La Montagne mystérieuse (The Beast of Hollow Mountain) – d’Edward Nassour et Ismael Rodriguez – 1956
On ne compte pas les films de dinosaures tournés dans les années 50. Mais dans cette interminable liste largement nanardesque, ce Beast of Hollow Mountain sort du schéma traditionnel, qui nous montre des explorateurs découvrant des terres inconnues, peuplées de lézards géants. Bien avant La Vallée de Gwangi, autrement plus prestigieux (notamment grâce aux effets spéciaux de Ray Harrihausen), le film imagine l’irruption de monstres préhistoriques dans un western a priori très traditionnel. Autre point commun entre les deux films : ils s’inspirent d’une idée de Willis O’Brien, le précurseur de l’animation image par image.
Produit par la United Artists et filmé en Cinemascope, le film, à défaut d’être une grosse production, n’est pas non plus l’une de ces séries Z qui plébiscitaient les dinos. Il y a là, mine de rien, une vraie ambition, avec de nombreux figurants (ce qui nous change de l’inénarrable King Dinosaure, présent dans le même coffret DVD que ce Beast…), un scénario bien construit qui tiendrait le coup même sans l’aspect fantastique de la chose, et surtout une vision réaliste assez bien trouvée du Mexique de la fin du 19ème siècle.
Ce western mexicain, basé sur la rivalité amoureuse de deux éleveurs, est surtout réussi lorsqu’il montre la vie quotidienne de ce petit village : le jour de marché, le travail banal des cow-boys, les soirées des familles riches, les balades dominicales dans les rues… On n’attendait pas ça dans un tel projet.
La direction d’acteurs, par contre, est pour le moins approximative. Et comme tout le budget, visiblement, est allé aux effets spéciaux et aux figurants, les acteurs n’ont pas été choisis dans le haut du panier…
Cela dit, on ne peut pas dire non plus que les effets spéciaux prennent toute la place : il faut attendre l’heure de projection (le film dure une heure quinze !) pour voir le dinosaure apparaître enfin… et uniquement les pattes dans un premier temps, avec une série de gros plans irrésistibles sur les jambes d’un type qui marche maladroitement avec un déguisement de monstre en latex… absolument pas raccords avec les plans larges du dino, nettement plus convaincants.
Le film, comme ça, alterne le bon et le n’importe quoi. Drôle de mélange, comme si les deux réalisateurs (Edward Nassour, inventeur de la technique d’animation utilisée pour le monstre, et Ismael Rodriguez, très important cinéaste mexicain) avaient travaillé chacun de leur côté avant de tout assembler. C’est en tout cas plaisant, et ça se regarde sans le moindre ennui…