernard Blier. C’est pour ce dernier que je me suis plongé dans le film, et c’est bien pour lui qu’il faut le voir, formidable dans un rôle assez atypique (même si des flics, il en a joué plus d’un).

Pas désagréable, mais pas transcendant non plus, le film évite assez consciencieusement toute grande surprise et tout grand accroc jusqu’à la scène finale, guet-apens lourd de tension, avec une incroyable poursuite/fusillade entre un ascenseur et une voiture (si, si). Là, tardivement et brièvement, Berthomieu se montre inventif et ambitieux, concluant son film par un moment vraiment mémorable.

Le Mystère de la Tour Eiffel – de Julien Duvivier – 1928

Posté : 22 août, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1920-1929, DUVIVIER Julien, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Le Mystère de la Tour Eiffel

Curieux film que ce Duvivier muet, qui livre une vision à moitié parodique des serials alors très en vogue. Avec rebondissements à n’en plus finir, bandits internationaux, déguisements…

C’est l’histoire improbable d’un gang de malfaiteurs dont on ne comprend pas vraiment ce qu’est leur objectif ultime, si ce n’est celui de leur chef d’élimer celui qui se met en travers d’une fortune personnelle.

Mais qu’importe l’intrigue : elle est une excuse un peu bidon pour enchaîner les moments forts. Un peu à la manière de L’Homme de Rio finalement, que le film Duvivier semble annoncer à plus d’un titre : pour cette course effrénée qui multiplie les terrains de jeux, et pour ces cascades d’anthologie que le film nous offre.

Léger (et mineur), le film est l’une des rares comédies de Duvivier, particulièrement à l’aise lorsqu’il laisse libre court à la folie, comme dans cette scène où le « double » arrive chez lui et se laisse dévêtir, puis servir un verre, par une armée de serviteurs.

Bien plus que l’intrigue, c’est le style que Duvivier donne à son film qui procure le plaisir. On notera ainsi une très belle scène de rêve, avec ces ombres chinoises projetées, quelques trucages marrants (notamment pour le double-rôle), et des images fortes et magnifiques, comme cette caméra embarquée dans le camion de police, ou cette vue plongeante sur les lacets des Alpes.

Surtout, Duvivier filme la Tour Eiffel avec la même puissance que René Clair (Paris qui dort), lors d’une course poursuite finale hallucinante, extraordinairement vertigineuse, entre les entrelacs de la tour… dont on se demande bien ce que les méchants espèrent trouver au sommet, dans leur course désespérée.

L’Inconnu dans la maison – de Georges Lautner – 1992

Posté : 9 juillet, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1990-1999, LAUTNER Georges | Pas de commentaires »

L'Inconnu dans la maison

50 ans après Henri Decoin, Georges Lautner filme à son tour une adaptation du roman de Simenon, et la comparaison est un peur rude pour Lautner. 50 ans après Raimu, Belmondo enfile la robe d’un avocat rongé par l’alcoolisme, et c’est plutôt pas mal. Remake relativement convaincant, donc, et qui permet en tout cas à Jean-Paul Belmondo de réaffirmer sa volonté de revenir à un cinéma plus humain, après Itinéraire d’un enfant gâté et une longue parenthèse théâtrale.

Il est très bien et plein de nuances, dans le rôle de cet homme enfermé dans une sorte de non-existence et d’auto-apitoiement, noyant dans le vin rouge la douleur du suicide de sa femme dix ans plus tôt, recouvrant sous des hectolitres de boissons la présence silencieuse de sa fille (Christiana Réali) et de sa vieille bonne (Renée Faure), jusqu’à ce qu’un coup de feu dans sa propre maison sonne le réveil…

Lautner s’applique à réussir son atmosphère. Mais s’il semble avoir dit à Belmondo de ne pas singer Raimu, lui-même a visiblement vu et revu le film de Decoin, jusqu’à reprendre (de manière assez peu convaincante) le principe de la voix off, qui apparaît tardivement pour redisparaître aussi vite (voix off confiée à Robert Hossein). Il s’applique à filmer la déchéance physique d’un alcoolique, surappuyant par moments ses effets. Heureusement, la prestation de Belmondo sauve le propos.

Plus convaincante : la peinture d’une jeunesse rongée par la drogue, et le parallèle dressé avec l’alcoolisme des anciens. Et cette ligne de fracture qui serait la cause de tout depuis mai 68 : la fracture générationnelle, l’incompréhension et l’indifférence, qui se retrouvent in fine sur le banc lors du procès. L’Inconnu dans la maison est aussi un film de procès, donc, genre éminemment américain, avec une approche qui privilégie l’effet dramatique au réalisme. Ce qui n’est pas un défaut.

De grandes espérances – de Sylvain Desclous – 2022

Posté : 17 avril, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, DESCLOUS Sylvain | Pas de commentaires »

De grandes espérances

Dans Mon crime, son personnage était constamment dans l’ombre de son amie actrice et pseudo-meurtrière. Pourtant, elle dévorait l’écran par un magnétisme assez rare. Ce magnétisme explose littéralement dans De grandes espérances où, sur un autre registre, elle est de toutes les scènes, et presque de tous les plans. Rebecca Marder est une actrice magnifique, et c’est la première qualité de ce film que de le confirmer.

Et mine de rien, il est d’une extrême richesse ce personnage de jeune femme brillante, issue de la classe la plus populaire, et destinée aux plus hautes fonctions de l’État. Elle est presque trop parfaite : belle, intelligente, engagée à gauche, grande amoureuse, débatteuse enflammée, visionnaire et courageuse. Mais il y a cet écueil sur une route toute tracée : une altercation imbécile sur une petite route de Corse, un homme trop agressif, un petit ami trop lâche, et un fusil trop à portée de main…

Et voilà comment la peinture sociale, déjà passionnante grâce à ce personnage si fort, tourne au thriller politico-romantique. Et comment les failles apparaissent : une fragilité jusque là si bien cachée, un père pas très présentable quand on fréquente d’anciens ministres, et un mensonge qui passe mal. Le mensonge : ce sujet si complexe qui laisse la brillante oratrice muette face au jury de l’ENA, comme si, soudain, la réalité du monde et la pureté des convictions se télescopaient.

Le manichéisme apparent (le gentil social de gauche face au méchant capitaliste de droite) se heurte très vite à une vérité bien plus complexe. Les uns et les autres sont du même monde, du même moule, et les bons sentiments n’y font rien. Le film de Sylvain Desclous n’appuie jamais sur ces contradictions, mais distille des petites touches de cynisme, qui renforcent paradoxalement l’humanité des personnages.

Les scènes entre la fille et le père sont particulièrement fortes, en ce qu’elle mettent en évidence le mur qui sépare les couches sociales, quels que soient les liens. Elles sont belles et pudiques ces scènes, comme des parenthèses d’authenticité refoulée dans un monde où tout n’est que posture et représentation. La dernière image, sans rien en dire, est magnifique de pudeur et d’émotion.

Le dernier mercenaire – de David Charhon – 2021

Posté : 16 avril, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, CHARHON David | Pas de commentaires »

Le dernier mercernaire

Envie de débrancher le cerveau ? Ce film là en vaut un autre. Il est assez con, avec une histoire inutilement alambiquée d’espionnage et de trahison. Il est globalement très mal joué, avec des acteurs pas aidés par des dialogues souvent lourdingues. Les scènes d’action sont au mieux divertissantes, jamais percutantes. Bref, pas grand-chose à sauver. Mais si on choisit celui-là plutôt qu’un autre, c’est pour Jean-Claude Van Damme, dans son premier film d’action en français. Et là, c’est un festival.

Il faut l’aimer, Van Damme, pour apprécier Le dernier mercenaire. Et voilà : il se trouve que j’ai depuis longtemps une tendresse que je n’arrive pas même à m’expliquer pour lui, en dépit de ses films, très largement pas terribles. Et cette manière qu’il a de sans cesse rebondir en se moquant de lui-même, en parodiant sa propre image, a quelque chose de touchant, et d’assez passionnant.

Ici, il est un mercenaire, un espion, un roi du déguisement et de la castagne, une véritable légende qui trimballe derrière lui des décennies d’exploits pour la France, et surtout l’aura de l’acteur. Et c’est ce dernier aspect qui rend le personnage attachant. Pas ce gag lourdingue d’un Van Damme qui passe devant l’affiche de Bloodsport en lançant un « ça c’est un mec ! ». Mais cette vision d’un Van Damme en proie à une immense lassitude qui nous ressort son fameux grand écart, ou ce héros soudain renvoyé à sa fragilité de père absent, incapable de parler à ce fils qu’il ne connaît pas.

Dans cette comédie d’action, l’objet de toutes les attentions n’est qu’un macguffin comme un autre. Ce qui compte, c’est cette relation père-fils au centre de tout. Ou plutôt non : pas la relation, le personnage du fils n’a pas grand-intérêt. Mais la fêlure du grand homme, cette incapacité qu’à Van Damme de livrer ses sentiments, de faire face à ses choix de père misérable. Et Van Damme est très bien dans ce rôle d’homme fatigué et plein de doutes.

Enfin… de doutes… Rien de très sérieux, quand même. Tout n’est que prétexte à enchaîner les blagues et les scènes d’action. Miou-Miou cachetonne, Alban Ivanov et Eric Judor font ce qu’on attend d’eux (sans filtre), Patrick Timsit serre les dents, Assa Sylla surnage dans un rôle à peine écrit. Et Van Damme s’impose au milieu de ce petit monde avec une humilité inattendue. La seule raison d’être du film.

Deux heures à tuer – d’Ivan Govar – 1966

Posté : 15 avril, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, GOVAR Ivan | Pas de commentaires »

Deux heures à tuer

Ivan Govar n’a que 30 ans quand sort Deux heures à tuer. C’est pourtant son tout dernier film, conclusion d’une carrière qui n’a pas laissé une grande impression, et guère de souvenir. C’est qu’il n’a pas été épargné par la critique, ni sauvé par le public, ce cinéaste belge condamné au purgatoire bondé des réalisateurs oubliés par l’histoire du cinéma.

Injuste ? Soyons honnête : Deux heures à tuer est assez laid formellement, qui souffre d’une photographie dégueulasse, un peu comme si le film était pensé pour les télévisions noir et blanc de l’époque. Alors forcément, le premier réflexe serait de passe à autre chose et de ne pas même voir si une réhabilitation était envisageable.

Et puis, aussitôt après ce premier réflexe vient un autre constat : cette voix off qui introduit le film, plante le décor, et enserre d’emblée le drame dans le huis-clos d’une petite gare de province. Cette entrée en matière est en soi très originale, dans sa manière assumée de ne rien montrer du drame, ces meurtres qui s’enchaînent dans cette petite ville habituellement si tranquille. Et cette voix off n’est pas celle de n’importe qui : Jean-Roger Cossimon, chanteur et parolier que Bertrand Tavernier réhabilitera quelques années plus tard, et dont la voix fascinante plante formidablement le décor.

Une petite gare, donc, dont on ne sortira à aucun moment. Et une poignée de personnages qui tuent le temps, dans ces deux petites heures qui les séparent de leur train. Le film respecte quasiment l’unité de temps. Il respecte totalement l’unité de lieu, et s’avère un modèle de construction pour introduire les différents personnages, en gardant leur part de mystère.

Il y a Cossimon lui-même, excellent en riche cocu dur de la feuille, qui se coupe volontairement du monde qui l’entoure en coupant le son de son sonotone. Et puis Catherine Sauvage en épouse calculatrice. Raymond Rouleau en amant mystérieux. Michel Simon en bagagiste bougon. Et surtout Pierre Brasseur, cabot génial.

Visuellement, le film est laid, c’est entendu. Mais il a pour lui ses voix : celle de Cossimon, celle de Simon, et celle de Brasseur, presque omniprésente, et fascinante par sa logorrhée et par les fausses pistes qu’elle véhicule : est-ce la voix d’un flic, comme on se l’imagine ? Est-ce celle d’un fin limier ou d’un idiot crédule ? Il faudra la fin assez radicale pour trouver des réponses.

Malgré ses limités esthétiques assez évidentes, Deux heures à tuer séduit et emporte, par la qualité de son scénario, par son interprétation, et par sa manière aussi, mine de rien, d’invoquer les fantômes de l’occupation au gré de ses dialogues et des apparitions répétées de policiers en uniforme. Une curiosité.

Mon crime – de François Ozon – 2023

Posté : 14 avril, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, OZON François | Pas de commentaires »

Mon crime

François Ozon aime le cinéma français des années 1930, et il aime Danielle Darrieux. Il l’avait déjà montré il y a vingt ans avec 8 femmes, l’un des derniers grands rôles de la star. Il le réaffirme aujourd’hui avec Mon crime, une fantaisie policière où l’ombre rassurante de Darrieux plane constamment.

C’est sa voix que l’on entend le temps de deux chansons. Et l’action se déroule dans le Paris de 1935, alors que la carrière de l’actrice explose : les deux héroïnes assistent d’ailleurs à la projection de Mauvaise graine, le film que Billy Wilder a tourné en France avec Darrieux. Voilà pour le décor, et presque pour le parrainage.

L’ambiance, elle aussi, semble tout droit sortie du cinéma français de cette époque. A la fois pour l’intrigue et la manière légère de l’aborder : cette histoire d’une apprentie comédienne accusée d’un meurtre qu’elle n’a pas commis, et qui décide de se l’approprier avec son amie apprentie avocate, lorsque les deux jeunes femmes, sans le sou, comprennent à quel point l’histoire va faire d’elle des héroïnes modernes.

Il est question de la domination des hommes sur les femmes, de révolution qui s’annonce, mais aussi du pouvoir de l’image et des médias… mais sur un ton que n’aurait pas renié Sacha Guitry, à qui on pense beaucoup tout au long du film. La virtuosité, l’éloquence, le grain de folie… Du Guitry presque dans le texte.

Porté par deux actrices enthousiasmantes (Nadia Tereskiewicz, César du meilleur espoir cette année, et Rebecca Marder, à qui le César du meilleur espoir revenait presque de droit cette année), le film d’Ozon n’oublie pas non plus ce qui faisait la grandeur du cinéma français des années 30 : la richesse des seconds rôles.

Et là, c’est un bonheur assez rare : Fabrice Lucchini, plus proche de Louis Jouvet que jamais en juge pédant et à côté de la plaque ; Isabelle Huppert en vieille gloire du muet qui refuse de jouer les femmes vieillissantes ; Michel Fau en procureur phallocentré (« Si on ne la condamne pas pour son crime, chaque femme pensera qu’elle aura le droit de nous égorger à la première maîtresse ! ») ; André Dussolier en père, disons, pragmatique… Tous prennent visiblement un grand plaisir, très, très communicatif.

Le Parfum vert – de Nicolas Pariser – 2022

Posté : 31 mars, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, PARISER Nicolas | Pas de commentaires »

Le Parfum vert

Une comédie policière un peu rétro… Voilà le genre de plaisir qui ne se boude pas. Nicolas Pariser flirte ouvertement du côté d’Hitchcock. Une petite chose gentiment désuète qui pourrait suffire à mon bonheur, si le réalisateur avait su proposer autre chose qu’une compilation de clins d’œil et de citations plus ou moins évidentes.

Beaucoup d’Hitchcock, donc, des 39 marches à La Mort aux trousses en passant par Sueurs froides et beaucoup d’autres, mais aussi du Tintin (avez-vous remarqué la statuette de l’Oreille cassée), et quelques autres références. Ce catalogue de citations a deux effets : premièrement, il conduit assez vite à un sentiment de profonde lassitude ; deuxièmement, il permet de tenir jusqu’à la fin du film sans trop s’ennuyer, en s’amusant à reconnaître tel ou tel film.

On en sort quand même avec une vraie frustration. On pouvait attendre un peu plus d’originalité et d’audace de cette histoire de course poursuite à travers l’Europe, avec un duo mal assorti incarné par Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste. Elle, illustratrice lasse et prête à se lancer dans toutes les aventures. Lui, comédien très rive gauche dont un camarade est mort sur scène après lui avoir murmuré d’étranges paroles à l’oreille. Et ça, oui, c’est L’Homme qui en savait trop.

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