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Archive pour la catégorie 'KEIGHLEY William'

La Dernière rafale (The Street with no name) – de William Keighley – 1948

Posté : 6 juillet, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, KEIGHLEY William | Pas de commentaires »

La Dernière Rafale

Un petit noir dans la longue série des films « tirés des archives du FBI », tout à la gloire du bureau. Hoover, jamais présent à l’écran, y est d’ailleurs une sorte d’ombre bienveillante et rassurante qui veille sur l’Amérique : une lettre signée de sa main ouvre le film, et c’est un télex qu’il envoie qui règle l’enquête. Voilà qui a dû lui faire plaisir.

Typique de ce sous-genre du noir, donc. Et comme très souvent, le réalisateur s’empare plutôt habilement de lourdes contraintes : filmer les lieux mêmes de l’histoire, parfois en caméra cachée, mettre en scène de vrais agents, scander le film par des images de procédure policière… Des passages obligés que William Keighley intègre fort bien dans un film par ailleurs très tendu.

Des tas de scènes mémorables là-dedans, qui semblent avoir inspiré pas mal de cinéastes : De Palma et ses Incorruptibles pour la recrue testée sur le champ de tir (cadrages hyper percutants, de derrière les cibles), ou Tim Burton et son Batman pour la spectaculaire dernière scène dans l’usine.

La manière dont Keighley filme les rues de nuit est également assez formidable. Sans doute tantôt en caméra cachée, tantôt en studio, sans que la différence soit jamais vraiment perceptible. L’hôtel miteux et le gymnase poussiéreux donnent aussi un aspect très réel au film.

Ce gymnase où Keighley réussit un grand moment de suspense étouffant : un jeu du chat et de la souris entre le flic infiltré (Mark Stevens, assez fade) et le chef de gang que joue Richard Widmark avec une cynique intensité. Grand rôle à sa démesure.

La Fiancée contre remboursement (The Bride came C.O.D.) – de William Keighley – 1941

Posté : 17 juillet, 2016 @ 8:00 dans 1940-1949, CAGNEY James, KEIGHLEY William | Pas de commentaires »

La Fiancée contre remboursement

Voilà une charmante comédie, vive et rafraîchissante, que n’aurait pas renié Preston Sturges. Keighley, pourtant, n’a pas la réputation du réalisateur des Voyages de Sullivan. Son cinéma, parfois pataud, manque souvent un peu de rythme (pas quand il co-signe Les Aventures de Robin des Bois avec Michael Curtiz, c’est vrai). Pas ici : dès les premières séquences, urbaines, le ton est donné, et le rythme est, d’emblée, imparable.

C’est l’histoire d’une jeune mondaine (Bette Davis, craquante et à baffer, une vraie héroïne de comédie américaine), qui s’apprête à épouser un bellâtre gentiment ridicule (Jack Carson, parfait) qui répète à l’Amérique entière que sa belle fiancée est la plus chanceuse des femmes… Bref, un personnage à la psychologie pas bien complexe ! Mais le richissime papa de la belle (Eugene Pallette, toujours génial, rond et truculent) ne veut pas de ce mariage. Alors le pilote d’avion qui doit conduire le couple à Vegas où ils vont se marier (c’est James Cagney) décide d’enlever la jeune femme pour le compte du papa, contre une somme qui lui permettra de rembourser ses dettes. Mais l’avion fait un atterrissage forcé en plein désert californien…

Le pilote et la mondaine que tout oppose, y compris les circonstances, forcés de cohabiter en milieu hostile… La recette n’est pas neuve, mais Keighley la filme avec une joie et une dérision qui font constamment mouches. Comme le couple très improbable formé par la précieuse Bette Davis (qui passe le film à se retrouver le cul dans les cactus) et par le massif James Cagney (qui passe le film à martyriser les pauvres fesses de la belle).

On sait d’emblée comment tout ça va finir, mais qu’importe : The Bride came C.O.D. n’est pas un film à suspense. Tout le plaisir vient du plaisir communicatif de ces acteurs et de la manière. Tout est au service du rythme, dans cette fantaisie qui fait du bien. Et même les rares « gros » gags (le mécano qui allume son allumette sur l’aile d’un avion en rase-mottes) s’inscrivent parfaitement dans la fluidité du récit.

Une belle surprise, donc, que cette comédie qui se moque gentiment du mariage, avec ce drôle de héros qui séduit ses « proies » d’un soir en leur montrant des photos de gamins qu’il a « empruntés » à un ami, et cette sentence définitive d’un homme de loi : « L’un va se marier, l’autre va en prison. Ça fait beaucoup de points communs. » Réjouissant, vraiment…

Torrid Zone (id.) – de William Keighley – 1940

Posté : 3 février, 2015 @ 11:29 dans 1940-1949, CAGNEY James, KEIGHLEY William | Pas de commentaires »

Torrid Zone

J’avais gardé le souvenir d’un film sympathique mais assez insignifiant, qui mettait en valeur le joyeux antagonisme entre un James Cagney très insouciant et un Pat O’Brien très raide, dans un décor de cartes postales. Mais ce Torrid Zone n’est finalement pas si léger que cela.

La perception que l’on en a aujourd’hui, en tout cas, n’a rien de confortable. Ce « Torrid Zone » qui ne porte aucun nom dans le film évoque en fait la présence américaine à Cuba, et ses immenses intérêts financiers, près de vingt ans avant la « révolution populaire » de Castro.

Des révolutionnaires, il y en a déjà, décrits avec dérision, à la limite de la caricature. Il n’y a pourtant pas de quoi rire : William Keighley, surtout connu pour être le co-réalisateur avec Michael Curtiz des Aventures de Robin de Bois, livre une peinture cruelle et très critique de ce colonialisme américain qui tait son nom.

Le ton est apparemment à la rigolade et au dépaysement. Mais les personnages adoptent des comportements souvent odieux vis-à-vis des autochtones, y compris les personnages principaux. La police locale aux ordres d’un homme d’affaires, un peloton d’exécution qui se forme en deux minutes, des ouvriers agricoles qui évoquenet férocement les esclaves d’un autre temps… Non, décidément, cette carte postale-là ne fait pas rêver.

Torrid Zone n’est pas à proprement parler un film politique. L’ambition même de cette production reste floue : le film est-il une condamnation dans les règles du néo-colonialisme américain ? ou est-ce le poids des décennies suivantes qui pèse sur la perception que l’on en a aujourd’hui ? Dans tous les cas, Torrid Zone mérite le détour.

Les Aventures de Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood) – de Michael Curtiz et William Keighley – 1938

Posté : 11 janvier, 2011 @ 6:01 dans 1930-1939, CURTIZ Michael, KEIGHLEY William | Pas de commentaires »

Les Aventures de Robin des Bois

Mais comment diable Curtiz et Keighley ont-ils pu rendre ce film à ce point indémodable ? Parce que, quand même, c’est pas possible de porter des collants aussi moulants, et aussi verts que ça… même pour Robin des Bois. Les costumes, les décors en carton-pâte… Y’a pas moyen, on ne peut pas y croire. Et pourtant, il faut bien reconnaître : presque trois quarts de siècles après sa sortie, cette version de la légende reste la meilleure, la plus passionnante, la plus enthousiasmante, celle qui possède le charme le plus éclatant. Et je serais bien incapable d’expliquer pourquoi…

C’est un pur produit de studio : la Warner a convoqué ses stars maison, avec Curtiz derrière la caméra (difficile de dire ce qu’on doit à Curtiz et ce qu’on doit à Keighley, mais vu le niveau de leurs filmographies respectives, on se dit que le rôle du premier a été prépondérant), et Errol Flynn devant, déjà une immense star grâce à des succès comme Capitaine Blood et La Charge de la bigade légère, deux films signés Curtiz). Ajoutez à ça des seconds rôles d’anthologie : Claude Rains en prince Jean, Olivia de Havilland en Lady Marian, Eugene Palette en frère Tuck, Patrick Knowles en Will Scarlett, et surtout Basil Rathbone en Guy de Gisbourne. Et vous obtiendrez une production hollywood indémodable, comme on les aime.

Il y a bien sûr cette petite touche de magie en plus, ce souffle que Curtiz a su insuffler à tous ses meilleurs films, grâce à une mise en scène soignée et dynamique, mais aussi à l’attention apportée au plus petit des seconds rôles : aucun personnage ne vient affaiblir le rythme du film, qui file comme une flèche en vol.

Flynn, plus athlétique et sautillant que jamais, porte le film vers le haut. On le sent capable de se tirer de toutes les situations, de gravir le mur le plus lisse, de sauter du haut d’un château. Un vrai héros, quoi… Mais un héros dont le sourire éclatant et l’apparente insouciance s’accompagnent parfois d’une colère mal dissimulée, qui rappelle que Flynn n’est pas seulement une star bondissante, c’est aussi un sacré bon acteur.

Et Curtiz est un excellent réalisateur. On lui a parfois reproché de signer des réalisations plan-plan, sans grande recherche formelle. C’est un peu trop vite oublier le duel final entre Robin et Gisboune, l’un des plus beaux de la riche histoire du cinéma d’aventures, qui ne rougit pas de la comparaison avec celui de Scaramouche. Curtiz utilise à merveille son gigantesque décor, alternant plans serrés et plans très larges, les grandes salles vides et les escaliers circulaires, faisant soudain sortir ses duellistes du cadre alors que le combat nous reste visible grâce à un jeu d’ombre somptueux. C’est du grand art, et c’est du grand spectacle.

 

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