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Archive pour la catégorie 'EFIRA Virginie'

Adieu les cons – d’Albert Dupontel – 2020

Posté : 28 février, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, DUPONTEL Albert, EFIRA Virginie | Pas de commentaires »

Adieu les cons

Après le triomphe d’Au-revoir là-haut, Adieu les cons pouvait ressembler à un pas en arrière pour Albert Dupontel, qui retrouvait un univers et un esprit assez classique pour lui. Et c’est vrai qu’on le retrouve tel qu’on le connaît depuis ses premiers films : acide, déjanté, méchant, naïf, et prompt à insuffler un humour volontiers régressif.

Les premières minutes du film ne poussent d’ailleurs guère à l’euphorie. Le face-à-face de Virginie Efira avec un médecin qui met (très maladroitement) les formes pour ne pas lui dire clairement qu’elle est condamnée. Celui de Dupontel lui-même avec un supérieur qui met les mêmes formes pour ne pas lui dire clairement qu’il n’a pas la promotion qui lui était promise… Deux situations jumelles, que le gag un peu poussif du nom constamment déformé ne tire pas vers le haut.

Cette première partie fait la part belle aux excès du cinéaste Dupontel, son goût pour l’absurde et l’explosif, pour la violence burlesque. Sans vraiment convaincre. Et puis la rencontre des deux personnages principaux apporte une dimension supplémentaire qui sied particulièrement bien au réalisateur : une tendresse, profonde et belle, parce que sans avenir. Ce n’est pas parce qu’il penche vers les beaux sentiments qu’il va verser dans l’optimisme béat.

Le sujet est rude : une femme qui sait qu’elle n’a plus longtemps à vivre cherche à retrouver l’enfant qu’elle a eu quand elle avait 15 ans et qui lui a été enlevé, avec l’aide d’un génie de l’informatique qui passe pour un terroriste ou pour un forcené depuis qu’il a blessé un collègue en ratant son suicide…

Dupontel a un univers, fort et inventif, qu’il décline de film en film. Une manière de faire le lien entre ses deux maîtres, Chaplin (pour sa capacité à faire rire avec des sujets graves) et Terry Gilliam (pour sa folie et son inventivité). Gilliam qui, comme souvent, fait une apparition devant la caméra de Dupontel. Cet univers trouve une sorte d’apogée dans la scène de l’immeuble contrôlé à distance, délire visuel et sommet d’émotion à la fois.

Surtout, Dupontel laisse éclater sa profonde bienveillance derrière le regard acide et volontiers méchant, regard sans concession sur une société qu’il condamne assez largement, et sans grande nuance. Le regard : celui si triste de Virginie Efira, et celui soudain apaisé de l’acteur Dupontel, bouleversante rencontre. Contrebalancée par la partition joyeusement décalée du troisième larron, l’incontournable Nicolas Marié en aveugle hanté par les violences policières. On ne se refait pas.

Rien à perdre – de Delphine Deloget – 2023

Posté : 15 décembre, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, DELOGET Delphine, EFIRA Virginie | Pas de commentaires »

Rien à perdre

Encore un grand rôle pour Virginie Efira, bouleversante en mère célibataire qui tente désespérément de ne pas sombrer quand son plus jeune fils est placé par les services sociaux, après un accident survenu alors qu’elle l’avait laissé seul pour aller travailler. Un sujet fort, du genre casse-gueule, qui glisserait du côté du pathos surchargé ou de la thèse engagée.

Et sur ces deux plans, Delphine Deloget, documentariste qui signe ici son premier long métrage de fiction, s’en tire assez brillamment. Côté thèse, la cinéaste évite les pièges en se focalisant sur le point de vue de la mère (jouée donc par une très grande actrice, ce qui aide). Ni jugement ni angélisme, donc : cette mère là est une femme bien, mais loin d’être parfaite, qui se repose sur son fils aîné pour palier ses propres manquements.

On sent bien où va la sympathie de la réalisatrice, ne serait-ce que par le côté tristement libérateur que provoque un certain coup de boule, et par la gêne que l’on ressent immédiatement : c’est mal, mais le moindre muscle du spectateur était à ce moment précis tendu vers une réaction qui ressemblerait à un hurlements, tant la situation s’apparente alors à un cauchemar à la Kafka, sans issue, sans autre possibilité d’échange que cette violence mortifère.

Côté pathos, le piège était donc encore plus tentant pour Delphine Deloget, qui fait le choix d’un sujet rude, abordé frontalement, au plus près du drame. Mais il n’y a pas d’effet facile dans sa mise en scène. Pas ou peu de larmes, mais un éprouvant sentiment d’étouffement qui se resserre sur la mère, et sur les nerfs du spectateur.

Au cœur de ce drame, les acteurs sont formidables, justes jusque dans la mesure, justes jusque dans le désespoir. Virginie Efira (bien sûr), mais aussi les deux jeunes interprètes de ses fils, ses deux frères, ses amis, et les agents des services sociaux, qui réussissent à faire ressentir leurs propres convictions, et leurs doutes.

On en sort secoué, remué, révolté et bouleversé, en se raccrochant aux éclats de vie et d’espoir que sème Delphine Deloget, cinéaste à suivre.

Victoria – de Justine Triet – 2016

Posté : 4 septembre, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, EFIRA Virginie, TRIET Justine | Pas de commentaires »

Victoria

En attendant de découvrir la Palme d’Or 2023, il est bon de se replonger dans les premiers films de Justine Triet, cinéaste qui, dès ce deuxième long métrage, dévoile à la fois un univers très personnel, et une maîtrise assez impressionnante.

L’histoire de cette jeune avocate dont toute la vie semble être une fuite en avant absolument pas maîtrisée ressemble sur le papier à beaucoup d’autres films français récents. Mais le résultat est un film qui ne ressemble à aucun autre, par sa manière de toucher la vérité en flirtant avec la comédie, par la distance que la cinéaste place avec les emmerdes de son héroïne, par son utilisation formidable de chansons rares et fascinantes, ou encore par ce qu’elle révèle de son actrice principale.

Virginie Efira, dont les habitués de ce blog savent à quel point je la considère comme très grande, et qui prend ici une toute nouvelle dimension. Plutôt habituée aux comédies romantiques, la voilà qui s’empare d’un grand rôle complexe où son sens de la nuance éclate littéralement. Touchante et drôle dans la même scène, dans le même instant, elle est formidable en femme libre mais totalement enfermée dans une course dont elle a perdu toute maîtrise.

Dès les premières minutes, Justine Triet crée une ambiance atypique, faisant se côtoyer le grotesque, l’ironie et le tragique. Dans ce mariage qui ouvre le film, et qui semble si parfait au premier coup d’œil, avec ces invités bien habillés et ces belles tablées dans l’orangerie, Justine Triet multiplie les détails qui tranchent avec la perfection affichée : ce voisin de table assommant, la présence d’un singe, la témoin à la robe gênante… Et cet incident qu’elle met en scène (sans le filmer) sans le moindre effet dramatique.

Mine de rien, Justine Triet joue avec les clichés, renverse les situations attendues, confronte des réalités inconciliables. Victoria répète ad nauseum à tous ceux à qui elle se livre que le sexe ne l’intéresse plus, mais multiplie les plans culs (foireux et irrésistibles). Ses amis ont tous quelque chose de dérangeant (dont Melvil Poupaud, certes marqué a posteriori par sa prestation en mari violent dans le récent L’Amour et les forêts)… Finalement, c’est d’un ex-dealer, joué par le parfait Vincent Lacoste, que viennent les vrais moments de calme et de liberté.

Et c’est beau de voir les visages de ces personnages qui ne cherchent qu’à afficher l’image de l’épanouissement, et d’où les fêlures et défauts ne surgissent que par petits éclats. Ces éclats de vérité qui font la beauté de ce film, et du cinéma de Justine Triet. Vivement la Palme d’Or…

L’Amour et les forêts – de Valérie Donzelli – 2023

Posté : 12 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, DONZELLI Valérie, EFIRA Virginie | Pas de commentaires »

L'Amour et les forêts

C’est devenu presque une évidence sur ce blog : Virginie Efira est une actrice d’une justesse et d’une intensité incomparables. La Vivien Leigh du XXIe siècle, ai-je déjà avancé, et je confirme une nouvelle fois après avoir vu, et ressenti profondément, ce film sur une relation toxique, un couple qui semble heureux mais qui se révèle être une véritable prison pour l’épouse littéralement enfermée et terrorisée par un mari possessif jusqu’à la maladie.

Elle est une nouvelle exceptionnelle, donc. Mais il faut aussi souligner la prestation glaçante de Melvil Poupaud, qui réussit à glisser une troublante humanité, et même une authentique fragilité dans son incarnation d’un homme odieux, tyrannique et dangereux, capable on le sent d’allonger à tous moments la sinistre liste des femmes mortes sous les coups de leurs conjoints.

C’est tout le sujet de ce film fort, belle adaptation du roman d’Eric Reinhardt qui rend palpable ces tragédies quotidiennes et révoltantes. Pourtant, la violence physique reste le plus longtemps absente. Mais c’est une autre forme de violence que filme Valérie Donzelli : l’emprise de plus en plus étouffante de cet homme sur sa femme, qui transforme peu à peu une belle histoire d’amour en un calvaire que tout le monde voit venir. Tout le monde, sauf la principale intéressée.

Là, il fallait le talent d’une Virginie Efira pour maintenir ce fragile équilibre entre la femme intelligente et déterminée, et cette épouse qui réalise trop tard que son prince charmant l’enferme dans une maison qui ressemble bien plus à un cachot qu’à un palais. C’est révoltant, glaçant, et très dur par moments. Et c’est filmé avec un mélange de crudité et de fantaisie par une Valérie Donzelli qui raconte son film au plus près de son héroïne.

La fantaisie de la réalisatrice prend les formes d’une séance chantée et désenchantée, scène faussement légère qui, à la manière de Jacques Demy, marque une rupture radicale dans la vie de la jeune femme. Ou d’une étonnante balade dans la forêt avec un amant d’un jour interprété par un Bertrand Belin hors du temps, comme une bouffée d’air désespérée avant la noyade. Dans le fond et dans la forme, L’Amour et les forêts est un film puissant.

Les Enfants des autres – de Rebecca Zlotowski – 2022

Posté : 2 novembre, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, EFIRA Virginie, ZLOTOWSKI Rebecca | Pas de commentaires »

Les Enfants des autres

Promis : je ne répéterai pas une fois encore que Virginie Efira est immense, qu’elle a ce talent rare (si rare) pour faire naître une émotion et son contraire dans le même instant, qu’elle est de la trempe d’une Vivien Leigh (j’ai vérifié : je ne l’ai déjà écrit que deux fois sur ce blog). Bref. Parlons du film plutôt. De ce film si beau et si pudique que porte une Virginie Efira si émouvante, bouleversante, intense et nuancée…

Bon. Virginie Efira est grande, c’est un fait. Et ce fait inspire visiblement les cinéastes les plus passionnants du moment. La preuve avec ce film si personnel de Rebecca Zlotowski, qui offre à l’actrice un rôle qui ressemble bien à un alter ego : une femme ayant dépassé la quarantaine qui vit une belle histoire d’amour avec un père divorcé (Roshdy Zem, magnifique), dont la fillette lui fait prendre conscience de son envie désormais urgente d’être elle-même mère.

L’influence ce Truffaut baigne cette chronique d’une histoire d’amour. Pas seulement dans cette façon d’ouvrir et de conclure chaque séquence « à l’iris », comme si chaque scène se terminait par la fin d’une journée et par l’arrivée du sommeil, soulignant ainsi le temps qui s’écoule implacablement (et ça a du sens). On retrouve aussi chez Rebecca Zlotowski la même manière quasi amoureuse de filmer ses acteurs, au plus près, dans ce qu’ils ont de plus intime, et pourtant sans jamais être impudique.

On n’a pas si souvent vu filmer aussi intimement la naissance non pas du désir, mais du sentiment : ces doigts qui se cherchent dans la nuit parisienne, puis ces corps nus qui s’enlacent dans une étreinte passionnée et tendre. Oui, tendre. Le sexe est beau dans ce film, et ça non plus, ce n’est pas si courant. Comme il n’est pas si courant de voir des corps nus filmés avec une telle délicatesse, sans fard mais sans voyeurisme.

Et puis il y a la fille de son amoureux, cette enfant à laquelle le personnage de Virginie Efira donne tout son amour, mais qui ne sera jamais vraiment sa fille, parce qu’elle a déjà une maman (Chiara Mastroianni, beau personnage et belle présence). Et cette relation là, cet amour là, est le vrai cœur du film. Quelle est la place de la belle-mère dans une famille recomposée ? Le thème n’a pas souvent été abordé au cinéma. Il l’est ici avec une intelligence et une vérité exemplaires.

Et Virginie Efira (voilà que je m’y remets) donne corps à toutes les nuances de cette relation, toute la complexité du rôle qu’elle tient dans cette famille. Elle est magnifique, donc. Toute en nuances, comme toujours, comme le résume cet unique plan la suivant, seule, dans la solitude d’une nuit parisienne. C’est d’amour, qu’il faut aimer cette actrice.

Revoir Paris – d’Alice Winocour – 2022

Posté : 19 octobre, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, EFIRA Virginie, WINOCOUR Alice | Pas de commentaires »

Revoir Paris

Un attentat. Pas L’attentat. Pas tout à fait. Bien sûr, l’ombre pesante du 13 novembre est là, mais Alice Winocour fait un tout autre choix que la reconstitution fidèle des faits. Le bar où se déroule la tragédie est donc une sorte de condensé de toute l’horreur de ces tueries du 13 novembre. C’est un parti-pris fort, il y en a bien d’autres.

Le plus fort, sans doute, c’est de ne montrer non pas ce que le personnage principal a vu, mais ce dont elle se souvient. Le film, raconté à la première personne, commence pourtant au présent. Ce fameux soir de quasi-insouciance, où la légèreté semble être omniprésente. La caméra d’Alice Winocour capte cette légèreté par bribes, suivant le regard un peu absent de sa narratrice.

L’horreur surgit avec la soudaineté d’un coup de foudre. Ou plutôt d’une rafale. On n’en voit par grand-chose finalement, juste ce que le regard caché capte à travers la fumée, la poussière et les corps qui tombent. Et puis plus rien. « Après ça, je ne me souviens de rien » lance-t-elle en voix off, cette voix off qui reviendra régulièrement, plurielle, seules incartades hors du point de vue unique de cette femme au cœur des attentats.

Cette femme qu’incarne Virginie Efira avec la justesse et l’intensité dont je ne me lasse pas de vanter l’immensité. Une bonne fois pour toutes : elle est non seulement la plus grande actrice française du moment, la plus grande actrice tout court du moment, elle est aussi de l’étoffe d’une Vivien Leigh, capable comme elle d’incarner tous les degrés de la passion, de la légèreté ou de la douleur, avec une même justesse absolue. Bon. J’aime cette actrice, avec une ferveur que je n’avais plus ressenti depuis bien longtemps. Point.

Virginie Efira est donc de toutes les scènes, et elle incarne formidablement ce film, que la scénariste et réalisatrice bâti presque comme une enquête, mais dénuée de tout effet facile. En tentant de reconstituer les faits précis de cette soirée d’horreur, la jeune héroïne tente de se reconstruire elle-même. Et Alice Winocour évoque l’impossibilité de revenir en arrière, la rupture totale qu’un événement à ce point traumatique représente. Au fur et à mesure que les détails reviennent, tout ce qui a été la vie d’avant s’estompe pour disparaître.

Le mari impuissant, joué par Grégoire Colin, s’éloigne peu à peu, en même temps que le grand blessé joué par Benoît Magimel (décidément revenu au sommet) prend une place grandissante. Ce glissement se fait avec une délicatesse extrême. Délicatesse et pudeur : Alice Winocour marche sur le fil, mais ne glisse jamais, maintenant constamment cet équilibre de l’émotion, sans verser vers le larmoyant. Et avec quelques superbes idées narratives, comme cette visite en forme de retrouvailles devant les Nymphéas…

Revoir Paris est la première fiction inspirée par ces attentats du 13 novembre 2015. On pouvait raisonnablement craindre le pire, dans un cinéma français peu habitué à se pencher si tôt sur les traumatismes nationaux. Mais il y a une telle pudeur dans le traitement, et en même temps une telle envie de cinéma, que l’émotion qui s’en dégage, qui est immense (toujours le cœur serré au moment où j’écris ces lignes), n’est jamais mortifère.

Il y a une formidable soif de vie dans ce vie. Et la scène finale, dont je ne dirai rien ici, est d’une simplicité, d’une justesse et d’une beauté rares. Revoir Paris est extrêmement fort, mais c’est aussi un film qui vous réconcilie avec la vie, l’espoir et, oui, une certaine forme de légèreté.

Un homme à la hauteur – de Laurent Tirard – 2016

Posté : 18 octobre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, EFIRA Virginie, FANTASTIQUE/SF, TIRARD Laurent | Pas de commentaires »

Un homme à la hauteur

Une belle blonde rencontre un homme qui serait parfait… s’il ne mesurait pas un mètre trente-six. Parti-pris décalé et séduisant pour cette comédie romantique par ailleurs très classique dans sa forme. Un parti-pris qui transforme le film en une sorte de fable maligne et sympathique sur l’acceptation de la différence, sur le regard des autres.

Virginie Efira est parfaite dans le rôle… Non, arrêtons là : Virginie Efira est parfaite, point. Elle est parfaite comme est l’est toujours, et je commence à réaliser que je suis incapable d’évoquer Virginie Efira sans tomber en pâmoison devant sa présence, sa profondeur, son intelligence de jeu, sa justesse tout simplement. Une actrice de la trempe de Vivien Leigh, dont on sait qu’elle va transcender chacun de ses rôles.

C’est donc le cas une nouvelle fois avec cette avocate brillante, belle, grande, charismatique, troublée par ses propres sentiments pour un homme à la taille d’enfant, tiraillée entre sa volonté de ne pas se plier au regard des autres, et le regard des autres. Tantôt intense, tantôt vaporeuse, elle est merveilleuse, émouvante dans cette salle de cinéma où son regard passe par tous les états, drôle lorsque ce même regard tombe pour la première fois, en deux temps, sur cet inconnu à la voix si pleine de promesse.

Jean Dujardin aussi est excellent, à la fois flamboyant et plein de failles, parfait dans le rôle de cet homme trop petit, mais tellement digne comme en témoigne son fils. Une sorte de symbole de la différence, du handicap. Et qu’importe si les trucages, mélange de simples jeux de caméra et de mise en scène, et de rares effets spéciaux (à la manière du Seigneur des Anneaux) sont un peu approximatifs, voire carrément voyants (on jurerait que Dujardin danse à genoux), on croit à cette différence de taille. Magie du cinéma…

Charmante comédie romantique donc, que Laurent Tirard réalise plutôt joliment, créant quelques belles scènes d’atmosphère (Viriginie Efira entrant dans une pièce sombre entourée par un halo de lumière et de brume) et de beaux moments de comédie. Mais à l’opposée de Contre-enquête, Un homme à la hauteur est nettement mieux réalisé qu’il n’est écrit. C’est même là que le bât blesse : dans une écriture qui frôle souvent la caricature, ou la bien-pensance. Pas de quoi gâcher le plaisir procuré par les acteurs.

Police – d’Anne Fontaine – 2020

Posté : 10 août, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, EFIRA Virginie, FONTAINE Anne | Pas de commentaires »

Police Anne Fontaine

Premier constat : j’aime Virginie Efira d’un amour cinéphilique qui n’a plus beaucoup de borne. Film après film, l’actrice ne cesse de surprendre et de bouleverser avec son jeu, à la fois extraordinairement précis et d’une intensité bouleversante. Pas un rôle dont on peut simplement dire qu’elle est très bien. Non, elle est toujours au-delà, vraie, profonde, humaine… L’une des plus grandes actrices du monde, disons la Vivien Leigh d’aujourd’hui.

Voilà qui est dit. Deuxième constat : Anne Fontaine est une grande réalisatrice, qui a un regard, et un vrai talent pour filmer les états d’âme. Ce n’est pas si courant, et c’est ce qui fait le poids de Police, beau film dont les moments les plus intenses sont ceux où il ne se passe rien en apparence. Ceux où l’esprit des personnages vagabonde, tiraillé entre l’intégrité et l’humanité, en quelque sorte.

Grande réalisatrice, et grande directrice d’acteurs. Virginie Efira est sublime, donc. Mais Omar Sy et Grégory Gadebois sont également magnifiques dans les deux autres rôles centraux. Trois flics parisiens en uniforme, chargés d’amener un immigré à qui l’asile a été refusé vers l’aéroport où un avion doit le ramener dans son pays, où une mort probable l’attend. Un paumé, dont on ne sait pas grand-chose, et qui ne parle ni ne comprend un mot de français…

Mais les policiers qui l’escortent, eux, sont des paumés dont on sait beaucoup. Parce qu’une série de flash-backs nous les présente dans leur intimité un peu minable. Mal mariés, au bord de la rupture. Virginie (Efira) et Aristide (Omar Sy) ont eu une liaison extra-conjugale, et la première est enceinte du second. Erik (Gadebois) est marié à une femme qui ne le supporte plus. Aucun d’eux ne compte ses heures, mais est-ce par sens du devoir ou par désir de fuir le quotidien ?

Ce migrant que l’on renvoie vers une mort probable est le prétexte à une prise de conscience introspective. Et c’est la principale limite du film, qui évite soigneusement tout véritable engagement humanitaire ou politique, pour se focaliser ces trois policiers rongés par leur quotidien et le poids de leur fonction. On peut trouver le propos limité. On peut aussi reconnaître à Anne Fontaine le talent pour tirer de ces situations l’humanité la plus profonde.

Dans Police, l’essentiel de l’action se déroule dans l’habitacle d’une voiture : des regards, des non-dits, une tension. C’est passionnant, c’est bouleversant, c’est beau. Me voilà touché, profondément.

Sibyl – de Justine Triet – 2019

Posté : 26 février, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, EFIRA Virginie, TRIET Justine | Pas de commentaires »

Sybil

Une psychanalyste décide de se séparer de la plupart de ses patients pour se consacrer à son autre vocation : l’écriture. Elle accepte toutefois d’accompagner une jeune actrice totalement paumée, vivant une aventure destructrice avec l’acteur principal du film qu’ils sont en train de tourner. Fascinée, la psy-romancière s’inspire des souffrances de la comédienne pour l’écriture de son livre…

Raconté comme ça, le film ressemble à une histoire perverse mais assez convenue de manipulation et de faux semblant. C’est beaucoup plus que ça. Justine Triet, grande scénariste et grande réalisatrice, en fait le portrait d’une femme qui se refuse à laisser sortir les souffrances qu’elle porte en elle, sans doute parce que son métier est d’écouter et d’aider les autres.

Virginie Efira, décidément la plus grande actrice du moment, apporte une intensité folle à cette femme constamment à la recherche de la maîtrise totale, qui se construit une espèce de carapace mais n’en est que plus déchirante lorsqu’elle baisse la garde. Face à elle : Adele Exarchopoulos et Gaspar Ulliel (dans son dernier rôle au cinéma), dont les déchirements seront de puissants révélateurs.

Justine Triet fait de son film un voyage mental fascinant et troublant, avec une force incroyable. Avec un montage au cordeau, des sauts temporels, des images réminiscentes, elle nous plonge dans les affres de cette psy dont les propres failles se font de plus en plus douloureuses au fil des séances qu’elle mène, des conseils qu’elle prodigue, ou des confessions qu’elle entend. La réalisatrice sait créer des moments forts de cinéma (le tournage sur le bateau, la scène du karaoké…). Mais loin d’avoir un effet patchwork, ces beaux moments parfois si disparates relèvent tous du même mouvement, dirigé vers une libération attendue.

Si le film est si puissant, c’est pour sa manière de mettre à nu les douleurs enfouis de son héroïne. C’est aussi pour son aspect cathartique, qui plonge le spectateur dans un état assez terrible. Sibyl est un film fort, l’œuvre d’une cinéaste importante, portée par une grande Virginie Efira. Mais on n’en sort pas vraiment le sourire aux lèvres, ni le cœur léger.

Madeleine Collins – d’Antoine Barraud – 2021

Posté : 16 février, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, BARRAUD Antoine, EFIRA Virginie | Pas de commentaires »

Madeleine Collins

Un chignon aux allures de tourbillon dans la chevelure d’une blonde élégante et mystérieuse. L’influence hitchcockienne est assumée, clairement affichée. Mais, en fait, assez trompeuse. Madeleine Collins a certes des allures de thriller racé au scénario retors, mais c’est avant tout le portrait d’une femme qui s’est elle-même enfermée dans un engrenage mental sans issue. Un portrait au-delà de l’intime : intérieur.

Et plus le film avance, plus apparaissent les affres, la fragilité et même la panique de ce personnage qui semblait tout d’abord froid et manipulateur, gérant sa double vie avec une science du mensonge à toute épreuve. Et là, c’est du côté du Bigamie d’Ida Lupino que l’on penche. Mais là encore, le film échappe à toute comparaison facile, au moins pour deux raisons. D’abord le scénario, qui ménage le mystère et ne révèle ses vérités qu’au compte-goutte. Assez brillant, en fait.

Et puis, et surtout, Virginie Efira, dont on ne dira jamais assez à quel point elle s’est imposée sur le tard mais en peu de temps comme l’une des plus grandes actrices du cinéma français, peut-être la plus sensible, la plus intense de sa génération. Dire qu’elle est formidable dans ce rôle si complet n’est pas suffisant. Elle l’est, formidable : elle est tour à tour glaçante, bouleversante, inquiétante, touchante. Mais elle est bien plus : elle est l’âme de ce film.

Sans elle, on le sent, rien ne tiendrait dans Madeleine Collins. En tout cas avec avec cette intensité là. Son personnage est d’une richesse tout de même rare, tant elle passe par des émotions radicalement opposés. Et dans tous les registres, elle est d’une justesse et d’une vérité absolues, jamais dans l’excès, jamais dans la retenue non plus. A l’exception d’un premier plan séquence longtemps mystérieux, la caméra ne la quitte jamais. Et elle est, de bout en bout, merveilleuse.

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