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Archive pour la catégorie 'STALLONE Sylvester'

Rambo : Last Blood (id.) – d’Adrian Grunberg – 2019

Posté : 7 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), GRÜNBERG Adrian, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo Last Blood

Après avoir fait (probablement) ses adieux à Rocky avec le décevant Creed 2, Stallone fait (probablement) ses adieux à Rambo. Le voir renouer une fois de plus avec ses deux personnages fétiches n’est pas un hasard : comme à l’époque de Rocky Balboa et de John Rambo qui l’avaient sorti d’un long purgatoire, Stallone vient d’enchaîner quelques catastrophes industrielles. A 70 ans passés, il semble bien difficile pour lui de trouver un nouveau souffle au-delà de Rocky et de Rambo. Peut-être la série Tulsa King changera-t-elle la donne…

En attendant, ce Last Blood (une manière de boucler la boucle après l’inaugural First Blood de 1982) n’est pas le ratage complet souvent annoncé. On pourrait même le considérer comme la plus digne des suites, celle dans laquelle le personnage est finalement le mieux respecté. En tout cas le moins trahi. C’est que, depuis un Rambo 2 qui ne gardait à peu près du personnage que son côté machine de guerre, la saga a eu toutes les peines du monde à trouver son équilibre entre le traumatisme du vétéran façon seventies et cet aspect va-t-en guerre typique des eighties.

Avec John Rambo, en 2008, Stallone ne cherchait pas vraiment à trouver une porte de sortie satisfaisante, se contentant grosso-modo de recycler des aspects des trois premiers films. En revenant sur le sol américain, Last Blood se recentre sur le personnage de Rambo, qui mène depuis une dizaine d’années une vie paisible, tentant de garder ses fantômes à distance. C’est un peu comme si le William Munny d’Impitoyable et le Walt Kowalski de Gran Torino ne faisaient plus qu’un…

L’ombre de Clint Eastwood plane sur le film… Non : elle pèse sur le film, rappelant constamment ce qu’aurait pu être Last Blood si Stallone (scénariste du film) avait fait davantage confiance au potentiel dramatique de son film. La première partie est assez belle, se concentrant sur les relations du vétéran avec une ado qu’il considère comme sa fille, avec qui il a enfin trouvé la paix. Jusqu’à ce que la jeune femme, contre l’avis de son protecteur, ne décide de partir pour le Mexique, à la recherche de son vrai père, qui l’a abandonnée.

Et c’est là que ça se gâte. Parce que la relation fille/père est évacuée en une courte scène franchement ridicule. Parce que le Mexique est présenté d’emblée comme le lieu de tous les dangers où le pire des destins attend immanquablement une jeune Américaine en visite. Et parce que le pire des destins attend effectivement la jeune Américaine en visite. Pour la délicatesse, on repassera, mais Stallone émeut par sa présence fatiguée, par ce regard qui dit toute sa douleur et toute sa fatigue.

Reste la dernière partie, comme coupée du reste du film : un massacre sanglant et gore, vingt minutes au cours desquelles Rambo flingue, décapite, explose, découpe, charcute, charcle… Bref, il tue par tous les moyens dont il dispose, qui sont nombreux. C’est super violent, super efficace, et super bas du front. Et on se rappelle que, dans le film de 1982, Rambo ne tuait qu’une personne, et encore le faisait-il involontairement. Le premier sang versé était rare, et marquant. Près de quatre décennies plus tard, c’est sur des hectolitres de sang que le vétéran devenu mythe populaire tire sa révérence…

Le Samaritain (Samaritan) – de Julius Avery – 2022

Posté : 3 octobre, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), AVERY Julius, FANTASTIQUE/SF, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Le Samaritain

Stallone avait déjà flirté avec l’univers des comics, de son Judge Dredd de triste mémoire à son apparition dans Les Gardiens de la Galaxie 2. Mais c’est la première fois qu’il incarne un super-héros. Un passage à l’acte tardif : il a 75 ans, quand même, avec plus grand-chose à prouver mais de sérieuses difficultés à se renouveler.

Si sa carrière reste à flot, il le doit en grande partie à ses rôles incontournables, jusqu’aux récents Creed 2 et Rambo Last Blood. Mais à côté, rien ou si peu. Alors le voir dans un film un peu différent a de quoi réjouir ses fans. Surtout qu’on est loin des Marvel et DC qui peuplent les écrans ces dernières années : plutôt du côté du Incassable de Shyamalan, dont le film reprend l’approche réaliste.

Stallone incarne donc un vieil éboueur qui vit seul, comme coupé de la société, et qu’un jeune garçon du voisinage soupçonne d’être le Samaritain, un super-héros censé avoir péri dans un affrontement titanesque vingt-cinq ans plus tôt. Stallone en vieux héros fatigué de tout, accusant lourdement le poids des ans… C’est ce qu’il y a de plus réussi dans ce film plein de très bonnes intentions.

Ce qui ne suffit pas, évidemment. Ecrit avec une lourdeur impardonnable, souffrant d’un rythme bancal et de dialogues impossibles, Le Samaritain flirte bien trop souvent avec le grotesque pour ne pas laisser un goût amer. On voit bien ce que le film aurait pu donner avec un regard un rien plus délicat, et en s’attachant d’avantage à l’humanité de ce vieil homme revenu de tout. Mais en dehors de lui, les personnages sont dans le meilleur des cas assez peu crédibles, dans le pire franchement caricaturaux. Alors difficile de prendre au sérieux cette histoire qui voudrait l’être.

Quant au méchant, il renvoie à une tradition de bad guys qu’on croyait disparue depuis les années 1990, incarnation du mal sadique sans la moindre espèce de nuance. Ce qui est un peu dur à avaler dans un décor sans grand artifice qui se veut âpre et réaliste. Même limite pour le gamin, véritable héros du film mais ni crédible ni attachant.

Il y a tout de même une certaine générosité dans l’action, et une manière assez adroite de se débrouiller avec un budget qui semble limité. Et Stallone lui-même, dont la dégaine fatiguée et lourde sert parfaitement l’ambition du film. Reconnaissons aussi que c’est sans doute le meilleur film de super-héros qui ait fait son entrée dans ce blog depuis des années. Mais c’est vrai, il y en a peu.

Creed 2 (Creed II) – de Steven Caple Jr. – 2018

Posté : 17 septembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, CAPLE Jr., STALLONE Sylvester, Steven | Pas de commentaires »

Creed 2

Creed 2, ou Rocky 8, ou Rocky 4 – la suite. C’est un peu tout ça à la fois, et c’est là la force et la limite de ce qui pourrait bien être l’ultime apparition de Stallone dans les frusques de son personnage mythique, ce Rocky Balboa à qui il doit tout et qui l’accompagne depuis quarante-deux ans. Un compagnonnage unique dans l’histoire du cinéma, qui s’achève avec une double-suite elle aussi unique en son genre.

Pas que Creed 2 soit un film particulièrement original. Il ne l’est pas à bien des égards, se contentant très largement de répéter et de mettre en abîme des situations vues dans les précédents opus. La construction dramatique elle-même, autour de deux combats successifs aux conclusions très différentes, rappelle ainsi à la fois le diptyque Rocky-Rocky 2, et le dispensable Rocky 3.

Mais c’est bien une suite directe du caricatural Rocky 4 et de l’excellent premier Creed que signe Stallone, co-scénariste du film. Et c’est là que le vrai miracle apparaît : Au film déshumanisé de 1985, devenu un symbole désolant de l’Amérique reaganienne triomphante, Creed 2 donne une suite désenchantée et assez belle, dans laquelle le personnage tristement monolithique du film original dévoile une humanité aussi inattendue qu’émouvante.

Symbole glacé et monstrueux d’une Russie déshumanisée à l’extrême en pleine guerre froide, Ivan Drago est désormais un paria vivant seul avec son fils dans une Ukraine triste et morne… Quatre ans après la sortie du film, voilà un contexte qui prend un tout autre relief. Bien sûr, ce n’est pas d’une finesse révolutionnaire, mais il y a quelque chose de très beau à voir Stallone-Balboa réhabiliter le plus désincarné de ses adversaires, jusqu’à lui offrir une conclusion bouleversante.

Il y a une limite quand même, et elle est de taille. Et elle tient au fait que jusqu’ici, je n’ai pas encore abordé le personnage principal de Creed 2 : Adonis Creed, fils d’Appolo et protégé de Rocky, à qui Michael B. Jordan apporte une belle intensité, autant à l’aise dans la puissance des combats que dans la sensibilité des rapports humains. Mais Adonis n’existe réellement que par ce qu’il renvoie de Rocky.

C’était déjà sensible dans le premier Creed, où l’équilibre entre les deux personnages était joliment trouvé. Ici, c’est plus problématique, parce que Rocky est nettement plus en retrait. Il a bien quelques très beaux moments, dont on sent qu’ils ont été pensés par Stallone pour lui permettre de faire ses adieux au personnage. Mais la plupart du temps, Creed/Jordan tente de voler de ses propres ailes.

Tente, seulement. Parce que non, Adonis Creed n’est pas le nouveau Rocky Balboa. Il n’en a pas le cœur, l’humanité, ce petit quelque chose qui fait de Rocky l’un des grands personnages du cinéma. En fait, Creed n’existe pas sans Rocky : il en est un prolongement, le reflet d’une jeunesse envolée. Savoir que Stallone n’apparaîtra pas dans Creed 3, que Michael B. Jordan a lui-même réalisé, n’est pas vraiment la nouvelle la plus excitante de l’année.

• Lire aussi : Rocky ; Rocky 2, la revanche ; Rocky 3, l’œil du tigre ; Rocky 4 ; Rocky 5 ; Rocky Balboa ; Creed, l’héritage de Rocky Balboa.

Demolition Man (id.) – de Marco Brambilla – 1993

Posté : 7 mai, 2022 @ 8:00 dans 1990-1999, ACTION US (1980-…), BRAMBILLA Marco, FANTASTIQUE/SF, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Demolition Man

Faisons un peu d’histoire. Il y a presque trente ans, Stallone sortait d’un passage à vide au début des années 90. Revenu au sommet (littéralement) avec Cliffhanger, l’une de ces histoires de résurrection qui lui conviennent si bien, il était annoncé à l’affiche d’un film de science-fiction dont la bande-annonce était hyper-alléchante : un Stallone dur et teigneux, sombre et violent.

Autant dire qu’à l’époque, les chansons de publicités vintages, l’humour aseptisé et les coquillages pour se torcher ont fait l’effet d’une douche tiède au spectateur avide d’un spectacle hard-boiled. A le revoir trois décennies plus tard, c’est plutôt une bonne surprise qui domine. Passée la scène d’ouverture (dans un quasi-présent) où l’action et les effets pyrotechniques semblent bien dépassés, le film a gagné en pouvoir de sympathie, assez paradoxalement.

Le petit culte qui a fini par l’entourer le rapproche de ces publicités gentiment ringardes que les gens du futur chantent à tout bout de chant. De fait Demolition Man invoque une sorte de nostalgie de ce qu’était le cinéma d’action dans les années 1990. Et même si le trait est franchement forcé, difficile de ne pas voir cet avenir aseptisé sans penser aux grosses productions d’aujourd’hui, totalement lissées par des effets numériques envahissants.

Dans Demolition Man, on est encore à une époque où les grosses productions permettaient de construire des décors surdimensionnés. En l’occurrence une cité souterraine ou un musée qui reconstitue le monde violent mais humain du XXe siècle. L’idée est d’ailleurs assez marrante de faire se retrouver le méchant et le flic d’hier dans un musée consacré à ce qui fut leur quotidien.

Réalisateur éphémère de blockbuster, reconverti ensuite dans l’art contemporain, Marco Brambilla joue énormément avec l’imagerie machiste de ces années-là, offrant à Stallone des tas de plans très à son avantage, soulignant son regard dur et ses muscles hyper dessinés, particulièrement en valeur à côté d’une Sandra Bullock aux traits débarrassés de toute aspérité.

Il y a un peu de cynisme et beaucoup d’ironie dans ce regard. Pas mal de distance aussi, et une réplique à la fin du film qui résume assez bien le propos, lorsque Stallone appelle au calme : entre la sauvagerie d’hier et l’aseptisation de demain, chacun fera un bout de chemin, et tous finiront par se retrouver au milieu. C’est assez con, assez marrant, et sans temps mort.

Backtrace (id.) – de Brian A. Miller – 2018

Posté : 6 septembre, 2019 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), MILLER Brian A., STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Backtrace

Il y a quand même des signes qui inquiètent les fans de ce bon vieux Stallone. Ce qui ressemble de plus en plus à une incapacité à se renouveler : depuis Expendables et un bref sursaut d’ambition au milieu des années 2010, il n’y a quand même plus guère que Rocky et Rambo qui lui permettent de garder son rang. Et ce n’est pas ce Backtrace qui va changer le constat…

On peut se poser la question comme on se la posait pour les deux récentes (et miteuses) suites d’Evasion (la première – argh – et la seconde – bof) : mais qu’est-il donc allé faire dans cette galère, Stallone ? Pourquoi s’est-il impliqué dans ce projet qui sent d’emblée l’accident artistique… Encore que « impliqué » paraît un grand mot, tant l’acteur semble s’ennuyer dans les quelques scènes qui lui sont offertes. Comment pourrait-il en être autrement, franchement, devant la caméra d’un réalisateur dont les seuls titres de gloire sont d’avoir dirigé Bruce Willis dans une série de direct-to-DVD à la triste renommée…

Il y a bien quelques jolies images de ciels dans les plans de coupe, mais à part ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent dans ce thriller au scénario poussif qui évoque les téléfilms qu’on tournait à la chaîne jusque dans les années 90. Soit un homme amnésique, emprisonné depuis sept ans après une fusillade sanglante, que de mystérieux compagnons aident à retrouver la mémoire pour mettre la main sur le magot.

Le gars est interprété par Matthew Modine, qu’on avait perdu de vue depuis bien longtemps, et que ce rôle ne va pas aider à revenir au premier plan. Stallone, lui, est certes le sauveur, le héros, le superflic qui finit par dézinguer à lui seul l’armée de méchants, mais il se contente d’un rôle de second plan dans cette histoire, où il semble par moments être étrangement mal à l’aise, sans savoir quoi dire ni quoi faire de son corps.

Le film lorgne du côté de Heat (pour les scènes d’action) et Usual Suspects (pour un rebondissement-incroyable-que-personne-n’avait-vu-venir). Ce qui pose quelques problèmes.

D’abord, les scènes de fusillades font certes beaucoup de bruit, mais le style syncopé de Brian Miller est, surprise, loin de la virtuosité et de l’élégance de Michael Mann. Quant au fameux rebondissement « à la Usual Suspects », révélé par une séquence au montage honteusement pompé sur le film de Singer, eh bien il se révèle tout pourri, loin du twist renversant et total de keyser Söze, faisant même du film une sorte de chronique familiale pantouflarde certes inattendue.

Bref, on regrette quand même amèrement de ne pas avoir prévu un pack de bière. On s’ennuie gentiment. On attend avec encore plus d’impatience la fin du film que la sortie du cinquième Rambo. Et on se contente des quelques plans de coupe qui, oui, représentent de bien jolis ciels.

Evasion 3 (Escape Plane : the extractors) – de John Herzfeld – 2019

Posté : 21 juillet, 2019 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), HERZFELD John, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Evasion 3

C’est bien par fidélité pour ce bon Sly que je m’enquille cette suite de la suite la plus désastreuse de toute la carrière de Stallone. Evasion 2 était plus qu’un ratage : c’était une véritable aberration. Et c’est sans doute la plus grande force de ce troisième volet, qui tente (maladroitement) de recoller à l’univers du premier : en comparaison, c’est une réussite. En comparaison.

Au moins John Herzfeld, un proche de Stallone (qu’il a déjà dirigé dans Bad Luck), a-t-il la volonté de faire de belles images. OK, il s’y prend souvent maladroitement, en collant un orage (numérique) à l’arrière-plan, ou un ciel étoilé (numérique) à l’arrière-plan, mais quand même : tout ça permet, de temps à autres, d’oublier la vacuité du truc et la nullité d’un scénario écrit avec des gants. De boxe, les gants : au point de s’oublier et de faire dire à Stallone une « réplique » comme sortie de Rocky. Quelque chose comme « Vas-y, cogne… plus fort. »

Côté histoire, la routine : Ray Breslin, le personnage de Stallone, doit cette fois libérer la fille d’un puissant homme d’affaires chinois, pris en otage par le fils d’un ennemi personnel. D’autant plus personnel qu’il a aussi enlevé sa petite amie, histoire de rendre la chose plus intime… Et comme le film (comme le précédent) est avant tout taillé pour le public chinois, qui avait fait un bel accueil au premier, Stallone partage l’affiche avec deux vedettes locales, spécialistes des arts martiaux.

Stallone est quand même plus présent que dans le deuxième volet. Plus à sa place aussi, même si les différents personnages semblent avoir tous leur propre film, sans grande cohérence : Stallone dézingue méchamment une poignée de méchants, ses deux side-kicks chinois castagnent et se chamaillent de leur côté, Dave Bautista débarque comme par magie les armes à la main au cœur de cette prison soi-disant imprenable, et Curtis « 50 cents » Jackson se contente de cinq minutes d’écran sans intérêt.

Voilà, voilà. Que dire d’autres ? Ah oui, le film s’ouvre avec une longue série de plans sur les laissés pour compte d’une petite ville américaine, qui n’a strictement rien à voir avec la suite. Et il se referme avec une chouette chanson, à peu près le meilleur moment du film. Entre les deux, du tout venant pour Stallone et ses comparses, tourné à la va-vite dans la foulée du précédent pour limiter les frais de production. Clairement pas un grand Stallone, mais vu qu’on n’en attendait strictement rien…

Get Carter (id.) – de Stephen T. Kay – 2000

Posté : 26 janvier, 2019 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, KAY Stephen T., STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Get Carter

Je ne dis pas que ce film est bon, ni même qu’il y a quelque chose à y sauver. A vrai dire, je serais tenté de dire l’inverse : si, sur le principe, on peut trouver une certaine excitation à voir Stallone dans un remake de ce petit classique hard boiled des seventies, tous les parti-pris sont simplement catastrophiques.

Bref, je ne dis pas que Get Carter est réussi, je dis juste qu’il est un maillon incontournable si on veut appréhender correctement la carrière hors normes de Stallone. Je ne dis d’ailleurs pas qu’il faut l’appréhender correctement. Juste que j’en ai envie.

Après les échecs (injustes, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire) de Daylight et Copland, Stallone sait qu’il doit se renouveler. Il le croit, en tout cas : quelques années plus tard, c’est en revenant à ses personnages fétiches qu’il finira par sortir de l’ornière. Son inspiration, en l’occurrence, est assez évidente : c’est du côté du Payback avec Mel Gibson que Stallone lorgne. Pourquoi pas.

Sauf que le film est aussi indispensable pour comprendre une bonne fois pour toutes l’importance d’un réalisateur aux commandes d’un film. Zooms utilisés à l’excès, plans désaxés, montage syncopé… Tout l’attirail lourdingue du réalisateur de bouses est réuni pour faire de ce film… eh bien une bouse. Ajoutez des dialogues lourdingues (« still pretty ? – yeah, like cat pee on the snow »).

Qu’est-ce qu’il reste ? Ben pas grand-chose. Pour l’anecdote : juste les retrouvailles de Stallone et Michael Caine, le Carter original qui avait autrement plus de classe, vingt ans après s’être donnés la réplique dans A nous la victoire, devant la caméra de John Huston. Ce n’était peut-être pas un chef d’œuvre, mais c’est un peu plus glorieux sur un CV.

A nous la victoire (Escape to Victory) – de John Huston – 1981

Posté : 21 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, HUSTON John, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

A nous la victoire

Eh oui, Stallone a tourné sous la direction de John Huston. OK, pas pour le meilleur film de ce dernier (pas au top en ce tout début des années 80: il venait de réaliser Phobia), mais quand même. Sur un CV, un film de Huston, ça vous classe immédiatement un acteur…

Auréolé de sa jeune gloire rocky-esque, le trentenaire déjà fort musclé se voyait encore comme un possible acteur de composition à l’époque: entre deux épisodes de sa saga déjà bien entamée (cette année-là, il sort aussi Rocky 3), il s’essaye à différents genres, passant de l’univers de Norman Jewison (F.I.S.T.) au polar noir très seventies (Les Faucons de la nuit). Avec, donc, une sorte d’apothéose: être embauché par Huston en personne.

Sauf qu’on a connu Huston nettement plus impliqué que dans ce drôle de film d’évasion qui semble totalement anachronique en ce début de décennie, avec un camp de concentration qui ressemble plus à un club de vacances vaguement contraignant, avec ses gardiens débonnaires et ses tentatives d’évasion pour la forme. Tout ça passerait sans problème si le film était une comédie, mais non.

D’ailleurs, la toute première scène, sombre et intense, vient d’emblée souligner le danger mortel qui plane sur le personnage. Une belle scène d’ailleurs, visuellement très soignée comme toutes les (rares) séquences nocturnes qui suivront, et qui crée une atmosphère que l’on ne retrouvera à aucun moment. A se demander même si cette première scène n’a pas été rajoutée in fine pour rendre l’atmosphère du film moins « conviviale »…

Drôle de film en tout cas, qui évoque l’organisation d’un match de football entre des soldats prisonniers de tous les pays alliés qui doivent affronter une sélection nationale de la wehrmacht. Le climax, c’est bien sûr le match lui-même, « chorégraphié » par le mythique Pelé, qui joue lui-même au côté d’autres grands noms du foot que les spécialistes connaissent sans doute. Un match qui possède une force dramatique indéniable, même si Huston filme ça à l’arrache et monte à la va-comme-je-te-pousse.

Le film de sport a cette capacité d’emporter et d’émouvoir (même dans des réussites très discutables comme Rocky 4). C’est le cas ici. Quelques plans accrochent la rétine (celui sur Pelé à sa sortie du terrain, très beau), et cette caméra qui semble filmer n’importe comment finit par dégager une sorte de vérité brute et brouillonne, qui donne à la Marseillaise qui ne manque pas de retentir dans le stade une vraie force émotionnelle.

Pas un ratage complet, donc, mais Huston est visiblement en roue libre la plupart du temps et semble ne pas même chercher à créer une sorte de cohérence entre les personnages, livrés à eux-mêmes pour la plupart. Max Von Sydow en affable officier allemand, Michael Caine en entraîneur passionné, Sylvester Stallone en chien fou américain, Jean-François Stévenin en résistant très impliqué, ou Carole Laure (« introducing Carole Laure », comme le générique l’annonce, elle qui avait déjà une bonne dizaine d’année de carrière…). Aucun n’est mauvais, mais chacun semble faire son film dans son coin. C’est un peu gênant…

Rambo 3 (id.) – de Peter MacDonald – 1988

Posté : 9 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo 3

Je dois faire un petit mea culpa. Rien de révolutionnaire, certes, mais il me faut reconnaître que Rambo 3, eh bien ça n’est pas si mal que ce que j’ai pu en dire dans d’autres chroniques, évoquant ce film comme l’une des pires bouses de la carrière de Stallone. D’abord, il a fait bien pire depuis (Evasion 2, quand même). Ensuite, ce troisième volet a certes un côté nanardesque, mais pas plus que l’épisode 2. Et puis, mine de rien, Stallone y fait déjà l’ébauche d’un retour aux sources, quant à la nature de son personnage. L’ébauche, j’ai dit.

Oui, Rambo reste comme dans le précédent une machine de guerre aux muscles soigneusement huilés et à la chevelure soyeuse. En cela, le film a les mêmes excès cruellement datés que Rambo 2, avec une esthétique très années 80 qui trouve son apogée lors d’un plan sublime : au début du film, Stallone se tourne pour la première fois face caméra dans un plan dramatisé à l’extrême qui inspirera des tas de caricatures… souvent moins caricaturales que l’original.

Mais quand même, ce Rambo 3 est loin d’être inintéressant. Le personnage, d’abord, affiche une lassitude et une envie de paix plus proches du film originel que de sa première suite. Et puis les parti-pris narratifs et esthétiques sont relativement ambitieux: plutôt que de se contenter d’un nouveau retour au VietNam, ou dans un autre pays à la végétation luxuriante, le film prend le contre-pied, et conduit le héros en Afghanistan, dans des paysages poussiéreux et dépouillés.

Visuellement, c’est très réussi. Différent des deux films précédents, mais avec une vraie ambition esthétique qui tape parfois à côté (quelques scènes sont un peu ternes), et qui fait parfois mouche, notamment lors d’une belle scène au fond d’une grotte, sombre et violente. D’une manière générale, les décors sont utilisés très efficacement. D’autant plus intéressant que ces décors sont à peu près inédits dans les grosses machines hollywoodiennes.

Il y a aussi une vraie bienveillance envers le peuple afghan, que le film prend le temps de mettre en scène, même si les facilités narratives et les stéréotypes sont bien là. Et même si on sent bien que cette bienveillance répond à une autre logique, qui pourrait se résumer ainsi : « tout ce qui peut faire chier les Soviétiques est bon à prendre ».

Mais le plus gros problème du film, c’est le colonel Trautman, ou Richard Crenna. Est-ce le personnage qui est mal dessiné ? Est-ce l’acteur qui joue mal ? Un peu des deux, sans doute. Trautman n’est en tout cas pas un personnage intéressant : son seul intérêt dans le premier film était de confronter Rambo à ses démons et à ses faiblesses. Ici, Trautman a un rôle central. D’abord comme représentant l’objectif de Rambo (le colonel est prisonnier des Russes), puis en tant que sidekick de notre héros.

Et c’est là que ça cloche. Absent, Trautman est une figure importante. Présent, il fait perdre à Rambo toute sa consistance, toute sa cohérence. Dans cette dernière partie, les deux personnages sont côte à côte et passent leur temps à se balancer des punchlines grotesques, se vannant face à l’armée russe qui menace de les faire passer de vie à trépas. Curieux et totalement hors sujet.

Ce drôle de flottement peut-il être mis sur le compte d’une production compliquée ? Russell Mulcahy, engagé pour réaliser sa première grosse production hollywoodienne, s’est fait virer tardivement pour différents artistiques comme on dit (tu m’étonnes : le résultat est aux antipodes de l’univers clipesque du gars), remplacé au pied levé par un Peter MacDonald qui n’était alors que réalisateur de la deuxième équipe. Le relatif échec du film pèsera sur la suite de sa carrière. Celle de Mulcahy ne fera pas illusion bien longtemps.

Rambo 2 : la mission (Rambo : First Blood, part 2) – de George Pan Cosmatos – 1985

Posté : 22 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), COSMATOS George Pan, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo 2

1985 est une année charnière pour Stallone. Mine de rien, jusque là, l’acteur ne doit son succès qu’à Rocky (déjà trois films à son actif), et à un Rambo sombre, intense et humain. A part ça, quelques films de genre qui n’emportent pas l’adhésion des masses (Les Faucons de la nuit), des collaborations prestigieuses qui ne convainquent personne (Norman Jewison pour F.I.S.T., John Huston pour A nous la victoire), et des tentatives louables de se diversifier. C’est ainsi que, depuis le premier Rambo, il a mis en scène la suite de La Fièvre du samedi soir (Staying Alive), et donné la réplique à Dollie Parton dans une comédie musicale totalement oubliée (Rhinestone).

Autant dire que lui-même est conscient à la fois de ses forces et de ses limites. Et en cette année 1985, il opère un virage spectaculaire et payant, se créant un personnage bigger than life parfaitement dans son époque, qui fera de lui l’incarnation absolue de cette Amérique des années 80. Un virage totalement assumé, quitte à rompre avec l’essence même de ses personnages, sacrifiant leur humanité au profit d’une imagerie spectaculaire censée emportée les foules.

Triomphe il devait y avoir, triomphe il y eût, bien sûr. Pour Rocky 4, symbole de la grandeur américaine face à la menace rouge. Et pour Rambo 2, symbole d’une Amérique héroïque qui veut rompre avec les scandales étatiques et les traumatismes des décennies précédentes, impasse du VietNam en tête. A la recherche d’un succès après trois années vides, Stallone se réinvente en deux films… C’est d’ailleurs intéressant de noter qu’il se relancera également en enchaînant Rocky Balboa et John Rambo après dix ans de galères, et qu’il vient une nouvelle fois de renouer avec ses deux personnages fétiches après un petit flottement post-Expendables.

Revenons à ce Rambo 2 quand même, film d’action qui, mine de rien, contribue à révolutionner le genre. L’évolution depuis le premier film symbolise parfaitement l’évolution du genre au cours de ces quelques années. Plus musclé, plus explosif, plus mortel, clairement moins psychologique, Rambo 2 ouvre l’ère hollywoodienne des gros bras et de la surenchère. C’est un contre-pied total par rapport au Rambo originel, presque une trahison (pas tant dans les actes du personnage que pour l’absence assumée de psychologie). Mais c’est aussi d’une efficacité imparable.

Passons sur la mise en scène de Cosmatos, sur cette esthétique très marquée années 80, et sur cette manière de filmer avec amour et dévotion les muscles bandés et huileux de Stallone (c’est fou ce que casser des cailloux dessine parfaitement un corps… à méditer, amis bodybuilders). Le film bénéficie d’une très belle photo, chaude et lumineuse, de Jack Cardif, directeur de la photo légendaire qui a notamment travaillé sur Le Narcisse noir et African Queen. Un vétéran toujours très à l’aise dans ce Hollywood nouvelle génération.

Quant au scénario minimaliste de Stallone et James Cameron, il se contente grosso modo d’enchaîner les scènes d’action. Rambo tire, il plante, il pointe, il court, il grimace, il crie… Il dessoude à lui seul l’armée nord-vietnamienne et l’armée russe… avec une économie de mots dont on lui sait gré, tant ses rares tirades sont grotesques. Tout un symbole, oui.

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