Aux yeux de tous (Secret in their eyes) – de Billy Ray – 2015
Remake d’un thriller argentin à l’excellente réputation, Dans ses yeux (pas vu), Aux yeux de sombre est un film sombre. Très sombre. Un thriller qui navigue assez habilement entre l’action présente et une succession de flash-backs qui se répondent constamment et éclaircissent ou obscurcissent l’intrigue, c’est selon.
Treize ans après le meurtre dont a été victime la fille de sa collègue et amie, un ancien agent du FBI est persuadé d’avoir retrouvé la trace du tueur. Une histoire d’obsession comme on en a beaucoup vu dans le thriller. L’histoire d’un deuil impossible, aussi, et même de plusieurs deuils : celui de la mère bien sûr, mais aussi celui de l’ami incapable de faire taire son sentiment de culpabilité, et celui de la belle et ambitieuse district attorney, qui elle peine à faire le deuil de ses passions de jeune femme.
Bref, on rit assez peu dans Aux yeux de tous. A vrai dire, on n’a de brèves occasions de sourire que dans le début du premier flash-back, avant la découverte du corps, moment assez traumatisant porté par l’interprétation intense de Chiwetel Ejiofor et la douleur oppressante de Julia Roberts, physiquement transformée par ce rôle de mère déchirée. Dans celui plus nuancé de la district attorney, Nicole Kidman est formidable.
Grand casting, donc, pour une intrigue qui nous plonge dans le traumatisme de l’Amérique de l’immédiat après-11 septembre, avec tout ce que cela implique de paranoïa et de cynisme. Ce n’est certes pas le film le plus délicat et le plus nuancé de l’histoire du thriller délicat et nuancé, et la charge peut être un peu lourde sur certains aspects. Mais la simplicité d’une intrigue qui ne cherche pas l’esbroufe et le coup facile est assez remarquable.
Quant au rebondissement final, que l’on pressent sans deviner sa nature exacte, il surprend et séduit également par son refus du sensationnalisme, refermant le film sur une note profondément humaine et émouvante. Eprouvant, oui, mais aussi plein d’humanité.