21 nuits avec Pattie – d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu – 2015
Les frères Larrieu ont un rapport au sexe pour le moins curieux. Dans leur dernier film, on parle beaucoup de sexe, et de manière très crue. Dans la bouche de Karin Viard (sans jeu de mot douteux), particulièrement sexy en villageoise nature et obsédée (c’est elle qui le dit), cela ne manque pas de piquant : l’actrice a un don pour parler de bites et de couilles avec un naturel confondant.
Mettre face à cette nature explosive la douce et prude Isabelle Carré, qui écoute les multiples aventures d’un soir de Karin Viard avec les yeux grands ouverts, la bouche fermée, et le rose au joue, ne suffit pas aux Larrieu, qui font de leur film un long flirt entre le sexe et la mort.
On a donc Isabelle Carré, mère de famille sans envies et sans fantasmes, qui arrive dans le petit village reculé où sa mère, qu’elle n’a pas vue depuis des années, vient de mourir. Une mère qui multipliait les aventures et qui s’était liée avec une femme de ménage elle aussi très portée sur le cul (Karin Viard, donc). Sauf que le corps de la défunte disparaît sans laisser de trace, et qu’un vieux beau qui affirme être un ancien amant de la mère ne tarde pas à débarquer : André Dussolier, dont on se demande s’il est l’écrivain JMG Le Clézio incognito… ou un nécrophile éploré.
Les acteurs sont tous excellents (mention spéciale à Denis Lavant en rustre incompréhensible fortement membré), la nature est magnifique et superbement filmée, comme toujours chez les Larrieu, et il y a quelques moments de pure magie qui semblent sortis d’un film d’Apichatpong Weerasetakhul : un fantôme qui se lance dans une danse fascinante, où le réveil d’Isabelle Carré perdue dans une forêt qui paraît l’entourer comme un cocon…
Mais à part ça ? Ben pas grand-chose… La chair est un peu triste, le rythme est un peu lent, et le film est un peu vain et ennuyeux. Les Larrieu oscillent constamment entre la gravité et la dérision, entre le sérieux et le grotesque, entre la fable et le suspense (jusqu’à la parodie d’un dénouement agathachristien devant une assistance absente), entre l’empathie et la moquerie. Bof…