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Archive pour la catégorie 'FONTAINE Anne'

Nathalie… – d’Anne Fontaine – 2003

Posté : 25 octobre, 2025 @ 8:00 dans 2000-2009, FONTAINE Anne | Pas de commentaires »

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La femme, le mari et la maîtresse… Rien de très original dans cette combinaison. Mais le point de vue qu’adopte Anne Fontaine bouscule. Un double point de vue, à vrai dire : celui de la femme et celui de la maîtresse. Et que le dénouement soit plus complexe que ça ne change rien à la force de ce double point de vue, qui porte un regard assez rare sur le couple et la fidélité.

Un autre choix fait de Nathalieun film d’emblée intéressant : les acteurs qui interprètent le couple marié. Fanny Ardant et Gérard Depardieu. Forcément, leur seule présence fait de ce couple en crise comme un symbole du désir et de la passion, émoussés en l’occurrence par le temps qui passe. C’est que Nathalie… arrive un peu plus de vingt ans après La Femme d’à côté, film dans lequel Depardieu se prénommait déjà Bernard, ce qui n’est sans doute pas un hasard.

Cette fois, il est en retrait, Depardieu. Ce qui n’est pas non plus un hasard, mais on ne peut pas en dire trop. Le regard central, c’est celui d’Ardant, superbe dans le rôle de cette femme blessée, parce que trompée, et qui s’enferme dans une logique mortifère et dérangeante. Consciente que son mari l’a trompée, elle engage une « entraîneuse » pour séduire son mari. Comme un test grandeur nature, ou comme un besoin irréfréné de donner corps à son sentiment de péremption…

Quelle que soit la raison profonde, la relation qui se noue entre l’épouse délaissée entre deux âges et la prostituée délurée à la jeunesse spectaculaire est étonnante, trouble, fascinante. Elle, c’est Emmanuelle Béart, voluptueuse et mystérieuse, le verbe cru, le corps sexy, et le regard perdu. Elle aussi est magnifique, troublante dans sa manière d’associer la sexualité et l’innocence dans une même posture.

Anne Fontaine apporte un petit truc en plus dans cette question si souvent filmée de la fidélité et du couple soumis au temps qui passe. Parce que ce n’est pas si souvent, que le cœur d’un film s’avère être la femme blessée. Et qu’importe au fond que les postures hyper sexuées d’Emmanuelle Béart et du monde dans lequel elle évolue aient quelque chose de factice : cela n’enlève rien à la violence que ressent le personnage de Fanny Ardant, cette femme encore si belle qui regarde Emmanuelle Béart, cette femme si belle (sans le « encore ») comme le reflet de ce qu’elle n’est plus.

Au fond, Nathalie… est peut-être moins un film sur le désir et la tromperie qu’un film, fort, sur une femme confrontée au temps qui passe et au doute qui s’installe. Et c’est assez beau.

Police – d’Anne Fontaine – 2020

Posté : 10 août, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, EFIRA Virginie, FONTAINE Anne | Pas de commentaires »

Police Anne Fontaine

Premier constat : j’aime Virginie Efira d’un amour cinéphilique qui n’a plus beaucoup de borne. Film après film, l’actrice ne cesse de surprendre et de bouleverser avec son jeu, à la fois extraordinairement précis et d’une intensité bouleversante. Pas un rôle dont on peut simplement dire qu’elle est très bien. Non, elle est toujours au-delà, vraie, profonde, humaine… L’une des plus grandes actrices du monde, disons la Vivien Leigh d’aujourd’hui.

Voilà qui est dit. Deuxième constat : Anne Fontaine est une grande réalisatrice, qui a un regard, et un vrai talent pour filmer les états d’âme. Ce n’est pas si courant, et c’est ce qui fait le poids de Police, beau film dont les moments les plus intenses sont ceux où il ne se passe rien en apparence. Ceux où l’esprit des personnages vagabonde, tiraillé entre l’intégrité et l’humanité, en quelque sorte.

Grande réalisatrice, et grande directrice d’acteurs. Virginie Efira est sublime, donc. Mais Omar Sy et Grégory Gadebois sont également magnifiques dans les deux autres rôles centraux. Trois flics parisiens en uniforme, chargés d’amener un immigré à qui l’asile a été refusé vers l’aéroport où un avion doit le ramener dans son pays, où une mort probable l’attend. Un paumé, dont on ne sait pas grand-chose, et qui ne parle ni ne comprend un mot de français…

Mais les policiers qui l’escortent, eux, sont des paumés dont on sait beaucoup. Parce qu’une série de flash-backs nous les présente dans leur intimité un peu minable. Mal mariés, au bord de la rupture. Virginie (Efira) et Aristide (Omar Sy) ont eu une liaison extra-conjugale, et la première est enceinte du second. Erik (Gadebois) est marié à une femme qui ne le supporte plus. Aucun d’eux ne compte ses heures, mais est-ce par sens du devoir ou par désir de fuir le quotidien ?

Ce migrant que l’on renvoie vers une mort probable est le prétexte à une prise de conscience introspective. Et c’est la principale limite du film, qui évite soigneusement tout véritable engagement humanitaire ou politique, pour se focaliser ces trois policiers rongés par leur quotidien et le poids de leur fonction. On peut trouver le propos limité. On peut aussi reconnaître à Anne Fontaine le talent pour tirer de ces situations l’humanité la plus profonde.

Dans Police, l’essentiel de l’action se déroule dans l’habitacle d’une voiture : des regards, des non-dits, une tension. C’est passionnant, c’est bouleversant, c’est beau. Me voilà touché, profondément.

Mon pire cauchemar – d’Anne Fontaine – 2011

Posté : 19 janvier, 2012 @ 6:55 dans 2010-2019, EFIRA Virginie, FONTAINE Anne | Pas de commentaires »

Mon pire cauchemar

Isabelle Huppert en bourgeoise glaciale, sèche et cassante, vivant dans un superbe appartement donnant sur le jardin du Luxembourg. Benoît Poelvoorde en beauf sans le sou, à l’humour gras et vulgaire. On ne peut pas dire qu’Anne Fontaine offre à ses deux acteurs des rôles à contre-emploi, dans cette comédie douce-amère. Bien au contraire : le film a visiblement été écrit en pensant à eux, leur image étant le cœur même de l’entreprise. Anne Fontaine ne se contente pas de jouer avec l’image radicalement différente de ses deux acteurs, elle en fait le sujet de son film, poussant chacun d’eux jusqu’à la limite du stéréotype pour mieux dévoiler leurs fêlures et leurs improbables points communs.

D’un côté, nous avons donc la patronne d’une galerie d’art très prout-prout, remplie de gens qui trouvent ce que vous faites incroyablement novateurs devant vous avant de vous débiner dès que vous avez le dos tourné. Mariée avec un éditeur très sympa (André Dussolier, forcément formidable), avec lequel elle n’a plus eu de rapport sexuel depuis au moins quinze ans.

De l’autre, un quasi-SDF vivant seul avec son fils entre une camionnette vaguement aménagée, et un minuscule logement coincé sous un escalier. Vulgaire, porté sur le cul (« je ne paye pas d’impôt, mais je fourre du boudin !»), bricoleur, aux antipodes de cette pimbèche dont il n’aurait jamais croisé la route si leurs fils respectifs n’étaient pas les meilleurs amis du monde : parce que dans l’univers gentiment idéaliste de la cinéaste, la mixité sociale existe réellement, et les enfants de très riches fréquentent les enfants de très pauvres à l’école…

Alors ces deux-là se rencontrent finalement, et malgré eux. La bourgeoise ne tolère le prolo que parce qu’il a sympathisé avec son mari, lui ouvrant de nouveaux horizons loin de son quotidien de bourgeois un peu hypocrite (y compris des horizons sexuels, Dussolier se prenant de passion pour une connaissance de Poelvoorde, joué par Virginie Efira, irréprochable mais loin du génie de ses trois partenaires). Le prolo ne supporte les réflexions de la pétasse que parce qu’ils hébergent son fils…

Pourtant, bien sûr, la pétasse et le prolo vont finir par se trouver, se révélant leurs vraies natures cachées. Du mépris et de la haine surgira une sublime histoire d’amitié (et d’amour, dont on se serait bien passé), totalement improbable et bouleversante. Le procédé est vieux comme le cinéma : Anne Fontaine n’est ni la première, ni la dernière à associer deux caractères radicalement différents. Mais ils ne sont pas nombreux à être allé aussi loin, en utilisant les deux acteurs qui symbolisent le mieux ces différences.

Et la réalisatrice tire le meilleur de ses acteurs : Isabelle Huppert n’a pas été aussi émouvante, juste (et belle, et sexy) depuis des années ; et Benoît Poelvoorde confirme définitivement que, bien dirigé, avec un bon rôle à jouer, il est un comédien immense. Dussolier est excellent, mais c’est bien le « couple » vedette qui fait tout le sel du film, aussi bien dans la comédie, souvent très drôle, que dans l’émotion, qui prend aux tripes. Le film aurait sans doute gagné à se terminer vingt minutes plus tôt, la fin n’apportant rien à cette rencontre aussi improbable que séduisante. Mais qu’importe : Mon pire cauchemar est l’une des comédies françaises les plus intelligentes et séduisante que l’on ait vu depuis des années.

 

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