Play it again, Sam

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Archive pour août, 2012

Guérillas / Guérillas aux Philippines (American Guerilla in the Philippines) – de Fritz Lang – 1950

Posté : 31 août, 2012 @ 4:23 dans 1950-1959, LANG Fritz | Pas de commentaires »

Guérillas

Le plus mal aimé des films de Lang est peut-être, effectivement, le moins intéressant de tous (il en reste quelques-uns que je n’ai toujours pas vus). Mais sortie DVD de Guérillas chez l’excellent éditeur Sydonis arrive à point pour réévaluer un chouïa ce film de guerre loin d’être anecdoctique.

C’est vrai, ce n’est pas le projet le plus personnel de Lang : difficile de trouver sa patte et ses motifs habituels dans cette grosse production qui ne lui était pas destinée (c’est Henry King qui devait s’y coller, retrouvant ainsi son acteur fétiche Tyrone Power). Mais Lang tire le meilleur d’une approche plutôt originale du film de guerre.

Inspiré d’une histoire vraie, le film suit les aventures d’un officier de la marine américaine échoué aux Philippines et qui, tout en cherchant à gagner l’Australie où il espère reprendre sa place dans la navy, se retrouve constamment ramené (par les éléments, par les rares officiers encore sur place, par l’amour…) à cette terre occupée par les Japonais. Avec une poignée d’hommes, il fait son possible pour échapper à l’ennemi, avant de prendre une part active dans la résistance philippine et dans la préparation du retour très attendu du général MacArthur.

Un épisode peu vu au cinéma de la guerre du Pacifique, et pour cause : le sujet n’est pas le plus cinématographique qui soit : la résistance est larvée, patiente, lente, et les accès de violence sont aussi saisissants que rares. Quant à l’héroïsme de nos « combattants », il se résume durant la plus grande partie du film à éviter l’affrontement et à fuir les responsabilités. Si Tyrone Power et ses potes veulent gagner l’Australie, c’est pour se réfugier derrière les ordres directs de leurs supérieurs.

C’est là que Lang parvient à poser son empreinte. Son choix n’est pas de rendre le sujet plus spectaculaire qu’il n’est. Au contraire : il appuie un peu plus encore sur l’ennui qui gagne régulièrement les protagonistes, et décrit la nouvelle vie qui se met en place pour les autochtones, et pour les soldats, en particulier Tyrone Power et son sidekick, le sympathique Tom Ewell.

A quelques reprises, Lang fait mine de muscler son récit (la première escarmouche avec les Japonais, l’apparition d’un Jack Elam forcément patibulaire…), mais ce ne sont que des fausses pistes qu’il écarte rapidement. Lang nous prive même d’une scène de naufrage, ne montrant que le départ du bateau, puis le même bateau retourné devant un ciel parfaitement bleu, sans que l’on ait vu quoi que ce soit de la tempête qui en est responsable…

Par contre, il prend tout son temps pour filmer les temps, les longs préparatifs, les moments de repos… Un choix audacieux pour un film de cette ampleur, mais qui se révèle efficace. C’est dans ces longs moments en creux (l’action s’éternise sur trois longues années) que le film prend tout son sel, à l’image de La Ligne rouge, le film de Terrence Malick que ce Guérillas semble bien avoir inspiré.

Plus anecdotique (nettement), on notera aussi le rôle important tenu par Micheline presle (ou « Prelle » comme on peut le lire au générique) dans « sa » grande expérience hollywoodienne. Pas vraiment concluant : si charmante soit-elle, ses minauderies n’ont pas convaincu grand-monde, et la Micheline reviendra bien vite en France.

Sherlock Holmes (id.) – de Guy Ritchie – 2009

Posté : 31 août, 2012 @ 12:43 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, ACTION US (1980-…), RITCHIE Guy, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Sherlock Holmes

Guy Ritchie réussit un petit miracle avec cette adaptation audacieuse, explosive, moderne, et pourtant fidèle à l’œuvre de Conan Doyle. Il y avait pourtant de quoi avoir peur : Holmes, adepte du combat de rue ? Mouais… sauf que la baston est une manière pour lui de canaliser son hyperactivité intellectuelle. Une intrigue qui flirte dangereusement avec le paranormal ? Mouais… sauf que Ritchie redresse la barre à la dernière minute, expliquant tout de manière rationnelle… comme le faisait Conan Doyle lui-même.

Alors oui, on regarde le film avec une méfiance constante, en s’attendant à peu près au pire, déjà parce que le sieur Ritchie n’a pas fait que du bon par le passé. Et on se dit que, à un moment ou un autre, il va faire le mauvais choix. D’ailleurs, l’intrigue n’est ni vraiment convaincante, ni particulièrement intéressante. Mais au final, c’est un grand soulagement qui domine : Ritchie a tenu sa barre constamment, il ne s’est pas fourvoyé, et il signe un Sherlock Holmes fidèle à son modèle, et très enthousiasmant.

On se fout de l’histoire ? Qu’importe : même dans les livres de Conan Doyle, l’intrigue elle-même n’était pas toujours passionnante. Ce qui compte bien sûr, ce sont les déductions impressionnantes et réjouissantes de Holmes, et ses rapports avec Watson. Et dans ces deux domaines, le film fait des miracles. Côté déductions, Ritchie parvient à nous glisser dans le cerveau hyper actif du détective, avec ses images clipesques un peu maniérées qui pour une fois font sens. Côté relation, c’est peut-être encore plus réussi…

Ritchie instille une dose très marquée et très humoristique d’homosexualité refoulée entre les deux hommes, et fait de ce tandem un vrai couple qui ne dit pas ce qu’il est, mais qui partage passions et engueulades… Une relation qui a son pendant « hétéro » : l’histoire d’amour non consommée entre Holmes et Irène (Rachel MacAdams) est très belle, aussi.

Ces deux relations illustrent joliment les deux aspects contradictoires et complémentaires de Holmes, qui regrette le vie de couple avec Watson tout en tombant amoureux de la seule femme avec laquelle il ne peut pas vivre, et symbolise son incapacité à vivre en société. C’est parfois touchant, et surtout très drôle.

Surtout que Holmes est interprété par l’excellent Robert Downey Jr, génial acteur trop longtemps oublié, à la fois charismatique et doté d’un second degré toujours réjouissant. Face à lui, Jude Law est très bien aussi en Watson.

Ajoutons à cela, et ce n’est pas le moins réussi, une vision plastiquement superbe du Londres de la fin du XIXème siècle, avec une mise en scène constamment inspirée (on pourrait dire que Ritchie a réussi là ce que Pitof avait lamentablement raté avec son Vidocq)… Et voilà l’adaptation de Sherlock Holmes la plus audacieuse, la plus excitante, la plus explosive et la plus fidèle depuis des décennies…

Project Moonbase (id.) – de Richard Talmadge – 1953

Posté : 31 août, 2012 @ 11:06 dans 1950-1959, FANTASTIQUE/SF, TALMADGE Richard | Pas de commentaires »

Project Moonbase

Voilà un beau nanar aussi con que sympathique, et honnêtement totalement nul ! Vague film d’anticipation, tourné en pleine guerre froide et alors que les deux plus grandes puissances du monde avaient déjà les yeux tournés vers l’Espace, Project Moonbase est à voir au trente-sixième degré. C’est à cette condition seulement qu’on peut y prendre un certain plaisir. Et à condition aussi d’être de très bonne humeur…

Con comme la lune, le scénario accumule les poncifs, et se révèle vite plein de vide : un homme et une femme qui se détestent visiblement (mais en fait ils s’aiment… chut !) sont désignés pour être les premiers à faire le tour de la lune. Mais un traître à la solde de la Russie a embarqué, chargé de détruire la station spatiale américaine.

Pourquoi pas, mais tous les enjeux dramatiques sont évacués avec une légèreté sidérante : Richard Talmadge (ancienne doublure de Douglas Fairbanks, et acteur vedette de la fin du muet) a un goût sûr pour le mauvais goût. Des costumes kitschounets (ah, ces maillots de bain !), des effets visuels à mourir de rire (ah, ce pantin mal dégrossi qui sort d’une vague maquette !), une musique un rien crispante, et ces acteurs…

Bon, c’est vrai qu’ils n’ont pas grand-chose à défendre, tant les personnages sont mal écrits, mais ces comédiens de seconde (troisième ? quatrième ?) zone sont irrésistibles tellement ils sont mauvais. Mention spéciale à Donna Martell (cherchez pas : c’est son plus grand film !), aussi jolie qu’hallucinante en officier américain, qui passe le film à se trémousser, à glousser et à pousser des petits cris (ah non : à un moment, elle tripote des tas de boutons dans tous les sens parce que le réalisateur lui a demandé de jouer l’officier en pleine action !).

Alors oui, c’est un minuscule pas grand-chose, mais pas dénué d’un certain charme pour autant. Et sinon, sur un thème similaire, on peut peut-être revoir La Femme sur la Lune, autrement plus stimulant…

La Belle Aventurière (The Gal who took the West) – de Frederick de Cordova – 1949

Posté : 30 août, 2012 @ 2:05 dans 1940-1949, DE CARLO Yvonne, DE CORDOVA Frederick, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Belle Aventurière

Drôle de western, qui commence par l’arrivée d’une voiture dans une petite ville, et se termine par la vision d’un hélicoptère prêt à décoller… C’est l’une des particularités du film : La Belle Aventurière est raconté en flash-backs (pas une première, certes), par des vieillards qu’un journaliste interroge en les abreuvant de whiskys, pour préparer un reportage sur l’histoire de la famille O’Hara.

Cette drôle de construction, à la Rashomon ou à la Citizen Kane, aurait pu faire de ce film une œuvre ambitieuse et originale. Hélas, ce postulat est à peine exploité. Les points de vue successifs apportent certes quelques précisions différentes, mais n’amène pas le trouble ou les fausses pistes qu’on aurait pu attendre. A vrai dire, il n’y a qu’un unique épisode, sans grand intérêt, qui fait l’objet de discussions entre les narrateurs (le pseudo évanouissement de notre héroïne). Un peu léger. D’ailleurs, on se demande un peu pourquoi le scénario choisit cette construction, pour une histoire finalement assez anecdotique, qui n’atteint jamais l’ampleur des grands westerns classiques.

Car le film raconte ni plus ni moins qu’un triangle amoureux relativement classique, sur fond de querelle familiale. Rien de bien neuf sous le soleil de l’Ouest… Yvonne De Carlo, sublime bien sûr, joue une chanteuse qui arrive dans une ville pour être la vedette d’un théâtre qui appartient au patriarche O’Hara (Charles Coburn), dont les deux petits-fils (Scott Brady et John Russell) tombent amoureux de la jeune femme. Et comme les deux cousins se détestent déjà, cette rivalité ne va rien arranger… Le film se résume à cette rivalité, et on sent bien que les menaces d’effusion de sang ne se concrétiseront jamais : il y a derrière cette rivalité, et ces agressions verbales, une légèreté qui ne trompe pas.

Frederick De Cordova, artisan honnête à défaut d’être toujours très inspiré, ne prend visiblement pas son film au sérieux, et fait de son curieux western une bluette sans grand enjeu, et finalement sans grand intérêt. Ce qu’il prend au sérieux, par contre, c’est son actrice, LA star maison de la Universal à l’époque. Il a raison : Yvonne De Carlo est à tomber, et elle est de loin le principal attrait du film. Ses robes somptueuses, son sourire mutin, ses colères feintes, et son interprétation parfaite font beaucoup pour rendre très sympathique ce film platement réalisé.

Le Convoi des braves (Wagon Master) – de John Ford – 1950

Posté : 27 août, 2012 @ 7:30 dans 1950-1959, BOND Ward, FORD John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Convoi des braves

De tous ses films (et ils sont nombreux, près de 200 recensés entre 1917 et 1966), John Ford disait que Le Convoi des Braves était son préféré. Il faut dire que ce western dépouillé et d’une grande simplicité est peut-être celui qui résume le mieux le cinéma fordien. Comme La Mort aux trousses pour Hitchcock, Le Convoi des braves semble être le film vers lequel le cinéma de Ford tendait depuis des années, voire des décennies.

En terrain familier, dans des décors qu’il connaît par cœur (Monument Valley), avec les acteurs de sa « troupe » (Ward Bond, Harry Carey Jr, Ben Johnson, Joanne Dru, Jane Darnell, son frère Francis…), Ford se permet d’attendre le mitan du film pour introduire un élément réellement dramatique : l’irruption d’une famille de redoutables hors-la-loi dans la caravane de mormons qui, jusqu’à présent, se contentait de traverser les grandes étendues de l’Ouest sauvage.

Loin de La Piste des Géants, qui racontait également la lente avancée d’une caravane vers l’Ouest (c’était vingt ans plus tôt, et réalisé par Walsh), Ford ne filme par une grande épopée spectaculaire, mais préfère suivre au plus près cette communauté qui ressemble à tant d’autres rencontrées au fil de ses films. C’est bien ce qu’il y a de plus beau dans ce western en noir et blanc aussi simple que magnifique : les « gueules », qu’elles soient crispées, agressives ou souriantes, sont filmées avec un égal amour de ses acteurs et de ses personnages. Et Ford sait filmer ces communautés hautes en couleur : l’alchimie de cette petite troupe est parfaite.

Les deux jeunes cow-boys qui acceptent de guider la caravane, sont également parfaitement dessinés. Ford donne à deux de ses seconds rôles habituels l’occasion de tenir des premiers rôles : Ben Johnson et Harry Carey Jr sont parfaits. Pourtant, c’est le charisme du génial Ward Bond qui emporte tout. Truculent, grande gueule et grand cœur, l’éternel second rôle de Ford trouve ici l’un de ses rôles les plus mémorables.

Le succès du film débouchera d’ailleurs à la création d’une série télévisée au long cours, Wagon Train, dont Ward Bond tiendra le rôle principal jusqu’à sa mort, en 1960. John Ford en réalisera même un épisode (l’excellent Colter Craven Story), qui sera son ultime collaboration avec son acteur fétiche.

Quels seront les cinq ? (Five came back) – de John Farrow – 1939

Posté : 27 août, 2012 @ 10:36 dans 1930-1939, CARRADINE John, FARROW John | Pas de commentaires »

Quels seront les cinq ? (Five came back) - de John Farrow - 1939 dans 1930-1939 quels-seront-les-cinq

Voilà un petit trésor méconnu, signé par l’excellent John Farrow, futur réal du noir La Grande horloge et de Wake Island, joyau du film de guerre. Ici, ce cinéaste touche-à-tout plonge au cœur de ce qui ressemble bien à un pur film d’aventures comme Hollywood les aime. Un avion transportant douze personnages s’écrase au cœur de la forêt amazonienne. Les rescapés s’organisent pour survivre en attendant que les réparations nécessaires au départ soient faites.

Mais le cadre du film d’aventures n’est qu’un prétexte, comme la menace sourde et invisible des Indiens coupeurs de tête qui habitent la région, et la nécessité de ne choisir que cinq passagers pour repartir, ne sont que des catalyseurs pour révéler les individus tels qu’ils sont vraiment. Dans ce Koh Lantah reconstitué en studio, les rapports de force traditionnels se retrouvent bouleversés, les conventions ne servent plus à rien, puissants et modestes se retrouvent à égalité, et les actes deviennent soudain plus importants que les origines sociales.

Pour que le thème soit le plus efficace possible, les scénaristes (dont Dalton Trumbo, bien avant la Liste Noire, et alors qu’il venait d’écrire son roman Johnny s’en va-t-en guerre, qu’il adaptera trente ans plus tard) ont choisi de réunir des types très marqués : un couple âgé, un milliardaire et sa secrétaire sur le point de se marier, une jeune femme de petite vertu, un veuf bougon, un dragueur un peu lourd, un flic colérique, un criminel repenti, un enfant de 10 ans, une petite frappe au grand cœur… Une galerie un peu caricaturale, certes, mais qui se révèle aussi attachante qu’efficace.

D’autant que Farrow filme avec pas mal de nuances et d’intelligence les changements qui s’opèrent (en bien ou en mal) dans le comportement et les rapports de ces naufragés. Cette femme peu respectable à qui on ne laisse pas même le droit de consoler l’enfant en pleur finira par être appelée « tante Peggy ». A l’inverse, ce milliardaire charmant et attentionné révélera sa médiocrité et son égoïsme dans l’adversité.

C’est d’ailleurs la partie centrale du film qui est la plus passionnante. La plus calme, aussi (après un crash un peu kitsch) : c’est le moment où tous réapprennent à vivre dans ce qui n’est pas loin de ressembler à une société idéale, débarrasser des conventions et des tracas du quotidien.

On a le droit de trouver ça naïf, mais la fin du film, brutale et cruelle, arrive pour signaler que, non, les auteurs du film ne sont pas dupes. Ce rêve de société idéale n’est qu’une chimère…

La Corde est prête (Star in the Dust) – de Charles F. Haas – 1956

Posté : 26 août, 2012 @ 4:52 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HAAS Charles F., WESTERNS | Pas de commentaires »

La Corde est prête 1

Il y avait une seule raison qui me donnait envie, depuis des années, de voir ce film : la présence, dans un minuscule rôle non crédité, d’un très jeune Clint Eastwood. C’est l’un des onze films qu’il tourna avant d’être révélé par la série Rawhide, et ce n’est pas le plus important, loin de là : il est un cow-boy nommé Tom qui doit se contenter d’une scène de dialogue sans grande importance avec le héros interprété par John Agar (déjà tête d’affiche de Tarantula et La Revanche de la Créature, deux précédentes apparitions au crédit d’Eastwood). Un désir de fan, donc, plus qu’une vraie envie de cinéphile.

Mais la surprise est bonne. Star in the dust est un western classique par son histoire, mais bourrée de bonnes idées, souvent originales, qui le rapprochent d’une tragédie grecque. Unité de lieu, unité de temps (ou presque : l’action se déroule entièrement entre le lever et le coucher du soleil, dans une petite ville comme tant d’autres), personnages tiraillés entre leurs liens du sang et leurs sentiments, et même un chœur antique, qui se résume aux apparitions furtives d’un cow-boy chantant la fameuse chanson de « Sam Hall », que Johnny Cash chantera quelques années plus tard.

Beaucoup de bonnes idées, donc, mais on peut regretter que certaines ne soient pas suffisamment explorer : le « chœur » aurait pu être plus présent notamment. Et puis on ne peut pas dire que la magie opère toujours. Malgré son ambition, l’originalité du traitement, et de nombreuses scènes vraiment réussies, Charles Haas échoue en partie à installer une atmosphère palpable.

La Corde est prête 2

Il réussit en tout cas à rendre originale et passionnante une histoire a priori très banales : un tueur enfermé dans une prison, condamné à être pendu le soir-même ; un shérif bien décidé à faire appliquer la loi ; les éleveurs qui tentent de sauver la peau du tueur qu’ils avaient embauché ; et les fermiers qui jurent de le lyncher pour venger la mort d’un des leurs.

Pas de génie dans la mise en scène, mais un scénario diablement malin, et particulièrement bien troussé, avec des seconds rôles parfaitement dessinés. Les personnages féminins, notamment, véritable âme du film. Même Mamie Van Doren, pas exactement l’actrice la plus exaltante de la décennie, parvient à rendre émouvant son personnage, tiraillée entre sa loyauté envers son salaud de frère, et son amour pour le shérif.

Et même John Agar est parfait. Il faut dire que c’est l’une des très bonnes idées du film : confier à cet acteur fade et peu charismatique le rôle d’un shérif qui vit constamment dans l’ombre de son père, et que personne ne prend vraiment au sérieux. Agar a à peu près tout joué : des militaires, des cow-boys, et même des scientifiques ; mais c’est sans doute la première fois qu’il trouve un rôle totalement taillé pour lui…

The Dark Knight rises (id.) – de Christopher Nolan – 2012

Posté : 26 août, 2012 @ 10:57 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, NOLAN Christopher | Pas de commentaires »

The Dark Knight rises

Etrange sensation à la sortie de The Dark Knight rises : à la fois hyper-excité par l’un des blockbusters les plus ébouriffants de ces dernières années, et un peu frustré aussi. Quels que soient ses défauts (trop long, Nolan a des centaines d’idées et refuse obstinément de faire des choix), le film est en tout cas une excellente conclusion d’une trilogie assez géniale. En tout cas tenue d’un bout à l’autre sur un même cap, ce qui n’est vraiment pas si courant. Malgré le succès, immense, malgré les moyens, démesurés, Nolan a su rester fidèle à ce qu’il voulait montrer : le destin tragique d’un homme prêt à se sacrifier pour une société qui le lui fait pas de cadeaux, mais à qui ses parents avaient déjà donné leur vie.

Producteur avisé, Nolan ne ferme pas non plus la porte à un prolongement de ces aventures. La fin ouverte laisse penser qu’il y aura bien un après, et que cet après ne sera pas un énième reboot. Mais quoi qu’il arrive, c’est la fin d’une époque. La relève est prête.

Vrai suite, annoncée dès la fin du précédent volet, ce troisième Batman est dominée par deux personnages-clés des précédents volets, morts mais pourtant omniprésents : Ra’s al Ghul (Liam Neeson dans Batman begins) et Harvey Dent (Aaron Eckhart dans The Dark Knight). Dent, élevé au rang d’icône dont l’image guide une cité de Gotham enfin débarrassée de ses démons (il n’y aurait pas quelque chose de religieux derrière tout ça… ?). C’est d’ailleurs pour sauvegarder cette icône que Batman a accepté d’endosser le costume du criminel à abattre.

Huit ans ont passé, et Batman a totalement disparu. Quant à Bruce Wayne, il s’est mué en riche ermite à la longue barbe, sorte de Howard Hughes (la comparaison est explicite) qui pleure la mort de sa bien aimée autant que son propre destin. Il faudra l’irruption d’une jolie cambrioleuse, d’une jolie milliardaire (oui, il est bien entouré quand même) et d’un mystérieux homme masqué, héritier de Ra’s al Ghul, pour le sortir de sa retraite. Il faudra aussi une nouvelle menace de destruction totale de Gotham…

Difficile de résumer l’intrigue, tant les pistes sont nombreuses et s’imbriquent étroitement. Mais comme toujours, tout en parsemant son film d’incroyables moments d’anthologie (dès la première séquence, l’attaque à main armée d’un avion en vol… par l’extérieur ), c’est aux personnages que Nolan s’intéresse le plus.

Et les personnages ne manquent pas autour d’un Batman/Bruce Wayne plus tourmenté que jamais. Gordon, Alfred et Lucius sont de retour, et gagnent en complexité. Et beaucoup de nouveaux venus : Catwoman, le futur Robin, la milliardaire Miranda, le super méchant Bane… On pourrait se dire que c’est trop, que forcément certains vont être sacrifiés, mais non : Nolan parvient à les faire vivre, en leur donnant une belle profondeur. Il faut dire qu’il prend le temps : 2h45 de métrage quand même.

Anne Hathaway, surtout, est parfaite en Selina/Catwoman. Nolan, qui sait bien qu’il ne fera pas oublier la Michelle Pfeiffer de Batman le défi, prend une autre direction (comme il l’avait fait pour son Joker, différent de celui de Jack Nicholson dans le Batman de Burton). Entre humour, charme, cynisme et agilité, sa Catwoman n’a rien de surnaturel ou d’innocence perdue. Elle est juste une très bonne voleuse en quête d’une seconde chance. Une simplicité qui semble même un peu fade dans la première partie du film, mais qui finit par emporter l’adhésion.

Joseph Gordon-Levitt, lui, trouve un rôle en or, de ceux qui transforment un jeune acteur qui monte en vraie star (comme le Ringo de La Chevauchée fantastique pour John Wayne, disons). Ce jeune flic intègre et courageux est le vrai héros de ce troisième film. Et les dernières minutes sont pleines de promesses pour lui, en ce qui concerne de probables suites…

Quant au grand méchant Bane, interprété par le massif et fascinant Tom Hardy, il est évidemment impressionnant. Hardy a une présence magnétique, dommage quand même que Nolan se prive (et nous prive) de sa gueule incroyable en le cachant derrière un masque du début à la fin.

Hélas, il y a un maillon faible, et c’est Marion Cotillard qui décroche la timbale. Je l’aime pourtant depuis des années, mais elle est un peu à côté de la plaque, dans un rôle (Miranda) qui est, c’est vrai, le moins bien écrit de tous. Sans relief et téléphoné, son personnage cache un secret qu’on devine dès les premières minutes alors que c’est censé être le grand twist du film.

C’est un peu embêtant, mais pas de quoi gâcher le plaisir de ce film démesuré et pourtant très humain. Reste à espérer que l’avènement annoncé de Robin soit confié à un réalisateur d’une autre trempe que Joel Schumacher, réalisateur des calamiteux Batman forever et Batman and Robin

Les Nerfs à vif (Cape Fear) – de Martin Scorsese – 1992

Posté : 25 août, 2012 @ 1:41 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, DE NIRO Robert, MITCHUM Robert, SCORSESE Martin | Pas de commentaires »

Les Nerfs à vif 92

Tout juste trente ans après le classique de Jack Lee Thompson, Martin Scorsese en tire un remake remarquablement fidèle dans la trame. A quelques nuances près, l’histoire est la même. Mais ces nuances ne sont pas anodines.

La raison de la colère de Max Cady est, en particulier, nettement plus trouble. Alors qu’il voulait se venger du type qui avait témoigné contre lui dans le film de 62, il s’en prend cette fois à l’avocat qui l’a mal défendu, dissimulant volontairement un rapport qui aurait pu lui éviter la prison, choisissant de bafouer les droits de son client pour éviter qu’un monstre soit remis en liberté.

Cela ne change pas fondamentalement le film, mais cela renforce le personnage de Max Cady, personnification du mal qui résume à lui seul toutes les limites (incontournables) de la loi et de la justice humaines.

Dans le rôle, Robert DeNiro en fait des tonnes (un personnage excessif qu’il ne cessera de singer par la suite, hélas), mais il est absolument terrifiant, à l’image du Robert Mitchum de La Nuit du Chasseur, dont il reprend la folie apparente et l’imagerie biblique (c’est à ce rôle du grand Mitchum, plus qu’à son Max Cady de 62, que ce Max Cady-là fait penser).

La force du personnage, comme dans le film original, réside dans le fait qu’il est à la fois horrible et repoussant, et très attirant (le Mal est souvent séduisant, et c’est ici tout le sujet du film). La fille de Sam Bowden en fera les frais, dans une relation d’attirance-répulsion bien plus sexuellement explicite et dérangeante que dans le film de Thompson. Il faut dire que Juliette Lewis est l’actrice idéale pour lui apporter le trouble qui manquait trente ans plus tôt.

Plus appuyés aussi, les défauts de Sam Bowden, ici interprété par un Nick Nolte parfait, dans un rôle pas facile face au numéro de De Niro. Arrogant et peu aimable sous les traits de Gregory Peck, il est ici un véritable manipulateur un rien méprisable, qui a fait condamner son client sans lui dire ce qu’il pensait de lui, et qui agit avec la même lâcheté dans sa vie privée : un type qui n’a ni le cran de quitter sa femme avec qui il ne s’entend plus, ni celui de coucher avec la jeune femme qui est tombée amoureuse de lui, et avec laquelle il se contente de flirter, pour le plus grand malheur de la jeune femme, et pour le plus bonheur de son ego à lui…

Une évidence : Scorsese est bien meilleur réalisateur que Jack Lee Thompson. Mais le talent du cinéaste ne se sent vraiment que dans la dernière partie, variation nettement plus spectaculaire de celle de 62, climax apocalyptique à couper le souffle.

La première moitié du film est moins concluante : Scorsese donne l’impression d’hésiter entre différents styles, et peine un peu à vraiment installer l’angoisse (qui finit quand même par devenir franchement oppressante).

Mais il y a l’immense plaisir, que nous réserve Scorsese, d’avoir offert de petites apparitions à Martin Balsam et Gregory Peck, et un rôle un peu plus consistant à Robert Mitchum. Une manière pour lui, qui signait son premier film de genre, de dresser un pont avec le Hollywood de sa jeunesse…

Les Nerfs à vif (Cape Fear) – de Jack Lee Thompson – 1962

Posté : 25 août, 2012 @ 1:20 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, MITCHUM Robert, THOMPSON Jack Lee | Pas de commentaires »

Les Nerfs à vif 62

Voilà un petit classique qui porte bien son titre. Les nerfs à vif : c’est ce que le réalisateur cherche à nous infliger tout au long de ce thriller oppressant, et il y parvient plutôt bien.

L’histoire, à quelques nuances près, est celle que reprendra Scorsese pour son remake trente ans plus tard : un avocat, père de famille sans histoire, voit sa vie basculer le jour où un ancien taulard tout juste sorti de prison menace sa famille, bien décidé à se venger de l’homme à qui il doit son long séjour derrière les barreaux.

On sent que le film est tout entier tourné vers sa dernière partie : face à face moite et tendue dans les bayous plongés dans la nuit. Jack Lee Thompson, réalisateur honnête mais sans grand génie, a particulièrement soigné cette partie, avec des cadres désaxés qui trahissent l’angoisse des personnages, et un jeu d’ombres passionnant.
Il est, à ce moment, bien plus inspiré que dans toute la première partie du film, filmée assez platement et dans un noir et blanc sans grain et sans relief, assez typique de la production habituelle des années 60.

Quelques belles scènes, cependant, dans cette première partie, toutes axées sur la peur, sujet principal du film : la scène dans les sous-sols de l’école, les aboiements du chien… Mais il faut bien reconnaître que Scorsese fera mieux sur à peu près tous les plans.

Le film est surtout une étude de caractère sur les effets de la peur sur un personnage respectable : cet avocat interprété par Gregory Peck, excellent dans un rôle peu sympathique et arrogant. Le film est politiquement plutôt incorrect : il pointe du doigt les limites de la justice, et en scène, finalement, un avocat, bon père de famille, bon mari, qui fait alliance avec un flic pour attirer un salaud dans un guet-apens et le tuer de sang froid. Culotté, d’autant qu’il ne faut pas s’attendre à un sursaut de morale.

Le salaud, c’est Bob Mitchum, immense, dans l’un de ses rôles les plus célébrés (avec La Nuit du Chasseur, autre méchant d’anthologie). C’est sans doute injuste, au regard de la richesse de sa filmographie, notamment dans le film noir, mais la star est pour beaucoup dans l’efficacité de ce film, et dans la terreur réelle qu’il procure.

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