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Archive pour la catégorie 'GRANGIER Gilles'

Danger de mort – de Gilles Grangier – 1947

Posté : 13 mars, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Danger de mort

Grangier est un cinéaste dont il est bien difficile de savoir ce qu’il faut en attendre. Le noir lui va plutôt bien d’habitude, et ce Danger de mort est assez intriguant sur le papier : un pharmacien, tout à la joie de devenir père pour la première fois, réalise trop tard qu’il a confondu des flacons et ajouter du cyanure au sirop qui a fait sa renommée. Il se lance alors dans une course désespérée à travers la nuit pour retrouver les cinq personnes à qui il a vendu le sirop, pour éviter un drame, et sauver sa réputation.

Intriguant et même assez excitant. Mais dès les premières scènes, on sent bien que quelque chose cloche, et que Grangier hésite constamment sur la direction à prendre. Il y a de la comédie très légère dans le jeu de Fernand Ledoux, papa-quinqua-gâteau. Il y a du noir dans le personnage de collabo qui sort de prison, hanté par ses voix intérieures et sa culpabilité toute en voix off très « film noir ». Belle scène d’ailleurs que cette sortie de prison très paranoïaque, personnage intéressant et trouble dont le film ne fait pas grand-chose, sinon lui offrir une sortie de porte cynique et très discutable.

Sous ses faux airs de comédie teintée de suspense, le film offre une vision franchement glauque de l’humanité, dans cette petite ville de province d’apparence si tranquille. Et il n’y a guère que le jeune couple de passage qui semble trouver grâce aux yeux du cinéaste. Pas les gens du cirque en tout cas, occupés à martyriser « le nain » avec une cruauté déshumanisée comme on n’en voit pas si souvent au cinéma.

Un collabo, un jeune couple de passage, un nain… Drôle de bestiaire, auquel on aurait bien du mal à trouver un lien. Cette histoire de flacon empoisonné ressemble à un argument pour enchaîner des scènes plus ou moins inspirées sur le même thème : comment le pharmacien va-t-il pouvoir subtiliser le sirop le plus discrètement possible, pour éviter l’accident et le scandale…

C’est inégal, et c’est surtout très répétitif, avec le sentiment de faire du sur-place, et un enjeu dramatique qui s’essouffle vite. On a connu Grangier plus inspiré, pour le coup.

Reproduction interdite / Meurtre à Montmartre – de Gilles Grangier – 1957

Posté : 5 mars, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Reproduction interdite

Tourné entre deux (très bons) Gabin, Le Sang à la tête et Le Rouge est mis, ce Grangier sorti sous le titre Reproduction interdite a été un échec, qui a incité les producteurs à le ressortir sous un titre plus évocateur, pour ne pas dire racoleur. Cela dit, ce « meurtre à Montmartre », tardif dans l’histoire, donne aussi la scène la plus forte de ce film assez inégal.

Plein de bonnes choses en tout cas, très inspiré par le film noir américain : cette influence est flagrante dès le générique de début, avec ces noms qui s’inscrivent en très gros à l’écran, et cette musique très dramatique et très ample, comme le cinéma français n’en use guère. La voix off de Paul Frankeur, un peu maladroite et peu convaincante, confirme cette ombre hollywoodienne qui plane.

C’est en tout cas une vraie intrigue de film noir : un marchant de tableaux (Frankeur), arnaqué par un escroc (Michel Auclair) qui lui a vendu un faux Gauguin, décide de faire équipe avec lui et de mettre à profit ses connaissances pour concevoir le faux le plus réaliste possible. Pas de « femme fatale » à proprement parler, mais les femmes sont centrales, et même fatales d’une certaine manière : l’une parce que le marchand Frankeur veut lui assurer le meilleur des trains de vie, l’autre parce qu’elle est la conscience du peintre faussaire, rongé par le sentiment de trahir sa vocation.

Cette dernière, c’est Annie Girargot, formidable dans un rôle un peu en retrait, mais d’une grande force : ce regard qu’elle lance lorsqu’on lui répète constamment « Empêchez le de boire », témoin impuissante de la chute et de la compromission de celui qu’elle aime. Elle est formidable, même si le film ne lui rend pas totalement justice : ces moments de grande tension, Grangier ne parvient jamais à en dégager la force, comme il peine à nous plonger dans les délires alcoolisés du peintre.

Un peu frustrant, donc, mais parce que le scénario, ambitieux et généreux, aurait pu donner quelque chose de vraiment grand si la magie avait opéré. Ce n’est pas tout à fait le cas, mais Grangier, à défaut d’être en état de grâce, connaît son métier. Il signe un bon film noir efficace, sombre et malin, et offre à Paul Frankeur un premier rôle particulièrement fort.

125, rue Montmartre – de Gilles Grangier – 1958

Posté : 9 février, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

125 rue Montmartre

Gilles Grangier est à la toute fin de sa grande période lorsqu’il réalise ce film noir franchement formidable. La fin de sa carrière sera surtout marquée par des comédies pépères avec Gabin ou Fernandel, très dispensables. Mais ce 125, rue Montmartre, adaptation d’un roman à succès, est clairement l’un des sommets de sa filmographie, son chant du cygne disons…

C’est aussi l’un des meilleurs rôles de Lino Ventura, surprenant en vendeur de journaux à la criée, entraîné bien malgré lui dans une histoire de crime dont il est le pigeon habilement manipulé. On n’est dira pas beaucoup plus pour ménager les surprises, mais ce scénario brillamment retors est parfaitement mis en scène par Grangier, qui profite de ce polar pour nous plonger dans le quotidien de ces « crieurs », dont on découvre les petites habitudes, les réveils matinaux, les repas dans une cantine grouillante de vie…

125, rue Montmartre est un film noir digne des plus grandes réussites américaines du genre, qui vaut autant pour son scénario que pour ses personnages et son atmosphère. Et pour ses dialogues, signés Audiard, du caviar pour un Ventura, jusqu’à présent brillant second rôle qui s’apprête à devenir une star à part entière, et qui sort de sa zone de confort pour un rôle d’anti-héros assez passionnant.

Passionnant aussi, quoi que plus en retrait : le personnage du flic joué par Jean Desailly, que l’on découvre un peu fat et presque ridicule, et qui s’avère un digne héritier de Columbo, en plus élégant. Particulièrement réjouissant lorsqu’il s’adresse à son second alors qu’un suspect vient de lui mentir éhontément : « Suis-je idiot ? – Oh non commissaire. – Alors dites-lui, on gagnera du temps. » Réjouissant.

Les Vieux de la vieille – de Gilles Grangier – 1960

Posté : 12 avril, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Les Vieux de la vieille

Après Archimède le clochard, ces Vieux de la Vieille confirment le tournant pantouflier de Gilles Grangier, dont les premiers films avec Gabin étaient autrement plus enthousiasmants. On est ici dans l’univers de René Fallet, l’auteur de La Soupe au chou, grand poète d’une France rurale et un brin réac, peuplée de vieillards priapiques et grandes gueules. Côté grandes gueules, on est servi…

On a donc Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël Noël, trois amis d’enfance devenus retraités célibataires, qui n’ont rien perdu de leur envie de mettre le boxon et d’emmerder les autres. Des vieux cons, en fait, aussi attachants qu’agaçants, devenus la terreur de leur bled à force d’envoyer promener tous ces qui les entourent, à commencer par les « étrangers » (donc ceux qui vivent à plus de trois kilomètres) qui se permettent de critiquer leur environnement.

L’histoire est bien anecdotique : ces trois comparses réalisent chacun à leur manière qu’ils ont passé la date de péremption, et que leur place est dans cet hospice qu’on leur a vanté comme un paradis pour personnes âgées. Donc un endroit où ils pourraient passer la journée à se marrer et à picoler. On imagine bien qu’ils tomberont de haut en découvrant un lieu nettement plus hostile que ce à quoi ils s’attendaient.

A l’image des trois « vieux », le film est à la fois agaçant et attachant. Agaçant parce qu’il surjoue très lourdement l’accent campagnard et les outrances des personnages, noyant la dimension sociale (la place des personnes âgées dans la société) dans un torrent d’humour rabelaisien et de tirades gueulées par des acteurs en roue libre.

Noël Noël est sans doute celui qui s’en tire le mieux, en tout cas en apportant un peu d’humanité et de fragilité à son personnage, vieux fermier totalement déshumanisé par un fils qui le traite désormais comme un enfant attardé. Gabin et Fresnay sont d’avantage en mode cabots, mais le plaisir de les retrouver côté à côte plus de vingt ans après La Grande Illusion est bien réel. La complicité entre les trois est sans doute ce qui fonctionne le mieux dans le film.

Moins convaincante : la manière dont Grangier joue avec l’image de ses acteurs, et particulièrement de Gabin. Une scène, surtout, renvoie directement au Jean Valjean des Misérables : celle où Gabin tente de soulever une lourde paroi effondrée à la force de son dos… en oubliant que ses exploits physiques appartiennent au passé. Très référencé, mais un peu froid et vain.

C’est du bon cinéma de papa, sans grande envergure, le show à peine maîtrisé de trois acteurs vieillissants qui semblent prendre beaucoup de plaisirs à surjouer les vieux réacs. Le film se résume largement à une succession de petits moments un peu répétitifs, mais parfois assez amusants. La gouaille des acteurs et quelques répliques bien senties (« c’est le Cayenne des vieux ! ») suffisent à susciter un plaisir léger, un peu distant, mais réel.

Archimède le clochard – de Gilles Grangier – 1959

Posté : 18 février, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Archimède le clochard

Jean Gabin est Archimède le clochard. C’est le titre du film, c’est aussi le résumé assez fidèle, et l’idée forte autour de laquelle tout le film est construit. Cette idée, c’est à Gabin lui-même qu’on la doit : « d’après l’idée de Jean Moncorgé » (son vrai nom), peut-on lire dans le générique.

Pour le scénario lui-même, ils s’y sont mis à trois, et on se demande un peu pourquoi, tant le film est anecdotique. Dans le sens où il semble n’être qu’une succession de petites anecdotes sans importance. Parmi les trois scénaristes, il y a Michel Audiard, et pour le coup on ne s’en plaint pas. Même s’il est toujours curieux d’entendre tout le monde parler cette langue si écrite, reconnaissons que les dialogues en question donnent rythme et corps aux situations.

Le film marque un tournant dans la carrière de Gabin, le point de départ d’une série de films un peu mous et vains, basés sur l’acteur lui-même et sur des pas grand-chose, et dont Grangier sera l’un des artisans, lui dont les films avec Gabin étaient jusqu’alors tous passionnants (Le Sang à la tête, Le Rouge est mis, Le Désordre et la nuit, pour ne citer que les plus récents).

Il y tenait, Gabin, à son rôle de clochard, qui lui donne l’occasion d’un numéro d’acteur inédit pour lui à cette période, et qu’il déclinera souvent par la suite : la grande gueule portée sur la boisson, quelque part entre l’anar et le réac. Dommage quand même que ce personnage ne soit pas traité avec plus d’ambition.

Le film vaut finalement pour les face-à-face entre Gabin et quelques seconds rôles qu’il croise plus ou moins longuement. Blier en cafetier rongé par la jalousie (il est toujours parfait Blier, quoi qu’il joue), Darry Cowl en camarade clochard au débit forcément impossible, Jacqueline Maillan en bourgeoise amusée, ou Paul Frankeur en brave restaurateur fatigué du mépris de ses clients. Belle galerie de personnages à qui manquerait juste un vrai scénario, et un ton un peu plus caustique que cette aimable comédie.

L’Âge ingrat – de Gilles Grangier – 1964

Posté : 13 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

L'Âge ingrat

Ils ont créé ensemble une maison de production, la GAFER (pour GAbin et FERnandel). Forcément, ils ne pouvaient pas ne pas en profiter pour se retrouver. Trente ans (et des poussières) après Les Gaietés de l’escadron, Gabin et Fernandel sont devenus les poids lourds du cinéma français, de véritables institutions qui s’offrent ensemble une sorte d’escapade aussi estivale qu’inconséquente.

Gabin embarque toute sa famille pour la Côte d’Azur, où ils vont passer leurs vacances chez Fernandel et toute sa famille : la fille du premier (Marie Dubois) doit épouser le fils du second (Franck Fernandel). première grande réunion de famille, avec rires et engueulades, et beaucoup de petits riens.

Et on ne s’en plaindra pas : c’est généralement dans les petits riens que Grangier s’épanouit le plus. Mais là, quand même, il y va fort dans la logique des petits riens, avec ses scénaristes (Pascal Jardin et Claude Sautet) : Gabin qui lutte contre un moustique en pleine nuit, Gabin et Fernandel qui vident des Pastis en terrasse, Gabin qui manœuvre pour rentrer sa voiture au garage…

Très anecdotique, et très inconséquent, donc. Très dispensable, aussi, même s’il y a un petit charme à voir Gabin incarner les hommes sans histoire, d’une banalité confondante. Fernandel, lui, est dans son registre habituel. Leurs retrouvailles finales, quand même, donnent un peu de fond à ce film-carte postale : une bluette autour de deux patriarches qui doivent accepter que leurs enfants ont grandi et qu’ils n’ont plus besoin d’eux.

La Vierge du Rhin – de Gilles Grangier – 1953

Posté : 11 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

La Vierge du Rhin

Un port… une péniche… Encore, pourrait-on ajouter. Oui, mais ce décor va si bien à Gabin, au-delà des souvenirs qu’il renvoie depuis Quai des Brumes. La Vierge du Rhin n’est pas de ce niveau bien sûr : il n’a pas la même puissance dramatique, ni la même beauté formelle.

Mais quand même, le rythme forcément lent du transport fluvial va bien à Grangier, cinéaste nonchalant, jamais aussi à l’aise que quand il filme les temps morts. Les scènes de pur suspense et la course poursuite finale n’ont rien de honteux, mais sont tout juste fonctionnelles.

Grangier réussit nettement mieux tout ce qui tourne autour de Gabin lui-même. En partie parce que les autres acteurs (les actrices surtout, qui ont un rôle majeur mais manquent de naturel) ne sont pas à sa hauteur. Mais surtout parce que la lassitude de son personnage est faite pur la caméra languide du réalisateur.

Le côté polar est un peu tiré par les cheveux, mais le mystère qui entoure Gabin dans toute la première moitié du film fait mouche. Belle utilisation de la voix off, d’abord omniprésente : celle d’un personnage secondaire et antipathique, parti-pris pas franchement courant mais très séduisant.

Belle musique de Kosma aussi, qui donne à La Vierge du Rhin un joli aspect rétro, évoquant le Gabin d’avant-guerre, dont on croit apercevoir la silhouette, un peu plus massive, lorsqu’il apparaît la première fois, en arrière-plan…

Le Sang à la tête – de Gilles Grangier – 1956

Posté : 8 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, d'après Simenon, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Sang à la tête

En état de grâce, Grangier, pour cette adaptation d’un roman de Simenon. On sait le réalisateur très inégal, mais ce film là est clairement l’un des sommets du gars, un film où ses défauts de certains films deviennent de grandes qualités. En gros : cette manière de ne rien filmer, qui s’apparente trop souvent à de la nonchalance.

Ici, ces riens sont pour le coup très simenoniens (ou simenonesques ?). Une manière de planter le décor, de nous rendre familier les personnages et leur environnement, tout en faisant grandir une tension, jusqu’à l’extrême.

Gabin est absolument formidable dans le rôle d’un ancien ouvrier du port de La Rochelle devenu bourgeois et patron à force de travail, dont la femme disparaît sans crier gare. Crime ? Tromperie… Grangier devient un digne double de Simenon, et met en scène les rumeurs, les mesquineries, la bourgeoisie un peu raide, comme les bouges grouillants de vie.

Le film est vrai, et fort. Gabin l’est aussi, d’une justesse parfaite, bien servi par les dialogues d’un Audiard qui, pour une fois, se met au service de l’atmosphère et des personnages au lieu de faire le malin. Pas de grandes répliques à glisser dans un almanach, donc, mais des mots qui frappent fort et qui sonnent juste. A l’image du film, donc, beau Grangier, belle adaptation de Simenon, belle peinture du port de La Rochelle, beau Gabin.

Sous le signe du taureau – de Gilles Grangier – 1969

Posté : 4 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Sous le signe du Taureau

Se lancer dans une intégrale Jean Gabin et enchaîner ses films permet de dénoncer quelques idées reçues : non, Gabin ne s’est pas enfermé dans un même rôle à la fin de sa carrière. Il a même gardé jusqu’au bout une envie manifeste de se renouveler, d’incarner de nouveaux personnages, et de varier les registres.

Il y a cela dit des nuances encombrantes, à commencer par cette fidélité jusqu’au-boutiste avec des réalisateurs au talent discutable. Grangier n’est pas le pire, mais il n’est ni Duvivier, ni Decoin, ni Renoir (à qui on pense brièvement lorsque Gabin retrouve Fernand Ledoux dans une scène sympathique, trente ans après La Bête Humaine). Sa mise en scène n’est pas pas la plus mollassonne de sa carrière, mais elle souffre d’un handicap de plus en plus lourd en cette fin des années 1960 : les dialogues d’Audiard.

Le dialoguiste peut être brillant. Mais il peut aussi être insupportable lorsqu’il sacrifie tout sens narratif et toute vérité dramatique au seul profit de bons mots trop écrits. Gabin en scientifique, c’est déjà une gageure. Mais avec ce verbe-là, populaire, lettré et ironique, c’est un naufrage assuré.

Voilà le principal problème de ce film qui promettait mieux sur le papier. Jamais on ne croit à cette histoire d’un scientifique qui court après des financements, parce que jamais on ne croit vraiment au personnage.

A de rares occasions, Gabin laisse entrapercevoir ce qu’aurait pu être le personnage (et le film) : un type inadapté aux contraintes économiques du monde dans lequel il vit. Une scène dans les embouteillages, où Gabin baisse la garde et affiche une réjouissante immaturité, parenthèse que rien n’annonçait, et qui n’aura pas vraiment de suite.

Sous le signe du Taureau a quand même tout du rendez-vous manqué. Il sonne aussi comme une fin d’époque pour Gabin qui connaît l’un de ses plus gros échecs populaires, et ne tournera plus avec Grangier, ni avec Audiard si ce n’est pour sa réalisation Le Drapeau noir flotte sur la marmite

Gas-Oil – de Gilles Grangier – 1955

Posté : 3 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Gas-Oil

On a connu Jeanne Moreau meilleure incarnation du féminisme que dans ce Gas-Oil. Elle y est une femme libre bien de son époque, pourtant, institutrice qui préfère prendre un amant plutôt qu’un mari. Audacieux ? Pas pour longtemps. L’objectif d’une vie de femme, c’est quand même avant tout de faire des bons petits plats pour son homme, et de se lever avant lui pour lui préparer son café…

Bon… C’est Audiard et Grangier au scénar, ceci explique en partie cela (le film est adapté d’un roman de Georges Bayle). Comme ça explique le rythme très tempéré du film : Grangier est un réalisateur qui n’aime pas trop bousculer ni ses acteurs, ni ses spectateurs.

D’une histoire digne d’un film noir (après une mauvaise rencontre de nuit, un routier sans histoire devient la cible de tueurs), Grangier tire une chronique nonchalante du quotidien de ces routiers qui se lèvent tôt, roulent des heures, et se retrouvent dans des petits restos de bord de route.

C’est parfois assez réussi, grâce à des petits détails qui soulignent l’aspect rude de ces vies : les réveils difficiles, le froid, la lassitude… Les comédiens, pour le coup, y sont pour quelque chose. Gabin en tête, bien sûr, qui a l’air de ne rien faire mais qui, mine de rien, renouvelle son personnage film après film. Il est touchant ici, lorsque le solide gaillard se met à minauder comme un ado devant son amoureuse, Moreau.

Mais quand même. Grangier prend son temps, privilégie les digressions à l’intrigue (au point qu’on finit par se demander s’il n’a pas oublié son histoire en cours de route), mais n’a pas grand-chose à montrer à côté. Surtout, il n’a pas le talent humaniste d’un Duvivier. Le résultat est donc plaisant, percutant à de rares moments (le guet-apens final sur la route), anodin à d’autres. Sympathique et inégal.

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