L’Echange (Why change your wife ?) – de Cecil B. De Mille – 1920
Old Wives for new, Don’t change your husband, et maintenant ce Why change your wife ?… A la fin des années 10 et au début des années 20, Cecil B. De Mille a réalisé toute une série de films consacrés à des couples en mariage, et dont le grand succès populaire a lancé la mode des « comédies du remariage ». Quelle que soit la crise traversée par les couples en question, quelles que soient les étapes par lesquelles ils passent, la conclusion est quasi-systématiquement la même : pas la peine d’aller chercher ailleurs quand on est déjà marié.
Le cinéaste ne signe pas pour autant des films puritains ou moralisateurs, bien au contraire : il y a une certaine audace et une vraie liberté de ton dans ce film, comme dans d’autres. Une vision du couple aussi qui évite les clichés habituels, mais souligne tout de même le caractère misogyne du monsieur. Car si on résumait la « morale » de Why change your wife, ce pourrait être en une phrase : « mesdames, pour rendre heureux vos maris, devenez celle qu’il veut que vous soyez ! »
Les (trop nombreux) cartons vont quasiment tous dans ce sens, et c’est bien vers ce message pas vraiment subliminal que se dirige l’histoire de ce couple qui se sépare avant de se retrouver. Gloria Swanson, épouse trop sage et trop rigide, se délurera, et finira pas aimer le chien de son mari… et même par casser le disque de musique classique qu’elle écoutait volontiers pour jouer la musique plus rythmée que son mari a toujours aimé et dont elle ne voulait pas. Ben oui, pourquoi s’emmerder à faire des concessions quand on a une femme à la maison !
Cela dit, et malgré tout, Why change your wife ? est un film très recommandable. Pas parce que se cache derrière l’auteur de ce blog un misogyne qui n’ose pas dire son nom, mais parce que le personnage le plus sympathique là-dedans, le seul même à avoir une vraie profondeur, c’est celui de Gloria Swanson, épouse délaissée, magnifique une nouvelle fois.
Et à vrai dire, on bafferait bien Thomas Meighan, le mari, pour s’être retourné aussi rapidement vers cette autre femme assez insupportable, interprétée par Bebe Daniels. Autant le jeu de cette dernière semble aujourd’hui un peu daté, autant celui de Gloria Swanson reste d’une justesse absolue, et justifie à lui seul la vision de ce film à la morale douteuse.