Survivor (id.) – de James McTeigue – 2014
Collaborateur des Wachovsky, qui lui ont confié la réalisation de V pour Vendetta, James McTeigue s’est, depuis, spécialisé dans le thriller, avec une poignée de films passés inaperçus, dont celui-ci qui, malgré un beau casting, n’est pas passé par la case « grand écran » en France.
Il a pourtant tout pour plaire, ce film d’espionnage paranoïaque qui renouvelle avec efficacité des thèmes archi-rabachés, une sorte de version post 11 septembre des Trois Jours du Condor. Seulement, McTeigue n’est pas Pollack, et son film penche plus souvent vers l’action pure que vers la parano terrifiante des chefs d’oeuvre du genre, jusqu’à foirer assez magnifiquement un final qui rappelle curieusement celui de Strange Days (tiens, avec Angela Basset, qui tient ici un petit rôle sans consistance), dans un autre genre et en beaucoup moins percutant.
Formellement, McTeigue a sans doute plus d’ambition que de talent. On sent bien qu’il veut prendre le contre-pied des thrillers surexcités du moment, et qu’il cherche à créer une atmosphère nocturne à la Michael Mann. En vain, hélas. Trop anonyme, sa mise en scène ne parvient jamais à emballer totalement un récit pourtant plein de bonnes idées.
Dans le rôle principal, Milla Jovovich est très bien en spécialiste de la sécurité travaillant pour l’ambassade américaine à Londres, qui découvre l’existence d’un complot visant à perpétrer un attentat à grande échelle sur le sol américain. Convaincante, même si son personnage manque de profondeur. Comme l’ensemble des personnages, d’ailleurs, tous très schématiques. Mais l’interprétation est de qualité, à commencer par Pierce Brosnan qui trouve là son grand rôle de méchant.
Le meilleur du film, mis à part quelques séquences joliment tendues (le premier attentat surtout, beau morceau de bravoure), c’est son décor : Londres, que la caméra explore de fond en comble, des quartiers résidentiels aux bas-fonds, du coeur touristique aux égoûts. La capitale anglaise est le vrai personnage principal (d’ailleurs, l’affiche met en scène un Big Ben en flammes… totalement trompeur !!). Dès que l’action bascule aux Etats-Unis, le film perd de sa force et se met au niveau d’un direct-to-DVD classique.
* DVD chez M6Vidéo, avec un making-of promotionnel en bonus.