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Archive pour la catégorie 'LE CHANOIS Jean-Paul'

… Sans laisser d’adresse – de Jean-Paul Le Chanois – 1951

Posté : 29 août, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, LE CHANOIS Jean-Paul | Pas de commentaires »

Sans laisser d'adresse

C’est une jolie virée nocturne à laquelle nous convie Le Chanois, cinéaste qui n’a pas laissé que des bons souvenirs mais qui se dévoile ici sous son meilleur jour : celui d’un habile chroniqueur de la vie quotidienne des petits travailleurs parisiens.

L’histoire de ce brave chauffeur de taxi (Bernard Blier) qui trimballe une jeune femme tout juste descendue du train (Danièle Delorme) à travers les rues de la capitale où elle cherche en vain le père de son bébé, est l’occasion pour Le Chanois de nous plonger dans différents aspects de la vie nocturne.

Et dans la peinture des petites choses du quotidien, le cinéaste s’avère très à son aise, donnant du corps et de la vie à ces rencontres entre chauffeurs. Au fil de cette virée, on a aussi l’occasion de traverser la rédaction bouillonnante de vie d’un grand journal, ou les couloirs d’une maternité, ou encore la salle d’attente d’une gare… Et à chaque fois, le même sentiment de réalité et de justesse.

Bernard Blier, bonhomme et grande gueule à ses heures, est un guide idéal pour cette découverte de Paris, qui n’oublie pas de nous emmener dans une cave de Saint-Germain où chante Juliette Gréco dans son propre rôle, témoignage rare et intense de cette époque vibrante. Blier, donc, est formidable dans le rôle de cet homme si banal et si brave.

Et ce n’est pas si courant de voir un homme et une femme faire un tel compagnonnage sans que jamais le désir ou la séduction ne vienne troubler la donne. Le Chanois réussit avec ce film un petit miracle : un film qui n’élude en rien la dureté, voire la cruauté de l’existence, tout en étant constamment et parfaitement bienveillant. Un vrai feel-good movie…

L’École buissonnière – de Jean-Paul Le Chanois – 1949

Posté : 10 avril, 2022 @ 8:00 dans 1940-1949, LE CHANOIS Jean-Paul | Pas de commentaires »

L'Ecole buissonnière

Bernard Blier, jeune instituteur moderne nommé dans l’école d’un village de montagne, où les vieilles traditions sont très, très ancrées. Bernard Blier à l’époque où il tenait le haut de l’affiche, avant que lui-même comprenne que ces premiers rôles bien sages dans des films qui le sont tout autant ne lui permettraient pas de donner toute la mesure de son talent. Qui est immense, si si.

Et voilà qui résume le sentiment qui s’impose devant ce film à thèse, plaidoyer plein de bienveillance pour une école éveille les singularités de chacun, a contrario d’une école qui s’étrangle devant la moindre aspérité. Rien à dire sur ce message, qui devait être sensible à la sortie du film, mais qui ne fait plus guère débat aujourd’hui. Encore que… mais non.

Le film est charmant, aimable. Et comme l’instit Blier, il fait bien attention de ne laisser personne sur le bord de la route, ou du chemin de montagne, et surtout pas les rebelles du groupe, qui révéleront ce qu’ils ont de meilleur grâce au regard sans jugement du nouveau venu, qui bouleverse un ordre établi depuis des générations.

Jean-Paul Le Chanois filme les beaux paysages de montagne avec application. Bernard Blier a un capital sympathie indéniable, en plus d’un immense talent. L’École buissonnière se regarde donc avec un certain plaisir. Qui ne dure guère plus que les 110 minutes du métrage.

Le Jardinier d’Argenteuil – de Jean-Paul Le Chanois – 1966

Posté : 11 novembre, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, LE CHANOIS Jean-Paul | Pas de commentaires »

Le Jardinier d'Argenteuil

Gabin en mode pépère, pantoufles au pied, agacement tempéré. Le Chanois est derrière la caméra, et on est clairement dans la veine la moins ambitieuse de l’acteur, l’un de ces films qui ont fait de lui la cible des jeunes loups de la Nouvelle Vague. Le genre de films, aussi, qui ne fait rien pour renouer des liens entre Gabin et la jeune génération.

Il en est beaucoup question, de cette jeune génération, dans Le Jardinier d’Argenteuil : l’un de ces films aussi (Gabin en a fait beaucoup) qui s’inscrivent ouvertement dans une France en pleine mutation, celle de l’avant-mai 68 en quelque sorte. On y voit des banlieues parisiennes qui s’urbanisent, des jeunes qui se perdent dans des soirées conceptuelles sous le regard d’un cinéaste avant-gardiste (joué par Serge Gainsbourg)…

Mais le regard derrière la caméra est clairement tourné vers le passé, et voit ces changements au mieux comme de drôles de curiosités. Le Chanois adopte constamment le rythme de Gabin, le pas lourd et l’œil fatigué, un homme qui n’aspire à rien d’autre qu’à sa tranquillité, un homme qui, lorsqu’il gagne une fortune au jeu, ne pense qu’à s’acheter une voiture à cheval.

Gabin, jardinier retiré du monde et faussaire à ses heures… Voilà qui pouvait laisser espérer une comédie joyeusement amorale. Mais Le Chanois, qui accompagne le récit par sa propre voix off, y voit moins la matière à une fable qu’un prétexte pour confronter Gabin à un environnement qui n’est pas le sien. Sans jamais faire de vague, et sans jamais vraiment prendre au sérieux ces jeunes qui débarquent dans sa vie, joués par Liselotte Pulver et Pierre Vernier, que le film n’épargne pas.

Un film d’un autre temps… D’ailleurs, ce n’est que devant les apparitions de seconds rôles d’un autre temps qu’on prend un certain plaisir, et que l’aimable ennui se dissipe : Jean Tissier fidèle à lui-même en vieux brocanteur-escroc, Noël Roquevert fidèle à lui-même en vieux restaurateur qui a ramené de ses années de brousses des plats surprenants, ou Jeanne Fusier-Gir fidèle à elle-même (dans son dernier rôle au cinéma) en vieille milliardaire au verbe haut.

Le Cas du docteur Laurent – de Jean-Paul Le Chanois – 1957

Posté : 20 mars, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, GABIN Jean, LE CHANOIS Jean-Paul | Pas de commentaires »

Le Cas du Docteur Laurent

Un film « dossiers de l’écran » signé Jean-Paul Le Chanois… Pas exactement le Gabin le plus excitant qui soit, sur le papier. Et c’est vrai que le film ressemble par moments à une accumulation de cas d’écoles pour confronter deux versions du monde et de la médecine, pour ce qui est une ode aux précurseurs de l’accouchement sans douleur.

Encore une preuve, en tout cas, que Gabin a toujours chercher à essayer autre chose. Ici, il interprète un médecin venu de Paris pour s’installer dans un petit village de montagne dans les Alpes Maritimes. Un village où beaucoup de vieilles idées sont encore très ancrées. Du genre « c’est normal que les femmes souffrent en accouchant, ça a toujours été comme ça, c’est la nature ». Idée évidemment très majoritairement émise par des hommes.

Le scénario (que Le Chanois co-signe avec René Barjavel) est didactique, mais habile. Et Gabin est formidable en progressiste confronté à l’incompréhension. Face à lui, des habitants qui, tous, incarnent un pan de la société : les convaincus, les hostiles, les critiques, les bienveillants… A chacun sa fonction dans ce film-démonstration. Démonstration qui n’est pas d’une finesse immense, et la mise en scène paraît parfois un peu statique. Mais Le Chanois filme tout de même joliment ce microcosme, comme un condensé d’une certaine France.

La plus belle séquence du film, ce n’est pas l’accouchement lui-même, avec ses images authentiques qui ont dû secours la France de 1957. Mais celle qui précède : le voyage des femmes vers la ville, dans ce bus où toutes les oppositions semblent abolies. Là, l’espace d’un trajet plein de vie et de camaraderie, Le Chanois prend brièvement des accents fordiens, totalement inattendus. Rien que pour ça…

Monsieur – de Jean-Paul Le Chanois – 1964

Posté : 3 décembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, LE CHANOIS Jean-Paul | Pas de commentaires »

Monsieur

Un riche banquier que tout le monde croit mort décide de refaire sa vie et se fait embaucher dans une grande maison en tant que majordome… Ce n’est pas un pitch, c’est le résumé détaillé de ce Monsieur, petite chose sans prétention et totalement oubliée, qui ne va nulle part et ne prend aucun chemin particulier pour y arriver.

Quelque chose d’étonnamment vain, donc, film sans ambition, un peu mou, très anodin, et tellement dénué d’aspérité qu’on en sort en se demandant ce qu’on peut bien en dire. Pas grand-chose, à vrai dire, si ce n’est qu’on y a passé 90 minutes anodines, certes, mais confortables et, oui, agréables.

D’où vient ce sentiment ? De la musique de Georges Van Parys peut-être, de la légèreté constante du ton surtout, et du plaisir manifeste que prennent les acteurs à jouer ce vaudeville sans enjeu. Noiret en aristo souriant, Mireille Darc en ancienne prostituée fleur bleue… et surtout Gabin, omniprésent en banquier austère transformé en serviteur parfait sur tous les fronts.

C’est son numéro, finalement, qui est l’unique raison d’être de Monsieur, adaptation d’une pièce de théâtre. Plus en tout cas que les dialogues pas toujours fins de Pascal Jardin, et l’humour daté qui fait des « belles-mères » Gabrielle Dorziat et Gaby Morlay d’affreuses marâtres

Ni grand film, ni mémorable donc. Mais cette petite chose anecdotique est nettement plus sympathique que Les Misérables, précédente collaboration de Gabin et Le Chanois, nettement plus ambitieuse, et nettement plus désagréable.

Les Misérables – de Jean-Paul Le Chanois – 1958

Posté : 13 mars, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, GABIN Jean, LE CHANOIS Jean-Paul | Pas de commentaires »

Les Misérables 1958

A revoir cette version, je peux confirmer ce que je pensais déjà : Raymond Bernard a sans doute réalisé la meilleure adaptation des Misérables. Vingt-cinq ans plus tard, Jean-Paul Le Chanois a les moyens de ses ambitions, un casting époustouflant, une histoire évidemment hors du commun. Et s’il ne lui manquait que le talent ?

Il n’a en tout cas pas celui de donner du souffle à ce film qui, plus il devrait être spectaculaire, plus il devient terne. S’il fallait un film pour démontrer que de grands moyens ne suffisent pas pour une reconstitution historique réussie, celui-ci serait parfait.

Dans les quelques séquences nécessitant de nombreux figurants, le problème est particulièrement flagrant. Les funérailles de Lamarque ou la bataille de Waterloo semblent n’exister que comme des tableaux immobiles auxquels Le Chanois est incapable de donner de la vie. Même les barricades de Paris, pourtant théâtres d’une véritable tragédie, semblent trop propres, trop lisses.

Il y a quand même du bon : dans les moments plus intimes, Le Chanois est nettement plus à l’aise. La mort d’Eponine, notamment, est joliment cadrée et très émouvante. Et la photographie de Jacques Natteau, si elle manque de cohérence, réserve quelques très beaux moments picturaux. Dans les séquences les plus intimes, toujours.

Et puis, heureusement, il y a le casting. Bourvil en Thénardier, ça a quand même de la gueule. Bernard Blier en Javert, c’est carrément enthousiasmant, tant il est touchant dans son jusqu’au-boutisme aveugle et ravageur. Et Jean Gabin en Jean Valjean ? Eh bien c’est une évidence, et la meilleure raison pour lequel le film, même s’il agace et déçoit, réussit à séduire malgré tout.

Il est non seulement formidable dans le rôle, mais il fait partie de ces acteurs qui savent donner du liant et de la consistance à un film, dès qu’il est à l’écran. Ils ne sont pas si nombreux dans ce cas, à pouvoir sauver n’importe quoi : il y a John Wayne, et une poignée d’autres. Lui rend évidente toute la complexité, toute la force et toute la fragilité de Jean Valjean. Rien que pour lui…

 

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