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Archive pour la catégorie 'BERNHARDT Curtis'

Le Tunnel – de Curtis Bernhardt – 1933

Posté : 27 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1930-1939, BERNHARDT Curtis, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Tunnel

Il aura tout fait Gabin, sur grand écran. Même creusé un tunnel sous l’Atlantique, pour relier l’Amérique à l’Europe. C’est en tout cas ce que son personnage, Mac Allan, se met en tête, convaincant pour cela de riches et puissants investisseurs.

Curtis Bernhardt, que l’on retrouvera plus tard à Hollywood dirigeant Bogart (Sirocco), signe un film dense et ambitieux, qui maintient constamment la pression malgré quelques maladresses. Des flottements, disons, particulièrement autour du grand méchant manipulateur, dont les scènes sont pour la plupart un peu plates.

Pour le reste, Bernhardt plonge Gabin dans un univers qui lui va bien : celui des ouvriers, de l’effort, de la sueur et de la suie. Un meneur plus qu’un chef, constamment du côté des travailleurs, qui révèle une intensité folle face à une foule déchaînée. La grande figure du Front Populaire est déjà là, avec un discours certes nettement plus nuancé…

Les nombreuses scènes sous le tunnel en travaux sont les plus réussies, d’un réalisme étonnant. Bernhardt sait rendre palpable l’effort et l’étouffement. Sa caméra embrasse le travail collectif tout en s’attardant sur le visage de chacun, que ce soit Gabin lui-même ou les nombreux anonymes qui l’entourent.

Les scènes en surface seraient plus convenues s’il n’y avait Madeleine Renaud, magnifique en épouse sacrificielle de Gabin. Beau personnage, qui dit tout des sacrifices consentis par ceux qui ont des rêves si grands.

Méconnu, cette petite perle dans la filmo du jeune Gabin est la version française d’un film allemand, tourné avec d’autres acteurs, dernière réalisation de Curtis Bernhardt dans son pays natal avant son exil.

Sirocco (id.) – de Curtis Bernhardt – 1951

Posté : 3 février, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, BERNHARDT Curtis, BOGART Humphrey | Pas de commentaires »

Sirocco

Sirocco est souvent présenté comme une tentative pitoyable de renouer avec la recette miracle de Casablanca. Cela fait évidemment partie de sa raison d’être : le cadre exotique, une ville du Sud sous occupation (ici, Damas en 1925), un magouilleur sympathique (Nick Dennis ici, comme Peter Lorre avant lui), Bogart et son trench coat… Jusqu’à l’affiche originale qui revendique clairement la filiation avec le chef d’oeuvre de Michael Curtiz.

Mais le mépris dans lequel on tient généralement le film de Curtiz Bernhardt est bien injuste. Pour commencer, le réalisateur signe une mise en scène fort inspirée, avec en particulier une belle utilisation des ombres. Cela frappe dès la séquence d’ouverture, avec ces soldats français qui disparaissent de l’image, dans une ombre profonde, où les attend la mort, dont on ne verra rien…

Sirocco n’a pas le rythme, ni la richesse de Casablanca, OK. Mais il est porté par un trio de personnages assez inattendus. Bogart lui-même, d’abord. Si on oublie le sursaut final un peu téléphoné, son personnage, qui semble bien caricatural dans la première partie, révèle rapidement… une authentique mesquinerie. Loin de Rick Blaine, qui cachait une vraie grandeur derrière sa façade cynique, Harry Smith perd totalement de sa superbe lorsqu’il se retrouve acculé, dévoilant un égoïsme pitoyable qu’on n’a pas l’habitude de voir Bogart jouer.

Quant à la belle du film (Märta Toren), elle aussi est une égoïste cupide et pathétique, qui ne gagne jamais la sympathie du spectateur. Finalement, le vrai héros de cette histoire, c’est celui qu’on imagine être le méchant : l’officier un peu raide, et mari cocu, à qui Lee J. Cobb apporte un mélange de dureté et de fragilité étonnant.

Et puis il y a quelques séquences vraiment fortes dans le film : l’attentat dans le bar, glaçant ; la fuite de Bogart, comme un glissement ; ou sa dernière scène, impressionnante. Pas un chef d’œuvre, non, mais Sirocco mérite d’être réhabilité… et de ne pas être comparé avec Casablanca. Ce que je viens pourtant de faire.

Carrefour – de Kurt Bernhardt – 1938

Posté : 27 avril, 2017 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, BERNHARDT Curtis, VANEL Charles | Pas de commentaires »

Carrefour

Bernhardt entre directement dans le vif du sujet avec ce film formidable qui plante d’emblée le décor : nous sommes quelques années après la Grande Guerre, et le personnage principal est un riche industriel, vétéran des tranchés où il a été sérieusement blessé. Mais est-il vraiment celui qu’il prétend être ? Mieux : est-il vraiment celui qu’il croit être ?

Car le monsieur, interprété par un Charles Vanel absolument génial, est sorti amnésique de ses années de guerre. Et ce qu’il sait de son propre passé, il le sait parce qu’on lui a raconté. Quand le film commence, on le découvre en proie à un maître chanteur persuadé qu’il est en fait un ancien gangster…

Suit ce qu’on est plus habitué à trouver à la fin des films : une longue et passionnante séquence de procès, où tous les personnages du drame sont introduits les uns après les autres, modèle assez génial de construction cinématographique. Et ce n’est que le début d’un drame particulièrement prenant qui trouve son équilibre parfait entre film noir et portrait intime d’un homme qui doute de sa propre identité.

Vanel est formidable, donc, aussi bien dans ses scènes dialoguées que dans ce regard à travers lequel il fait passer des émotions et des tourments abyssaux. Et puis il y a ces acteurs de complément qui faisaient toute la richesse du cinéma français de l’entre-guerre, à commencer par Jules Berry, inoubliable en salaud gesticulant, et Suzy Prim, touchante en femme de la nuit pleurant son ancien amant.

Mais la plus belle scène, c’est peut-être ce face-à-face tout en non dit entre Charles Vanel et celle dont il se demande si elle est sa mère (jouée par Marcelle Géniat). Un moment magique, de pure émotion, magnifiée par les acteurs et par une mise en scène au cordeau. Et c’est déchirant.

 

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