Arrête ou ma mère va tirer ! (Stop ! Or my mom will shoot) – de Roger Spottiswoode – 1992
Jusqu’à la toute dernière punchline, et au sourire figé de Stallone, ce film a au moins le mérite de la cohérence : c’est une aberration, pure et simple, l’un des sommets du cinéma « what the fuck » du XXe siècle…
Le plus réjouissant concernant cette chose, c’est la légende qui lui est rattachée, que l’on doit à Schwarzenegger. A cette époque, Stallone et lui sortent de dix ans de compétition acharnée. Et pour situer le truc : en 1991, Arnold a tourné Terminator 2, et Sly… le remake d’Oscar, tenté par les récents succès que son rival a connu dans la comédie, de Jumeaux à Un flic à la maternelle.
Alors quand le bruit circule selon lequel Schwarzenegger s’apprête à s’engager pour une comédie dans laquelle il incarnerait un flic forcé de faire équipe avec sa mère, Stallone profite de l’occasion qui lui est présenté pour le court-circuiter, et signe illico pour ladite comédie. Tombant ainsi dans le piège tendu par Schwarzie, qui avait bien compris l’inanité du projet, et dont on imagine bien la tête hilare.
Est-ce que cette anecdote est vraie ? Elle est si incroyable qu’elle l’est probablement. Elle illustre en tout cas la course à la surenchère et le grand n’importe quoi qu’était devenue la trajectoire de Stallone. D’ailleurs, comment expliquer, sinon, que Stallone ait accepté cette ineptie ? Ce duo si improbable (et si raté) avec sa mère de cinéma, insupportable Estelle Getty ? Et cette scène de cauchemar dans laquelle il apparaît portant une couche de bébé en pleine rue ?…
Il y a un autre mystère qui entoure ce film : comment Roger Spottiswoode a-t-il pu être épargné par ce naufrage, au point de se voir confier un James Bond (pas mal, d’ailleurs) quelques années plus tard ? Ça aussi c’est inexplicable. Parce qu’il a évidemment sa part de responsabilité. OK, le scénario est inepte. OK, le tandem mère/fils ne fonctionne pas. Mais rien ne fonctionne là-dedans. Du côté de la comédie comme de celui de l’action, c’est une purge totale, qui ne tire ni un sourire, ni un frisson.
Pendant ce temps, Schwarzenegger s’apprête à tourner Last Action Hero, avec une autodérision nettement plus réjouissante. Et il ricane. Aujourd’hui, Stallone et lui sont les meilleurs potes du monde. Ce qui veut dire une chose, au moins : Stallone a le sens de l’humour. Au moins après coup.