Pittsburgh / La Fièvre de l’or noir (Pittsburgh) – de Lewis Seiler – 1942
Encore un film qui serait tombé dans un oubli total sans le DVD, gloire soit rendu à ce support magique ! Pittsburgh n’est pas un de ces chef d’œuvre injustement oubliés, non : il y a là un nombre incalculable de facilités, de maladresses, de raccourcis, qui rendent le film un peu bancal. Mais ça reste une œuvre foncièrement sympathique, qui réunit un casting formidable : Marlene Dietrich, Randolph Scott et John Wayne dans un même film, ce serait dommage de passer à côté, avouez…
La Dietrich, aussi crédible en fille de mineur qu’Arnold Schwarzenegger en vendeur de lingerie sexy, est curieusement un peu en retrait dans ce film avant tout basé sur l’amitié de deux mineurs qui, pour l’amour d’une femme (devinez qui) décident de sortir de la mine où ils s’esquintent à longueur de journée pour un salaire misérable. Grâce à un culot sans borne, Pittsburgh (Wayne) et son ami Cash (Scott) ne tardent pas à grimper dans l’échelle sociale, devenant même les patrons de la mine où ils bossaient hier encore.
On s’y attendait, et ça ne manque pas d’arriver : les deux amis inséparables d’hier réagissent différemment face au succès, au pouvoir et à l’argent. Cash reste fidèle à ses idéaux, alors que Pittsburgh bafoue tout ce à quoi il s’était engagé lorsqu’il était pauvre. Il trahit la femme qu’il aime, il trahit son meilleur ami, il trahit celui qui a cru en lui, il trahit ceux qui comptaient sur lui… Il trahit même leur pote docteur, qui pensait utiliser le laboratoire de la mine pour trouver un remède contre des maladies très graves (ouais, là, c’est un peu lourdingue, faut reconnaître).
Tout ça finira bien mal pour Pittsburgh, qui manquera de tuer Josie (Marlene), se foutera sur la gueule avec Cash, et se mettra l’humanité entière sur le dos pour des années de purgatoire… Enfin, pas si mal, tout compte fait, parce qu’on est en 1942, que les Japonais ont bombardé Pearl Harbor, et que Hollywood participe activement à l’effort de guerre : cette histoire d’amitié contrariée, franchement attachante, est un peu plombée par le contexte historique et le message patriotique lourdement appuyé. La conclusion du film balaye tout ce qu’on a vu auparavant : peu importe les griefs personnels, peu importe les saloperies qu’on a pu faire dans le passé, le contexte historique mondial impose à tout le monde de s’unir et de travailler ensemble. C’était bien la peine de suivre ce trio amoureux pendant 90 minutes…
C’est dommage, parce que le trio Marlene Dietrich / Randolph Scott / John Wayne fonctionne parfaitement. L’amitié de ces deux types on ne peut plus virils fait plaisir à voir, et Duke est franchement génial. Depuis le temps que je le dis, qu’on sous-estime très largement les qualités d’acteur de Wayne. Il n’est pas seulement un mythe absolu, et il n’est pas bon que quand il est dirigé par Ford ou Hawks : même sous la direction d’un réalisateur aussi modeste que Lewis Seiler, il apporte une intensité et des nuances immenses à son personnage, riche et complexe. Même s’il partage le haut de l’affiche avec deux autres stars, c’est lui qui porte le film sur ses larges épaules, et qui lui donne son ton, tout du long. Ça aussi, c’est la marque d’un grand…