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Archive pour la catégorie 'STURGES John'

Libre comme le vent (Saddle the wind) – de Robert Parrish (et John Sturges) – 1958

Posté : 17 août, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, PARRISH Robert, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Libre comme le vent

Deux frères très différents qui finiront par s’affronter, une femme trop belle entre les deux, des barbelés qui viennent remettre en cause le principe des grands espaces ouverts, un grand propriétaire face à de petits fermiers, un gunman qui débarque en ville pour affronter le héros, auréolé d’une réputation de fine gâchette… Rarement un western aura brassé autant de thèmes si classiques avec une telle originalité.

Avec ce film, ramassé et d’une intensité folle, Parrish transcende littéralement le genre qu’il donne l’impression, sur le papier, de servir aveuglement. Tout, en fait, est surprenant, audacieux, fracassant. Le tueur qui débarque au début du film, joué par un Charles McGraw toujours parfait, étonnamment digne, et au destin totalement inattendu, presque grotesque. Le puissant propriétaire, dont le grand Donald Crisp fait une sorte d’incarnation de la justice et de la sagesse. Et puis ces deux frères si différents, campés par deux comédiens effectivement très différents : Robert Taylor, d’un classicisme instinctif, et John Cassavetes, très Actor’s studio.

D’emblée, Robert Parrish sème une espèce de trouble dans sa manière de mettre en scène le premier duel, comme un acte fondateur dont la violence ne cessera d’avoir des effets tragiques. Superbement réalisé, ce duel fait surtout éclater la dimension morale et désespérée de ce western, en apparence si classique, qui se révèle en fait être une véritable tragédie familiale. Tout, dans le comportement des deux frères comme dans la pure mise en scène de leur relation, semble annoncer le dénouement.

Parrish sème des petits cailloux, comme ça. Mais en nous faisant croire qu’il nous mène en terrain connu, il nous guide en fait dans un monde dont la violence a quelque chose de tristement banale. La figure du fermier vêtu de son uniforme de vainqueur nordiste, incarné par Royal Dano, est particulièrement forte, « vainqueur » dont la pauvre destinée renvoie directement à l’absurdité d’une guerre qui n’a en fait engendré que victimes et chaos.

Petite production d’une intensité folle, et vraiment ambitieux dans sa peinture de la violence et de ses effets. Sans rien dévoiler de la conclusion, disons simplement qu’elle est probablement unique dans l’histoire du western, et qu’elle confirme la profonde empathie que le cinéaste a pour ses personnages, et le dégoût profond qu’il témoigne à la violence, dont personne, jamais, ne sort vraiment vainqueur.

Un homme est passé (Bad Day at Black Rock) – de John Sturges – 1955

Posté : 6 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, RYAN Robert, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Un homme est passé

Black Rock… Charmante bourgade au milieu des plaines désertiques de l’Ouest américain. La deuxième guerre mondiale est terminée depuis deux mois, mais la ville semble être la même qu’aux grandes heures de la conquête de l’Ouest.

C’est dans ce lieu comme oublié par le temps qu’un homme descend du train, premier visiteur depuis quatre ans. En quelques heures seulement, cet étranger va réveiller un secret mal enfoui, déclenchant haine et mauvaise conscience…

John Sturges filme cette histoire comme un authentique western, genre dont il est un grand spécialiste. Mais s’y ajoute la mauvaise conscience d’un pays qui a maltraité sa population d’origine japonaise au lendemain de Pearl Harbor. Les camps créés pour les parquer comme des menaces intérieures sont évoquées. Au-delà, c’est tout le racisme et la violence liés à l’histoire du pays qui pèsent.

Sturges aborde cette culpabilité par le prisme du film de genre, western ou noir, qu’importe. Il le fait avec un dispositif dramatique qui confine à l’épure la plus totale. Unité de lieu, de temps, une demi-douzaine de personnages seulement (et quel casting : Robert Ryan, Ernest Borgnine, Lee Marvin, Walter Brennan, autour de Spencer Tracy). Mais le scénario est formidable, et la mise en scène d’une précision remarquable.

Un homme est passé (pour une fois, le titre français est bien plus beau et fort que le titre original) est aussi un modèle de tension et de suspense. Tracy est grand et garde longtemps le mystère sur la nature exacte de son personnage, simple visiteur ou… ? Grand film, à tous les niveaux.

Un silencieux au bout du canon (McQ) – de John Sturges – 1974

Posté : 14 décembre, 2018 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, STURGES John, WAYNE John | Pas de commentaires »

Un silencieux au bout du canon

Un polar à la Dirty Harry avec John Wayne, et réalisé par John Sturges, ça ne se refuse pas. Et quelles que soient les qualités du film, ça se déguste avec un certain plaisir, forcément. En l’occurrence, le plaisir va plutôt bien avec une bière, voire même avec un bon whisky. A défaut d’être scotché par un suspense hyper prenant ou par des enjeux dramatiques ébouriffants, eh bien on se contente de deux petites heures toutes en confort tranquille, avec un John Wayne très impliqué.

Il est certes très bien, le Duke. En fin de carrière (il ne tournera plus que trois films), déjà malade, il s’offre un rôle à moitié en terrain connu, et à moitié dans l’air du temps. Il est bel et bien tel qu’en lui-même, pas de doute : grand, fort, intègre, jusqu’au-boutiste, instinctif, animal. Mais en même temps, la comparaison avec Dirty Harry n’est pas anodine : Wayne, qui a toujours marqué sa différence avec un Clint Eastwood qui n’a jamais hésité, dans ses films, à flinguer dans le dos, fait ici un petit pas vers la nouvelle génération.

Sans doute le film aurait-il d’ailleurs gagné à être réalisé par un Don Siegel : Sturges, excellent réalisateur de westerns, se laisse un peu dévorer par ses modèles (Siegel, Siegel et Siegel), et signe une mise en scène assez anodine. Mais cette tentation de Wayne de surfer avec les polars rudes et réalistes qui cartonnait à l’époque est ce qu’il y a de plus passionnant ici. Ne serait-ce que parce qu’il abat bel et bien un bad guy en lui tirant dans le dos.

Ou parce que le flingue qu’il arbore dans le climax du film, avec son long silencieux et son incroyable force de frappe, semble n’être là que pour affronter à distance le Clint et son Magnum 44, dans une sorte de concours de qui aura la plus grosse. Un peu régressif, OK, mais plutôt rigolo pour un mythe (Wayne) qui n’a plus rien à prouver depuis bien longtemps.

C’est la force du film, c’est aussi sa faiblesse. Parce que si McQ supporte la comparaison avec Magnum Force (avec des thématiques communes d’ailleurs), il ne joue clairement pas dans la même cour que L’Inspecteur Harry premier du nom, ou que Police sur la ville, autre grande réussite de Siegel.

Le film de Sturges (lui aussi en fin de carrière) n’invente rien, se contentant de calquer avec plus ou moins de réussite les recettes d’autres films, y compris la désormais incontournable scène de bagnole, avec forces travellings et gros bruits de moteurs, qui ne parvient jamais à retrouver le rythme de French Connection par exemple.

Quant à John Wayne, sa seule présence suffit, comme souvent dans ses films moyens, à assurer l’intérêt, et le plaisir. Mais il semble aussi un peu à côté de la plaque, comme s’il était paumé sans son cheval (et pour cause : il venait d’enchaîner huit westerns), à la traîne par rapport à des vedettes du polar de la nouvelle génération. Au final, c’en serait presque touchant.

Coup de fouet en retour (Backlash) – de John Sturges – 1956

Posté : 30 septembre, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Coup de fouet en retour

Voilà un bien beau western, basé sur un superbe scénario, proche dans ses influences de la tragédie grecque : un « orphelin » confronté à son père… Ce face à face tient toutes ses promesses avec cette histoire d’un aventurier à la recherche de l’homme censé avoir laissé mourir son père. Cet homme, c’est Richard Widmark, dont la fausse assurance et la vraie fragilité font des merveilles dans ce rôle tout en ambiguïté.

Tout est mensonge dans ce film. Mais des mensonges que l’on se fait à soi-même pour se voiler la cruauté de la réalité. Le personnage de Widmark est totalement dans cette logique, homme solitaire qui passe à côté de la vie pour poursuivre des mirages, des fantômes. John Sturges joue joliment sur cet aspect, lors de la rencontre longtemps différée entre Widmark et John McIntire, sorte de rendez-vous manqué où le seul contact se fait par l’intermédiaire d’un miroir quasi-opaque, ou à travers une vitre brisée. Un moment absolument magnifique.

Il y a comme ça quelques moments de pure grâce dans ce western original et audacieux, pour sûr l’un des sommets de la filmographie de Sturges.

Un bémol quand même : le personnage de Donna Reed peine à convaincre. L’actrice représente l’argument charme de la production, rien de plus, rien de moins non plus. Mais Coup de fouet en retour est un film d’hommes : tous les personnages masculins sont passionnants. Celui de Widmark, forcément formidable en homme hanté par sa jeunesse volée, et confronté à la pire des vérités. Mais aussi celui du shérif sans envergure, mais tenu par son devoir. Ou encore celui de Barton McLane, intense.

John Sturges a signé un paquet de westerns mémorables. Celui-ci n’est pas le plus connu. C’est pourtant l’un des tout meilleurs.

Sept secondes en enfer (Hour of the Gun) – de John Sturges – 1967

Posté : 11 décembre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, RYAN Robert, STURGES John, WESTERNS, Wyatt Earp / Doc Holiday | Pas de commentaires »

Sept secondes en enfer

Le réalisateur du classique Règlement de comptes à OK Corral qui renoue avec le plus célèbre gunfight de l’histoire de l’Ouest. C’est une bien belle idée, d’autant plus que ce western-là commence exactement là où beaucoup d’autres s’arrêtent : par le fameux règlement de compte à O.K. Corral.

Sturges ne signe pas pour autant une suite de son classique : les acteurs sont différents, le ton est différent, la situation même est différente. D’ailleurs un carton l’annonce au début : c’est l’histoire véridique que l’on va découvrir. Bon… c’est vrai que ce genre de carton est là pour attester bien des versions radicalement différentes de la vie de Earp.

Un beau film, et surtout un beau personnage : le célèbre marshall Wyatt Earp, tiraillé entre sa soif de vengeance familiale, et ce sens du devoir et de la loi qu’il tente douloureusement de conserver. Un homme de l’Ouest pris en étau entre deux visions de la vie, deux époques aussi : celle de l’Ouest sauvage, et celle de l’Est qui représente la civilisation. Un thème archi rabâché dans le western, mais qui se renouvelle joliment ici, notamment avec cette figure du juge encore impuissant face à la violence, qui doit se résoudre à laisser en liberté ceux qu’il sait coupables. Mais le système est en place, le changement c’est pour bientôt.

Réussie aussi, l’amitié virile et touchante entre Holliday (Jason Robards, excellent mais très loin du personnage imposé par Kirk Douglas dans le classique de Sturges) et Earp (James Gardner, qui reprendra ce rôle 20 ans plus tard dans le malin Meurtre à Hollywood de Blake Edwards), qui atteint une sorte d’apogée nostalgique dans cet étonnante maison de repos du Colorado, où « Doc » va affronter son pire ennemi : lui-même, ses démons.

Le film privilégie l’attente et la psychologie des personnages. Mais Sturges y place de belles fulgurances dans l’action, avec cette violence sèche et brutale qui sort de n’importe où : un coup de feu à travers une fenêtre fermée dans le calme d’une salle de billard, un duel entre deux hommes fatigués (Robert Ryan, dans le rôle de Ike Clanton, est une nouvelle fois formidable).

Il y a pourtant quelque chose qui ne prend pas totalement dans ce film. Difficile de mettre le doigt sur ce « quelque chose », tant Sturges semble inspiré dans sa manière de mener l’action, de diriger ses comédiens… Malgré toutes ses qualités, malgré le vrai plaisir qu’on y prend, l’alchimie des grands westerns de Sturges ne se retrouve pas complètement.

Les Sept Mercenaires (The Magnificent Seven) – de John Sturges – 1960

Posté : 14 novembre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Sept Mercenaires

Un peu fâché avec la mode dévorante des remakes, je profite de la sortie en salles des Sept Mercenaires d’Antoine Fuqua pour revoir l’original de Sturges. Et oui, je sais, ce choix est très discutable, puisque cet « original » était déjà un remake, celui d’un chef d’œuvre du film de sabre signé Kurosawa. Mais reconnaissez que cette première version westernienne a, quand même, une classe folle.

John Sturges est au sommet de son art quand il filme ce petit classique westernien, totalement jouissif. On pourrait essayer de lui retirer tout mérite, et estimer que la réussite du film tient essentiellement à son casting impeccable. Jugez plutôt : Steve McQueen, Yul Brynner, James Coburn, Charles Bronson ou Robert Vaughn côté mercenaires… Eli Wallach côté grand méchant.

Et tout ce petit monde qui cabotine joyeusement, imposant à chacun des personnages une personnalité propre inoubliable. Dès la scène du corbillard, première rencontre des deux héros McQueen et Brynner, c’est à un véritable concours de cabotinage que se livrent les deux acteurs, mais un concours réjouissant, sans jamais écraser l’autre. Et à ce petit jeu, c’est Steve McQueen qui s’impose.

Coburn aussi est formidable, incroyable en lanceur de couteau quasi-muet, à la dégaine impossible. Quant à Robert Vaughn, plus en retrait, il incarne un personnage pour le moins inattendu, fine gâchette écrasée par la peur. Bronson, lui, est un dur au cœur tendre particulièrement touchant. Et Horst Buchholz, héritier désigné de Toshiro Mifune, il parvient à s’imposer en face d’aînés quand même très impressionnants.

Mais ne retenir que les acteurs serait injuste pour le réalisateur. Car Sturges sait donner une belle atmosphère à son film. Et il se révèle aussi à l’aise dans l’extraordinaire affrontement final, que dans la première demi-heure quasiment dénuée de toute action, où il ose instaurer un faux rythme pour mieux présenter ses personnages.

De la même manière, il y a du fond dans ce film d’action réjouissant. Une manière de filmer la violence pour mieux la dénoncer. Une manière aussi de mettre en valeur la vacuité d’une vie consacrée à la violence : face à l’arrogance de la jeunesse, Sturges met en scène des hommes murs confrontés à leur propre mal-être, sans rêve et sans avenir. Et c’est beau.

Le Dernier Train de Gun Hill (Last Train from Gun Hill) – de John Sturges – 1959

Posté : 29 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, DOUGLAS Kirk, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le dernier train de Gun Hill

Il suffit parfois de rien : le message d’un ami qui vient de revoir l’un de ces westerns qui ont bercé mon adolescence. Suffisant pour donner envie de redécouvrir ce John Sturges un peu oublié, perdu entre deux classiques du genre (le cinéaste l’a tourné entre Règlement de compte à OK Corral et Les Sept Mercenaires, deux références), et pas vu depuis au moins vingt ans.

Les premières minutes sont plutôt cruelles. Un prologue pourtant dramatique (une femme violée et tuée devant les yeux de son fils), mais filmé avec une platitude remarquable, sans le moindre souffle et sans la moindre force, dans un décor visiblement droit sorti du précédent classique de Sturges (la scène romantique de Burt Lancaster/Wyatt Earp).

On craint alors le pire. Mais l’entrée en scène de l’ami Kirk Douglas, rescapé du OK Corral, donne un coup de peps à mise en scène de Sturges, qui semble retrouver tout son allant et toute son inspiration. Elle est formidable cette première scène, qui nous montre un shérif rigolard évoquant avec les enfants de sa ville tranquille des heures plus troublées qu’ils n’ont pas connu, et dont on devine qu’il va bientôt être rattrapé par la violence. Parce que cette femme violée et tuée, c’est la sienne…

Par le plus grand des hasards (soyons indulgents sur les facilités scénaristiques), le shérif Kirk découvre sur le lieu du drame une selle qui le mène droit au coupable, qui n’est autre que le fils de son meilleur ami, qui lui sauva la vie jadis. Tout ça est un peu tiré par les cheveux, certes. Mais qu’importe, le cinéma de genre est pavé de ces petits trucs improbables. Et ce truc-là donne au film une belle gravité.

Le meilleur ami, c’est Anthony Quinn, dans l’une de ses très belles interprétations, toute en sobriété et en présence magnétique. Si le personnage de Kirk Douglas impressionne par sa volonté et son jusqu’au boutisme, c’est lui, Quinn, qui donne au film ses meilleurs moments. Tiraillé entre son attachement sincère pour cet ami de longue date, et son refus de laisser son fils, pourtant totalement con, se faire pendre. Un beau sujet de tragédie.

Qu’importe aussi si la fin, décevante, laisse un sentiment d’inachevé. Il y a dans ce western une tension qui ne retombe jamais, et une force viscérale qui trouve son apogée lors d’une séquence d’incendie apocalyptique que n’aurait pas renié Eastwood. Sturges ne révolutionne pas le genre (le thème rappelle souvent Le Train sifflera trois fois ou 3h10 pour Yuma), mais il lui offre une belle réussite. Ambiance La Dernière Séance, comme dit mon pote…

Les Aventuriers du Désert (The Walking Hills) – de John Sturges – 1949

Posté : 27 mars, 2016 @ 6:15 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Aventuriers du Désert

L’affiche, le titre (en VF et en VO), l’histoire… Pas de doute, Les Aventuriers du Désert est un vrai western, qui plus est réalisé par un habitué du genre (John Sturges) et interprété par l’une des grandes figures westerniennes (Randolph Scott). Mais, surprise : le film se déroule dans les années 1940, et commence comme un film noir, dans un décor qui évoque La Soif du Mal : une ville-frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, où se croisent des aventuriers, des voyageurs, ou encore un détective privé.

Mais ce film noir ne tarde pas à bifurquer vers le western pur et dur, lorsqu’un groupe très disparate se forme pour partir à la recherche d’un trésor au milieu du désert : une caisse d’or que transportait un chariot qui s’est égaré un siècle plus tôt… Une sorte de plongée dans le passé le plus mythique de l’Amérique : celui des pionniers.

Tous ces aventuriers abandonnent leurs particularités pour se lancer dans cette quête improbable, creusant inlassablement ce Désert de la Mort infini, dont Sturges utilise magnifiquement les paysages mouvants, ces dunes balayées par le vent et baignées de soleil. Un décor qui donne lieu à un superbe duel… à la pelle, d’un dynamisme stupéfiant.

Autre curiosité : les séquences de chansons qui viennent rythmer le film, superbes moments qui permettent de réhabiliter Josh White, chanteur de blues très en vogue à l’époque, et totalement oublié aujourd’hui, et dont il s’agit de quelques-unes des rares prestations filmées.

Le film est aussi assez passionnant par l’utilisation systématique qu’il fait des ellipses, laissant libre-cours à l’imagination du spectateur. Un parti-pris un peu gâché par un flash-back certes joliment filmé (de beaux plants d’Ella Raines sous la pluie), mais totalement inutiles.

Mais finalement, c’est une certaine nonchalance qui domine dans ce film. A l’image de Randolph Scott, étonnamment en retrait, qui se contente la plupart du temps de rester spectateur de l’action. Son personnage, si charismatique soit-il, ne prend jamais le pas sur les autres membres du groupe (parmi lesquels Edgar Buchanan, Arthur Kennedy et John Ireland). Plus étonnant encore : il se désintéresse la plupart du temps des enjeux dramatiques du groupe, pour aller s’occuper de sa jument et de son poulain. Curieux…

* DVD dans l’incontournable collection « Westerns de Légende » chez Sidonis/Calysta, avec une présentation par Patrick Brion.

Joe Kidd (id.) – de John Sturges – 1972

Posté : 19 juin, 2013 @ 10:37 dans 1970-1979, EASTWOOD Clint (acteur), STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Joe Kidd (id.) – de John Sturges – 1972 dans 1970-1979 joe-kidd

Que l’on évoque les carrières de Sturges ou d’Eastwood, ce Joe Kidd fait généralement figure au mieux de simple curiosité, au pire de ratage, dans tous les cas d’œuvre mineure. C’était aussi mon avis jusqu’à présent, et il faut bien reconnaître quelques flottements dans le rythme de ce western, et une lumière un peu plate qui ne rend pas hommage aux beaux cadres d’un cinéaste encore très inspiré. La musique, aussi, signée Lalo Schiffrin, a des accents jazzy urbains assez étranges, qui ne collent pas très bien avec le style.

Mais malgré ces défauts, Joe Kidd est un western passionnant et très original, qui mérite largement d’être redécouvert. Le scénario, signé Elmore Leonard (le futur auteur de Jackie Brown), est foisonnant, et fourmille de belles idées, à commencer par celle au cœur du film, qui évoque les terres spoliées par les Américains, en l’occurrence aux paysans mexicains. Le sujet n’est pas totalement nouveau, mais tout en privilégiant le spectaculaire, les grands espaces et les fusillades, le film met en évidence le rôle de la justice et des tribunaux, ce qui n’est pas si courant.

La première demi-heure est étonnante, ne serait-ce que par la manière dont le personnage de Clint Eastwood nous est présenté : loin de son image habituelle d’homme de l’Ouest, popularisée par les films de Leone et réutilisée dans Sierra Torride. Il apparaît en costume de ville, portant un petit chapeau melon, et condamné par la justice à nettoyer les rues de la ville, balai à la main.

La suite lui permettra de regagner sa splendide, mais non sans mal : on le voit d’abord servant au côté d’un riche propriétaire cruel et impitoyable (Robert Duvall, tout juste sorti du premier Parrain), avant de prendre fait et cause pour les Mexicains, dont le leader n’est pas si blanc que ça. Bref, pas d’angélisme, mais une vision assez noire de l’humanité.

Dans la dernière moitié, le film se concentre essentiellement sur l’action et le suspense. Plutôt efficacement, d’ailleurs. Jusqu’au climax, qui est la scène la plus connue du film, et qui montre un train, conduit par Eastwood, traverser un saloon. C’est gratuit et pour le moins improbable, mais très franchement, ça mérite d’être vu au moins une fois…

Joe Kidd vient d’être édité par Universal pour la première fois en blue ray, sans bonus et à prix modique, dans la même vague que La Caravane de feu. Un autre Eastwood sort en même temps : Sierra Torride de Don Siegel. Ainsi que Une bible et un fusil, avec John Wayne et Katherine Hepburn.

Règlement de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral) – de John Sturges – 1956

Posté : 18 avril, 2012 @ 10:07 dans 1950-1959, DOUGLAS Kirk, LANCASTER Burt, STURGES John, WESTERNS, Wyatt Earp / Doc Holiday | Pas de commentaires »

Réglement de comptes à OK Corral

Revoir ce classique de John Sturges après avoir redécouvert le sublime La Poursuite infernale de Ford est une mauvaise idée. Les deux films étant inspirés du même événement authentique (l’affrontement sanglant entre les frères Earp et le clan Clanton, maintes fois porté à l’écran), et la plupart des personnages étant les mêmes, difficile de ne pas comparer ces deux versions. Et sur tous les plans, la supériorité du film de Ford est écrasante.

Tourné moins de dix ans après, le film de Sturges adopte un style très différent. Loin du noir et blanc nostalgique du Ford, Sturges préfère des couleurs vives et automnales. Dans les deux cas, Wyatt Earp est un homme d’une autre époque, en décalage avec le monde en mouvement qui l’entoure. Chez Ford, ce décalage est une malédiction, Earp est condamné à rester seul. Chez Sturges, c’est le début d’autre chose : il y a un espoir et un avenir pour le héros. Moins sombre, mais aussi nettement moins émouvant.

Comme dans le film de Ford, le plus beau ici, c’est la relation entre le marshall Wyatt Earp et l’ancien bandit Doc Holiday, leur amitié qui dépasse la loi et toute logique. J’avais le souvenir d’une sorte d’apothéose dans la carrière commune de Kirk Douglas et Burt Lancaster… Mais là encore, la comparaison avec le duo Victor Mature/Henry Fonda n’est pas à l’avantage du film de Sturges. Les deux stars sont excellentes, cela dit : Lancaster est droit et inflexible comme il faut, et Douglas secoue parfaitement sa mèche quand il tousse. Mais leur relation est beaucoup plus convenue que dans le film de Ford.

Pourtant, Sturges fait du bon travail. En habile cinéaste qu’il est, il signe un western bourré d’action, de bagarres, de règlements de comptes et de jolies femmes (en particulier Rhonda Fleming, vue dans Deux rouquines dans la bagarre et décidément très belle). Et puis en choisissant d’être un tantinet plus fidèle à la véritable histoire que Ford (on n’est pas dans documentaire, quand même), Sturges signe un film curieusement plus romanesque et épique. Et le fameux règlement de comptes de O.K. Corral est très spectaculaire.

Parmi les curiosités du film, notons la participation du jeune Dennis Hopper. Tout juste sorti de La Fureur de vivre, qu’il a tourné l’année précédente avec James Dean, le jeune acteur tient un petit rôle (celui du plus jeune fils Clanton), mais peut-être le plus intéressant du film : un gamin qui n’adhère pas aux crimes de sa famille, mais qui réalise qu’il n’a pas d’autre choix que de se ranger au côté des siens. Son destin sera tragique, et traité sans concession…

 

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