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Archive pour la catégorie '1980-1989'

Histoires fantastiques : Vanessa (Amazing Stories : Vanessa in the garden) – s.1 e.12 – de Clint Eastwood – 1985

Posté : 20 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (réal.), FANTASTIQUE/SF, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Histoires Fantastiques Vanessa

Depuis la fin de Rawhide, Clint Eastwood n’a plus jamais retravaillé pour la télévision, comme il l’avait fait à plusieurs reprises à ses débuts, enchaînant les rôles plus ou moins importants dans des séries plus ou moins mémorables. A une exception près : la réalisation d’un épisode d’Histoires fantastiques, la série anthologique produite (et souvent écrite) par Steven Spielberg.

Vanessa in the garden est donc l’unique réalisation du cinéaste pour la télé. C’est aussi son unique court métrage, et la toute dernière fois qu’il dirige Sondra Locke, près de dix ans et six longs métrages en commun après Josey Wales. Tant qu’on est aux premières et aux dernières, c’est aussi l’unique participation d’Harvey Keitel à un film d’Eastwood.

L’acteur, pas dans sa période la plus glorieuse (c’était bien après Taxi Driver et bien avant La Leçon de piano), incarne un peintre à la fin du XIXe siècle, qui ne vit et ne peint que pour son épouse, Vanessa, jouée par Sondra Locke. Qui meurt écrasée à la suite d’un accident causé par un coup de tonnerre soudain.

Et voilà l’artiste incapable ni de vivre, ni de peindre, qui est bientôt sujet à d’étranges apparitions : Vanessa, qui semble reprendre vie dans les postures dans lesquelles son mari l’a peinte. Est-ce une hallucination ? Le peintre sombrerait-il dans la folie ? Ou y a-t-il de la magie là dedans… Qu’importe : c’est surtout, de nouveau et plus que jamais, une source d’inspiration sans fin pour l’artiste amoureux.

C’est un joli court métrage que signe Eastwood, dans une atmosphère un peu cotonneuse, presque évanescente, qui rappelle certaines scènes de Sudden Impact, le dernier long métrage dans lequel il dirigeait sa compagne d’alors. Pourtant, l’émotion qu’il a su faire naître dans quelques-uns de ses plus beaux films, de Breezy à Sur la route de Madison, reste très contenue, comme si ces vingt minutes étaient trop courtes pour qu’il puisse s’exprimer pleinement.

La musique y est peut-être pour quelque chose. Elle est pourtant signée par son fidèle complice Lennie Niehaus (mais avec le thème de John Williams, fidèle complice, lui, de Spielberg), mais n’a pas la délicatesse de ses meilleurs scores, comme calibrée pour donner une cohérence sonore, très datée années 80, à la série. Ça n’en reste pas moins une jolie curiosité.

Bird (id.) – de Clint Eastwood – 1988

Posté : 16 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Bird

En 1988, quelques critiques ont eu une sorte de révélation. Quoi ? Clint Eastwood, cette star habituée aux rôles de gros bras, est aussi capable de réaliser une œuvre aussi sensible que Bird ? Le film a définitivement entériné aux yeux des derniers réfractaires qu’Eastwood était un cinéaste important. Il aura fallu du temps, et pas mal d’aveuglement : après tout, dès son troisième film derrière la caméra, le merveilleux Breezy, Clint dévoilait une immense sensibilité. Passons…

Avec Bird, Eastwood franchit, il est vrai, une nouvelle étape. Jusqu’alors, ses films tournaient autour de personnages qui lui ressemblaient, ou au moins dont ils pouvaient être l’interprète idéal. L’unique exception était justement Breezy, mais pour un rôle qu’il n’a cédé à William Holden que parce qu’il estimait être encore trop jeune lui-même. Ce n’est pas le cas de Bird, film dont la plupart des personnages sont des musiciens noirs. C’est pourtant l’un de ses films les plus personnels.

Celui, en tout cas, qui lui tenait le plus à cœur, acceptant même deux films d’action de commande (suivant sa logique de l’époque) pour pouvoir le réaliser : un cinquième Dirty Harry et le triste Pink Cadillac. Amoureux de jazz depuis toujours, Eastwood a souvent donné à ses polars notamment des airs jazzy. Pas étonnant, donc, que son premier biopic soit consacré à l’un de ses héros : Charlie Parker, saxophoniste à la trajectoire fulgurante et tragique, mort à 34 ans à l’époque, forcément fondatrice, où le jeune Clint faisait ses premiers pas à l’écran.

Eastwood a connu l’ambiance de ces clubs de jazz, qu’il reconstitue si bien à l’écran. Mieux que des reconstitutions d’ailleurs : il nous y embarque, avec une mise en scène au plus près des musiciens, fiévreuse et passionnée. Il y a beaucoup de musique dans Bird, mais les nombreuses séquences ne donnent jamais le sentiment de se répéter, la virtuosité d’Eastwood épousant la liberté des musiciens et leurs improvisations magnifiques et enflammées.

Les grands connaisseurs du jazz ont un peu tiqué, paraît-il. N’étant pas de ceux-là, la vision de Bird est une expérience sensorielle assez fascinante et enthousiasmante. Et douloureuse, tant Eastwood nous plonge aussi dans les affres du génie Charlie Parker, musicien habité mais être humain hanté par ses démons : la drogue, l’alcool, et un mal-être qu’il trimballe jusque dans le couple qu’il forme avec son épouse (Diane Venora, magnifique, qu’Eastwood dirigera de nouveau dans Jugé coupable).

Forest Whitaker est lui aussi habité, incarnant parfaitement la fièvre créatrice de Bird et ses addictions mortifères. Ces addictions qui sont au cœur du film, dont l’intrigue se concentre sur les derniers mois de la vie de Charlie Parker. Mieux qu’un biopic traditionnel, Bird est un film sur un génie en bout de course, dont le parcours n’est évoqué que par de brefs flash-backs parfaitement distillés. Son enfance, par exemple, se résume à quelques images muettes dans les premières minutes du film. Pas besoin de plus pour comprendre le milieu d’où vient Charlie.

Passionnant, déchirant, douloureux et admirablement construit, filmé et interprété (Whitaker n’a pas volé son prix d’interprétation à Cannes, Eastwood aurait fait un bien beau prix de la mise en scène), Bird reste l’un des sommets de la carrière du grand Clint. Le plus beau, peut-être, des films dont il n’est pas lui-même l’interprète.

Le Cercle des Poètes disparus (Dead Poets Society) – de Peter Weir – 1989

Posté : 6 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, WEIR Peter | Pas de commentaires »

Le Cercle des Poètes disparus

« Émouvant, drôle, triste… Un de mes cinq films préférés », écrivais-je à la sortie du film, alors que je tenais déjà un blog cinéma. Oui, début 1990, il y avait déjà des blogs, mais ils étaient en papier, on appelait ça des cahiers, et ça ne sortait pas de ma chambre de jeune ado de 13 ans. Je me souviens aussi que c’est dans un magnifique cinéma de province à l’ancienne que j’ai vu ce film, comme beaucoup d’autres à l’époque : une immense salle avec balcon et rideau, et un vaste hall plein de photos et affiches de cinéma…

Toute nostalgie mise à part, cette intro pour dire que la cinéphilie a énormément changé depuis la sortie triomphale du film de Peter Weir. Le Cercle des Poètes disparus marquerait-il autant la jeunesse s’il sortait aujourd’hui, à l’heure des multiplexes et du streaming ? Pas sûr. Et pourtant, le montrer à mes enfants ados est une expérience particulièrement réconfortante : parce qu’ils en sont tous les trois (12 à 19 ans) sortis, chacun à leur manière, marqués par la puissance émotionnelle du film.

Qui reste intacte, trente-cinq ans après, confirmant que Peter Weir est bien un cinéaste majeur de cette époque, dont le classicisme discret empêche souvent de prendre toute l’ampleur de son talent : une mise en scène élégante et sans la moindre esbroufe, totalement au service de l’histoire, du rythme et de l’émotion. Ici, la réussite du film repose sur un parti pris fort : montrer l’âpreté d’une société rigide et liberticide par le seul regard des élèves d’une « prépa » d’élite.

Du Cercle des Poètes disparus, on retient surtout la belle prestation toute en retenue de Robin Williams, dans l’un de ses plus beaux rôles : celui d’un enseignant qui apprend à ses élèves à penser par eux-mêmes, dans un collège dont les vertus principales reposent sur la discipline et l’obéissance. Il est certes formidable, mais reste constamment ou presque dans une position d’observateur. Les personnages principaux, ce sont les élèves, groupe hétérogène de personnalités bien marquées.

L’intello, le timide, le rebelle, le flamboyant… On serait presque dans une étude de cas, qui résumerait en un petit microcosme la richesse de l’humanité et la singularité de l’être humain, et particulièrement des jeunes dans une société patriarcale où le libre arbitre n’existe pas. Le sujet du film reste d’ailleurs totalement d’actualité. Son message aussi. Et bien plus que le « Carpe diem » qu’on retient souvent, il est question de libre-arbitre, comme le résume le prof Keating/Williams dans une scène simple et belle, lorsqu’il invite ses élèves à marcher dans la cour.

Le film a aussi révélé quelques jeunes talents très prometteurs, dont Ethan Hawke, dont la timidité et la flamme étouffée m’avaient alors fait l’effet d’un révélateur. Comme John Keating reste le professeur qui m’a le plus marqué… Bref, peut-être Le Cercle des Poètes disparus est-il plein de défauts, mais il y a des films qu’on est simplement incapable de regarder avec un regard neuf, quel que soit le moment où on le revoit.

Une affaire de femmes – de Claude Chabrol – 1988

Posté : 29 octobre, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, CHABROL Claude | Pas de commentaires »

Une affaire de femmes

Si on admet (et c’est plutôt raisonnable) que Chabrol a eu une carrière en dent de scie, alors Une affaire de femmes est assurément l’un des sommets de sa filmographie, une peinture formidablement sombre et cynique de la France de l’Occupation, par le prisme d’une jeune femme un peu inconséquente, au destin tragique.

Isabelle Huppert, exceptionnelle, incarne Marie, cette jeune mère un peu larguée, amenée à devenir une « faiseuse d’anges », d’abord pour rendre service, et puis parce que ça rapporte cet argent qui lui permet de mener un semblant de vie, dans cette France vaincue et malade.

C’est l’un des films les plus forts sur l’Occupation, peut-être parce que ce contexte historique reste constamment à l’arrière-plan, se rappelant à la réalité par de brutales incursions : une amie dont on découvre qu’elle était juive quand on apprend que les Allemands l’ont emmenée ; un résistant abattu en pleine rue ; des bruits de bottes qui résonnent dans la nuit…

Marie, le personnage que joue Huppert, traverse cette ville en courant après sa jeunesse qu’on lui vole, en se raccrochant à tout ce qui peut ressembler à de l’insouciance. « Je n’ai tué personne », lance-t-elle outrée, sans comprendre ce qui l’attend.

Une affaire de femmes est peut-être le film de Chabrol le plus sensible, où l’œil du cinéaste plonge dans l’intimité et la douleur de chaque personnage : ce fils en demande d’amour, le mari qui perd pied à force de se sentir rejeté (Cluzet, très bien dans le pathétique), et tous les autres, dont les regards perdus bouleversent.

Brubaker (id.) – de Stuart Rosenberg – 1980

Posté : 6 août, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, ROSENBERG Stuart | Pas de commentaires »

Brubaker

Stuart Rosenberg a réalisé Luke la main froide, ce qui est une référence de dingue, qui suffit à rendre très excitant sur le papier ce Brubaker, nouveau film sur les dérives du système pénitentiaire. Paul Newman dans le premier (l’un de ses plus grands rôles)… Robert Redford ici, comme pour renforcer la parenté entre ces deux films (Newman et Redford, depuis deux films cultes – celui-ci et celui-là -, c’est un peu la même famille).

Luke la main froide est une merveille. Brubaker est sympathique. Bref, les deux films ne jouent clairement pas dans la même catégorie. L’ambition première est louable : dénoncer les conditions inhumaines de détention dans certaines fermes-prisons américaines. Mais la démonstration n’atteint jamais la puissance du classique de Rosenberg.

On peut d’ailleurs trouver discutable la posture du personnage principal, joué donc par Redford, que l’on découvre arrivant dans l’établissement comme un prisonnier lambda, qui en découvre la violence et l’injustice de l’intérieur, avant de révéler sa véritable identité qui ne surprend personne (et surtout pas le spectateur) : il est en fait le nouveau directeur, qui a voulu se faire une idée exacte de la réalité avec ce subterfuge.

Mais comment prendre vraiment au sérieux un Redford qui se fait passer pour un taulard en gardant sa belle tignasse blonde alors que tous les autres ont la boule-à-z ? J’aime bien Redford. Mais son refus systématique de s’enlaidir (y compris en renonçant à son brushing impeccable) a une tendance à pourrir certains de ses rôles. Dont celui-ci.

Brubaker n’est pas un film déplaisant, cela dit. Il y a là une sincérité indiscutable, et un certain élan (hollywoodien) très efficace. Mais cette sincérité confine à la naïveté la plus criante dans un final lyrique auquel on bien du mal à croire. Stuart Rosenberg méritait-il vraiment de repasser par la case prison ? Ça n’apporte en tout cas rien à sa gloire.

Music Box (id.) – de Costa-Gavras – 1989

Posté : 12 juillet, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, COSTA-GAVRAS | Pas de commentaires »

Music Box

Il y a au moins une chose qu’on ne peut pas retirer à Costa-Gavras, c’est sa sincérité. On peut aussi y ajouter l’audace, la colère, et l’honnêteté, y compris dans un film comme ce Music Box, dont on sent qu’il est aux confluents de deux mondes.

Le générique de début porte déjà en lui quelque chose de détonnant : Costa-Gavras dans une production Carolco, studio alors en vogue qui sera le spécialise des grosses machines d’action des années qui suivront, c’est un peu comme Menahem Golan qui produisait le King Lear de Godard… Une rencontre hautement improbable.

Le résultat est bien un film de Costa-Gavras, pas de doute. Mais on sent constamment une envie de s’imposer sur le marché américain. C’est surtout flagrant dans le premier tiers, d’une maladresse confondante, avec des effets très appuyés sur une Jessica Lange qui surjoue le bonheur familial. Ou dans les dernières minutes, qui évacuent dans un final nerveux (et efficace) un doute qui eût été autrement plus troublant s’il n’avait pas été clarifié.

Mais entre deux, Costa-Gavras réussit haut la main son film de procès américain, donnant à cette longue partie centrale une grande tension, et une vraie force d’évocation, dans une mise en scène au cordeau. Là, Jessica Lange redevient une excellente actrice, dans le rôle de cette avocate qui défend son père (Armin Mueller-Stahl, parfait comme toujours) accusé d’être un ancien criminel de guerre.

L’émergence du doute, la confrontation avec les récits d’horreur des témoins, les mystères de l’âme humaine, l’incapacité de connaître vraiment ces aînés dont on n’a pas vécu la jeunesse, mais qu’on croit connaître mieux que quiconque… Sans aucun flash-back, sans images d’horreur, avec la seule force de la parole (et du montage cinématographique), Costa-Gavras signe un film intense, qui interroge plus qu’il ne dénonce. En tout cas, il bouscule.

Arizona Junior (Raising Arizona) – de Joel et Ethan Coen – 1987

Posté : 30 juin, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, COEN Ethan, COEN Joel | Pas de commentaires »

Arizona Junior

Les crétins ont une place à part chez les frères Coen. Et dans cette espèce de grande famille décérébrée et hyper-réjouissante qui se construit tout au long de leur filmographie, le Hi interprété par Nicolas Cage dans Arizona Junior fait figure de patriarche, bien épaulé c’est vrai par son épouse Ed, Holly Hunter.

C’est le deuxième film des frangins après Blood Simple, et on peut déjà dire que l’essentiel de leur cinéma est déjà là, condensé dans ces deux films fondateurs. Bien sûr, c’est réducteur, et c’est oublier un peu vite les richesses de Barton Fink ou Inside Llewyn Davis, mais quand même : dès ces premières années, ce qui fera la singularité de tout leur cinéma est bien là.

Et Arizona Junior préfigure merveilleusement les idiots magnifiques qu’incarneront George Clooney (O’Brother) ou Brad Pitt (Burn after reading). Pour incarner ces idiots magnifiques et désespérément humains, on peut dire que les Coen ont du flair…

Ici, c’est Nicolas Cage, donc, tout jeune et déjà hallucinant, incarnation idéale du plus cartoonesque des Coen. Il n’a pas encore été Sailor pour l’éternité, mais il a déjà été mémorable au côté de Peggy Sue. Ici, il est hallucinant, débordant d’humanité tout en affichant une débilité très prononcée. Un type bien, d’une pureté presque angélique, mais aussi un braqueur très récidiviste, doublé d’un voleur de bébé.

Mais c’est pour la bonne cause : un sens de la justice qui lui est très personnel, le bonheur de celle qu’il aime, merveilleuse Holly Hunter, ex-flic devenue hors-la-loi par besoin de maternité… Leur logique se tiendrait presque (j’ai dit presque) : puisqu’elle ne peut pas avoir d’enfant et qu’un riche couple vient d’avoir des quintuplés, n’est-ce pas rétablir un semblant de justice que de prendre l’un des cinq bébés ?

L’épopée de ces deux-là est romantique et grotesque. En même temps. Et tous ceux qu’ils croisent sont taillés dans le même bois, comme des personnages de dessin animé, tendance Tex Avery : trop méchants, trop bêtes, trop naïfs… Mention à John Goodman bien sûr, magnifique évadé transformant la vulgarité en poésie.

Il a un second rôle, mais le film lui ressemble : trop expressif, trop exagéré, trop démonstratif, trop tout… Mais bizarrement poétique, fou et doux à la fois, comme le regard de Nicolas Cage, profondément réjouissant, et furieusement à fleur de peau.

Duo à trois (Bull Durham) – de Ron Shelton – 1988

Posté : 23 juin, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, COSTNER Kevin, SHELTON Ron | Pas de commentaires »

Duo à trois

A quoi ça tient, parfois, l’envie de revoir un film, même un film qui m’avait laissé de marbre quand je l’avais vu il y a une vingtaine d’années : une image, furtive, en revoyant le très beau Un monde parfait que tournerait Costner cinq ans (et un statut de mégastar) plus tard. Dans le film d’Eastwood, la caméra passe rapidement sur une affiche placardée sur un mur. Les mots « Bull Durham » s’y lisent clairement : le nom d’une équipe de base-ball, et le titre d’un film porté par Costner, que les Américains adorent paraît-il.

Et voilà comment l’envie de ressortir le DVD est venue. Et de revoir ce film, totalement culte aux Etats-Unis, totalement oublié chez nous. Ce qui n’est pas étonnant : Bull Durham est un film exclusivement à la gloire de ce sport national et inexportable qu’est le base-ball. Une véritable religion pour le personnage-clé du film : une jeune fan (Susan Sarandon), mascotte hyper-sexuée qui, chaque saison, jette son dévolu sur l’un des joueurs de l’équipe.

Cette saison-là, ils sont deux : le jeune talent en devenir, Tim Robbins, irrésistible en gentil demeuré ; et Kevin Costner, d’un charisme dingue en vieux briscard (déjà : il a 33 ans) chargé de dégrossir le jeune chien fou.

Tout ça n’est pas d’une délicatesse folle. Et les nuances du base-ball échappent dans les grandes largeurs à la perspicacité d’un Français de base (moi, par exemple). Mais on prend un petit plaisir indéniable devant cette chose sans grande envergure, menée avec savoir faire et sans génie par un spécialiste du film de sports (que Costner retrouvera pour Tin Cup, autour… du golf).

Surtout, Kevin Costner commence à imposer son personnage : une sorte d’incarnation idéale et absolue de l’Amérique comme elle n’existe plus guère en dehors de lui. Un personnage qu’il n’a cessé d’approfondir depuis (et dès son deuxième film autour du base-ball, le magnifique Field of Dreams), et qui fait de lui un acteur hors du temps et, oui, précieux.

Stand by me (id.) – de Rob Reiner – 1986

Posté : 30 mai, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, REINER Rob | Pas de commentaires »

Stand by me

Quatre ans avant Misery, Rob Reiner adaptait déjà Stephen King, mais dans un tout autre registre. Si Stand by me tire des frissons, c’est à la manière d’un Tom Sawyer, dans ce que le film dit des peurs et des angoisses enfantines…

Stand by me est un très beau film sur la prime adolescence, sur ces sentiments que l’on ne ressent qu’à un âge où l’innocence n’est pas encore troublée.

Ils sont quatre, quatre amis qui, au cœur des années 1950, et à la fin des vacances d’été, décident de partir en expédition, pour aller voir le cadavre d’un jeune mort accidentellement, qui aurait été aperçu dans les bois.

Le cadavre n’est qu’un prétexte qui pousse les quatre amis à avancer, et à se plonger dans une sorte d’introspection intime et douloureuse de quatre amis sur le point de quitter l’enfance. Leur aventure est avant tout intérieure, chacun révélant des failles parfois abyssales.

Grand réalisateur populaire hollywoodien mésestimé, Reiner était alors au début d’une série de grandes réussites. Et son talent pour filmer les personnages, pour faire naître l’émotion avec élégance, est déjà bien présent.

Quelque part entre Les Goonies (dont on retrouve d’ailleurs l’un des jeunes acteurs, Corey Feldman) et Les Contrebandiers de Moonfleet (autre grand film sur l’enfance), Stand by me est un film drôle et profondément émouvant, d’une grande justesse.

Emouvante, surtout, l’interprétation de River Phoenix, d’une intensité folle dans le rôle d’un jeune écorché vif, bouleversante. Et quels seconds rôles : John Cusack et Kiefer Sutherland à l’aube de leurs carrières, Richard Dreyfuss… Toute une époque.

Commando (id.) – de Mark L. Lester – 1985

Posté : 29 mai, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), LESTER Mark L. | Pas de commentaires »

Commando

Presque quarante après, un doute m’étreint toujours à propos de Commando : dans quel état d’esprit le film a-t-il été tourné ? Est-il un pur produit, outrancièrement extrême, des dérives totalement et outrancièrement extrêmes du cinéma d’action des années 1980 ? Ou est-il une pure parodie à prendre au 36e degré ?

Aujourd’hui, évidemment, impossible de le prendre autrement que comme ceci : une vision ironique et rigolarde des dérives d’un cinéma que Stallone, cette même année 1985, entraînait au premier degré (sans doute possible, en ce qui le concerne) vers des excès dont lui-même finirait par rire (Rambo 2 et Rocky 4), et que Schwarzie saurait tourner en dérision.

Cela dit, pas si sûr, quand même, que le réalisateur ait pensé autre chose que : « Fuck ! Je vais niquer Rambo sur ce coup-là, avec tous les mecs que mon héros va dézinguer ! » C’est vrai. Difficile de battre ce record. J’ai bien essayé de compter, mais dans le seul assaut final d’un Schwarzenegger surarmé (et à moitié à poil) face à une armée surarmée, j’avoue avoir perdu le compte après quinze… soit après une bonne minute de combat, les quinze minutes suivantes apportant une bonne centaine de morts violents supplémentaires, Schwarzie dégommant à tout va sans même avoir besoin de se baisser ou de se cacher, les méchants tombant plus vite que mes cheveux…

C’est con. C’est très con. Mais ça a le mérite d’être affiché dès la première scène, avec images irrésistibles de bonheur familial : Arnold portant un tronc d’arbre, Arnold et sa fille (toute jeune Alyssa Milano) s’amusant à partager leurs glaces, Arnold et sa fille donnant à manger à une biche… Si, si. Finalement, ça doit être parodique. C’est aussi d’un mauvais goût assumé, moche, poussif, lourdingue et dévoré par une musique affreuse de James Horner.

 C’est en tout cas très drôle, y compris dans les punchlines qui accompagnent chaque mise à mort. Ma préférée : « Tu te souviens que j’avais dit que je te tuerais en dernier?… J’ai menti ! »Et puis le film est une sorte de mise en images d’un fantasme cinématographique autour du corps d’Arnold Schwarzenegger, qui est le vrai sujet du film. Film qui mérite d’être vu, ne serait-ce que pour souligner en creux le génie de John McTiernan qui, deux ans plus tard, tirerait un pur chef d’œuvre ce cette même vision fantasmagorique. Commando, ébauche cartoonesque et idiote de Predator

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