Godless (id.) – mini-série de Scott Franck – 2017
Godless ne révolutionne pas le western, et ce n’est pas une critique. Scott Franck, créateur de la mini-série et réalisateur des sept épisodes, aime visiblement le genre, pour sa simplicité et son intensité. L’une des constantes du western, c’est la coexistence des grands espaces vierges et somptueux, et d’une violence constamment tapie, toujours prête à exploser. C’est exactement ce qui est au cœur de Godless.
Le contexte, quand même, est très original : l’essentiel de l’action se déroule à La Belle, petite ville minière au nom prémonitoire, dont tous les hommes valides ont été tués dans une explosion deux ans plus tôt. Ne restent plus qu’une poignée de vieillards, les enfants, et surtout les femmes qui découvrent qu’elles sont capables de vivre par elles-mêmes. Tout un symbole féministe, bien sûr, dont Scott Franck fait le décor plus que le sujet de Godless.
L’histoire, elle, est à la fois simple et dépouillée. Un chef de bande écume le pays avec sa horde franchement sauvage pour retrouver celui qu’il considérait comme son fils et qui l’a trahit : Roy Goode, jeune homme ballotté par le destin, écœuré par les crimes de son « père » de substitution, étonnant Jeff Daniels.
Godless laisse le sentiment d’une violence extrême, notamment parce que l’ultime épisode réserve un carnage plus terrible encore que La Horde sauvage, justement. Pourtant, elle est relativement rare, la violence. Rare et expéditive, toujours percutante, et souvent inattendue. Les coups de feu sont percutants, les impacts font mal, les têtes explosent, les membres sont arrachés… Du genre qui marque et qui fait mal.
Cette violence frappe les esprits, durablement. Mais Godless est aussi une série qui sait prendre son temps, et adopter le tempo de cet Ouest encore sauvage, qui vit au gré de la nature et des saisons. Cette nature omniprésente, parfois dangereuse, souvent belle. On y vit, on s’y délasse, on y communie, et on y crève aussi, durement et salement.
On y parle peu, et lentement, et chaque parole compte. Ni vraiment contemplatif, ni enragé, Godless est une série profondément humaine, qui ne parle en fait que de désir et de frustration. Il y a là des tas de couples qui tentent difficilement de se former, constamment troublées par l’ordre établi, même dans ces terres encore sauvages : deux femmes qui peinent à se dire qu’elles s’aiment, un jeune blanc amoureux d’une noire, une immigrée séduite par le détective qui la recherchait…
Ce pourrait faire l’effet d’un étalage, d’une espèce de liste des couples impossibles. Mais non, et c’est peut-être là que Godless est finalement le plus réussi, dans la vérité qui se dégage de ces personnages, nombreux et tous également passionnants. C’est beau, parce que Scott Franck sait capter les regards, les gestes retenus, les phrases tues. Entre Roy, l’homme traqué, et Alice, la rescapée, rien ou presque ne se passe. Mais ce rien, par l’élégant classicisme et le souffle discret de la mise en scène (et la musique, magnifique), a des allures de passion folle.